#158 – FC Spartak Moscou : гладиаторы

Les gladiateurs. Le Spartak Moscou fut fondé en 1922 sous l’impulsion de Nikolaï Starostine, l’aîné d’une fratrie de 4 frères, fans de football. Le club changea plusieurs fois de dénomination en fonction des consignes données par les autorités. Dans un premier temps, le nom devait se rattacher à l’origine géographique du club. Le club s’appela alors Красная Пресня, du nom du quartier de Krasnopresnenski à Moscou. Puis, les club devaient être patronnés par une entreprise ou un syndicat. Le club se rattacha d’abord au syndicat des travailleurs agricoles et prit le nom de Пищевики. Puis il rejoignit les mouvements de coopératives de consommateurs et changea de nom pour Промкооперация. Enfin, en 1934, avec l’aide de Alexander Kosarev, secrétaire du Komsomol (Union communiste de la jeunesse), Nikolaï Starostine créa une société de culture physique et sportive (à l’instar des Dynamo, CSKA, Lokomotiv) qui, dans les différentes localités du pays, soutenaient et structuraient des clubs de sports au sein des populations qui dépendaient de cette administration ou syndicat. Le club de Moscou servit de base pour cette nouvelle organisation mais devait changer de nom pour illustrer ce grand mouvement. Plusieurs options furent envisagées telles que Атака (Attaque), Вымпел (Fanion), Звезда (Etoile), Промкооп (du nom du syndicat qui soutenait déjà le club), Сокол (Faucon, ce qui aurait fait le lien avec le club dont émana le Spartak et qui était en lien avec le mouvement panslave Sokol), Стрела (Flèche), Феникс (Phénix) et Штурм (charge). Mais aucun consensus ne fut trouvé. Starostine tomba accidentellement sur le livre de l’Italien Rafaello Giovagnoli « Spartacus », très populaire en URSS. Il proposa alors le nom de Спартак (Spartak), qui signifie Spartacus en russe. D’un côté, le romantisme et l’héroïsme antique du rebelle gladiateur qui se souleva contre Rome plaisaient. De l’autre, c’était idéologiquement cohérent car en Union Soviétique et au sein des mouvements communistes européens, Spartacus était devenu le symbole de la lutte prolétarienne. Le nouveau nom fut approuvé et le Spartak réunissait les  travailleurs de l’industrie, des services publics, de la culture, des véhicules et de l’aviation civile. Dans le sport, Spartacus inspira également un événement sportif international, dénommé Spartakiade, promu par le mouvement sportif russe, créé en opposition aux Jeux olympiques.

#136 – Lokomotiv Moscou : паровозы

Les locomotives à vapeur. Lors des premières années de développement du football en Russie et surtout en Union Soviétique, les clubs se créèrent alors principalement autour des sites industriels ou fortement cornaqués par les entreprises. Ce fut le cas pour le Lokomotiv Moscou dont l’ancêtre le plus communément admis est le club de Kazanka qui était l’abrégé de Кружок футболистов Казанской дороги (Cercle des joueurs de football de la route de Kazan). Les fondateurs et les joueurs du club provenaient en effet du dépôt ferroviaire de la ligne de chemin de fer Moscou-Kazan, l’une des principales à l’époque. Puis, en 1935, le commissaire du peuple des chemins de fer Lazar Kaganovitch et le comité central des syndicats des cheminots approuvèrent la charte de la société sportive nationale des cheminots « Lokomotiv » dont le but était d’améliorer la santé des cheminots et de leurs familles. En 1936, le Lokomotiv Moscou fut créé sous l’égide de l’association nationale et, favorisé par les instances, reprit les joueurs et les actifs du club de Kazanka. Le club appartenait alors au ministère soviétique des Transports via les chemins de fer russes (Российские железные дороги). L’écusson du club arbora alors une locomotive à vapeur. Depuis, la locomotive demeure sur le blason mais, l’évolution technologique aidant, la machine à vapeur fut remplacée par une locomotive diesel verte TE3. Toutefois, les mauvaises langues adverses comparaient l’équipe à une locomotive à vapeur car le jeu que développait le Lokomotiv était lent.

#117 – Dynamo Moscou : бело-голубые

Les bleus et blancs, les couleurs du club moscovite. Si le club fut fondé en 1923 par la police politique soviétique, la GPU, il puiserait ses origines dans le club Orekhovo Sports Club. Au XIXème siècle, comme dans la plupart des pays, le football en Russie se développa sous l’impulsion des immigrés anglais. Les frères, Clement et Harry Charnock, originaire du Lancaster, émigrèrent en Russie pour travailler dans l’industrie du coton, suivant les traces de leur père, qui avait déjà déménagé en Russie pour travailler comme directeur d’usine. En 1887, ils étaient employés dans une usine textile à Orekhovo-Zuevo, près de Moscou et, fervents fans de Blackburn Rovers, décidèrent d’initier les travailleurs de l’usine au football, en partie à cause de leur amour du sport, mais aussi pour tenter de persuader les travailleurs d’utiliser leurs jours de congé pour quelque chose de plus productif que de boire de la vodka. Clément amena un ballon de football d’Angleterre et également des chemises, des shorts et des chaussettes des Blackburn Rovers (bleus et blancs). Cette première tentative fut un échec mais elle fut la première pierre pour lancer la pratique du football.

En 1893, l’équipe fut relancée, sous l’impulsion de son frère Harry et avec le soutien d’employés britanniques. Le Orekhovo Sports Club était né et domina le jeune football moscovite. Après la révolution russe de 1917, les usines de coton furent nationalisées et les travailleurs étrangers n’étaient plus les bienvenus dans le pays. Les deux frères retournèrent en Angleterre et leur club fut dissout.

Mais les structures du club ainsi que ses couleurs furent repris par le Dynamo Moscou. Ce nouveau club était né dans la mouvance de la création du Dynamo, organisation publique de culture physique et sportive dédié aux forces de l’ordre et regroupant des clubs dans tout le pays. Cette association fut fondée sous l’égide de la GPU (police politique, ancêtre du KGB) et de son président Félix Edmundovich Dzerzhinsky, qui voulait développer la culture physique et le sport parmi les forces de l’ordre. Mais, il n’était pas question pour les autorités que les symboles (comme la couleur) puissent provenir du monde d’avant (et encore moins de britanniques, chantres du capitalisme) et les couleurs furent justifiées par les dirigeants du Dynamo en indiquant que le bleu symbolisait l’électricité (que crée une dynamo) et le blanc, les pensées brillantes et pures des policiers (ni plus ni moins).

#89 – CSKA Moscou : конями

Les chevaux. Il existe trois versions pour l’origine de ce surnom. La plus généralement admise est que le stade Peschanoe où évolua le club fut construit sur une partie de l’hippodrome de Moscou. Ce stade a été détruit au début des années 2000 pour laisser place à la nouvelle enceinte du CSKA, la VEB Arena, en 2016. L’autre version est très proche. Simplement, au lieu du stade, elle parle du siège du club. Et plutôt que l’hippodrome de Moscou, il s’agit des anciennes écuries de la famille princière Ioussoupov. Enfin, la dernière version rend hommage à l’un des premiers maréchaux de l’Union soviétique, Semion Boudienny. Il fut le commandant de la première armée de cavalerie de l’Armée rouge pendant la guerre civile russe et également l’un des principaux organisateurs de la cavalerie. Nombreuses fois décorés (8 ordres de Lénine, 3 Médaille d’Or, il reçut le titre de Héros de l’Union Soviétique, al plus haute distinction de l’URSS), il contribua aussi à la naissance de la race équine rustique qui porte son nom. On ne saura peut-être jamais l’origine de ce surnom mais depuis 2008, cet animal est devenu le symbole officiel du club de Moscou. Si les anciens fans du CSKA appréciaient peu ce surnom, maintenant les supporteurs s’appellent fièrement конями (les chevaux) ou пони (poneys). Lors de matchs, dans les gradins du stade, vous pouvez apercevoir de nombreux chevaux gonflables ou en peluche.

#38 – Alania Vladikavkaz : барсы

Les léopards. Voici un animal puissant, bondissant dont nombre d’équipes aimeraient être comparées. Pourtant, on imagine mal ce félin déambuler dans les montages du Caucase du Nord. Mais, il existe bien un léopard perse ou léopard caucasien que l’on rencontre dans cette région. Le léopard caucasien est l’une des plus grosses sous-espèce de léopard mais malheureusement en voie d’extinction dans le Caucase du Nord. La république d’Ossétie du Nord-Alanie, dont Vladikavkaz est la capital, se situe dans cette région. Animal emblématique, il apparaît sur les armes de la république comme sur celle du club. Normal car le club s’identifie totalement à la république et a hérité de la plupart de ses symboles.