#428 – SK Sturm Graz : die Schwoazn

Les noirs, les deux couleurs officielles du club étant le noir et le blanc. L’origine de ce choix de couleurs n’est pas connue précisément mais des hypothèses crédibles peuvent être avancées. Le club vit le jour le 1er mai 1909 et opta immédiatement pour le nom de sturm (Tempête). Une légende romantique prétend que ce choix rappelait la tempête qui faisait rage ce jour là. Toutefois, il apparaît plus probable que les fondateurs reprirent le nom du club tchèque DBC Sturm Prague qui joua à Graz quelques jours plus tôt (le 18 et le 19 avril 1909). Le DBC Sturm Prague était un club de la communauté allemande de Prague, alors en territoire Austro-Hongrois, et inspira le club autrichien au-delà du nom. En effet, le premier écusson du Sturm Graz était un drapeau rayé noir et blanc au vent, exactement celui du DBC Sturm Prague.

Alors les couleurs aussi ? Les joueurs du club tchèque évoluaient en bleu et noir. Ce n’est certes pas le blanc et noir de Graz mais il y avait une couleur commune qui inspira peut-être les fondateurs du club autrichien. Mais, ces derniers choisirent plus vraisemblablement ces couleurs noires et blanches car elles étaient à la mode parmi les cercles sportifs germanophones. En effet, elles faisaient référence à l’Ordre Teutonique, un ordre de chevaliers germaniques aux temps des croisades. Les chevaliers de l’Ordre portaient un bouclier blanc avec une croix noire. Déjà, à l’époque des guerres napoléoniennes, les clubs de gymnastique allemands portaient ces couleurs en homage à l’Ordre. Au début du XXème siècle, l’Allemagne se constituait, sous l’emprise de la Prusse (dont les couleurs étaient également le noir et le blanc pour les mêmes raisons) et le choix à cette référence historique puissante était très symbolique. Ainsi de nombreux clubs de football allemand et autrichien les reprirent. A Graz, en plus de Sturm, les clubs de SK Gabelsberg, Akademische Sportverein et Eisenbahner Südbahn jouèrent dans cette combinaison de couleurs. Enfin, les équipes nationales d’Allemagne et d’Autriche firent de même. Deux autres surnoms sont également utilisés pour le club : Blackies (les noirs en anglais) et Schwarz-Weißen (les noirs et blancs).

#265 – Hajduk Split : Hajduci

Ce surnom est dérivé de Hajduk, qui est le terme croate pour désigner les Haïdouks, ces hors-la-loi opérant principalement en Europe Centrale et dans les Balkans (Hongrie, Bulgarie, Serbie, Croatie, Macédoine, Pologne, Roumanie, Grèce, Slovaquie, Ukraine) lors de la domination ottomane, de la fin du XVIème au milieu du XIXème siècle. A cette période, les différences culturelles et religieuses ainsi que les discriminations et la pression fiscale opposaient les populations autochtones avec les autorités de la Sublime Porte. Et certains, les Haïdouks, se soulevèrent contre cette colonisation. Pour les turcs, il s’agissait de bandits tandis qu’ils représentaient plutôt des rebelles aux yeux des populations locales. Dans la tradition folklorique, le Haïdouk se résumait à une figure héroïque et romancée qui combattait les autorités ottomanes et volait pour donner aux populations pauvres. Une version balkanique de Robin des Bois ou Thierry la Fronde. Mais, ils furent aussi des mercenaires qui se mettaient à disposition de certains gouvernements (Autriche, République de Venise, Dubrovnik, République des Deux Nations, Serbie, Valachie, Monténégro et Russie) mais toujours pour s’opposer à la présence ottomane. Finalement, les Haïdouks étaient aussi bien des guérilleros contre le pouvoir ottoman que des bandits de grands chemins qui s’en prenaient non seulement aux Ottomans et à leurs représentants locaux, mais aussi aux marchands et aux voyageurs locaux. Pourquoi dénommé le club ainsi ?

Le club fut fondé dans le célébre café U Fleků à Prague (qui faisait alors partie de l’Empire Austro-Hongrois, comme la Croatie), par un groupe d’étudiants de Split (Fabjan Kaliterna, Lucijan Stella, Ivan Šakić et Vjekoslav Ivanišević). Ces derniers s’étaient retrouvés dans ce pub après un match entre les deux clubs pragois du Sparta et du Slavia et souhaitèrent que leur ville de Split se dota d’un club de football professionnel. Le club fut officiellement enregistré auprès des autorités le 13 février 1911. Plusieurs options furent avancées pour le nom : Mosor (en référence à la chaîne montagneuse proche de Split), Marjan (du nom d’une colline de Split), Borac (signifiant Combattant), Uskok (du nom d’un groupe de pirates croates de l’Adriatique aux XVIème et XVIIème siècles) ou Velebit (en référence à une chaîne de montagne côtière de la mer Adriatique). Aucune majorité se dessina et les étudiants décidèrent de se tourner vers leur ancien enseignant, passionné de sport, Josip Barač. Selon le récit, les étudiants firent irruption avec enthousiasme dans son bureau et Josip Barač les compara alors à des rebelles. Il leur proposa ainsi de retenir le nom de Hajduk en leur précisant que ces derniers symbolisaient « ce qu’il y a de mieux dans notre peuple: bravoure, humanité, amitié, amour de la liberté, défi aux pouvoirs et protection des faibles. Soyez digne de ce grand nom ».