#148 – Feyenoord Rotterdam : de Trots van Zuid

La fierté du sud. Le 19 juillet 1908, le club de football Wilhelmina fut fondé par des jeunes du quartier de Feijenoord (Kees van Baaren, Gerard van Leerdam, Henk Mulder et Nico Struijs). Dans ce quartier vivaient principalement des familles ouvrières, assez pauvres. En effet, avec l’industrialisation du quartier (il accueillit le chantier naval) et de la ville au XIXème siècle, le besoin en main d’oeuvre devenait important et un quartier de logements à bas loyers fut construit à Feijenoord entre 1885 et 1910 pour les accueillir. La population de Rotterdam passait globalement de 181 000 à 426 000 habitants à cette époque. Un grand nombre de ces logements ont été démolies après les années 1970 et remplacées par de nouveaux logements sociaux. Car, aujourd’hui encore, le taux de pauvreté comme le taux de chômage sont plus élevés à Feijenoord que dans le reste de Rotterdam.

Au début du XXème siècle, la fondation du Feyenoord au milieu des classes ouvrières contrastait avec les autres clubs de la ville, le Sparta et le Concordia, qui étaient liés aux élites et classes bourgeoises. Ainsi, dès le départ, le Feyenoord répondait certes à un besoin de distraction des ouvriers mais également à un revendication identitaire. Après 16 ans d’existence, le club accéda au Graal en remportant son premier championnat des Pays-Bas en 1924. 3 ans auparavant, le club avait déjà remporté l’Overgangklasse qui lui avait permis d’accéder à la première division. Il gagna ainsi en popularité et devint la fierté des milieux modestes qui trouvèrent dans cette victoire face aux clubs plus huppés, celle des travailleurs face à la bourgeoisie, des autres villes notamment. Feyenoord fut alors dénommé la fierté du Sud, Rotterdam étant situé au Sud des Pays-Bas et le quartier de Feyenoord au sud de la Meuse qui traverse la ville.

Les années qui suivirent renforcèrent cette fierté. Feyenoord remporta 14 autres championnats et 13 coupes des Pays-Bas. Il fut également l’auteur du premier doublé coupe-championnat de l’histoire aux Pays-Bas en 1965. Sur le plan européen, Feyenoord devient le premier club néerlandais à atteindre la demi-finale de la Coupe des Clubs Champions puis, en 1970, le premier club hollandais à la remporter avec des joueurs comme Wim Jansen, Willem van Hanegem et Coen Moulijn (dit Mister Feyenoord), sous la direction du très brillant entraîneur Ernst Happel. L’équipe enchaina avec la victoire en Coupe Intercontinentale. En 1974, Feyenoord s’adjugea la Coupe de l’UEFA, également la première d’un club néerlandais, sous la direction de Wiel Coerver, et avec des joueurs tels que Wim Rijsbergen, Jan Boskamp, Lex Schoenmaker, Jörgen Kristensen et Peter Ressel.

#145 – Club Alianza Lima : el Equipo del Pueblo

L’équipe du peuple. Ce surnom est utilisé pour beaucoup d’équipe d’Amérique du Sud. La raison pour laquelle il a été retenu pour le club péruvien n’est pas connu précisément. Mais deux versions existent et ce sont celles qui justifie habituellement ce surnom. Tout d’abord, avec le plus beau palmarès du football péruvien (23 titres de champion), l’équipe compte de nombreux supporteurs dans tout le pays et dans toutes les couches de la population, notamment les différents peuples qui la composent. Il est dit d’ailleurs qu’une fois que le club joue, tous ces supporteurs s’unissent comme une famille et oublient leur différence de classe ou d’ethnie. De nombreux artistes péruviens lui dédièrent des chansons.

Ensuite, il faut remonter aux origines du club. Comme dans beaucoup de pays, au début du XXème siècle, le football péruvien était trusté par les immigrants britanniques et les couches élevées de la population. Certains de la bourgeoisie péruvienne avaient pu partir en Angleterre faire leurs études et apprendre sur place le football. En revenant aux pays, ces élites l’apprirent à leurs amis de la même classe et se confrontèrent aux expatriés anglais. Les clubs de l’époque étaient alors fondés par et réservés aux élites. Celui d’Alianza fut fondé le 15 février 1901 par des jeunes du quartier populaire de Chacaritas aux origines modestes. Il se voulait le représentant de ce quartier populaire face aux autres parties de la ville et s’opposa alors rapidement aux clubs plus huppés, mieux nés. Ses victoires face à ses clubs de l’élite locale symbolisèrent celles du peuple face à la bourgeoise. Des triomphes qui étaient impensable dans d’autres aspects de la vie quotidienne à l’époque, dans cette société établie et sclérosée. Ces nombreuses victoires attirèrent évidemment encore plus à lui les couches populaires.

#119 – KR Reykjavik : Stórveldið

Les superpuissants. Le KR est à la fois le doyen des clubs islandais (sa création remonte au 16 février 1899) et surtout le plus titré du pays. Le club a été sacré 27 fois champion d’Islande (et 27 fois vice-champion), remporté 14 coupes d’Islande (dont 5 d’affilée entre 1960 et 1964), 5 coupes de la ligue et 5 super coupes d’Islande. 3 fois, l’équipe fit le doublé Championnat-Coupe. Dans tous ces tournois, il détient le record de nombre de titres. Par ailleurs, le club compte le plus grand nombre de supporteurs du pays. En moyenne, entre 1991 et 2011, 2 000 spectateurs fréquentaient les travées de l’enceinte du club, contre 1 000 pour le championnat. Et les stades des équipes adverses atteignent leurs pics de spectateurs lorsque ils reçoivent le KR Reykjavik. La section féminine n’est pas en reste puisqu’elle a remporté 6 titres de championne et 4 coupes d’Islande.

Fondé initialement comme un club de football, il est devenu au fil du temps une association omnisport, comptant aujourd’hui 10 sections (football, basket-ball, handball, tennis de table, badminton, lutte, bowling, ski, échecs et natation). Mais, d’autres existèrent comme l’athlétisme. Et dans de nombreux sports, le club se distingua, en particulier dans les sports collectifs comme le basket-ball et le handball. La section basket masculine a remporté 18 championnats d’Islande et 14 coupes. La section féminine a quant elle gagné 14 titres de championne et 10 coupes du pays. Au Handball, les hommes ont gagné 1 championnat et 2 pour les femmes.

Sans aucun doute, le KR est le plus puissant club de l’île.

#107 – HJK Helsinki : Klubi

Le club, tout simplement. Certes le JK de HJK est les initiales de JalkapalloKlubi qui signifie Football Club. Mais, ce simple surnom souligne surtout l’aura du club dans le football finlandais. Depuis sa création en 1907, le HJK domine sans partage, avec 33 titres de championnats remportés (dont 6 d’affilés entre 2009 et 2014), 14 Coupes de Finlande et 6 Coupes de la Ligue. Evidemment sur ces 3 trophées nationaux, le HJK possède le record de titre. Entre 1938 et 1978, le club fut en retrait. Mais, depuis la fin des années 70, et en particulier lors des années 2010, le HJK est redevenu la référence du football finlandais. Lors de la saison 2017, le club fit le doublé Coupe-Championnat et ne perdit que 3 matchs.

Outre son palmarès national, le club a réalisé quelques performances sur la scène européenne. Il fut le premier club finlandais a participé à la Ligue des Champions lors de la saison 1998-1999, après avoir battu le FC Metz en tour préliminaire. Son parcours s’arrêta au niveau de la phase de groupe mais sans démérité, après avoir obtenu 5 points, notamment grâce à une victoire face au Benfica Lisbonne. En 2014, il devint aussi le premier club finlandais à participer à la phase de poule de la Coupe de l’UEFA, terminant 3ème de sa poule, après une victoire face au Torino et FC Copenhague.

L’équipe féminine n’a pas à rougir du palmarès masculin. En effet, les femmes ont remporté 23 titres de champions (sur les 53 éditions du championnat, dont les 5 premières éditions ainsi que 7 d’affilée entre 1995 et 2001) ainsi que 17 Coupes nationales. Dans les deux cas, il s’agit aussi des records de détention de titres.

#106 – SC Corinthians : Campeão dos Campeões

Champion des champions. Pour obtenir un tel surnom, il faut connaître une sacrée suprématie sur le football brésilien. Celle-ci remonte à quelques années tout de même. Il existe deux versions à ce surnom. Il faut se rappeler que, dans les premiers temps du football brésilien, les championnats étaient locaux et parfois multiples. C’était le cas à São Paulo en 1915 où deux championnats existaient : la LPF (Liga Paulista de Futebol) et l’APEA (Associação Paulista de Esportes Atléticos). En raison de divergences politiques, les Corinthians quittèrent la LPF pour rejoindre l’APEA. Mais son inscription fit l’objet d’un veto. Le club tenta de revenir au sein de la LPF qui lui refusa son accès. Résultat, le Corinthians participa en 1915 à aucun championnat et ne prit part qu’à des matchs amicaux. Le 1er mai, ils affrontèrent AA Palmeiras (à ne pas confondre avec l’actuel Palmeiras) et gagnèrent 3-0. Quelques mois plus tard, AA Palmeiras devint le champion de l’APEA. En 1916, les Corinthians battirent Germânia, qui fut champion LFP en 1915. Le peuple corinthians se convainquit alors que si le club avait pu disputer les deux championnats, il les aurait gagné inévitablement et était donc le Campeão dos Campeões. Ce sentiment de prestige était renforcé par le fait que le club remporta d’autres matchs amicaux en 1915 (5-0 contre les Wanderers, 4-1 contre Ideal Club, 2-0 contre Guarani). En outre, l’année précédente, le Corinthians avait marqué le championnat LFP en le remportant aisément (10 victoires en 10 matches, 37 buts marqués et 9 buts encaissés). Il réédita l’exploit de remporter le championnat LFP en 1916 en demeurant invaincu.

Une autre version, plus connue et reconnue, nous amène en 1930. En cette année, l’association sportive de São Paulo (APEA) décida de promouvoir un défi entre les champions de São Paulo et de Rio de Janeiro, les deux principaux championnats locaux. Ce challenge opposait les Corinthians (São Paulo) au Vasco de Gama (Rio de Janeiro). Le 16 février, les Corinthians remporta le premier match dans son stade 4 buts à 2. Au retour, le 23 février, au stade São Januário, le Vasco de Gama menait 2-0 jusqu’à la 72ème minute. Mais en 18 minutes, les vieux joueurs des Corinthians comme Neco (qui jouait déjà en 1915), Rato, Del Debbio et, Tuffy, rentrèrent en jeu et firent basculer le match. Le club pauliste remporta le match 3-2 et le défi. Il était donc le champion des champions.

En 1953, l’animateur radio Lauro D’Avila composa les paroles d’une chanson titrée « Campeão dos Campeões » qui est devenu l’hymne officiel du club.

#91 – Millonarios FC : los Embajadores

Les ambassadeurs. Au début des années 1950, le football colombien connut son age d’or. Sans l’accord de la fédération nationale, les équipes colombiennes se professionnalisaient et, en ouvrant leur capital à leurs fans, accumulaient d’importantes sommes d’argent. Les clubs créèrent alors un championnat professionnel. Exclus par la fédération colombienne et la FIFA, les clubs colombiens vivaient dans l’illégalité et profitèrent de la situation pour piller les clubs des pays d’Amérique du Sud en recrutant leurs joueurs. En effet, sans existence légale, ils pouvaient recruter des joueurs sans verser de compensation à leur club d’origine. Au même moment, en 1948, le championnat argentin connut une grève des joueurs, qui estimaient que la répartition des bénéfices entre les clubs et les joueurs n’était pas assez équitable. Les meilleurs joueurs s’expatrièrent alors en Colombie pour profiter des importants salaires offerts.

Pour Millonarios, tout commença en 1949 avec l’embauche des argentins Carlos Aldabe, en tant qu’entraîneur-joueur, et Adolfo Pedernera. Ambassadeurs du club, les deux argentins convainquirent d’autres compatriotes dont Alfredo Di Stéfano et Néstor Raúl Rossi à les rejoindre et les deux derniers firent leurs débuts le 13 août 1949. Plus tard, l’équipe se renforça avec les arrivées du gardien de but de l’équipe nationale argentine, Julio Cozzi, ainsi que ses compatriotes Hugo Reyes, Antonio Báez, Reinaldo Mourin, Adolfo Jorge Benegas, Felipe Stemberg, Roberto Martinez, Julio Avila et Oscar Contreras. D’autres nationalités vinrent compléter la formation : les uruguayens Raul Pini, Ramon Villaverde, Alcides Aguilera et Víctor Bruno Lattuada, le paraguayen Julio César Ramírez et les péruviens, Alfredo Mosquera, Ismael Soria et Jacinto Villalba. Des européens s’expatrièrent également dans le club de Bogotá dont l’écossais Robert Flawell et l’anglais Billy Higgins.

Avec une telle équipe, la réputation du club grandit et le club remporta de nombreux trophées, dont les premiers du football colombien à l’étranger tels que le Campeonato Bodas de Oro del Real Madrid (tournoi du cinquantenaire du Real Madrid) en 1950 et le Mundialito de Clubes (tournoi mondial des clubs) en 1953. C’était la première équipe colombienne à côtoyer et s’imposer face aux plus grands formations étrangères et elle devenait alors le représentant du paus, son ambassadeur. Finalement, le club était devenu l’une des composantes colombiennes de ce que l’on appelle aujourd’hui le soft power. En 2010, ce rôle fut reconnu par la FIFA qui qualifia Millionarios comme le premier ambassadeur du football colombien.

L’avantage de ce surnom est qu’il permet aussi de faire référence aux premières années d’existence du club. Les joueurs se mettaient au vert avant chaque match à l’hôtel Ambassador de la ville de Bogotá.

#55 – CA Independiente : El Rey de Copas

Le roi des coupes. Si on peut penser à la carte du jeu espagnol, Ronda, le club argentin hérita de ce surnom dans les années 70. Précisément, il le gagna le 29 août 1976, après avoir remporté la finale de la Copa Interamericana contre l’Atlético Español. Il s’agissait de son 10ème titre international. En effet, emmené par le duo Bochini-Bertoni, le club atteignit les sommets en remportant 4 Copa Libertadores (1972, 1973, 1974 et 1975), 3 Copa Interamericana (1973, 1974 et 1976) et 1 Coupe Intercontinentale (1973). L’exploit fut notamment de gagner 4 Copa Libertadores d’affilé, ce qu’aucun n’était parvenu à réaliser et que personne ne réédita depuis. Ce fut vraiment la era dorada (l’âge d’or) du club. Curieusement, si le club remporta de nombreuses coupes pendant cette période et qu’il fut surnommé le Roi des coupes, Independiente ne gagna jamais la Coupe d’Argentine. On peut avoir une coupe pleine sur le continent et vide au niveau national. Dans les années qui suivirent, Independiente ajouta à ce palmarès 3 autres Copas Libertadores (1964, 1965 et 1984), 2 Copa Sudamericana (2010 et 2017), 2 Supercopa Sudamericana (1994 et 1995), 1 Recopa Sudamericana (1995) et 1 Coupe Intercontinentale (1984). De même, il conquit d’autres trophées internationaux moins côtés ou plus anciens (et disparus) comme 1 Copa J.League-Sudamericana (2018 – confrontation entre clubs japonais et argentins) et 2 Copa Dr. Ricardo Aldao (1938 et 1939 où s’affrontaient des clubs argentins et uruguayens

En décembre 2016, les supporteurs du Real Madrid réalisèrent un tiffo pour le match contre Dortmund où figurait le titre de « Rey de Copas », pour faire référence aux 11 Ligues des Champions remportés (à l’époque). Bien entendu, cela fit sursauter les afiocionados d’Independiente. Mais, le titre est surtout contesté en Argentine par son rival de Boca Juniors. En effet, après les années dorées d’Independiente, Boca Juniors accumula de nombreux titres internationaux (3 Coupes Intercontinental (1977, 2000 et 2003), 6 Copa Libertadores (1977, 1978, 2000, 2001, 2003 et 2007), 2 Copa Sudamericana (2004 et 2005), 4 Recopa Sudamericana (1990, 2005, 2006 et 2008), 1 Supercopa Sudamericana (1989), 1 Copa Máster de Supercopa (1992) et 1 Copa de Oro Nicolás Leoz (1993)). 18 titres pour Boca contre 17 pour Independiente (22 contre 19 en comptabilisant de vieux trophées internationaux disparus). Ainsi, Boca Juniors est devenu pour certain le véritable Rey de Copas. Mais, je ne vous conseille pas d’avancer de tels arguments si vous vous trouvez à Avellaneda, le fief d’Independiente.

#48 – Olympiakos Le Pirée : Θρύλος

La légende, voici un surnom qui situe haut le club dans le temple de la renommée du football grec. Fondée le 10 Mars 1925, l’Olympiakos est, de loin, le club grec le plus titré. En 2020, il totalise 44 championnats grecques, 27 coupes de Grèce (dont 17 doublés) et 4 supercoupes de Grèce. Ce palmarès national est d’autant plus impressionnant que le total des titres de champion de Grèce remporté par les autres clubs s’élèvent à seulement 39 titres. Comme si cela ne suffisait pas, l’Olympiakos détient également le record du plus grand nombre de titres de ligue grecque remportés consécutivement (soit 7, et par deux fois en plus – de 1997 à 2003 puis de 2011 à 2017). Il réalisa par le passé également une belle série de 6 titres de champion d’affilés (de 1954 à 1959). L’Olympiakos est ainsi devenu le seul club de football au monde à avoir remporté cinq fois dans son histoire une série de 5 championnats consécutifs ou plus, un record qui a été salué par la FIFA avec une lettre de félicitations de son président, Sepp Blatter. Il est également le seul club grec à avoir remporté cinq Coupes nationales consécutives (1957 – 1961). Enfin, il fut le premier club grec à gagner un titre continental, la Coupe des Balkans en 1963 (Coupe qui avait une certaine renommée à l’époque). N’en jetez plus, l’Olympiakos est bien une légende.