#1247 – Deportivo Riestra : los Malevos de Pompeya

Dans l’argot argentin, un malevo désigne un habitant de la banlieue de Buenos Aires, souvent avec un accent péjoratif. Car ce banlieusard était vulgaire, querelleur au point que le terme pouvait même désigner un brigand, la racaille. Mais, avant de rechercher les origines de ce surnom pour un club qui depuis deux ans évolue en première division (après près de 100 ans d’existence), revenons à l’environnement footballistique de la capitale argentine. Buenos Aires, la mégalopole qui respire le football, le cœur et les poumons du football argentin. Quand on s’extasie en France, de la prochaine arrivée d’un 2ème club à Paris, Buenos Aires compte pas moins de 36 enceintes de plus de 10 000 places et la première division argentine abrite sur 28 participants 15 clubs de la capitale et sa banlieue. Les cinco grandes del fútbol argentino, les 5 principaux clubs du pays (Boca Juniors, Independiente, Racing Club, River Plate et San Lorenzo de Almagro), résident tous à Buenos Aires. Et au-delà de ces grands représentants, chaque quartier de la capitale (48 au total) constitue un village, avec sa culture, sa population et qui a ses propres équipes de football, supportés par des fans enflammés (parfois un peu trop).

Nueva Pompeya, au Sud de la ville, est un quartier populaire, prolétaire avec une longue tradition de tango. Au XIXème siècle, il était connu sous le nom de quartier Bañado, car ses terres étaient souvent inondées par le cours d’eau Riachuelo. Mais, il était connu également sous le nom de Ranas et le terme rana désignait un homme intelligent et rusé, attributs des habitants de ce quartier. A cette époque, cette zone comptait une faible population, qui travaillait dans l’abattoir de bétail situé dans le quartier voisin du Parque Patricios. Ces résidents avaient un tempérament querelleur et l’environnement était dangereux. Puis, au XXème siècle, le quartier s’industrialisa et une classe laborieuse et prolétaire s’installa. Dans ce contexte, un groupe de jeunes de ce quartier formait une équipe de football qui participait à des tournois de quartier et était connue sous le nom de « los de Riestra » (ceux de Riestra), qui était l’avenue où se trouvait la laiterie où les jeunes se réunissaient. Le 22 février 1931, le club fut officiellement fondé. Club d’un quartier populaire, banlieue de la capitale, dont les habitants avaient une réputation querelleuse, de voyous, le terme malevo s’imposa comme surnom.

#1180 – SK Dnipro-1 : чорно-жовті

Les noir et jaune. Pour un club relativement jeune (fondation le 29 novembre 2015), il s’est fait rapidement une place dans le paysage footballistique ukrainien. Vice-champion de division 3 lors de la saison 2017-2018. L’exercice suivant, le club remporta le titre de champion de division 2. Puis, en 2022-2023, il devint vice-champion de première division. Le club fut fondé à l’initiative de l’homme politique ukrainien Yury Bereza et de l’homme d’affaires Gennady Polonsky. Tout s’accéléra pour Dnipro-1 quand le club historique de la ville, le FK Dnipro, rencontra des difficultés financières qui engendrèrent une crise sportive. En 2019, après 100 ans d’existence et une finale de Ligue Europa en 2015, le FK Dnipro fit faillite et ce qui restait du club, principalement son académie de formation, rejoignit le Dnipro-1. L’ancien footballeur international Andriy Rusol, qui avait joué 8 ans pour le FK Dnipro, s’associa à cette nouvelle aventure. Le Dnipro-1 devenait ainsi le successeur du FK et le club numéro un de la ville. Pour autant, il ne reprit pas les symboles du FK et conserva les siens, dont ses couleurs noir et jaune.

Le fondateur Yury Bereza est un militaire, homme d’affaires et homme politique qui s’illustra lors de l’apparition des manifestions pro-russes en Ukraine et les premières insurrections dans le Donbass. En Avril 2014, les militants pro-russes organisèrent des référendums dans les régions de Louhansk et de Donetsk afin d’obtenir leur sécession de l’Ukraine et leur intégration dans le giron russe. L’Etat ukrainien et son armée étant en faillite financière et organisationnelle, le ministre de l’intérieur Arsen Avakov prit la décision de former des milices armées avec pour objectif de rétablir l’ordre dans les régions de l’Est. Le 14 avril 2014, le bataillon dénommé Dnipro-1 fut créé comme une force spéciale du Ministère de l’intérieur, avec le soutien financier de l’oligarque Ihor Kolomoïsky. Au printemps, le bataillon sévit dans les régions de Donetsk et de Dnipropetrovsk et participa à la libération de Marioupol en juin 2014. Son commandant d’alors était Yury Bereza. Soucieux de ses troupes (et de son image), il poussa à la fondation d’un club de football dont l’objectif principal était de réhabiliter et d’aider les militaires à travers le sport. La nouvelle association reprit le nom du bataillon, Dnipro-1, ainsi que son emblème intégralement noir, qui se compose du trident ukrainien (tryzoub). Mais si le noir et le jaune orangé sont les couleurs apparaissant sur le blason du club, l’équipe évolue dans des maillots bleu et jaune, les couleurs nationales.

#1175 – Newport County AFC : the Exiles

Les exilés. Fondé en 1912, le club du Sud du Pays de Galles évolue depuis 1920 dans les ligues nationales anglaises quasiment sans interruption. Certes, il n’a jamais réussi à accéder à la seconde division mais Newport a connu un age d’or dans les années 1980, remportant notamment la Coupe du Pays de Galles en 1980 et parvenant en quart de finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupe en 1981.

Après cette période, la descente aux enfers débuta. A l’issu de la saison 1986-1987, Newport fut relégué en 4ème division. Puis, la saison suivante, en avril, Newport stagnait à la dernière place, en passe d’encaisser plus de 100 buts, après avoir perdu trois matchs consécutifs 4-0 à domicile. En grande difficulté financière, tous les joueurs professionnels furent licenciés et l’équipe première puisa pour les derniers matchs de la saison des joueurs dans les formations de jeunes du club. Une défaite 6-1 suivie d’une autre 6-0 eurent raison des derniers espoirs du club et confirmèrent la 2ème relégation consécutive de Newport, cette fois hors ligues nationales pour la première fois depuis les années 1930. Face à une dette de 330 000 £, le club fit faillite le 27 février 1989.

À l’été 1989, 400 supporteurs se mobilisèrent, n’acceptant pas que leur ville ne comptât plus d’équipe de football, et refondèrent une nouvelle entité. Seulement la volonté populaire se heurta à deux adversaires de taille. D’un côté, la municipalité considéra que ce nouveau club n’était que l’héritier de l’ancien et devait donc s’acquitter de ses dettes (notamment des loyers du stade impayés) pour pouvoir s’installer dans l’enceinte historique de Somerton Park. De l’autre, la fédération galloise (Football Association of Wales) prétendait que le nouveau club n’avait aucun lien avec l’ancien et devait gravir les échelons du football gallois. Mais, comme le club voulait évoluer dans les ligues régionales anglaises (comme il l’avait toujours fait historiquement) et qu’il n’avait pas les moyens d’éponger les dettes, l’équipe de Newport s’exila pour la saison 1990-1991 dans la ville de Moreton-in-Marsh, dans le Gloucestershire, à 130 km de Newport. Comme le rappelait le président du club, David Hando, même si 400 fans de Newport se déplaçaient le week-end à Moreton-in-Marsh, « Every game was effectively an away game » (chaque match était effectivement un match à l’extérieur). A l’issu de la saison, Newport gagna sa promotion à l’échelon supérieur et la municipalité ne pouvait plus snober ce succès populaire et sportif. Newport réinvestit Somerton Park pour les saisons 1990-1991 et 1991-1992.

Néanmoins, le club refusa l’invitation de la fédération gallois à rejoindre la toute nouvelle ligue du Pays de Galles (à la demande de l’UEFA, une compétition nationale fut mise en place en 1992). Nouvelle ire de la fédération face aux clubs récalcitrants et nouvel exil pour Newport en Angleterre, à Gloucester (80 km de Newport). Le club intenta un procès à la fédération qu’il remporta en 1994. En 1995, les exilés revenaient définitivement à Newport, mais dans une nouvelle enceinte, Somerton Park ayant laissé place à des logements.

#1149 – Dynamo Kiev : менти

Les flics. Le Dynamo est évidemment le grand club ukrainien. A l’époque soviétique, il n’était pas le seul club à porter ce nom et appartenait à une organisation sportive bien plus large. En effet, Félix Edmundovich Dzerzhinsky, président de la GPU (police politique, ancêtre du KGB), voulait développer la culture physique et le sport parmi les forces de l’ordre après la révolution d’octobre et la guerre civile. À l’automne 1922, les autorités de Moscou ordonnèrent la fermeture des clubs sportifs dit bourgeois et le transfert de leurs biens aux clubs d’éducation physique nouvellement créés par les ouvriers et les jeunes du Komsomol. Et en 1923, dans le cadre de la réorganisation des sports en URSS, ces clubs furent absorbés dans des organisations dépendant des grandes administrations et corps d’Etat (police, armée …). Dzerzhinsky favorisa donc, en 1923, la création d’une société sportive du nom de Dynamo. Le slogan était « Сила — в движении » (La force est dans le mouvement). Le football comptait parmi les sports les plus populaires et plusieurs équipes amateurs existaient parmi les membres des forces de l’ordre. Il fut donc aisé de les regrouper au sein du Dynamo et de recruter les joueurs parmi ces équipes. Après le décès en 1926 de Dzerzhinsky, et suite à la transformation de la GPU en NKVD (puis KGB), la société sportive sorta du giron direct de la police politique mais conserva une affiliation plus générale à l’administration des affaires intérieures et aux agences de sécurité de l’État. Pendant toute la période soviétique, les différents clubs Dynamo continuèrent à représenter les forces de l’ordre et étaient identifiés en tant que telle par les supporteurs. Les joueurs des clubs du Dynamo étaient officiellement des militaires qui progressaient en grade et salaire, en évoluant au sein de l’équipe. Après la dislocation de l’Union Soviétique, l’organisation centrale du Dynamo disparut et les clubs de sports devinrent des sociétés privées. La première branche ukrainienne du Dynamo vit le jour en 1924 du côté de Kharkiv. Celui de Kiev apparut le 13 mai 1927.

#1094 – Hartlepool United FC : the Monkey Hangers

Les pendeurs de singe. Ce surnom apparaît peu flatteur et il est vrai qu’il fut au départ utilisé pour se moquer des habitants de la ville et en conséquence des supporteurs du club de la ville. Et comme souvent, les locaux se sont appropriés ce sobriquet pour en faire un élément de différenciation, d’identité. Il en faut pour ce club, certes plus que centenaire (1908) et ayant adopté le statut professionnel dès sa fondation, qui ne jouit pas ni d’une grande aura, ni d’un palmarès.

La légende remonte au XIXème siècle, lors des guerres napoléoniennes. A cette époque de forte rivalité entre la perfide Albion et l’Empire Français, les britanniques craignaient une invasion française et l’opinion publique était très préoccupée par la possibilité d’infiltrations d’espions français. Il s’avéra qu’un bateau français (certainement un navire marchand) qui luttait contre les éléments coula au large d’Hartlepool. Le seul survivant était un singe vêtu d’un uniforme militaire (probablement pour divertir les marins). Malheureusement, l’inculture des habitants de la cité anglaise était telle qu’ils s’imaginèrent que l’animal était un espion français. Pour les excuser, il est souvent raconter qu’à l’époque, les journaux britanniques peignaient les français comme des créatures ressemblant à des singes avec des queues et des griffes. Un procès s’improvisa et la peine capitale (la mort) fut déclarée à l’encontre du singe. Le mât d’un bateau de pêche constitua la potence et le singe fut pendu. Malheureusement, il se peut que le singe fusse un enfant. Sur les bateaux, le terme powder-monkey (singe à poudre) était couramment utilisé pour désigner les enfants employés sur les navires de guerre pour amorcer les canons avec de la poudre à canon.

Cette image de pendeur de singe est nettement répandue dans la culture populaire et les références sont nombreuses dans les chansons, films, bandes dessinés et romans britanniques (et même parfois étrangers). La première chanson mentionnant cette légende, « The Monkey Song », remonte au XIXème siècle et était interprétée par l’artiste comique Ned Corvan. Les statuts de singes se multiplièrent également dans la cité. Au niveau sportif, 2 des six clubs de rugby de la ville utilisent des variantes du singe dans leurs symboles. Le club de Hartlepool United capitalisa également sur cette histoire en créant une mascotte appelée « H’Angus the Monkey » en 1999. Enfin, de manière inattendue, Stuart Drummond, qui fit campagne vêtu du costume de H’Angus et en utilisant le slogan électoral « free bananas for schoolchildren » (bananes gratuites pour les écoliers), fut élu Maire en 2002.

#897 – Atlético San Francisco : los Brujos

Les sorciers. Fondé en 1966, le club réside dans la ville de San Francisco del Rincón, qui est connue comme la capital du sombrero et de la chaussure de sport. Mais, la ville a aussi la réputation d’être un lieu propice aux sorciers et magiciens. Selon le folklore, la plante nommée, cebollines, une sorte d’oignon ou ciboulette locale, qui pousse en abondance dans la région serait la preuve de la présence de personnes ayant des dons pour faire de la sorcellerie. Au delà de ce folklore, il existe également une vieille histoire de sorcières. En 1846, deux femmes du quartier de la Cebolleta étaient accusés d’avoir réalisé des actes de sorcellerie. En effet, au cours de sa tournée dans la commune, un garde jetait un coup d’œil dans la maison d’un de ses anciens amis par la serrure de la porte. Il surprit alors deux femmes (dénommées Antonia Lomeña et Jacinta Parra) qui pratiquaient un rituel de sorcellerie. Selon les dires du garde, pendant qu’une des femmes répétait le nom du garde accompagné de quelques imprécations, l’autre femme tenait un chat, entourée de bougies allumées et faisait des signes cabalistiques. Pour le garde, cela ne faisait pas de doute qu’il était visé par ce sortilège et en conséquence, il courut chez le maire Don José Atanasio Guerrero pour rapporter les faits et s’en plaindre. Le maire fit appréhender les deux femmes qui furent condamnées au bucher. La peine devait être exécutée sur la place de San Francisco, qui était le nouveau lieu du marché qui se déroulait jusqu’à cette date à Purísima. L’histoire du sort déjoué et de la capture réalisée se répandit rapidement dans la petite communauté rurale de San Francisco, qui était avide de ragots pour pimenter leur vie de labeur. Ainsi, le jour de l’execution qui correspondait également à l’inauguration du nouveau marché, de nombreux habitants se rendirent sur la place pour assister au bucher. Toutefois, l’execution fut reportée au dimanche suivant. Ce report encouragea les commérages et attisa la curiosité. Ainsi, le dimanche suivant, la fréquentation de la place du marché augmenta mais de nouveau l’execution fut annulée pour la remettre en 8. Enfin, le troisième dimanche après l’annonce, alors qu’une véritable foule parcourait le marché de San Francisco, l’execution fut définitivement annulée et remplacée par une « simple parade » des deux sorcières, portant des accessoires distinctifs de leur magie (des poupées, des chapelets, des bougies, des plumes de dinde …).

Article réalisé avec le concours de Eduardo Ramirez (du Mexique).

#827 – FK Dinamo Tirana : Dinamovitët

Le surnom est dérivé du célèbre nom du club (dans les anciens pays de l’Est). Pendant la Seconde Guerre Mondiale, la résistance albanaise à l’occupation italienne puis allemande était tombée sous la coupe des communistes et son leader Enver Hoxha. Résultat, en 1946, les communistes prirent définitivement le pouvoir et instaurèrent la république populaire d’Albanie. Comme dans les autres pays du bloc de l’Est, le gouvernement copia l’organisation et les structures du grande frère soviétique pour rapidement affirmer leur pouvoir. Ceci passa par la main mise des grandes administrations et syndicats sur les mouvements sportifs et culturels. En 1950, le Ministère de l’Intérieur fonda donc son club de sport, dans le cadre de l’association sportive Dynamo. Ce dernier regroupait dans les pays de l’Est les associations sportives des membres et fonctionnaires des affaires intérieures et des organes de sécurité de l’État (principalement la police judiciaire et politique). La structure Dynamo fut créée en Russie le 18 avril 1923. Le choix du nom Dynamo s’expliquerait selon l’écrivain Maxim Gorky, membre honoraire de l’association ainsi : « Греческое слово «дина» значит сила, «динамика» — движение, а «динамит» — взрывчатое вещество. «Динамо» — это сила в движении, призванная взорвать и разрушить в прах и пыль всё старое, гнилое, все, что затрудняет рост нового, разумного, чистого и светлого — рост пролетарской социалистической культуры » (Le mot grec « dina » signifie force, « dynamique » signifie mouvement et « dynamite » signifie explosif. « Dynamo » est une force en mouvement, appelée à faire exploser et à réduire en cendres et en poussière tout ce qui est vieux, pourri, tout ce qui entrave la croissance du nouveau, raisonnable, propre et brillant – la croissance de la culture socialiste prolétarienne). L’idée était que les forces de police n’œuvraient pas contre le peuple mais par leur action repressive visait à protéger l’ordre nouveau et luttait contre les ennemies du peuple. Le slogan de l’association sportive fut donc « Сила — в движении » (la force en mouvement).

Le club albanais s’installa rapidement comme une pierre angulaire du football albanais, remportant déjà quatre championnats consécutifs rapidement après sa naissance (de 1950 à 1953). Par la suite, le club partagea avec le Partizani les trophées albanais jusqu’à la chute du régime communiste (15 titres de champions et 12 Coupes nationales). Mais, le communisme albanais qui rompit avec l’URSS en 1956 afin de ne pas se « déstaliniser » fut l’un des régimes les plus durs et fermés du bloc de l’Est, avec une police politique, Sigurimi, particulièrement repressive. En 1995, afin de laisser derrière eux ce lourd passé, certains estimèrent qu’il fallait changer de nom qui apparaissait comme un symbole négatif de cette époque (comme le Dynamo Zagreb avait pu le faire deux ans auparavant en devenant le Croatia Zagreb). Ainsi, le nouveau nom, KS Olimpik Tirana, était plus consensuel en se référant à l’esprit olympique. Mais, finalement, dans de nombreux pays de l’ancien bloc de l’Est, la quasi-totalité des clubs dont le nom se rattachait aux structures des régimes communistes tels que Lokomotiv (Ministère des Transports), CSKA (armée) et Spartak (Coopérative de production), ne changèrent pas de nom, estimant que celui-ci faisait parti de l’histoire du club, dépassant les liens avec l’autoritaire communisme. Et malgré la rattachement à la police, qui au vue de son action sous ces dictatures avait une mauvaise image, ce fut aussi le cas pour les Dynamo tels que le Dynamo Dresde, Dynamo Moscou, Dynamo Kiev, Dinamo Bucarest ou Dinamo Tbilissi. Finalement, deux ans plus tard, la direction du club de Tirana décida de revenir à l’ancien nom. Cette attachement des supporteurs à leur histoire s’est encore manifesté dernièrement quand le club modifia son écusson. Les fans ne cessèrent jamais de réclamer le retour du logo original de leur club de cœur et obtinrent gain de cause cette année.

#780 – Ulsan HD : 아시아의 깡패

Les voyous asiatiques. Le club d’Ulsan, propriété du chaebol Hyundai, gagna ce surnom lors de sa victoire à la Coupe des Champions A3 en 2006. Cette compétition réunissait chaque année les champions de 3 pays, la Corée du Sud, le Japon et la Chine. Vainqueur du Championnat national, Ulsan représentait la Corée du Sud. Lors du premier match, Ulsan tomba face au japonnais de Jeff United, sur le score de 3 buts à 2. 3 jours plus tard, Ulsan affrontait le Gamba Osaka, vainqueur de la J-League l’année précédente, et fut sans pitié en passant 6 buts aux japonnais. Au match suivant, Ulsan était opposé à Dalian Shide, qui avait remporté son 8ème titre national. Les attaquants d’Ulsan marquèrent 4 buts (dont 3 en un quart d’heure) aux chinois. Le club coréen remporta cette édition de l’A3 et Lee Chun-soo devint le meilleur buteur de la compétition, marquant 6 buts en 3 matchs, ainsi que MVP du tournoi. Les autres attaquants de l’équipe, le brésilien Leandrão et Choi Sung-Kuk, terminèrent également respectivement à la seconde et troisième place du classement des buteurs. Sa puissance de feu s’exprima de nouveau en Ligue des Champions asiatique, notamment lors de sa victoire en quart de finale aller face au club d’Al-Shabab, 6 buts à 0. Mais, cette fois, son rival local de Jeonbuk Hyundai Motors fut le vainqueur de la coupe, en éliminant Ulsan en demi-finale. Néanmoins, son attaque impitoyable, sans pitié, estimée comme la meilleure de tous les temps du club, amena le surnom des voyous asiatiques.

#615 – Portsmouth FC : Pompey

Surnom à la fois du club et de la ville de Portsmouth. Rappelez-vous le début des années 2000. Le club de Portsmouth retrouvait la Premier League grâce aux fonds d’un milliardaire qui permit au club de s’acheter de nombreux joueurs de qualité (Peter Crouch, Sol Campbell, Sylvain Distin, Nwankwo Kanu …). Seulement, la dette s’accumula et l’actionnaire lâcha le club. Résultat, Portsmouth fit faillite et fut repris en main par ses supporteurs en 2013. Une histoire que les fans de clubs aujourd’hui détenus par un milliardaire ou un Etat devraient garder en tête plutôt que de se laisser tourner la tête par la planche à billet … Revenons plutôt à ce surnom de Pompey. Il existe de nombreuses théories et explications, certaines plus crédibles que d’autres, mais personne ne semble être en mesure d’avoir la raison exacte et définitive. En outre, personne ne sait si le surnom a d’abord été appliqué à la ville ou à l’équipe de football. Cependant, il semble que la première référence écrite a concerné le club de football. Nous avons donc rassemblé ci-après diverses explications possibles, qui convergent toutes sur un point : elles trouvent leur origine dans le monde de la marine, Portsmouth étant un des principaux ports de la Grande-Bretagne.

La première légende raconte qu’Agnes « Anggie » Weston dirigeait une auberge, Sailors’ Rest, et y donnait des conférences aux marins. En 1904, la conférence portait sur Pompée le Grand, nom élogieux donné au général et homme d’État romain Cnaeus Pompeius, afin de le comparer avec Alexandre le Grand. Pompée gagna sa notoriété militaire en menant en Hispanie une guerre difficile, en remportant des victoires sur les pirates en Méditerranée et par ses conquêtes en Orient. Il composa avec Crassus et César le premier triumvirat. Puis, à la fin du triumvirat, il fut vaincu par César lors de la bataille de Pharsale en 48 avant JC. Il s’enfuit alors en Egypte, où il fut assassiné. Agnes Weston présenta avec vigueur la chute de Pompée et lorsqu’elle décrivit son assassinat, l’un des marins, certainement ivre, cria « Poor old Pompey ! » (Pauvre vieux Pompée). Quelques jours plus tard, Portsmouth FC disputa un match où ils jouèrent mal et perdirent. Un marin dans la foule s’appropria alors le cri entendu dans le bar « Poor old Pompey ! » et les autres fans reprirent le refrain.

Il est également dit qu’un groupe de marins basé à Portsmouth aurait grimpé le pilier de Pompée près d’Alexandrie en Égypte vers 1781. Cette colonne est un bloc de granit de 28 m de haut, attribuée à tort au général romain Pompée, mais en réalité construite comme un mémorial à l’empereur romain Dioclétien. Etant donné sa sculpture, son escalade constitua un exploit et les marins gagnèrent ainsi le nom de Pompey Boys (Les garçons de Pompée).

En 1662, Charles II, Roi d’Angleterre, épousa Catherine de Bragance, membre de la famille royale portugaise. Contre le soutien militaire et naval de l’Angleterre comme protection face à l’Espagne, la monarchie portugaise donna en dot Tanger en Afrique du Nord et plusieurs îles en Inde, dont Bombay. Le mariage se déroula à Portsmouth. Lorsque les marins portugais qui accompagnaient Catherine découvrirent Portsmouth, ils trouvèrent des ressemblances entre la ville anglaise et Bombay : les deux sont des îles, les deux sont de bons ports et leur relief est plats, avec une colline en arrière-plan. Les marins surnommèrent alors Portsmouth en portugais, Bom Bhia (la bonne baie), qui donna le nom de la ville indienne. Bom Bhia fut ensuite anglicisé devenant Pompey.

Portsmouth est un port depuis l’époque romaine. A proximité de Portsmouth, se dresse le chateau fort de Portchester, fort romain très bien conservé. Ainsi, plus tard, lorsque le port commença à se développer, les habitants surnommèrent leur ville Pompey, pour rappeler ses ruines et son passé romain en la comparant avec les vestiges de Pompéi.

Portsmouth est un important port militaire de la Royal Navy où se déroulent de nombreux cérémonies. Ces « festivités » sont décrites comme the pomp and ceremony (faste et cérémonie) qui réduit devint Pompey.

Port important sur les routes marchandes et militaires, Portsmouth constituait un point de localisation pour les marins. Ceux-ci l’appelaient ainsi le Portsmouth Point et l’écrivaient en abrégé sur le journal de bord : Pom. P. Les cartes de navigation utilisaient également cette abréviation. Ceci donna le surnom Pompey. En outre, « Pom-pey » ressemble à la prononciation par des marins ivres de Portsmouth Point, d’où ils prenaient leurs bateaux.

Selon certains, l’équipe de football de Portsmouth commença à se développer en récupérant de nombreux membres de l’équipe de la Royal Artillery dont la structure disparut en 1899 (1 an après la fondation de Portsmouth FC). Cette dernière portait le surnom originel des Pompeys. Ce surnom fut acquis lorsque, lors d’une revue organisée à l’occasion de l’anniversaire de la Reine, la Royal Artillery fut simplement chargée d’encadrer la parade au lieu de défiler. Ils furent alors relégués à la mission qu’effectuait généralement la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris. L’année suivante, la population acclama la Royal Artillerie sous le nom de « Pompiers », qui devint par la suite Pompey.

« La Pompée » était un navire français amarré dans le port de Portsmouth. Peu après son achèvement, ce navire de classe Téméraire avait été volé par les royalistes français qui avaient fui la France après le Siège de Toulon (Septembre-décembre 1793) et donné aux britanniques à Spithead, une rade de la Royal Navy près de Portsmouth, en mai 1794. Les anglais copièrent la conception de ce bateau français qui était une réussite et construisirent des navires connus alors sous le nom de « classe Pompée », dont le Superb et l’Achilles. Le Pompée fut renommé HMS Pompée et servit dans la marine britannique dans de nombreuses campagnes en Europe et dans les Caraïbes. Il eut également des fonctions défensives en gardant le port de Portsmouth. Puis, en 1816, le Pompée devint une prison navale dans le port de Portsmouth et fut finalement démoli en 1817. Le bateau aurait donc donné le surnom à la ville. Une autre explication pourrait également venir soutenir cette version puisque dans l’argot du Nord du pays, pompey désigne une prison.

Enfin, des expressions marines pourraient également expliquer ce surnom. Dans la tragédie Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare, un vers décline « Pompey is strong at sea » (Pompée est fort en mer) ce qui plaisait beaucoup aux marins. Par ailleurs, il existe une expression anglaise « to play Pompey » qui signifie « faire des ravages ».

Si pour certains surnoms, les explications manquent ou sont tombées dans les oubliettes de l’histoire, Portsmouth n’en connait que trop. Mais, à défaut de faire encore parti des clubs huppés de la Premier League, Portsmouth bénéficie finalement d’une autre richesse plus importante : une histoire.

#595 – GD Interclube : os Polícias

Les policiers. Le 28 février 1976, 3 mois après l’indépendance de l’Angola de l’Empire Portugais, le nouveau commandant général de la police nationale angolaise, Santana André Pitra dit Petroff, prit la décision le même jour, d’un côté, de fonder la police nationale angolaise, et, d’un autre côté, de doter cette nouvelle force d’une association sportive, le Grupo Desportivo e Recreativo do Corpo da Polícia de Angola (Groupement Sportif et Récréatif de la Police Angolaise). Au travers de ce club, l’objectif était double. Premièrement, le club devait combler le manque de structures proposant des loisirs et des sports, en vue d’entretenir le physique des forces de police. Ensuite, il devait permettre aussi de différencier la police de la nouvelle République Populaire d’Angola des forces répressives de la police nationale coloniale, en lui permettant de lui créer une image plus « proche du peuple ». Aujourd’hui encore, le club, qui est omnisport, est toujours rattaché au Ministère de l’Intérieur.