#142 – Santos FC : Peixe

Poisson. La référence au poisson est bien entendu lié à la qualité de ville portuaire de Santos. Son port est un lieu de commerce important, en concentrant plus du quart des échanges de la balance commerciale brésilienne. Le complexe portuaire s’est développé à partir de 1867 avec l’ouverture d’une ligne ferroviaire de 79 kilomètres reliant São Paulo au Port de Santos qui permit l’exportation de la production de café. En 1912, année de fondation du club, le port de Santos était le premier au monde pour le commerce de café. Aujourd’hui, il écoule la plus grande partie de la production des États céréaliers comme ceux de Sao Paulo, du Minas Gerais (sud-est), de Goias et du Mato Grosso do sul (centre-ouest). Le port de Santos est classé au 38ème rang mondial pour le trafic de conteneurs et le 1er en Amérique latine.

Le surnom fit son apparition en 1933. Le 12 mars 1933, le premier match de football professionnel eut lieu au Brésil, entre Santos et l’ancêtre du Sao Paolo FC. Les fans de l’équipe de São Paulo da Floresta décidèrent de provoquer les supporteurs de Santos en les appelant péjorativement peixeiros (les poissonniers). Ces derniers répondirent fièrement en criant « peixeiros, sim com muita honra » (les poissonniers, oui avec grand honneur). A la même époque, le dessinateur João Brito, dans les pages de « A Gazeta Esportiva » , représentait Santos sous la forme d’un poisson. Qui influença l’autre ? En tout cas, les supporteurs comme João Brito s’inspirèrent peut-être du premier dessin où Santos fut représenté sous la forme d’un poisson. C’était en 1921 dans le journal pauliste, « Ítalo Paulista, IL Pasquino Coloniale », où un supporteur du club de Palestra Itália (le futur Palmeiras) était au bord de la mer et admirait un poisson, représentant l’équipe de Santos.

Si son surnom rappelle le lien entre la ville et le mer, sa naissance ne le plaçait pas sous les meilleures auspices maritimes. Le club fut fondé à l’initiative de 3 sportifs de la ville, Francisco Raymundo Marques, Mário Ferraz de Campos et Argemiro de Souza Júnior, le Dimanche 14 Avril 1912. Or, ce jour là, un peu plus tard dans la soirée (à 23 h 40), le célèbre paquebot transatlantique Titanic heurtait un iceberg et entamait sa longue descente vers les entrailles de la mer.

#67 – Malaga CF : los Boquerones

Les anchois. Malaga et sa Costa del Sol ne sont pas seulement des stations balnéaires et une destination touristique. Avant l’essor débuté dans les années 1970, Malaga a été et reste un des grands ports espagnols, à la fois port de plaisance, de passagers, commercial et aussi de pêche. Il remonte aux origines de la ville fondée par les phéniciens et la pêche a constitué une forte activité économique. En particuliers celle de l’anchois. L’anchois de Malaga, anchois « vitoriano » ou « victoriano » , est la star des assiettes de la ville. Son nom provient de la période à laquelle est péché ce poisson, proche des fêtes de la vierge de la Victoria, patronne de la ville. Il existe plusieurs façon de le cuisiner mais sans aucun doute que sa version la plus simple, en friture (appelé « pescaíto frito » ou poisson frit), est la plus commune et appréciée. La préparation traditionnelle consiste à attacher 4 ou 5 anchois par la queue, les saler légèrement puis les enrober de farine et enfin les faire frire dans un bain d’huile d’olive brûlante. En rajoutant du safran, de l’origan, du cumin, de l’ail, de l’huile, du vinaigre et des condiments, et après l’avoir mis au frigo pendant 24 heures, on obtient une autre variante appelé anchois en escabèche. Dans une autre version, les habitants les laissent macérer dans du jus de citron puis les font frire dans beaucoup d’huile d’olive.

Chaque année, le deuxième dimanche du mois de septembre, la petite ville voisine de Rincón de la Victoria célèbre ce poisson argenté lors du Día del Boquerón Victoriano (Jour du Boquerón de la Victoire), ce qui conclut la saison touristique estivale. En outre, à la fin du carnaval, les habitants de Malaga fabriquent un anchois géant qu’ils emmènent en procession jusqu’à la plage où ce totem est finalement brulé.

Dès le XVIIème siècle, l’abondance de ce poisson dans la baie de Malaga et sa pêche étaient mentionnées. De nombreux témoignages de poètes et d’écrivains tout au long du XIXème siècle firent l’éloge de sa qualité et décrivaient son imprégnation dans la culture et l’identité de la ville. L’écrivain espagnol Pedro Antonio de Alarcón déclara « Malaga, patrie des meilleurs anchois au monde » et l’essayiste et gastronome Dionisio Pérez dira : « les anchois, il n’existe que ceux qui se pêchent d’Estepona à Malaga ». Les habitants de la ville, comme les joueurs du club, sont donc devenus los boquerones. Il n’est pas rare d’entendre le slogan « Somos Malagueños, somos Boquerones » (nous sommes malaguènes, nous sommes des anchois).