#1220 – SC Corinthians : Timão

La grande équipe ou barre (de gouvernail). Deux traductions car il existe deux versions à l’un des surnoms les plus connus de l’équipe de São Paulo. Si vous circulez dans les travées de l’Arena Corinthians, vous entendrez l’explication des supporteurs. En 1933, sous la présidence d’Alfredo Schurig, l’aviron fut intégré dans la palette des sections sportives des Corinthians et, connaissant un certain succès dans les sports nautiques, le club rajouta en 1939 dans son blason une bouée (entourant le cercle central), ainsi qu’une paire d’avirons croisée et une ancre. Avec ces nouveaux attributs marins, la barre de gouvernail comme surnom semble logique. Surtout que les supporteurs voient dans la composition de ces trois attributs, le dessin d’une barre de gouvernail à roue.

Mais, dans le musée du club, la version officielle est tout autre. L’équipe de football des Corinthians connut un âge d’or dans les années 1950 en remportant le championnat paulista par 3 fois (1951, 1952 et 1954) et le tournoi Rio-São Paulo également 3 fois (1950, 1953 et 1954). Elle atteignit même le toit du monde en gagnant la Copa Presidente Marcos Pérez Gimenez (également connue sous le nom de Petite Coupe du Monde) de 1953, avec six victoires en six matchs face notamment à des équipes européennes (Roma et Barça). Seulement, après cette période faste, le club fit face à une longue disette, distancée par ses rivaux de Palmeiras, São Paulo FC et Santos (avec un certain Pelé). Pour tenter de redresser la situation, en 1966, le président Wadih Helu alloua des fonds records au département de football, qui se lança dans d’onéreux transferts. L’équipe intégra le défenseur Ditão et le mileu Nair (en provenance de Portuguesa) et surtout recruta l’ailier star, Garrincha (pour un montant équivalent aujourd’hui à 100 000 dollars américains). Ces joueurs venaient épauler le jeune prometteur Roberto Rivellino. Avec un tel effectif,  la presse fut séduite. Le 2 mars 1966, le journal « A Gazeta Esportiva » titra « Voces vão ver como é Ditão, Nair e Mané » (Vous verrez comment sont Ditão, Nair et Mané – le prénom de Garrincha) en allusion à la chanson de samba de Jackson do Pandeiro, composée en l’honneur de l’équipe brésilienne, championne du monde en 1962 « Vocês vão ver como é, Didi, Garrincha e Pelé » (Vous verrez comment sont Didi, Garrincha et Pelé). Dans la foulée, le même journal commença à traiter l’équipe comme la Timão do Corinthians (la grande équipe des Corinthians).

Mais, alcoolique et gêné par ses problèmes au genou, Garrincha n’était plus que l’ombre de lui-même et finalement, l’équipe de « stars » n’obtint pas les résultats espérés. Le club termina a la seconde place du championnat pauliste et remporta le tournoi Rio-São Paulo. Toutefois, pour ce dernier, Corithians termina à la première place ex-aequo avec Botafogo, Santos et Vasco et aucun départage ne fut effectué pour désigner un unique vainqueur. Après seulement 13 matchs et 2 buts, Garrincha partit et la disette de trophées pour les Corithians se poursuivit jusqu’en 1977. Résultat, face à cet echec, les fans adverses scandaient « Cadê Timão, Cadê Timão » (Où est Timão, où est Timão).

#291 – SC Corinthians : Mosqueteiro

Les mousquetaires. Le surnom vient de la mascotte du club qui est un mousquetaire. Plusieurs versions existent sur l’origine de ce mousquetaire. La plus ancienne remonte à 1913. A cette époque, la plupart des équipes paulistes rejoignirent la nouvelle ligue créée, l’APEA (Associação Paulista de Esportes Atléticos). Seuls 3 clubs, Germânia, Internacional et Americano, demeurèrent dans la Liga Paulista de Futebol et furent comparés aux 3 mousquetaires, Athos, Porthos et Aramis, du roman d’Alexandre Dumas, qui résistèrent à la nouvelle ligue. Corinthians souhaita intégrer la ligue mais, pour cela, l’équipe devait démontrer sa détermination et sa valeur. Ainsi, Corinthian affronta et défit les autres prétendants qu’étaient Minas Gerais et FC São Paulo et obtint ainsi le droit de participer à la ligue au côté des 3 autres équipes. Naturellement, en tant que 4ème participant, ayant prouvé sa valeur et rejoignant une ligue déjà formée dont les autres équipes étaient déjà comparées aux mousquetaires, l’analogie avec D’Artagnan fut évidente. Mais seul les Corinthians gardèrent ce surnom de Mousquetaires. Toutefois, cette version n’est pas étayée par des documents de l’époque. De plus, le championnat pauliste de 1913 de la LPF a été joué par cinq équipes (incluant Ypiranga), et non par quatre.

La deuxième version apparaît plus plausible et naquit en 1929, lorsque les Corinthiens connurent leur première victoire international. Sur le plan local, l’équipe dominait, ayant remporté les deux derniers championnat pauliste. Le 1er mai 1929, les Corinthiens disputèrent un match amical au Parque São Jorge contre l’équipe argentine de Barracas et le remportèrent 3 à 1 (buts d’Apparicio, Rodrigues et Rato), marquant ainsi la reconnaissance sur le plan international de la qualité de l’équipe. Ce match montra aussi deux équipes déterminées et pratiquant un football flamboyant, séduisant les spectateurs et les journalistes. Le lendemain, Thomaz Mazzoni, journaliste au « Gazeta Esportiva », écrivit une chronique où il compara les joueurs corinthiens aux braves et courageux mousquetaires. Selon le journaliste, les joueurs gagnèrent avec la fibra de mosqueteiro (la fibre de mousquetaire).

#106 – SC Corinthians : Campeão dos Campeões

Champion des champions. Pour obtenir un tel surnom, il faut connaître une sacrée suprématie sur le football brésilien. Celle-ci remonte à quelques années tout de même. Il existe deux versions à ce surnom. Il faut se rappeler que, dans les premiers temps du football brésilien, les championnats étaient locaux et parfois multiples. C’était le cas à São Paulo en 1915 où deux championnats existaient : la LPF (Liga Paulista de Futebol) et l’APEA (Associação Paulista de Esportes Atléticos). En raison de divergences politiques, les Corinthians quittèrent la LPF pour rejoindre l’APEA. Mais son inscription fit l’objet d’un veto. Le club tenta de revenir au sein de la LPF qui lui refusa son accès. Résultat, le Corinthians participa en 1915 à aucun championnat et ne prit part qu’à des matchs amicaux. Le 1er mai, ils affrontèrent AA Palmeiras (à ne pas confondre avec l’actuel Palmeiras) et gagnèrent 3-0. Quelques mois plus tard, AA Palmeiras devint le champion de l’APEA. En 1916, les Corinthians battirent Germânia, qui fut champion LFP en 1915. Le peuple corinthians se convainquit alors que si le club avait pu disputer les deux championnats, il les aurait gagné inévitablement et était donc le Campeão dos Campeões. Ce sentiment de prestige était renforcé par le fait que le club remporta d’autres matchs amicaux en 1915 (5-0 contre les Wanderers, 4-1 contre Ideal Club, 2-0 contre Guarani). En outre, l’année précédente, le Corinthians avait marqué le championnat LFP en le remportant aisément (10 victoires en 10 matches, 37 buts marqués et 9 buts encaissés). Il réédita l’exploit de remporter le championnat LFP en 1916 en demeurant invaincu.

Une autre version, plus connue et reconnue, nous amène en 1930. En cette année, l’association sportive de São Paulo (APEA) décida de promouvoir un défi entre les champions de São Paulo et de Rio de Janeiro, les deux principaux championnats locaux. Ce challenge opposait les Corinthians (São Paulo) au Vasco de Gama (Rio de Janeiro). Le 16 février, les Corinthians remporta le premier match dans son stade 4 buts à 2. Au retour, le 23 février, au stade São Januário, le Vasco de Gama menait 2-0 jusqu’à la 72ème minute. Mais en 18 minutes, les vieux joueurs des Corinthians comme Neco (qui jouait déjà en 1915), Rato, Del Debbio et, Tuffy, rentrèrent en jeu et firent basculer le match. Le club pauliste remporta le match 3-2 et le défi. Il était donc le champion des champions.

En 1953, l’animateur radio Lauro D’Avila composa les paroles d’une chanson titrée « Campeão dos Campeões » qui est devenu l’hymne officiel du club.