L’africain. Tiré de son nom, le sobriquet comme le nom demeure singulier pour un club qui représente avant tout la capitale tunisienne. Et même si son aura est grande, elle ne dépasse guère les frontières tunisiennes. Mais, avant de rentrer dans ce débat, repartons au début des années 1920, en évitant une autre discussion qui anime la Tunisie du football. En effet, sous protectorat français dont le représentant s’accaparait les différents pouvoirs, la Tunisie connaissait au début du XXème siècle un mouvement nationaliste qui devait naturellement s’exprimer dans le sport également. Les clubs sportifs en Tunisie personnifiaient les différentes communautés française (Racing Club de Tunis, Sporting Club de Tunis, Stade Gaulois), italienne (Italia de Tunis, Savoia de Sousse), maltaise (Mélita-Sports) et juive (Stade Tunisois, Maccabi) mais les indigènes musulmans ne se sentaient pas représenter. Toutefois, certains clubs intégraient des musulmans comme le Stade africain. En 1918, un match qui opposait le Stade Africain et le Stade tunisois tourna à l’émeute. Pour sanction, les autorités françaises dissolvaient les deux associations. Cette disparition d’un club, où elle pouvait jouer, encouragea la communauté musulmane, dans cette dynamique nationaliste, à essayer de fonder une association dédiée. L’une de ces initiatives s’inscrivait dans la tradition du Stade Africain, en reprenant notamment le nom. Toutefois, en 1919, le premier essai des fondateurs du club échoua car le nom choisit, Club islamique africain, ne passa pas la censure des autorités (ces dernières ne souhaitaient pas voir le sentiment nationaliste se crystaliser au sein d’une quelconque association). Quelques mois plus tard, les fondateurs essayèrent une nouvelle fois avec toujours la volonté d’affirmer leur racine indigène. Ainsi, le président du club était tunisien, le choix des couleurs se porta sur celles du drapeau tunisien (rouge et blanc) et l’écusson affichait les symboles musulmans, croissant et étoile. Enfin, le fait de nommer « africain » un projet sportif d’ordre national ne pouvait être le fruit du hasard ni dénué de sous-entendus. Comme le continent africain était sous domination coloniale, ce choix avait une valeur symbolique et politique, voire était une cri de ralliement pour l’ensemble des indigènes. Mais, cette référence au continent était aussi un rappel aux racines de la Tunisie. Au Moyen-Âge, la partie du territoire qui s’étendait du Nord-Est de l’Algérie au Nord-Ouest de la Libye, en passant par la totalité de la Tunisie, se dénommait Ifriqiya, qui donna plus tard le mot Afrique.
Étiquette : Zone d'Origine
#746 – FC Dordrecht : de Schapekoppen
Les têtes de mouton. Lorsque le visiteur vient à Dordrecht, il ne peut pas éviter les moutons. Dans les restaurants, il trouvera de la bière Schapenkopje et des biscuits Schapekoppen. Dans les magasins à souvernir, le moindre produits dérivés de la ville reprendra le mouton. Que dire des nouveaux nés qui recevront une peluche en forme de mouton. Dans cet environnement, logique que le blason du club de la ville affiche une tête de mouton. La légende qui explique l’omniprésence de l’ovin dans la ville et qui s’est imposé comme le surnom des habitants de Dordrecht est connue de tout les Pays-Bas. Tout d’abord, Dordrecht, plus vielle commune de Hollande, se situe sur l’île de Dordrecht. Au XVIIème siècle, la cité était prospère, notamment en raison des taxes que la municipalité prélevait sur les marchandises entrantes, y compris le bétail destiné à l’abattage. Comme elle était une ville insulaire accessible que par bateau (le premier pont sera construit en 1872 pour le train), les contrôles et le recouvrement étaient facilités. Mais, les droits d’accises étant exorbitants, les habitants et commerçants cherchaient toujours des stratagèmes pour y échapper. Ainsi, un jour, deux habitants achetèrent un mouton dans les environs de Dordrecht (Alblasserwaard). Sur le chemin vers Dordrecht, ils aperçurent un épouvantail près de Papendrecht et décidèrent de le dépouiller de ses vêtements pour habiller le mouton avec, afin d’éviter les taxes. Pour le faire passer pour un enfant, ils maintenaient l’animal sur ces deux pattes arrières, ces pattes avant s’appuyant sur leurs épaules. Dans la barge, les voyageurs se laissèrent berner tout comme les gardes à la porte de la ville. Soulagés, les deux « contrebandiers » s’imaginaient déjà déguster ce mouton à moindre frais quand l’animal se mit à bêler, ce qui alerta les gardes et stoppa l’évasion fiscale. Selon certaines histoires, si tout le monde fut abusé par cette manoeuvre, un chien ne s’y trompa pas et aboya, ce qui provaqua le bêlement. Pour d’autres, le mouton n’en pouvait plus et bêla de fatigue. Au final, les spectateurs se délectèrent de la scène et répandirent l’histoire en se moquant des habitants de Dordrecht avec ce surnom de schapekoppen. Plusieurs statues de moutons sont érigées dans la ville dont une en acier jaune dénommée schapekoppen de l’artiste Dordtenaar Cor van Gulik représentant les deux contrebandiers entourant le mouton, objet du délit.
#744 – Hapoël Petah-Tikva FC : מלאבס
Les Malabas. Il s’agit avant tout du surnom de la ville de Petah-Tikva qui déteignit sur le club phare de la cité, 6 fois champion d’Israël (dont 5 d’affilé). Comptant aujourd’hui 250 000 habitants et se situant en banlieu de Tel-Aviv, la cité fut établie en 1878 par des pionniers juifs d’Europe. Au départ, ces derniers souhaitaient bâtir une nouvelle ville dans la vallée d’Achor, près de la cité biblique de Jéricho, et achetèrent des terres dans cette région. Cependant, Abdülhamid II, le sultan de l’Empire Ottoman, annula la vente et leur interdit de s’y installer. Les pionners apprirent alors la disponibilité de terres au nord-est de Jaffa près du village musulman de Mulabbis (ou Umlabes ou Malabas) qui était alors constitué de 150 huttes et les acquirent. Cette fois, l’achat fut autorisé par le sultan car les terres étaient marécageuses. Le nom de Petah-Tikva fut donné à la cité car il signifiait « Porte d’Espérance » et rappellait la prophétie d’Osée (2, 17) (« Et de là-bas, je lui rendrai ses vignobles, et je ferai de la vallée de Akor une porte d’espérance »), qui avait guidé les pionners dans l’établissement en vain d’une nouvelle ville près de Jéricho.
La nouvelle ville hérita comme surnom du nom du hameau musulman Malabas (ملبس). Son étymologie donne plusieurs possibilités. La plus connue se rapporte à un bonbon mondialement connu. ملبس est le mot arabe pour désigner les dragées, cette amande enrobée de sucre coloré. En arabe comme en hébreux, les racines se réfèrent à « habiller » (l’amande est habillée de sucre). Une autre explication est née de cette racine (qui exprimait aussi le fait de changer de vêtement pour des nouveaux). En effet, la légende raconte que les nouveaux arrivants dans le village remplaçaient ceux qui mouraient comme les nouveaux vêtements détrônaient les anciens. Enfin, dans un document daté de 1133, il est indiqué que le village de Bulbus fut remis par le Comte de Jaffa à l’Ordre des Hospitaliers y compris le moulin/les moulins des trois ponts. Au XIXème siècle, le chercheur français Delaville Le Roulx suggéra que Mulebbis, prononciation du nom du village, provenait de Bulbus et du mot « moulin » . D’ailleurs, des fouilles menées sur le site originel du village renforcèrent cette hypothèse en révélant d’importants vestiges de l’époque byzantine et des croisés, dont des réservoirs d’eau, des pressoirs ainsi que des systèmes de transport d’eau.
#711 – FC Augsbourg : die Fuggerstädter
Ceux de la ville des Fugger. Ville moyenne de Bavière aujourd’hui, Augsbourg eut son âge d’or du Moyen-Âge jusqu’à la Renaissance. Fondée en 15 avant J.-C. par deux beaux-fils de l’Empereur Romain Auguste, elle connut un premier essor en étant un des points de contact entre Rome et la province de Germanie nouvellement conquise. A la chute de l’Empire et jusqu’au 12ème siècle, la ville était avant tout le siège de l’Evêque, ce qui en faisait un lieu spirituel important sans être une ville significative. Puis, le 21 juin 1156, Augsbourg reçut les droits de cité par l’empereur Frédéric Barberousse, qui furent confirmés presque cent ans plus tard en 1251 par le droit d’utiliser un sceau et de taxer ses citoyens. En 1256, Augsbourg devint même une ville libre d’Empire, ce qui décupla son développement démographique, politique et économique. Plusieurs diètes de l’Empire (assemblée des États de l’Empire, Reichsstände) se tinrent à Augsbourg, en particulier au XVIème siècle, sous Charles Quint. Ce prestige politique découla de la puissance économique de la ville. Au XIIIème siècle, la fabrication de futaine, un tissu de lin bon marché, dominait l’activité commerciale de Augsbourg et, associée à sa position centrale entre les villes hanséatiques et l’Italie, fit sa prospérité. Des commerçants de la ville souabe accumulèrent d’importantes richesses qui leur permirent d’étendre leurs activités, en particulier à l’usure.
Ainsi, à Augsbourg, les familles Fugger et Wesler devinrent les principaux argentiers de la noblesse européenne. Les Fugger étaient une famille souabe qui émigra à Augsbourg en 1367. Simple maître tisserand à leur établissement à Augsbourg, les Fugger devinrent des marchands de textile puis les chefs de la guilde des tisserands, et enfin, avec leur fortune, des banquiers. Leur réseau s’étendit d’abord vers le Proche-Orient puis de la Baltique jusqu’à la Méditerranée. En tant que banquiers, ils financèrent la noblesse et les familles royales, en particulier les Habsbourg, pour leurs campagnes militaires et leurs élections (au titre d’Empereur, en particulier Charles Quint). En 1408, les Fugger faisaient partie des 50 plus riches familles de la ville. Au XVIème siècle, le plus éminent de ses membres, Jacob Fugger, rassembla la plus grande fortune privée de l’époque, au point que le nom Fugger était même devenu synonyme de richesse dans toute l’Europe. En 1511, l’Empereur Maximilien Ier anoblit la famille, puis en 1514, les Fugger reçurent le titre héréditaire de comte du Saint-Empire. Aujourd’hui, il est possible d’admirer le Fuggerhäuser, le palais de la famille à Augsbourg, ainsi que le Fuggerei, le premier ensemble de logements sociaux financé par les Fugger. Il existe encore des descendants de la famille et une banque privée allemande porte encore leur nom (Fürst Fugger Privatbank). Leur grande influence dans la vie politique et économique valut à la ville d’Augsbourg et ses habitants le surnom de Fuggerstadt.
#694 – Brøndby IF : Drengene Fra Vestegnen
Les garçons de Vestegnen. Le club réside dans la ville de Brøndby, devenue quasiment un quartier de la banlieue ouest de la capital Copenhague. Cette cité faisait partie du Vestegnen, une ancienne dénomination de la partie Ouest du Comté de Copenhague et qui couvrait aussi les municipalités de Rødovre, Hvidovre, Glostrup, Albertslund, Vallensbæk, Ishøj et Høje-Taastrup. Mais, au-delà, de signifier la zone d’origine du club, ce surnom réaffirme l’identité du club et sa construction par opposition au club historique de la capitale. En effet, le football danois fut longtemps dominé par un nombre restreint d’équipes, qui étaient toutes originaires de Copenhague, et pour certaines plus proches du centre-ville : KB Copenhague (fondé en 1876), BK Frem (fondé en 1886), AB Copenhague (fondé en 1889), B 93 Copenhague (fondé en 1893) et BK 1903 (fondé en 1903). Ces clubs trustèrent les titres de champions du Danemark de 1912 à 1954 et totalisent aujourd’hui 46 titres. Le premier club brisant cette hégémonie fut le Køge BK en 1954 (et encore il s’agit d’un club à quelques kilomètres de la capital et également situé sur l’île de Sjælland).
Evidemment, quand Brøndby apparut en 1964 par la fusion de deux clubs au 6ème niveau national, les dirigeants visaient simplement la survie face à leurs puissants voisins. Mais, montant petit à petit les échelons, le club s’imposa finalement à compter des années 1980 comme une place forte du football danois. Aujourd’hui, le club a dans sa vitrine 11 titres de Champions et 7 Coupes nationales. Il excella aussi au niveau international, avec entre autre un quart de finale de la Ligue des Champions en 1986-1987 et une demi-finale de la Coupe UEFA en 1990-1991. En plus, de nombreux stars danoises émergèrent de ses rangs (tel que Peter Schmeichel ou les frères Laudrup). Résultat, la concurrence de la capitale s’affaiblit au mesure de la progression de Brøndby. Certains clubs historiques échappèrent de peu à la faillite tandis que deux fusionnèrent pour survivre. En 1992, KB Copenhague et BK 1903 s’unirent pour donner naissance à un nouveau mastodonte, le FC Copenhague. Aujourd’hui, le FC Copenhague est devenu le plus grand rival de Brøndby et ce derby compte parmi les plus grands affrontements des pays scandinaves. Il est appelé la bataille de Copenhague ou The New Firm.
Les fans de Brøndby comme le club construisirent donc leur identité notamment dans l’adversité avec les clubs du centre-ville. Ainsi, ils s’identifièrent à l’équipe de la banlieue. D’autant plus que ce surnom était également celui d’un de leur prédécesseur (Brøndbyvester Idrætsforening).
#674 – Chapecoense de Futebol : Verdão do Oeste
Le vert de l’Ouest. Le club réside dans la ville de Chapecó, la plus occidentale de l’Etat de Santa Catarina. Par ailleurs, les joueurs de cette équipe évolue dans un maillot vert. Le choix du vert pourrait logiquement provenir des couleurs de la ville de Chapecó, dont la bannière est constituée de deux bandes verticales vertes entourant une bande blanche. Les armes de la ville présentent également quatre quartiers, deux verts et deux blancs. Ces deux couleurs furent choisies, l’un symbolisant la pureté, l’espoir et la paix (le blanc), l’autre représentant le caractère agricole de l’Etat (le vert). Chapecó est connue comme la capitale agro-industrielle brésilienne, spécialisée dans la transformation de porcs et de volailles que les agriculteurs de la région élèvent. Ainsi, la ville est le siège de la coopérative Aurora, qui regroupent 65 000 producteurs, et compte depuis 1973 une usine de BRF (l’une des principales entreprises agro-alimentaires brésiliennes). Pourtant, l’un des fondateurs du club, Alvadir Pelisser, défendait une autre hypothèse quant au choix de la couleur verte. En effet, les fondateurs s’inspirèrent des autres clubs dont ils étaient fans : Palmeiras à São Paulo, Juventude à Caxias do Sul et Coritiba FC. Tous ces clubs évoluaient en vert et marchaient plutôt bien. Ils paraissaient alors aux fondateurs de Chapecoense que cette couleur placerait le club sous les meilleures auspices.
#672 – Kalmar FF : Smålands stolthet
La fierté de Småland. Fondé en 1910 dans la ville de Kalmar, cette dernière se situe dans la région historique du Småland. Dans cette région au sud de la Suède et bordée à l’est par la mer Baltique, les clubs de football qui portèrent haut ses couleurs ne sont pas légions. On compte Östers IF et Kalmar FF. Les deux clubs se tirent la bourre (4 titres de champion pour Östers contre 1 pour Kalmar) et prétendent être la fierté du Småland. Seulement Kalmar FF hérita de ce surnom après que le club l’ait déposé comme marque en 2013. La direction du club déclara à l’attention de celle de Östers : « Vi i Kalmar FF har använt oss av och levt upp till epitetet Smålands stolthet under flera framgångsrika säsonger i högsta serien. Nu har det kommit till vår kännedom att ni använder er av samma slogan. […] Detta missförstånd har förvirrat den lokala fotbollspubliken och därför har vi valt att registrera och varumärkesskydda vår slogan Smålands stolthet hos Patent- och registreringsverket. » (Chez Kalmar FF, nous avons utilisé et respecté l’épithète Smålands stolthet pendant plusieurs saisons réussies dans la plus haute série. Maintenant, il nous a été rapporté que vous utilisez le même slogan. […] Ce malentendu a dérouté le public local du football et c’est pourquoi nous avons choisi d’enregistrer et de déposer notre slogan Smålands stolthet auprès du Bureau des brevets et de l’enregistrement). Le club l’a donc protégé mais avec un déficit de palmarès, est-ce mérité ? Tout d’abord, Kalmar FF est le club doyen (1910). Ensuite, il remporta donc une fois le championnat (2008) mais également 3 Coupes de Suède (1981, 1987 et 2007) et une SuperCoupe (2009). Au total, KFF a joué 33 années en Allsvenskan (1ère division suédoise) depuis sa première saison en 1949. Le club se trouve à la 13ème place du classement de tous les temps du football suédois, est l’un des 12 clubs de football suédois qui ont été à la fois champion et vainqueur de la coupe, et demeure l’un des 14 clubs qui ont toujours joué dans l’une des trois plus hautes ligues de football nationales suédoises. En 1987, le club réussit l’exploit de remporter la Coupe tout en étant en 2nd division et même relégué à l’échelon inférieur à la fin de la saison. En 1997, alors que le club connaissait des difficultés financières, sur le terrain, l’équipe remporta tous ses matchs de 3ème division (22 matchs, pour seulement 11 buts encaissés). La saison suivante, l’équipe termina 1er de la 2nde division et accéda à l’élite.
#664 – Hapoël Beer-Sheva : האדומים מהדרום
Les rouges du Sud. En 1949, Zalman Caspi, un ancien joueur de football du club du Hapoël Ramat Gan mit en place un système de scouting pour trouver de jeunes talents dans les camps de transit de la région de Beer Sheva, afin de créer éventuellement une équipe de football. Le club fut alors fondé, sous l’égide de Hapoël, une organisation sportive qui dépendait du syndicat de travailleurs הסתדרות (Histadrout – Fédération générale des travailleurs de la Terre d’Israël).
Ce syndicat avait été fondé en 1920, porté par des mouvements socialistes, et avait pour objectif de permettre l’installation des juifs en Palestine, qui était sous mandat britannique, ainsi que la promotion et la défense des travailleurs juifs. Il investit alors toutes les sphères d’activité des ouvriers : éducation, construction de logements, santé, banque, entreprises coopératives, protection sociale, culture et donc sport. Ainsi, Histadrout fit naître en 1926 le mouvement sportif Hapoël (הפועל), ce nom étant dans la tradition de gauche du syndicat, signifiant « l’ouvrier ». Etant donné les orientations politiques du syndicat et le fait que le Comité olympique israélien était contrôlé par le rival du Maccabi, Hapoël rechercha des liens avec des organisations sportives des partis socialistes similaires et devint ainsi membre du Socialist Workers’ Sport International et de l’International Workers and Amateurs in Sports Confederation. Hapoël reprit également les codes internationaux de l’époque des mouvements de gauche : fossile et marteau dans son blason et couleur rouge pour ses tenues.
Le rouge est la couleur de tous les mouvements de gauche depuis le XVIIIème siècle, quand les premiers mouvements prolétaires émergèrent et utilisèrent le drapeau rouge comme bannière. Ce symbole proviendrait de la Marine, qui utilisait le drapeau rouge avant une bataille pour signifier qu’il ne sera pas fait de prisonnier lors du combat. Ainsi, il était un signe d’un esprit combatif sans concession, du sang prêt à couler. Et cet état d’esprit séduisit les premiers mouvements de révolte d’ouvriers (qui jaillirent dans les villes portuaires), prêts à lutter au prix de la vie jusqu’à l’abdication de leurs adversaires. Ainsi, les ouvriers du port de Londres, lors de leur grève de 1768, auraient été les premiers à utiliser le drapeau rouge. Il apparût ensuite lors de différentes révolutions en France et devint la bannière des mouvements socialistes lors de la révolution de 1848 et surtout pendant la Commune de Paris en 1871. Depuis, il s’imposa comme drapeau (avec quelques attributs) des différents pays communistes (URSS, Chine, Vietnam, Mongolie …) et des parties politiques de gauche.
Beer-Sheva copia donc les symboles de l’Hapoël et ses maillots devinrent rouge. Enfin, Beer-Sheva, 6ème ville d’Israël, est la plus grande cité du Neguev et le centre administratif pour le sud d’Israël. Résultat, afin de le distinguer des autres clubs existant sous l’égide de l’Hapoël et portant également du rouge, au surnom classique fut rajouté la localisation géographique de la ville de Beer-Sheva.
#656 – SSC Naples : Azzurri
Les bleus. Les couleurs sociales de Naples sont le bleu et le blanc, avec une prééminence du premier par rapport au second qui apparaît plutôt sur le short et sur les parements du maillot. Ce bleu varia au fil du temps entre un azur, un électrique et un clair mais fut toujours la couleur du club.
Le choix de cette couleur n’est pas clairement défini mais résulte des deux clubs qui en 1922 donnèrent naissance au club actuel. Une première association naquit en 1904 sous le nom de Naples Football & Cricket Club puis fut rebaptisé Naples Football Club en 1906. En 1911, un autre club napolitain vit le jour, l’US Internazionale. En 1922, les deux clubs fusionnèrent pour créer l’Internaples qui le 25 août 1926 devint l’Associazione Calcio Napoli. Le Naples FC évoluait dans des maillots rayés bleu azur et bleu ciel tandis que l’Internaples portait des maillots bleu marine et un short blanc. Naturellement, le nouveau club ne pouvait porter que du bleu.
En 1922, les couleurs furent le bleu, le blanc et le bleu ciel (le marine était donc abandonné). Puis, en 1926, le maillot devint définitivement bleu accompagné d’un short blanc. Il est souvent avancé que le Naples FC opta pour le bleu et le bleu ciel qui devaient représenter respectivement la mer et le ciel de Naples. Côté Internazionale, le bleu marine et le blanc furent également choisis parce qu’ils rappelaient les couleurs du golfe de Naples. La sublime situation de Naples au bord de la mer serait donc à l’origine des couleurs du club.
Toutefois, une autre hypothèse apparaît aussi valable. Au XIIIème siècle, Naples et sa région (ainsi que la Sicile) devint une possession de Charles Ier, Comte d’Anjou qui fonda alors la maison capétienne d’Anjou-Sicile, branche cadette de la famille royale de France. Elle régna sur Naples jusqu’en 1481. Ces armoiries représentaient des fleurs de lys sur fond bleu. Ainsi, le bleu marqua la ville. D’ailleurs, la famille qui dominait la Sicile et Naples au XIème siècle était la Maison normande de Hauteville dont les armes étaient également azur (bleu). Cette hypothèse prit de l’ampleur quand de 1969 à 1973, le président Corrado Ferlaino tenta d’identifier l’équipe avec l’histoire de la ville. Ainsi, les armoiries des Bourbon des Deux-Siciles s’imprima sur les abonnements et les tickets d’entrée. En outre, l’écusson du club se dota d’un N entouré par 3 fleurs de lys sur fond bleu, rappelant les armes modernes de l’Anjou (donc de la Maison d’Anjou-Sicile).
#649 – KV Ostende : de Kustboys
Les garçons de la côte. Surnom assez naturel pour le club de la ville d’Ostende, qui se situe sur la côte belge de la Mer du Nord. Les premières mentions de la ville remontent au IXème siècle. Elle se situait à l’extrémité Est de l’ile de Terstreep (Oost signifie Est en néerlandais et ende dérive de einde qui signifie extrémité, fin). Tout au long de son histoire, la mer fut la principale ressource de la ville. Au XVème siècle, la ville se dota d’un port et, comme pour beaucoup de cité de la Mer du Nord, la pêche au hareng fut la base de son économie. Au XVIIème siècle, la ville constitua une base arrière des corsaires. Un siècle plus tard, la Compagnie d’Ostende se trouva à la source de l’expansion économique de la ville en ayant le monopole du commerce dans les Indes orientales et occidentales (importation d’épices). Le port se développa avec l’implantation d’un phare et un bassin commercial et devint un porc franc en 1781. Ce fut à cette époque que démarra une nouvelle activité qui deviendra le nouveau poumon de l’économie d’Ostende : un aubergiste anglais implanta une première bâtisse au bord de plage afin de servir des rafraichissements aux baigneurs. Moins d’un demi-siècle après, Ostende devint la station balnéaire belge réputée dans toute l’Europe où la famille royale belge séjournait, entourée par l’aristocratie et haute-bourgeoisie européenne. La ville est aujourd’hui surnommée la « Reine des stations balnéaires ». En parallèle de l’activité balnéaire, l’ostréiculture prospéra au point que les huitres d’Ostende devint une référence internationale avant la Première Guerre Mondiale. De simple port de pêche, le port d’Ostende ajouta des activités de plaisance ainsi que des liaisons maritimes de passagers avec l’Angleterre (les anglais ayant constitué la grande masse des touristes). La mer fut aussi la principale menace de la ville. Dès la fin du XIVème siècle, il fallut déplacer la cité et l’abritait derrière une digue. Au XVIème siècle, les habitants rasèrent des dunes pour protéger la ville durant la Guerre de Quatre-Vingt ans. La mer s’engouffra immédiatement dans cette brèche et creusa un chenal à l’origine de l’entrée actuelle du port.
