#999 – GIF Sundsvall : Norrlandslaget

L’équipe du Norrland. Le club réside dans la ville de Sundsvall, sur la côte de la mer baltique, au centre de la Suède. La ville appartient à la région historique du Norrland qui couvre tout le nord du pays, comme l’indique son nom (littéralement « le pays du Nord »). Elle est la région la plus grande du pays, avec une aire de 261 292 km², soit 59,1 % de la superficie de la Suède. La région Norrland s’étend le long de la chaîne de montagnes des Alpes scandinaves et l’intérieur des terres, recouverte de forêts, n’est pas favorable à l’agriculture. Finalement, seule la côte a un intérêt et concentre donc la population (63%). Mais, sa position septentrionale la rend peu habitable avec une population s’élevant à 1 188 031 habitants en 2021, soit à peine 11,3 % de la population suédoise. Naturellement, sa densité se révèle faible avec moins de 5 habitants par km². Même si la présence humaine remonte à l’age de pierre, le développement et la colonisation de la région furent longs. L’urbanisation se fit tardivement, les premières villes étant fondées seulement à la fin du XVIème siècle (Sundsvall fut fondé en 1621 sur un pâturage jusque-là non aménagé). La région ne comptait qu’une seule forteresse, château de Gävle, et la littérature au Moyen-Âge, mentionnait que le Norrland manquait de noblesse. Assez pauvre, sa population souffrit de la famine lors des mauvaises récoltes entre 1867 et 1869. En 1880, la densité de population n’était que de 1,5 habitants par km². La présence d’importantes forêts et de ports sur la côte offrit tout de même une ressource économique qui ouvrit la voie au développement de la région, lors de l’ère industrielle au XIXème siècle. Dans le sillage de l’industrialisation, des mouvements folkloriques naquirent. Car par rapport aux autres régions du pays, le Norrland semble souffrir d’un déficit d’identité. Pourtant, la culture du nord existe et GIF y contribua.

Fondé le 25 août 1903, GIF Sundsvall est un club historique de la région. Lors de sa création, le club avait une vocation omnisports avec des sections de bandy, handball, ski de fond, saut à ski ou hockey sur glace. Le football n’apparut qu’en 1919 et le club réussit à s’imposer comme un des meilleurs clubs du Championnat du Norrland (victoire en 1942 et en 1957). Jusqu’en 1953, en raison de leur éloignement et du challenge logistique que les déplacements auraient représenté (le Norrland était doté de réseaux de transport et de communication limités), les clubs de football du Norrland n’étaient pas autorisés à participer au plus haut niveau des ligues de football suédoises (ie pas au-delà de la 3ème division). Grâce à l’amélioration des infrastructures, en 1953, les clubs du Norrland furent donc admis au sein des ligues nationales (seconde division et Allsvenskan), ce qui fut appelé Norrlandsfönstret (fenêtre vers le Nord). GIS accéda immédiatement à la seconde division et en 1965 fut le premier club du Norrland à atteindre l’élite suédoise. Même s’il n’y avait pas de ressenti dur par rapport aux terres du Sud, les habitants et les fans de football du Norrland subissaient cette fracture (aussi bien historique, économique, culturelle que sportive) avec le reste du pays et avaient donc envi de revendiquer leur identité. Depuis cette date, GIS fut donc le digne représentant du Norrland dans la ligue suédoise.

#991 – Bnei Yehoudah Tel-Aviv FC : השכונה

Le quartier. Dans un football israélien qui n’a pas été épargné par la vague de sport business, où les clubs appartiennent à des fonds ou de riches hommes d’affaires, Bnei Yehoudah fait figure d’exception. Comme le déclarait en 2014 le comédien, Shaul Badishi, ardent fan du club, dans le quotidien Yisrael Hayom, « Bnei Yehuda is the only team in the Premier League that is associated with a neighborhood. Bnei Yehuda reminds us of our lost innocence. With all the oligarchs and people with money coming and going in Israeli soccer, Bnei Yehuda is the only team that is still unpretentious and likable. If Israeli soccer is a big shopping mall, Bnei Yehuda is that little old falafel stand behind the mall. » (Bnei Yehuda est la seule équipe de Premier League associée à un quartier. Bnei Yehuda nous rappelle notre innocence perdue. Avec tous les oligarques et les gens riches qui vont et viennent dans le football israélien, Bnei Yehuda est la seule équipe qui reste sans prétention et sympathique. Si le football israélien est un grand centre commercial, Bnei Yehuda est le petit stand de falafels derrière le centre commercial ».

Il est vrai que sa forte identité lui permet de résister même si cela lui coute sportivement. Le club fut créé en Janvier 1936 par les membres de la communauté juive yéménite vivant dans le quartier d’Hatikva au sud de Tel Aviv. Il débuta par des matchs contre les autres quartiers de la ville, ce qui renforça encore son identification à Hatikva. Il finit tout de même par devenir un club professionnel. Mais, face aux deux grands de la ville, le Maccabi et l’Hapoël, Bnei Yehoudah apparaît comme le petit poucet qui a pu grandir et se faire une place grace à ses liens qui ne distendirent pas avec le temps avec ce quartier d’Hatikva. Le club finit même par remporter le titre suprême de champion d’Israël lors de la saison 1989-1990. Quartier ouvrier et pauvre dans les années 1930, sa population et son atmosphère n’ont pas bougé depuis. Bien qu’éloigné de quelques minutes de route seulement du centre-ville florissant de Tel-Aviv, le développement de la cité n’a pas atteint le quartier. Résultat, à chaque fois que l’équipe rentre sur le terrain, les habitants de Hatikva lèvent la tête avec un sentiment de fierté. Mais, en cas de défaite, le lendemain, le quartier rentre en deuil. Alors quand le club remporta le championnat, l’explosion de joie fut totale dans le quartier. Réactions facile à comprendre car comme le racontaient les supporteurs, « Here in the Hatikva neighborhood, everything revolves around soccer. If you take soccer away from this neighborhood, there is no neighborhood. There’s no reason to live. It’s all we had […] We live for moments like that. What else is there in this neighborhood besides that? Look around you. All you see is poverty. All we have is misery » (Ici, dans le quartier de Hatikva, tout tourne autour du football. Si vous éloignez le football de ce quartier, il n’y a pas de quartier. Il n’y a aucune raison de vivre. C’est tout ce que nous avions […] Nous vivons pour des moments comme ça. Qu’y a-t-il d’autre dans ce quartier à part ça ? Regarde autour de toi. Tout ce que vous voyez, c’est la pauvreté. Tout ce que nous avons, c’est la misère). Pourtant, Hatikva signifie « espoir » en hébreu.

#969 – Heart of Midlothian FC : the Gorgie Boys

Les garçons de Gorgie. La date de création du club n’est pas connue avec certitude mais ce serait vers 1874. Tout serait partie d’une bande de copains fréquentant un club de danse et qui fut séduit par une nouvelle pratique sportive qui mélangeait les règles du football et du rugby. Sous la direction d’un policier, ils se retrouvaient pour jouer au Meadows, un grand parc public au sud du centre-ville d’Édimbourg. Puis, suite à un match d’exhibition entre Queens Park FC et Clydesdale FC, ils choisirent définitivement le football association. En août 1875, le Heart of Midlothian FC rejoignit la Scottish Football Association et participa à la fondation de la Edinburgh Football Association. Comme un certain nombre d’équipes, dont les rivaux d’Hibernians, Heart jouait toujours dans le parc de Meadows et le siège se situait à l’Est du parc (West Crosscauseway) dans la taverne Anderson. Au début de la saison 1878-1879, les Hearts s’exhibaient encore à East Meadows et le siège du club était maintenant la boutique de Mackenzie dans Chapel Street à proximité. Cependant la fréquentation du parc était de plus en plus importante et le public perturbait le déroulement des matchs, le terrain n’étant pas protégé. Pour les matchs importants, l’équipe émigrait sur le terrain de la ligue d’Édimbourg à Powburn, au Sud de Meadows. Outre le fait d’être sur un terrain plus praticable, le club pouvait également faire payer les entrées. Avant le début de la saison 1879-80, le club se structura en possédant son premier terrain à Powderhall Grounds mais ce qui impliqua de quitter son quartier historique pour se rendre au Nord du centre-ville.

Puis, en février 1881, le club reprit un nouveau terrain privé dans la banlieue industrielle florissante de Dalry, quartier qui se rapprochait de Meadows. L’enceinte, inaugurée le 9 avril 1881, se situait sur Wardlaw Street et Wardlaw Place. Néanmoins, ce stade était considéré en dehors des limites de la ville. En conséquence, Hearts proposait parfois deux matchs pour le prix d’un ou fixait un prix d’admission bien inférieur à celui de ses rivaux situés plus proche du centre ville. Mais, l’expansion du quartier nécessita de laisser le terrain aux promoteurs afin qu’ils construisent de nouvelles habitations. En 1886, le club traversa alors la Gorgie Road pour établir sa nouvelle enceinte, dénommée Tynecastle Park, dans le quartier de Gorgie. Le 10 avril 1886, l’inauguration du stade fut marquée par une victoire 4 buts à 1 face au Bolton Wanderers. Le stade comptait deux terrains et une foule de 5 500 personnes vit Tom Jenkinson marquer le premier but dans la nouvelle maison de Heart. D’abord locataire, Heart acheta définitivement le terrain en 1926. D’une capacité de 19 852 places aujourd’hui, sixième plus grand stade de football d’Écosse, l’enceinte a été souvent remaniée et les dernières rénovations datent de 1997 et 2017.

#957 – Fatih Karagümrük SK : Fatih’in Torunları

Les descendants de Fatih. Au printemps 1926, deux clubs du quartier de Fatih à Istanbul (Acıçeşme Gençleri et Karagümrük Gençleri) fusionnèrent pour donner naissance au Karagümrük İdman Yurdu. C’est en 1985 que la direction décida d’adjoindre le nom de Fatih à celui du club. Mais, plus que le nom d’un district, Fatih, qui signifie le conquérant, se réfère à Mehmed II, dit le conquérant, septième sultan de l’Empire ottoman. Il fut le Sultan qui étendit l’Empire Ottoman jusqu’en Europe et asservit la Grèce pour des siècles. Mais, pour Mehmed II, cette expansion ne pouvait se faire qu’en possédant Istanbul, qui s’appelait Constantinople et demeurait la capitale de l’Empire Romain d’Orient. Mehmed II entreprit en Avril 1453 le siège de la ville. Il fallut à peine un mois aux armées de Mehmed II pour faire tomber la ville et l’Empire Byzantin. Le Sultan pénétra dans la ville dans l’après-midi du 29 mai 1453 par le quartier de Karagümrük, situé dans le district de Fatih. Istanbul devint alors capitale de l’Empire Ottoman et le quartier de Fatih un haut lieu. Environ 10 ans après la conquête, Mehmed II ordonna la construction d’une mosquée et de son complexe en lieu et place de l’Église des Saints-Apôtres de Constantinople qui avait été démolie. L’ensemble se nomma d’après le nom du Sultan. Erigée entre 1462 et 1469, cette mosquée fut le premier projet monumental de Mehmed II et qui allait établir le style architectural ottoman. La mosquée accueille aussi les tombes de nombreux dignitaires de l’histoire ottomane, dont celle de Mehmed II. Autour de la mosquée, un ensemble de bâtiments (le complexe) fut également construit qui incluait 16 écoles coraniques, une bibliothèque, un hôpital, un hammam, un caravansérail, un marché, une école et des soupes populaires. Mehmed II fit également immigré des personnes d’Anatolie pour s’installer dans ce quartier. Ainsi, ce dernier devint le premier quartier musulman et turc de la nouvelle capitale, qui se nomme en l’honneur du conquérant. Représentant désormais l’ensemble du quartier et revendiquant cette affiliation historique (symbole à la fois nationaliste et attaché à une idée de conquête), les joueurs sont devenus les descendants de Mehmed II.

#924 – UC Sampdoria : Samp, Doria

Le nom du club se divise en deux syllabes et chacune donne lieu à un surnom. Finalement, assez logique quand on connaît comment se forma Sampdoria. Il était normal de mettre à l’honneur le club génois car malheureusement, les supporteurs de foot sont affectés par la perte des idoles de leurs jeunesses en cette fin d’année 2022 et début 2023. Les plus anciens ont perdu le Roi Pelé. Ceux qui sont de ma génération se souviendront des superbes coups francs de Siniša Mihajlović et de l’élégant attaquant Gianluca Vialli. Tous deux passèrent par la Sampdoria mais à des époques différentes. Pour Gianluca, ce fut même la grande période avec un titre de Champion en Série A (1991) et une finale de Ligue des Champions (1992) au côté de son frère d’arme Roberto Mancini.

Le club se créa le 12 août 1946 par la fusion de deux équipes, SGC Sampierdarenese et SG Andrea Doria. Mais, il convient de remonter en arrière pour comprendre les origines de ce mariage. Les deux clubs prennent leur racine à la fin du XIXème siècle. D’un côté, dans la commune de Sampierdarenese (qui deviendra en 1926 un quartier de la ville de Gênes), à l’initiative de l’Associazione Studentesca Gymnasium et de la Società Operaia di Mutuo Soccorso Universale, le club omnisport SGC Sampierdarenese vit le jour le 6 juin 1891. Orienté exclusivement vers la gymnastique et l’haltérophilie à ses débuts, le club ouvrit rapidement de nombreuses nouvelles sections sportives et culturelles (escrime, cyclisme, bowling, aviron, lutte gréco-romaine, natation, tambourin, basket-ball, athlétisme, tir au pigeon d’argile, randonnée, fanfare, théâtre). Le football rejoignit cette grande famille en 1899. De l’autre côté, en 1895, des gymnastes de la Società Ginnastica Ligure Cristoforo Colombo partirent pour fonder une nouvelle association de gymnastique appelée Andrea Doria, du nom du condottiere (chef-mercenaire) et amiral de Gênes. Provenant d’un club qui mettait à l’honneur un grand homme de la cité ligurienne, Christophe Colomb, les fondateurs reprirent cette idée pour leur association et leur choix se porta sur Andrea Doria. Au XVIème siècle, chef de guerre et marin qui combattit pour différents pays, il fut un ardent défenseur de Gênes, qui était occupé par la France. Restaurant l’indépendance de la ville, il organisa ses institutions politiques et devint son censeur à vie. A sa mort, la ville lui édifia une statue avec cette inscription, « Au père de la patrie » . Porté sur la seule gymnastique, le club étendit ses activités, notamment au football en 1900.

Jusqu’en 1946, les deux clubs allaient s’ignorer, se croiser et se confronter. Andrea Doria remporta 4 tournois de la fédération italienne (qui était alors l’ancêtre de la Série A) tandis que Sampierdarenese fut finaliste du championnat italien en 1922. Ils se marièrent également une première fois. Le 27 juillet 1927, à la demande du régime fasciste, les deux formations fusionnèrent, donnant vie à l’AC La Dominante, qui prend en 1930 le nom de FC Liguria. Mais, la mariage tourna court, suite à la relégation en 1931 en 3ème division. Chaque club reprit alors sa vie séparément. Après la Seconde Guerre mondiale, à l’issue de la saison 1945-1946, Andrea Doria termina à la 9ème place du groupe Nord, tandis que Sampierdarenese concluait la saison à la 14ème et dernière position de ce même groupe, condamnant le club à la relégation. Toutefois, la décision fut prise, pour la nouvelle saison, d’unifier le groupe Nord avec le groupe Sud et de créer une Série A à 20 clubs. Pour décider des 20 clubs, la fédération ne se basa pas sur le classement de la saison 1945-1946 mais sur les clubs ayant joué dans l’élite dans les années 1940 (ie juste avant l’arrêt du championnat en 1943 et 1944 en raison de la guerre). Sous le nom d’AC Liguria, la Sampierdarenese participait à cette époque à la Série A même si ses résultats n’étaient pas flamboyants. En revanche, Andrea Doria n’avait évolué qu’en Série C jusqu’à sa dissolution en 1941. Résultat, malgré sa relégation sportive, Sampierdarenese fut admis en Série A pour la nouvelle saison tandis qu’Andrea Doria s’en voyait exclu et relégué en Série B. Seulement, Sampierdarenese était dans une situation financière déplorable tandis que, sur la base de ses résultats sportifs et pensant poursuivre dans l’élite, Andrea Doria avait déjà engagé le jeune Adriano Bassetto de Vicence pour la somme considérable de 3 200 000 lires. Après une série de rencontres, les directions des deux clubs se mirent d’accord et unirent leurs forces. Aucun des clubs absorba l’autre. Il s’agissait d’une sorte de mariage d’égaux (dans la dot de Sampierdarenese, une place en Série A ; dans celle de Doria, de l’argent). Ainsi, le nouveau maillot reposait sur une combinaison des 4 couleurs des deux clubs (cf #287). De même, le nouveau nom était la simple union des anciens, Doria-Sampierdarenese (Doria-Samp) qui finalement fut inversé pour Sampierdarenese-Doria, puis Sampdoria.


#899 – Maritzburg United FC : the Team of Choice

L’équipe du choix. Le surnom de ce club sud-africain provient directement du slogan de sa ville de résidence, Pietermaritzburg. Fondée en 1838 par des colons néerlandophones qui migraient depuis le Cap vers l’intérieur du pays (les Voortrekker), cette municipalité est la seconde de la province du KwaZulu, anciennement mieux connue sous le nom de Natal. Ayant le nom en zoulou d’umGungundlovu, elle est populairement appelé Maritzburg en afrikaans. La ville devint rapidement un centre important politique et économique. D’abord capitale de l’éphémère République Boer. elle fut le siège de l’administration de la colonie du Natal après la reprise en main par la Grande-Bretagne en 1843. Puis, la ville se développa et l’industrie textile fut l’un des pans économiques les plus riches. Les autres secteurs sont la production d’aluminium, de bois et de produits laitiers. Elle bénéficie d’une couverture de transport intéressante : à seulement 45 minutes de route de Durban, le port le plus fréquenté d’Afrique, à une heure de route du nouvel aéroport King Shaka et à une heure de vol de l’aéroport internationale de Johannesburg . La ville possède aussi des infrastructures d’enseignement de qualité, telles que l’Université du Natal, fondée en 1910. Ainsi, la cité connut de longues périodes de prospérité, qui donnait de nombreuses possibilités aux habitants. L’apartheid fut même moins dur que dans d’autres régions du pays et les communautés blanches et noire semblaient vivre harmonieusement. L’Université était une voix majeure dans la lutte contre l’apartheid et fut l’une des premières du pays à dispenser un enseignement aux étudiants africains. Ainsi, la ville décida de se surnommer la ville du choix. Mais, cette vision semble appartenir au passé. Dans les années 1990, la concurrence à bas coût asiatique tua le secteur textile local. En outre, la mauvaise gestion de la ville entraina la déficience des services municipaux et la plaça plusieurs fois sous la coupe d’un administrateur.

#887 – Knattspyrnufélag ÍA : Skagamenn

Les péninsulaires. En Islande, si les 3 clubs de Reykjavik, KR, Valur et Fram, dominent le football local (ayant respectivement remporté 27, 22 et 18 championnats), il faut également compter sur un club de province (à 50 km de la capitale) qui a gagné 18 championnats : Knattspyrnufélag Íþróttabandalag Akraness, régulièrement simplifié en ÍA. La performance est remarquable dans la mesure où la ville d’Akraness ne compte que 7 habitants. En outre, contrairement aux clubs de Reykjavik, qui sont plus que centenaires et donc fréquentent l’élite depuis de nombreuses années, ÍA débuta son existence en 1946 et, 5 ans plus tard, il remportait déjà son premier titre.

Mais, revenons à cette ville d’Akranes. Elle était initialement connue sous le nom de Skipaskagi, qui signifie la péninsule du bateau. En effet, fort de ces 7 000 habitants, la cité est située à l’extrémité d’une petite péninsule en face de Reykjavík. Cette péninsule est entourée par deux fjords, Hvalfjörður au Sud et Leirárvogur au Nord. Une grande partie est occupée par la montagne Akrafjall. Son isolement s’est grandement réduit en 1998 avec l’ouverture de Hvalfjarðargöng, un tunnel sous-marin situé sous le Hvalfjörður d’une longueur de 5 770 mètres. Colonisée au IXème siècle par des irlandais, la ville se développa au XIXème siècle avec les activités de pêche, notamment à la baleine. Il est désormais le plus grand port de pêche d’Islande.

#885 – Shandong Taishan FC : 泰山队

L’équipe du Mont Tai. Basé dans la ville de Jinan dans la province du Shandong, le club s’est établi comme une place importante du football chinois, avec ses 4 titres de champion dont celui remporté lors de la saison 2021. Le club actuel trouve sa source dans une association semi-professionnelle, créée le 10 avril 1956 par le gouvernement local de la province du Shandong, avec pour objectif de représenter la province dans la nouvelle ligue de football chinoise. En 1993, la professionnalisation du football chinois entraina la fondation du club, soutenu par la municipalité de Jinan, avec toujours la province comme zone de « chalandise ». Représentant de la province, il en prit l’un des symboles, le Mont Tai. D’ailleurs, le terme Taishan est dérivé du Mont Tai. Ce dernier est situé dans l’ouest du Shandong, juste au nord de la ville de Tai’an et au sud de Jinan. Son point culminant est le pic de l’Empereur de Jade, qui s’élève à 1 532,7 mètres.

Ce mont tient une place particulière dans la culture de la région mais également dans toute la Chine. Signifiant montagne tranquille, il est d’une importance cultuelle clé aussi bien pour la religion traditionnelle chinoise (en étant l’une des cinq montagnes sacrées de Chine et même la première d’entres-elles), que pour la Taoïsme et le Bouddhisme. Il est associé au levée du soleil, à la naissance et au renouveau. 5 Dieux de la mythologie chinoise lui sont associés dont la grande divinité du Mont Tai, qui est une « réincarnation » de Pangu, l’un des principaux êtres, responsable de la séparation du ciel et de la terre. Lieu de culte depuis au moins 3 000 ans, il accueille de nombreux temples et a été l’un des centres cérémoniels les plus importants de Chine. Il fut un lieu de pèlerinage pour les empereurs chinois au moins depuis l’an 1 000 avant J.-C.. Les empereurs installaient sur le mont des autels pour offrir des sacrifices afin de prier pour la paix ou rendre hommage au ciel et à la terre (cérémonies de Fengchan). Le mont, ses paysages et sa charge religieuse sont également des sources d’inspiration pour les écrivains et les poètes. Confucius et Du Fu le visitèrent et écrivirent des poèmes. Un célèbre dicton de Confucius dit « 登泰山而小天下 » (Escaladez le mont Tai et rendez le monde petit). Depuis 1987, le Mont Tai est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il est l’un des premiers sites touristiques en Chine, avec, en 2003, environ 6 millions de visiteurs.

#883 – Rampla Juniors FC : Ramplenses

Tiré directement de son nom, ce sobriquet sent bon le parfum barcelonais. En effet, les célèbres avenues touristiques du centre de Barcelone se nomment las ramblas. Dérivant d’un mot arabe signifiant « sable, terrain sablonneux », il était utilisé pour désigner un cours d’eau irrégulier. Or, l’avenue barcelonaise fut construite sur un lit de rivière asséché, ce qui donna le nom de rambla. Mais, revenons en au sujet de cet article qui est de découvrir les origines du nom de ce club de Montevideo, qui donna naissance à son surnom.

Le Rampla Juniors débuta son histoire au début du XXème siècle. Sa fondation eut lieu le 7 janvier 1914, dans la ville de Montevideo, dans le quartier des services douaniers du port. Précisément, l’assemblée fondatrice se tint, sur le front portuaire, dans un bar à l’intersection des rues Solís et La Marseillaise. Cette dernière était populairement connu sous le nom de « Rampla », au moins jusqu’en 1909. Au moment de nommer le club, les fondateurs hésitèrent. Leur club devant participer aux championnats de quartiers de la ville, ils prirent le nom de la rue Rampla pour facilement s’identifier par rapport aux autres participants. En outre, ils ajoutèrent le terme anglais « Juniors » (phénomène de mode à l’époque d’avoir un nom anglais, pays d’origine du football). L’idée était d’avoir un nom dont la traduction serait « les jeunes de la Rampla ». Attention, dans le quartier sera construit dans les années 1920 des avenues bordant la côte et qui s’appelleront toutes rambla. La rambla de Montevideo qui s’étire sur plus de 22 km n’a rien à voir avec l’ancienne rampla.

Le club va connaître une croissance rapide puisqu’il attint la première division dès 1922. La saison suivante, il devint vice-champion et en 1927, ce fut la consécration en remportant le titre de champion d’Uruguay (dans un championnat à 20 équipes, qui fut le plus « fréquenté » de l’histoire du football uruguayen). Quelques années auparavant, se sentant à l’étroit dans la vieille ville, près du port, il émigra dans les nouveaux quartiers de l’ouest de Montevideo, à Cerro. Mais, ce déménagement n’effaça pas les origines du club qui conserva son nom.

#873 – UD Leiria : os Lis

Quand on parle de José Mourinho, the Special One, le panthéon du football européen s’étale dans la discussion : Real Madrid, Chelsea, Manchester United, Inter Milan … Toutefois, José a du faire ses classes comme tout le monde et après une première expérience écourtée d’entraineur à Benfica, il rebondit à Leiria pour emmener le club à une inespérée 5ème place en championnat. La performance ne passa pas inaperçue et dès la saison suivante, il signa à Porto pour l’aventure que l’on connait. Au delà de ce passage, le club affiche un palmarès vierge et est depuis redescendu dans les divisions inférieures.

Agglomération de 130 000 habitants, l’identité de Leiria est fortement marquée par la rivière Lis qui la traverse. Long d’une quarantaine de kilomètres, ce cours d’eau prend sa source à 5 kilomètres de la ville de Leiria. Dans la commune, ses rives ont été aménagées, avec de nombreux espaces verts et aires de jeux, et plusieurs ponts emblématiques l’enjambent, devenant un lieu de promenade et de récréation des habitants. Hors de la cité, ses berges accueillent de nombreuses espèces d’oiseaux et irriguent des plaines agricoles. La rivière regorgeait de poissons et des concours de pêche étaient organisés à Leiria. Élément prépondérant de la ville, elle inspira des poètes et écrivains locaux. Une légende pretend même que le Lis et son affluent le Lena qui se rejoignent à Leiria vécurent une histoire d’amour. Au Moyen-Âge, la rivière constituait un vecteur de développement important, servant de voie de navigation et de source d’énergie. Les nombreux moulins à eau permirent la naissance d’une industrie florissante de mouture de blé, de maïs et d’aliments pour animaux. De même, des fabriques de papier émergèrent. Une des spécialités sucrées de la ville se nomment Brisas do Lis (Brises de Lis). Le Lis étant tellement gravé dans la culture de la ville, son club de football ne pouvait y échapper. La présence d’une fleur de Lys (flor de lis en portugais) sur le blason de l’UDL n’est certainement pas un hasard et souligne certainement ce lien.