#921 – Santos FC : o Leão do Mar

Le lion de mer, plus communément appelé l’otarie. Pelé nous a quitté. Le Roi est mort. L’adage voudrait que l’on rajoute « Vive le Roi ». Sauf que son successeur n’est pas encore connu. Il ne suffit pas de s’afficher en photo avec Pelé et de croire sur parole un entourage et une bande de journalistes complaisants pour se réclamer de son héritage. Revenons à notre histoire de surnom. Celui-ci provient de l’un des hymnes du club. J’écris l’un car il existe deux hymnes pour Santos : l’officiel et l’officieux.

En 1955, un an avant que le Roi Pelé intègre les rangs de l’équipe professionnelle, Santos réalisa l’exploit de remporter le championnat de São Paulo. D’une part, peu d’équipe n’appartenant pas à la mégalopole de São Paulo parvenait alors à remporter le championnat de l’Etat. Sur les 53 premières éditions du championnat (sachant qu’il y a eu des saisons où deux ligues coexistaient), seuls deux avaient été remportés par des équipes situées hors des murs de São Paulo (dont une fois Santos en 1935). D’autre part, la victoire de 1955 mettait fin à une disette de succès pour Santos de 20 ans dans le championnat pauliste. Son attaquant Emmanuele Del Vecchio devenait meilleur buteur de la compétition avec 23 buts. Pour célébrer ce titre, une chanson fut commandée. Mangeri Neto écrivit les paroles et la musique fut composée par Mangeri Sobrinho. Elle s’intitula « Leão do Mar » ou « a marchinha Leão do Mar » (la marche du lion de mer).

Agora quem dá bola é o Santos / Maintenant Santos contrôle le ballon
O Santos é o novo campeão / Santos est le nouveau champion
Glorioso alvinegro praiano / Glorieux alvinegro praiano
Campeão absoluto desse ano / Le champion absolu de cette année

Santos, Santos sempre Santos / Santos, Santos toujours Santos
Dentro ou fora do alçapão / Que ce soit à la maison ou à l’extérieur
Jogue o que jogar / Peu importe comment tu joues
És o leão do mar / Tu es le lion de la mer
Salve o nosso campeão / Saluez notre champion

Le choix de cet animal n’est pas documenté mais l’explication la plus logique apparaît être celle-ci. Imposant, dominant, conquérant, le lion est le roi des animaux. L’équipe de Santos devait renvoyer alors cette image d’avoir dominé le championnat et d’être un lion. Or, la ville de Santos a un lien important avec la mer (#142). Donc son lion ne pouvait pas être celui de la savane mais celui de la mer. Cet hymne commença à résonner dans le stade quand deux ans plus tard, en 1957, une autre chanson apparut. Dénommée « Sou Alvinegro da Vila Belmiro » (Je suis Alvinegro de Vila Belmiro), elle fut écrite par Carlos Henrique Paganetto Roma (un ancien conseiller du club issu d’une famille étroitement liée à l’histoire de Santos. Son père, Modesto Roma, et son frère, Modesto Roma Júnior, furent présidents du club, respectivement entre 1975 et 1978 et entre 2015 et 2017) et fut approuvée le 11 juillet 1996 comme hymne officiel du club (13 ans après les décès de son créateur). Néanmoins, la chanson « Leão do Mar » avait déjà conquis le cœur de nombreux supporteurs, pour qui elle rappelait le premier succès qui allait en annoncer d’autres avec le Roi Pelé. Aujourd’hui, si « Sou Alvinegro da Vila Belmiro » est joué dans le stade avant les matchs de Santos, la foule scande encore « Leão do Mar » dans les travées. Certains médias l’utilisent également lors des retransmissions des matchs pour accompagner un but de Santos. Et quand en Septembre, en pleine convalescence, la fille du Roi Pelé donna des nouvelles de son paternel, ce fut un post où on entendait le Roi chantait l’hymne traditionnel, « Leão do Mar » .

#205 – Santos FC : Alvinegro

Les blancs et noirs. Lorsque le club de Santos fut fondé en 1912, le premier choix des couleurs se portèrent sur le blanc, le bleu et l’or. Le maillot était alors rayé bleu et blanc, avec de fines bandes dorées. Mais, après à peine un an d’existence, le 31 mars 1913, les membres décidèrent de changer pour opter pour un maillot rayé noir et blanc, fixant alors définitivement les couleurs du club. Les raisons du changement étaient simples. Il est probable que les joueurs constatèrent que les couleurs bleus et dorées passaient assez vite après quelques lavages. Il fallait donc refaire régulièrement des maillots. Or, les finances du club ne devaient pas le permettre. Surtout, la couturière de l’équipe, connue sous le nom de Dona Didi, se plaignait de ne pas réussir à trouver les tissus nécessaires (en particulièrement celui doré) pour réaliser le maillot du club. Lors de cette réunion du 31 mars 1913, Paulo Peluccio, membre du club, suggéra de retenir un maillot à rayures blanches et noires. Le noir aurait représenté la noblesse et le blanc symbolisait la paix. Surtout, ces couleurs étaient plus simple à trouver à l’époque.

En 1913, le maillot fut donc rayé verticalement en noir et blanc. Mais, en 1915, en même temps qu’il dut changer de nom pour participer au tournoi de Santos, le club porta un maillot intégralement blanc, marqué seulement de son blason. Ce fut une réussite avec le titre au bout. En 1925 et en 1935 (pour le premier titre dans le championnat de l’Etat de São Paolo), le maillot fut une nouvelle fois intégralement blanc. Dans la version de 1925, le maillot intégrait toutefois au niveau de la taille une bande noire, comme une ceinture. Pour celle de 1935, tout l’équipement était blanc, les chaussettes ayant quelques détails noirs. Au milieu des années 1930, Santos porta l’uniforme le plus inhabituel de son histoire. En effet, si le short était blanc, le maillot était dans une couleur surprenante pour le club, rouge. Cet uniforme fut utilisé que dans quelques matchs. Au début des années 1940, Santos avait pour équipement une chemise à larges rayures noires et blanches mais cette fois horizontales. Lors de la grande période du Santos de Pelé, l’uniforme redevint complètement blanc, à l’exception de la taille où la ceinture était noire. Toutefois, en 1963, la direction tenta un nouveau maillot blanc à fines rayures noires, le short et les chaussettes demeurant blancs. Ce fut un échec auprès des supporteurs et le club revint au kit blanc. Dans les années 1970, l’équipement se stabilisa avec comme premier uniforme, un kit intégralement blanc, et en maillot extérieur, celui rayé noir et blanc. Enfin, dans les années 1990, le club céda à la mode des tenues extravagantes et si les couleurs demeurèrent, les shorts affichèrent des damiers, des étoiles, des traits …

Comme d’autres équipes ont adopté ces couleurs et ont donc gagné ce surnom d’Alvinegro, celui de Santos a été enrichi par la suite en Alvinegro da Vila et Alvinegro Praiano. Le premier se réfère au stade dans lequel évolue Santos, le stade Urbano Caldeira, mieux connu sous le nom de Vila Belmiro, quartier où il se situe. Enfin, Praiano est un adjectif pour désigner un objet, un lieu ou une personne situé sur le littoral. Ce qui est le cas de la ville de Santos, située sur la côte de l’ État de São Paulo et qui est le plus grand port d’Amérique Latine.

#142 – Santos FC : Peixe

Poisson. La référence au poisson est bien entendu lié à la qualité de ville portuaire de Santos. Son port est un lieu de commerce important, en concentrant plus du quart des échanges de la balance commerciale brésilienne. Le complexe portuaire s’est développé à partir de 1867 avec l’ouverture d’une ligne ferroviaire de 79 kilomètres reliant São Paulo au Port de Santos qui permit l’exportation de la production de café. En 1912, année de fondation du club, le port de Santos était le premier au monde pour le commerce de café. Aujourd’hui, il écoule la plus grande partie de la production des États céréaliers comme ceux de Sao Paulo, du Minas Gerais (sud-est), de Goias et du Mato Grosso do sul (centre-ouest). Le port de Santos est classé au 38ème rang mondial pour le trafic de conteneurs et le 1er en Amérique latine.

Le surnom fit son apparition en 1933. Le 12 mars 1933, le premier match de football professionnel eut lieu au Brésil, entre Santos et l’ancêtre du Sao Paolo FC. Les fans de l’équipe de São Paulo da Floresta décidèrent de provoquer les supporteurs de Santos en les appelant péjorativement peixeiros (les poissonniers). Ces derniers répondirent fièrement en criant « peixeiros, sim com muita honra » (les poissonniers, oui avec grand honneur). A la même époque, le dessinateur João Brito, dans les pages de « A Gazeta Esportiva » , représentait Santos sous la forme d’un poisson. Qui influença l’autre ? En tout cas, les supporteurs comme João Brito s’inspirèrent peut-être du premier dessin où Santos fut représenté sous la forme d’un poisson. C’était en 1921 dans le journal pauliste, « Ítalo Paulista, IL Pasquino Coloniale », où un supporteur du club de Palestra Itália (le futur Palmeiras) était au bord de la mer et admirait un poisson, représentant l’équipe de Santos.

Si son surnom rappelle le lien entre la ville et le mer, sa naissance ne le plaçait pas sous les meilleures auspices maritimes. Le club fut fondé à l’initiative de 3 sportifs de la ville, Francisco Raymundo Marques, Mário Ferraz de Campos et Argemiro de Souza Júnior, le Dimanche 14 Avril 1912. Or, ce jour là, un peu plus tard dans la soirée (à 23 h 40), le célèbre paquebot transatlantique Titanic heurtait un iceberg et entamait sa longue descente vers les entrailles de la mer.