#849 – Torino FC : Toro

Le taureau. A l’exception des années entre 1979 et 1990, le grand rival de la Juventus avait un écusson qui comportait un taureau (malheureusement, la Juve s’est depuis soumise aux sirènes trompeuses du marketing en adoptant un logo, certes moderne, mais totalement fade et irrespectueux de son histoire). Le Torino a également toujours adopté un taureau en position rampante dans son blason. Cette présence du bovin dans les armes des deux clubs de la ville s’explique par l’importance de l’animal dans l’histoire et le symbolisme de la cité de Turin.

Le taureau est apparu dans les armoiries de la cité au Moyen-Age. Le premier exemple de l’utilisation du taureau dans les armoiries remonte à 1360 dans le Codice della Catena, un code qui contenait les statuts de la ville de Turin. Dans ce document, sur deux pages d’enluminures figuraient les saints patrons de la ville et en dessous les insignes d’Amédée VI de Savoie (la croix blanche sur un champ rouge) et celles de la ville (qui se composait d’un taureau rouge passant (ie en train de marcher) dans un champ blanc). En 1433, dans le Libri consiliorum, les cornes du taureau blanchirent pour la première fois. Vers 1455-1460, le taureau passa de la marche à une position debout, dressé sur ses pattes arrières, ie rampante. Enfin, en 1613, les armoiries de la ville prirent leur forme actuel avec un taureau doré rampant, aux cornes blanches, sur un fond bleu. Rampant ou passant, le taureau rendait avant tout les armes de la cité « parlante » (les figures présentes sur le blason symbolisent le nom du possesseur desdites armes).

Comme de nombreuses villes italiennes, le nom de la ville provient de sa dénomination lors de l’époque romaine, Augusta Taurinorum. Camp militaire au départ, il se développa en cité à compter de 28 avant J.-C.. Mais, cette colonie romaine s’était édifiée sur l’ancienne cité d’un peuple nommé les taurins. D’origine Celte ou Ligure, ce peuple demeure assez méconnu, notamment car les sources latines ne sont pas nombreuses. Etabli dans les alpes, il progressa par la suite jusqu’aux rives du Pô. Leur capital était alors Taurasia (qui fut transformé en Augusta Taurinorum puis Turin). Le nom de ce peuple trouve son origine dans le thème indo-européen tauros (taureau) et constituerait une variante du gaulois taruos. Cela signifierait alors « ceux du taureau ». Les auteurs latins auraient ainsi pu les nommer car ce peuple semblait vouer un culte à un dieu thérianthrope à tête de taureau. Mais, cela pourrait faire référence plus tardive au culte de Mithra, une divinité indo-iranienne qui s’installa également dans l’Empire romain aux IIème et IIIème siècles. Dans sa légende, Mithra capture un taureau qu’il tue et dont le sang et le sperme viennent régénérer la terre et de rétablir l’ordre cosmique.

#37 – Torino FC : I Granata

Les grenats. Ce surnom fait référence à la couleur des maillots du club. Plusieurs histoires, dont on ne sait pas laquelle est vrai, expliquent ce choix de couleur. Au départ, le club fut issu de la fusion de deux autres, International Torino et FC Torinese, dont les couleurs étaient le jaune et le noir. Sauf que ces couleurs rappelaient celles des armes de la famille des Habsbourg et du Saint-Empire Germanique, ennemie de la famille de Savoie qui règnait sur l’Italie. Le club opta alors pour le grenat.

L’histoire la plus largement acceptée est qu’elle fut adoptée en l’honneur du duc Victor-Amédée II de Savoie, qui, après avoir libéré Turin des Français en 1706, choisit cette couleur en référence au mouchoir ensanglanté du messager tué chargé de délivrer la nouvelle de la victoire. D’autres témoignages, jugés moins fiables, parlent d’un hommage au fondateur suisse du club, Alfredo Dick, fan de l’équipe genevoise du Servette qui évoluait en grenat. La couleur aurait pu aussi être adoptée en référence à celle de l’Internazionale Torino qui la porta à ses début, en l’honneur du club anglais de Sheffield FC, le plus ancien club de football du monde. Il est aussi possible que ce choix du grenat fut le fruit du hasard. En effet, le club aurait initialement choisi des maillots rouges mais, à la suite de lavages répétés, ces derniers seraient devenus grenats.