#721 – FC UTA Arad : Textiliștii

Les textiles. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le 18 Avril 1945, la ville d’Arad accueillait un nouveau club de football, le FC UTA, issu de la volonté d’un seul homme, Francisc von Neuman, baron de Végvár. Passionné de football, aristocrate argenté, il tenta en 1938 de racheter l’équipe d’AMEFA, un club qu’il soutenait financièrement, mais son offre fut refusée. N’ayant pas abandonné l’idée de posséder une équipe de football capable de rivaliser avec les clubs voisins de Timișoara (Chinezul et Ripensia), le baron créa donc son équipe avec quelques membres de l’entreprise qu’il détenait, Uzina Textilă Arad (Usine Textile d’Arad).

Les ancêtres du baron venaient de l’ancien Empire austro-hongrois, quelque part près de Vienne. Puis, la famille Neuman s’installa en Roumanie, sur les terres d’Arad. Les premiers entrepreneurs de la famille Neumann furent les frères Moritz et Jakab qui établirent une usine de spiritueux. Les descendants se diversifièrent avec un moulin et une fabrique de levure, nommée Indagrara. Leurs produits devinrent célèbres dans tout l’Empire, avec des entreprises s’étendant dans plusieurs pays européens. Au début du XXème siècle, la famille Neumann avait accumulé une certaine richesse et créa, en 1909, l’usine textile d’Arad, qui devint rapidement la plus importante de Transylvanie. Francisc von Neuman étudia à Manchester en Angleterre l’ingenierie textile et reprît l’usine dans les années 1930. En 1936, UTA comptait plus de 2 000 employés. L’usine fut nationalisée par les autorités communistes en 1948 et était la seule de Roumanie à produire du velours et la deuxième, après Bucarest, à disposer de lignes de production de linge de maison, connu internationalement. En décembre 1989, UTA employait près de 8 000 personnes.

Donc en 1938, Francisc von Neuman réunit certains de ses amis et du personnel de l’usine pour fonder le nouveau club. Il leur demanda de trouver un nom et des couleurs. Une première proposition fut Gloria mais rapidement abandonnée. Finalement, d’autres souhaitèrent que le club porta le nom de l’usine auqeul il était lié, qu’il représentait. Pour les couleurs, le vert et le blanc sortirent du lot. Mais, rappelant celles du nazisme, récemment vaincu, le rouge et blanc fut proposé, couleurs du club d’Arsenal que le Baron avait supporté lors de ses aventures anglaises.

#691 – FCBW Linz : Blau Weiss

Les bleu et blanc. Facile de comprendre qu’il s’agit des couleurs de l’équipe, qui s’imprègnent jusque dans le nom du club : BW sont les initiales de Blau Weiss. Ok vous vous dîtes que l’article va encore porter sur les couleurs de ce club. Mais, en l’espèce, elles apparaissent importantes. Le 26 Juillet 1946, le SV Eisen und Stahl 1946 Linz (SV Fer et Acier 1946 Linz) fut fondé avec le soutien de l’aciérie locale (l’une des principales d’Autriche) nommée VÖEST et adopta les couleurs noires et blanches de l’usine. En 1949, le nom du club fut rebaptisé SK Voest. En 1972, l’équipa modifia ses couleurs pour le bleu et blanc. La raison m’est encore inconnue. L’entreprise mécène changea-t-elle également de couleurs (son héritière arbore le bleu) ? La volonté de se distinguer de son rivale locale, le Linz ASK, qui évoluait également en noir et blanc ?

L’important est que les nouvelles couleurs s’imposèrent vite car le club remporta son premier et unique Championnat d’Autriche en 1974. Malheureusement, entreprise d’Etat, VÖEST fut privatisée au début des années 1990 et ne voulut plus continuer à financer le club (qui s’appelait désormais FC Linz). Sans ce soutien, en 1997, les difficultés sportives et financières apparurent et son président promut l’idée d’une fusion avec son rival du Linz ASK pour réunir leurs forces et poursuivre leur existence. Toutefois, au lieu d’une fusion, ce fut une absorption et disparition du SK Voest. En effet, le soi-disant nouveau club s’appela LASK et reprit les couleurs noires et blanches. Il était donc clair que pratiquement rien n’avait changé pour le Linz ASK alors que le champion de 1974 disparaissait de la scène du jour au lendemain, ses supporteurs des bleus et blancs étant désemparés.

Emmenés par un fan et entrepreneur local, Hermann Schellmann, les supporteurs convainquirent un autre club amateur de la ville, le SV Austria Tabak (lui-même soutenu par l’usine locale du cigarettier autrichien qui ne voulait également plus financer ces activités sportives), de devenir le 1er août 1997, le FCBW Linz. Pour établir la continuité avec l’ancien club, quoi de mieux que de reprendre les couleurs auxquels les fans s’identifier, qui n’étaient pas protégées par un quelconque droit de propriété intellectuel (contrairement au blason) et qui ne nécessitait pas d’accord de la fédération. Le sauvetage en urgence des bleu-blanc rencontra un franc succès : lors des matchs à domicile, le stade se remplissait de 1 000 à 2 000 spectateurs (alors que le club repartit en 4ème division) et plus de 400 abonnements furent vendus (plus qu’à l’époque du FC Linz). Seulement, à croire que l’Autriche souhaita imiter la confusion Roumaine (cf articles #687 et #371), en 2013, un nouveau club naquit avec la volonté d’être le successeur officiel du FC Linz. Il prît les couleurs bleus et blanches ainsi que le nom de FC Stahl Linz (Stahl signifiant acier en allemand).

#678 – Manchester City : Brewerymen

Les hommes de la brasserie. Les racines de Manchester City se situent au XIXème siècle au sein de la paroisse de St. Mark’s dans le quartier de West Gorton, au sud-est de Manchester. Pour occuper les hommes et les jeunes pendant les longs mois d’hiver, le recteur de l’église encouragea l’équipe de cricket de la paroisse à pratiquer le football. Ainsi naquit le club de football de St. Mark’s (West Gorton) en 1880. Comme beaucoup de clubs au début du développement du football, St. Mark’s connut des premières saisons plutôt chaotiques étant donné le manque de structure et les faibles moyens financiers du club. Le principale sujet de préoccupation était de trouver un terrain d’accueil pour jouer. Le premier lieu était évidemment un terrain près de l’église St. Mark’s, dans Clowes Street, mais ce dernier était plutôt accidenté. En 1881, l’équipe déménagea sur le proche terrain de cricket de Kirkmanshulme mais la cohabitation avec les joueurs de cricket fut difficile et les footeux furent bannis du terrain en 1883-1884. Cette expulsion encouragea à la fusion avec une autre équipe locale mais l’union ne dura pas plus d’un an. Le club changea alors de nom pour Gorton AFC. Puis, en 1887, poussé par une nouvelle expulsion du terrain qu’il occupait et par le fort développement du football en Angleterre (organisation de compétition officielle, apparition du professionnalisme …), le club prit 3 importantes décisions pour se structurer et donc perdurer. Premièrement, le club trouva un nouveau terrain de jeu près d’un viaduc ferroviaire à Ardwick, qui était donc en dehors du quartier originel de Gorton. Deuxième décision, le changement de nom. En s’expatriant du quartier de Gorton, s’appeler Gorton AFC apparaît désormais un terme impropre. Par conséquent, le club fut officiellement rebaptisé Ardwick Association Football Club, du nom du nouveau quartier. Enfin, alors que le club était officiellement amateur depuis sa création, la direction décida pour la première fois en 1887 d’attribuer à un joueur un salaire hebdomadaire de 5 shillings pour ses services, le club devenant ainsi une organisation professionnelle.

Mais toutes ces décisions furent facilitées par une rencontre que permit le déménagement à Ardwick. En effet, la direction du club sympathisa avec Stephen Chesters-Thompson, en entrepreneur local, qui possédait un hôtel (avec un pub) près de la nouvelle enceinte ainsi qu’une brasserie du nom de Chester’s, fondée en 1830, dans la quartier d’Ardwick. Les bonnes relations entre la direction du club et cet entrepreneur furent décisives pour Ardwick AFC. En effet, le siège du club s’établit d’abord au sein de l’hôtel. De même, de 1887 à 1896, l’hôtel-pub servait de vestiaire aux joueurs, ce qui pourrait expliquer certaine défaite, les matchs se déroulant après l’apéritif. Puis, la brasserie Chester’s soutint le club en aidant à financer l’aménagement du terrain et également à acheter des joueurs. En échange, elle obtint la concession de l’ensemble des bars et pubs autours de l’enceinte. Les liens étant si forts, Stephen Chesters-Thompson se fraya un chemin jusqu’à la direction du club et de nombreux salariés de la brasserie intervenaient également au sein du club de football. Puis, la brasserie serait même devenue actionnaire du club. Ainsi, Ardwick AFC (qui devint Manchester City en 1894) s’assimila dans les faits avec la brasserie Chester’s et le surnom brewerymen s’imposa. En 1920, les liens se dénouèrent entre le club et la brasserie et le surnom fut moins utilisé. La brasserie d’Ardwick continua sa vie et fut démolie en 1967.

#673 – Samsunspor : Kırmızı Şimşekler

L’éclair rouge. Le football naquit dès le début du XXème siècle (1909) dans la principale ville turque de la Mer Noire, Samsun. Toutefois, les premiers clubs vécurent à peine quelques années. Puis, les années 1920 furent le véritable point de départ du développement des associations sportives dans la ville. Certains de ces clubs fusionnèrent entre eux et, lors de l’un de ces mariages, un nouveau club du nom de Samsunspor émergea en 1927. Portant des maillots noirs et blancs (dans une conception qui pouvait différer d’un joueur à l’autre), ses débuts furent chaotiques et après plusieurs fermetures-réouvertures, le club commença vraiment une nouvelle vie le 16 novembre 1950. Mais, dans le contexte de la structuration du football turque qui donna naissance à sa première division professionnelle en 1959 et à sa seconde division en 1963, la création de l’association actuelle se réalisa le 30 juin 1965 quand Samsunspor fusionna avec 4 autres clubs de la ville : 19 Mayıs, Fener Gençlik, Akınspor et Samsun Galatasaray. Cette nouvelle structure fut encouragée par le directeur régional de la Türk Ticaret Bankası (Banque Commerciale Turque), Kadri Ersan, qui accéda à sa présidence. Comme les couleurs de la banque était le rouge et le blanc, elles s’imposèrent alors au nouveau club. Même si le dessin du premier maillot était similaire à celui du Slavia Prague (un maillot séparé verticalement en deux avec une partie rouge et une partie blanche), le premier kit porté lors de sa première saison fut plus simple : un maillot rouge, un short blanc et des chaussettes rouges et blanches.

#668 – CD Cobresal : los Mineros

Les mineurs. Vainqueur de la Coupe du Chili en 1987 et du Championnat en 2015, le club réside dans la petite ville d’El Salvador, qui compte un peu plus de 8 000 habitants, et qui se situe dans la région minière d’Atacama. En effet, le Chili dispose d’importantes ressources de minerais, en particulier de cuivre. Le pays demeure le premier producteur de la planète (plus de 30% de la production mondiale) et plus de 5,6 millions de tonnes de cuivre ont été extraits en 2013. L’activité minière représente plus de 50% de ses exportations et près de 20% de son PIB. L’extraction du cuivre s’effectue surtout au nord du pays, dans le désert d’Atacama où se situe 4 grandes mines, dont celle d’El Savador. L’extraction de cuivre était déjà réalisée par le peuple précolombien des Atacamas mais ce fut en 1959 que la mine actuelle fut mise en service par la société américaine Andes Copper Mining. La découverte de ce filon permit de trouver du travail pour les mineurs de la ville de Potrerillos, dont la mine était épuisée. La ville d’El Salvador (le sauveur) fut alors créée de toutes pièces et organisées dans le seul but de servir les besoins de la nouvelle mine de cuivre. En 1971, l’industrie du cuivre fut intégralement nationalisée par Pinochet au sein de la compagnie publique, Codelco. En 1979, la Codelco soutint la fondation du club de football, qui reprit dans son blason (casque de mineur et la croix Ânkh, symbole utilisé par les alchimistes pour le cuivre et logo de la Codelco) et ses couleurs (orange, couleur du cuivre et de la Codelco) les représentations de cette activité économique. Codelco finança en partie la construction du stade du club, qui se nomme El Cobre (le cuivre). L’apogée de la mine fut atteint au début des années 1980. L’épuisement des réserves conduisit la Codelco à prendre la décision de fermer la mine au milieu des années 2000. La production commença alors à réduire mais en 2010, la présidente du pays décida la prolongation de l’activité de la mine au moins jusqu’en 2021. En 2020, 56 302 tonnes de cuivre était extrait de cette mine et 1 438 personnes y travaillaient.

#667 – FC Spartak Moscou : мясо

La viande. Certes, dans ce football business du XXIème siècle, les joueurs peuvent être considérés comme de la viande par les plus mercantilistes agents mais ce n’est pas cette raison qui conduit à ce surnom des joueurs du Spartak. Au contraire, pour comprendre la création de ce surnom, il faut remonter à une époque où le football demeurait encore une activité récréative, dans les années 1920, et sous un régime qui s’opposait au capitalisme, le communisme soviétique. Le club fut fondé en 1922, sous le nom de МКС (cercle sportif de Moscou), et sur les ruines dans un ancien club omnisport attaché au mouvement panslave Sokol. En 1923, les autorités communistes décidèrent que les clubs sportifs devaient s’identifier à un lieu géographique. Moscou étant une grande ville, le club prit le nom du quartier où il résidait (Presnenski) et s’appella Красная Пресня (Rouge Presnenski). Puis, en 1926, nouvelle intervention des autorités qui intimèrent aux clubs de se lier avec des administrations ou des syndicats ou coopératives de travailleurs. Les autres grands clubs moscovites étaient alors déjà patronnés par les grandes administrations centrales : le Dynamo Moscou était soutenu par la police politique, le CSKA Moscou par l’armée rouge et le Lokomotiv Moscou par la compagnie des chemins de fer. Le futur Spartak était alors supporté par Nikolai Pashintsev, président du comité central du syndicat de l’industrie alimentaire, et ce dernier mit le club sous la direction et le parrainage d’une coopérative de bouchers et de commerçants alimentaires. Le club prit donc le nom de Пищевики (Travailleurs de l’alimentation) de 1926 à 1931. Après 1931, le club changea de partenaire et de nom (Промкооперация – Coopérative de production).

Jusqu’aux années 1970, les groupes de supporteurs étaient plutôt rares et donc les surnoms des clubs existaient peu. De même, les rivalités liées à des derbys étaient inexistantes. La première association de supporteurs du Spartak apparût en 1972 et les rivalités avec ceux des autres clubs naquirent à la fin des années 1970. Les supporteurs du CSKA auraient alors qualifié les joueurs et fans du Spartak de мясо. Ce surnom faisait référence aux liens historiques du club avec la coopérative des bouchers et commerçants. Surtout, comme ce sobriquet était donné par les supporteurs du CSKA, il se devait être péjoratif. Or, quel aliment faisait le plus défaut dans les rayons des magasins soviétiques ? La viande. Ce qui faisait penser que les bouchers étaient des escrocs. Pour certains fans du Spartak, ce surnom demeure encore une insulte mais pour la majorité s’est aujourd’hui une fierté. En 2002, l’attaquant Dmitry Sychev réalisa une sacrée performance en marquant 8 buts lors de ces 12 premiers matchs pour le Spartak. Il montrait alors après ses buts un maillot où il était marqué : Кто мы? Мясо (Qui sommes nous ? La viande). Ce geste ancra définitivement le surnom.

#665 – Ferro Carril Oeste : Ferroviarios, Carboneros

Les cheminots, les charbonniers. Au 665ème article dont une dizaine consacrée à ce type de surnom, vous savez désormais quelle peut être son origine. Ce club de Buenos Aires était une émanation de la compagnie de chemin de fer britannique Ferrocarril Oeste de Buenos Aires. Le 28 Juillet de 1904, au sein du quartier de Buenos Aires de Caballito, dans le bureau du fret, 95 employés, la plupart de nationalité anglaise, de cette compagnie ferroviaire fondèrent cette association sportive afin de favoriser le développement physique et intellectuel ainsi que le maintien de relations sociales entre les associés et leurs familles, en leur offrant toutes les distractions d’un centre culturel. Avec le soutien de l’entreprise et de son directeur, David Simpson aux manettes, l’institution naissante obtint rapidement un terrain pour la construction d’un siège social et d’un terrain de sport.

Mais que venez faire une compagnie britannique en Argentine à cette époque ? Tout d’abord, en termes ferroviaire, les britanniques avaient une certaine expertise. La première voie ferrée fut établie au Royaume-Uni au début du XVIIème siècle et ce sont des ingénieurs anglais (Richard Trevithick et John Blenkinsop) qui créèrent la locomotive à vapeur. En 1812, ouvrit entre Middleton Colliery et Leeds, la première ligne commerciale d’un train à vapeur. Maitrisant cette technique, les britanniques développèrent une activité économique et l’exportèrent, en particulier en Amérique du Sud. Ensuite, la Ferrocarril Oeste de Buenos Aires fut la société qui construisit et exploita la première ligne ferroviaire du pays (10 kms inaugurée le 29 Août de 1857). Le premier voyage fut réalisé avec une motrice nommée La Porteña, construite dans les ateliers britanniques de The Railway Foundry Leeds. Bien que cette société fusse une initiative privée, l’investissement pour cette première ligne fut réalisé grâce à l’importante contribution de l’État de Buenos Aires, qui formait à l’époque un État distinct de la Confédération Argentine (plus d’un million de pesos, renonçant plus tard à recevoir des dividendes, auquel s’ajouta 6 autres millions pour permettre l’extension de la ligne). Le 1er janvier 1863, la province de Buenos Aires deviendra l’unique propriétaire de l’entreprise, changeant son nom en Ferrocarril de la Provincia de Buenos Aires. Sous son administration, le chemin de fer atteindra une longueur de 210 km, transportant annuellement 500 000 passagers et 167 000 tonnes de fret, sans avoir eu recours à des emprunts à l’étranger, ce qui faisait la fierté des Argentins. Seulement, le chemin de fer étatique connut les mêmes difficultés que la SNCF aujourd’hui : personnel pléthorique à la faible productivité et investissements inutiles. Face aux pertes de la société et aux besoins du gouvernement argentin de rembourser ses autres dettes, ce dernier céda la Ferrocaril Oeste aux intérêts britanniques en 1890 (Buenos Aires Western Railway Limited) pour la somme de 8 134 920 livres, soit l’équivalent de 41 millions de pesos. Les sujets de sa majesté considéraient cette société comme un moyen d’écouler leur production ferroviaire et de charbon. Ce fut ainsi que des ouvriers et ingénieurs anglais débarquèrent à Buenos Aires et amenèrent dans leurs valises le football, le cricket et d’autres sports créés dans leur pays d’origine. La Ferrocarril Oeste étendit son réseau jusqu’au centre de la province de Buenos Aires et de La Pampa, atteignant également le sud de la province de Mendoza. En 1947, le gouvernement de Juan Perón trouva un accord avec le représentant des différentes compagnies de chemin de fer argentines possédées par des britanniques (la Ferrocarril Oeste n’était pas la seul), pour racheter tous les actifs pour la somme de 17 510 044 livres sterling, dont 16 570 747 correspondaient à la seul Ferrocarril Oeste.

#626 – Huachipato FC : los Acereros, los Siderúrgicos

Ceux de l’acier, les sidérurgistes. Basé dans la ville de Talcahuano, le club fut fondé le 7 juin 1947 par des salariés de la société Compañía Siderúrgica Huachipato qui détient l’usine sidérurgique de Talcahuano. En raison du coût élevé des produits provenant de l’aciérie vieillissante de Corral, la société chilienne de développement (CORFO) décida de soutenir la construction d’une nouvelle aciérie à Talcahuano. L’usine fut construite en 1947 et officiellement inaugurée en 1950. Principale usine sidérurgique du Chili, sa capacité de production a été multipliée par plus de huit, atteignant aujourd’hui 1 450 000 tonnes d’acier liquide par an. Huachipato est un terme qui vient de la langue mapuche et signifie « piège pour la chasse aux canards ». Grand employeur de la ville, la Compañía Siderúrgica Huachipato encouragea le développement auprès de ses salariés de domaines aussi variés que l’éducation, le sport, l’art et la culture. Ainsi, l’entreprise soutient le club de football mais également la Corporación Cultural Artistas del Acero, une association culturelle créée en 1958 par des ouvriers de l’usine.

Le lien avec le monde de l’acier étant important, l’écusson du club intégra le steelmark. Ce symbole, constitué d’un cercle blanc dans lequel se trouve 3 étoiles ayant la forme d’une astroïde, de couleur jaune, rouge et bleu, fut créé à l’initiative de la société US Steel puis reprit en janvier 1960 par l’American Iron and Steel Institute pour promouvoir les industries de l’acier américaine. Il devait rappeler aux consommateurs l’importance de l’acier dans leur vie quotidienne. Les 3 astroïdes signifient : l’acier allège votre travail, illumine vos loisirs et élargit votre monde. Ils représentent également les trois matériaux utilisés pour produire l’acier : le jaune pour le charbon, le rouge pour le minerai de fer et le bleu pour la ferraille. En 1962, le fabricant d’acier Republic Steel proposa à l’équipe de football américain, Pittsburgh Steelers, de porter sur leur casque le steelmark. Ceci était logique au vue du nom de l’équipe et constituait une bonne publicité pour les producteurs d’acier. CD Huachipato suivit le mouvement et rendit hommage ainsi à ses origines.

#585 – NK Slaven Belupo Koprivnica : Farmaceuti

Les pharmaciens. Les origines du club remontent au début du XXème siècle lorsque plusieurs clubs furent créés et formèrent la base de l’actuel. Ainsi, en 1907, un groupe d’étudiants de la ville créa le Đački nogometni klub (Club de football des étudiants). Puis, en 1920, la célèbre famille croate Friedrich fonda un autre club dénommé Hrvatski športski klub Slaven. Mais ces clubs disparurent et la tradition fut reprit par le HŠK Victorija jusqu’en 1926. De 1926 à 1930, Koprivnica n’avait plus de club de football. Puis entre 1930 et 1945, un nouveau club prit le relais sous différents noms : HŠK Koprivnica, HŠK Danica et RNHŠK Sloga. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, le club du FD Slaven apparût. Il changea de nom pour SD Podravka de 1953 à 1958. Puis, le nom se stabilisa pour NK Slaven jusqu’en 1992. En effet, à cette date, le naming fit son apparition pour le club. De 1992 à 1994, le premier sponsor qui donna son nom fut Bilokalnik, société active dans l’industrie de l’emballage papier. Puis en 1994, arriva le sponsor actuel Belupo. Cette dernière est une entreprise pharmaceutique ayant sa principale usine dans la ville de Koprivnica. Elle propose des médicaments, des compléments alimentaires ainsi que des produits cosmétiques. Présente dans 18 pays, l’entreprise a réalisé un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros en 2020. Depuis 1994, Belupo s’est inscrit dans le nom du club, est le sponsor maillot et son président est également celui du club. Le club de football est devenu une extension de l’entreprise et a donc gagné le surnom de pharmacien.

#582 – Arsenal Toula : оружейники

Les armuriers. Le club de Toula se nomme Arsenal depuis 1984 et ses origines remonteraient aux années 1920 avec le club de Оружзавод, qui signifiait « la manufacture d’armement ». En 1946, lors de la fondation du club actuel, celui-ci était affilié au syndicat sportif DSO Zenith, qui regroupait les associations sportives rattachées à l’industrie de l’armement. Car, au final, à Toula, le club de football fut souvent lié à la grande usine d’armement située dans la ville. Dès le XVIème siècle, des forgerons s’installèrent dans la cité et commencèrent à fabriquer des armes. Au XVIIème siècle, des hollandais démarrèrent l’industrialisation. Finalement, en 1712, par décret personnel du Tsar Pierre Ier, une fabrique d’armes impériale fut fondée. L’usine débuta ses activités en 1714 et en 1720, jusqu’à 1 200 ouvriers y travaillaient déjà, fabriquant près de 22 000 pièces d’artillerie par an. Naturellement, les guerres du XXème siècle (guerre Russo-Japonaise, Première Guerre Mondiale, Guerre civile, Seconde Guerre Mondiale) poussèrent l’activité de l’usine. Au pic de la Première Guerre Mondiale, en 1916, la production annuelle s’élevait à 648 800 fusils, 180 700 revolvers, 11 100 mitrailleuses et 677 400 obus. Puis, des armes légères dont de chasse ou de sport furent produites. Aujourd’hui la manufacture qui se nomme Toulski Oroujeïny Zavod fabrique des armes réputées pour des utilisations civiles et militaires sous la marque TOZ et emploie 6 000 personnes à Toula. Il faut noter que pendant une vingtaine d’années (de 1959 à 1978), d’autres industries de la région (qui n’exerçaient pas dans le domaine militaire) reprirent le contrôle du club suite à la volonté du partie de séparer les clubs sportifs de l’industrie militaire. Sous Brejnev, le club revint dans le giron de l’usine militaire et prit donc le nom d’Arsenal. Mais, en 1989, avec la chute du communisme, l’usine se sépara du club. Malgré tout, l’industrie militaire régionale demeure un sponsor.