#828 – Omonia Nicosie : το ο Τριφύλλι

Le trèfle. Aujourd’hui, l’île de Chypre est toujours partagée entre la partie grecque et celle au nord, avec la communauté turque. La division fait partie de la culture de l’île, qui a été en outre, tout au long de son histoire, sous la tutelle d’une autre puissance (hellénique, romaine, byzantine, arabe, franque, vénitienne, ottomane et britannique). En 1948, année de fondation du club d’Omonia, les tensions sur l’île étaient plus que vives.

En premier lieu, Chypre constituait une colonie britannique et avant la Seconde Guerre Mondiale, les tensions entre l’administration coloniale et la population se multipliaient. Les Chypriotes grecs considéraient l’île comme historiquement grecque et croyaient que l’union avec la Grèce était un droit naturel (« Énosis » ). Ces revendications furent violemment réprimées par les autorités britanniques mais restaient parmi la population grecque.

Ensuite, au-delà de la présence coloniale britannique, l’île se divisait profondément entre deux communautés, grecques et turques. Cette opposition s’accentua lorsque, apeurée par la possibilité que Chypre s’unisse avec la Grèce, la communauté turque apporta son soutien aux colons.

Enfin, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Grèce bascula dans la guerre civile, déchiré entre les communistes et les nationalistes. Le conflit s’importa à Chypre où le climat nationaliste s’imprima dans la communauté grecque qui chercha à étouffer les mouvements de gauche.

Ces antagonismes s’exprimèrent aussi au travers des organisations sportives et culturelles. Par exemple, l’APOEL naquit en 1928 avec la volonté d’être réservé aux chypriotes grecs tandis que le Çetinkaya Türk SK rassemblait à partir de 1930 les turques de la capitale. Au lendemain de la guerre, les athlètes de gauche furent exclus des clubs de l’époque, devenus le creuset du nationalisme grecque. En raison de ces restrictions, ces athlètes fondèrent de nouvelles associations sportives comme le Nea Salamina à Famagouste, le 7 mars 1948 et Alkí à Larnaca, le 10 avril 1948.

Dans ce contexte, l’APOEL Nicosie se divisa suite à une initiative prise par la direction qui apportait son soutien aux nationalistes. De nombreux sportifs de gauche de l’APOEL quittèrent le club et se rassemblèrent pour la création d’une nouvelle association sportive à Nicosie. Cette nouvelle association avait pour ambition de maintenir le sport chypriote au haut niveau, loin des sentiments partisans. Résultat, il se devait de porter de forts symboles pour défendre ces valeurs. Le nom Omonia (Ομόνοια) fut choisi après mûre réflexion car son sens (unité, concorde) démontrait l’opposition du club à la division et à la désunion. En outre, la direction avait également besoin d’un emblème qui incarnerait ses idéaux. Le choix se porta sur le trèfle car sa couleur est verte, couleur de l’espoir. Les fondateurs avaient de l’espoir quand aux succès futurs du club et que la nouvelle association traduirait leur force de conviction, leur militantisme et leur persévérance.

#769 – SpVgg Greuther Fürth : die Kleeblätter

Les trèfles. Abonné à la seconde division allemande, le club bavarois va y retourner après cette saison 2021-2022 où il termine à la 18ème place. Le trèfle qui arbore son blason ne lui aura pas porté chance. Ce trèfle provient directement des armoiries de la ville de Fürth. Les armoiries actuellement en vigueur furent approuvées en 1939 mais le trèfle apparaît pour la première fois le 18 janvier 1562 dans le sceau personnel de Johann Hornung, bailli de la cathédrale de Bamberg. Les notaires et les échevins de justice résidant dans la cour de Fürth continuèrent à utiliser le trèfle comme sceau. Puis, en 1693, le trèfle fut utilisé pour la première fois comme cachet de la commune de Fürth. Avec son élévation au rang de ville indépendante au début du XIXème siècle, Fürth se dota pour la première fois d’armoiries qui représentaient donc un trèfle.

Il y a eu de nombreuses tentatives pour expliquer la signification du trèfle et de ses trois feuilles. Cependant, son origine comme le sens demeurent toujours mystérieuses malgré l’existence de plusieurs hypothèses. Dans toutes ces versions, le trèfle à 3 feuilles représentent 3 composantes réunies et unies. Le premier maire de Fürth, Franz Joseph von Bäume, supposa que les 3 feuilles du trèfle représentaient le triumvirat qui dirigeait la ville de 1400 à 1792 : la principauté d’Ansbach (ou margraviat de Brandebourg-Ansbach), la ville impériale de Nuremberg et le diocèse de Bamberg. Version populaire, elle semble historiquement peu probable car les 3 maîtres ne formèrent pas une gouvernance unique, s’opposèrent souvent et chaque quartier de la ville ne se soummettait qu’à un seul de ces seigneurs. Une autre possibilité revient à celui qui introduit le trèfle, Johann Hornung. Etant donné qu’il était bailli de la cathédrale de Bamberg, le trèfle pouvait avoir la symbolique classique du catholisme, la trinité. En effet, St Patrick, le saint irlandais, se servit d’un trèfle pour expliquer la trinité de Dieu. Chaque feuille représente le Père, le Fils et le Saint Esprit et le tout forme le trèfe, Dieu (Trois et pourtant un). L’historien Schwammberger était un partisan de cette théorie. Enfin, comme toutes les versions tournent autour de ces 3 feuilles, il fallait une troisième hypothèse. Ce trèfle serait le symbole de la coexistence pacifique des 3 religions. Depuis la Réforme, la ville de Fürth comptait 3 confessions, les protestants, les catholiques et les juifs, qui cohabitaient pacifiquement.

#86 – Panathinaïkos Athènes : Το Τριφύλλι

Les trèfles. Fondé en 1908, le club adopta le vert comme couleur et le trèfle comme symbole en 1919. La principale version raconte que le fondateur du club, George Kalafatis, entreprit de remédier à l’absence d’emblème. Il convoqua quelques joueurs pour leur demander leur avis. Un d’entre eux, Michalis Papazoglou, proposa le trèfle blanc comme emblème du club et le vert comme couleur. Ce symbole était celui de son lycée et de son club dans le quartier de Kadiköy à Istanbul (Halkidona pour les Grecs) à Istanbul. Une autre version indique que le trèfle du Panathinaikos proviendrait du marathonien irlando-canadien Billy Sherring, qui fit rêver des milliers d’Athéniens lors du marathon des Jeux olympiques d’Athènes en 1906. Il remporta la médaille d’or du Marathon avec un temps de 2 h 51 min 23 s en portant un maillot floqué d’un énorme trèfle.