#23 – Grêmio Porto Alegre : Tricolor

Il est assez simple de comprendre que le surnom Tricolor qui signifie tricolore est associé aux 3 couleurs du club, bleu, blanc et noir. Mais, le choix de ces couleurs ne se fit pas sans heurts et difficultés. Le 22 septembre 1903, soit 7 jours après la création officiel du club, une réunion se tint avec les 32 fondateurs. Joaquim Ribeiro proposa de retenir les couleurs Havane (presque orange), bleu (ainsi que le short noir et une cravate blanche), à priori en l’honneur du club anglais d’Exeter. Toutefois, cette version paraît étonnante car Exeter n’a jamais joué dans ces couleurs havane et bleu (selon l’excellent site http://www.historicalkits.co.uk). Cândido Dias, qui était l’initiateur de la création du club, voulait du rouge, du noir et du blanc (comme il était de São Paulo, Cândido Dias voulait voir les couleurs de son état dans ce nouveau club). Toutefois, la proposition de Joaquim Ribeiro fut adoptée, le rouge échouant pour 3 voix. Mais, le club se rendit compte que la couleur Havane était difficile à se procurer et décida finalement de le supprimer du maillot, se limitant au bleu, noir et blanc.

De ce surnom en est tiré un autre : Tricolor dos pampas (les tricolores de la pampa). La ville de Porto Alegre est situé dans la région du Rio Grande do Sul, constitué d’une vaste Pampa.

#22 – Beşiktaş JK : Kara Kartallar

Les Aigles Noirs, emblème du club. Champion les deux dernières saisons, Beşiktaş débuta la saison 1940-41 avec une équipe jeune et renouvelée. Au fil des semaines, le club était en tête du championnat avec une avance conséquente. Le dimanche 19 janvier 1941, 5 semaines avant la fin de la saison, Beşiktaş affrontait le club de Süleymaniye. L’équipe, qui portait des maillots entièrement noirs, comme dans la plupart des matches de cette saison, développa comme à son habitude un beau football et, bien que menant confortablement, Beşiktaş ne fermait pas le jeu et attaquait sans cesse pour le plus grand plaisir de ses fans. Dans les tribunes du stade Şeref, une voix d’un supporteur, un pêcheur appelé Mehmet Galin, se fit entendre « Haydi Kara Kartallar. Hücum edin Kara Kartallar » (Allez les Aigles Noirs, Attaquez les Aigles Noirs). D’autres supporteurs scandèrent alors ce refrain. Le club remporta le match 6-0, avec 3 magnifiques buts marqués par Şeref Görkey, et un but de Hakkı, de Şakir et de Şükrü. Son jeu direct, offensif, pratiqué par des joueurs tout de noir vêtus rappelait des aigles noirs. Des milliers de fans et de journalistes après le match reprirent ce surnom. Au-delà de ce match, la saison 1941 fut celle des records pour Beşiktaş. Les joueurs remportèrent tous les matchs du championnat, inscrivant au passage 84 buts en 18 matches. Un championnat qui fut survolé par un aigle.

Retraité de la société de tramway d’Istamboul, Mehmet Galin vivait près du stade de Beşiktaş. Fan dévoué de Beşiktaş, il ne manquait pas un entrainement ou un match de l’équipe. La métaphore des « Aigles noirs » lui vint certainement par la puissance développée par son équipe de cœur et le fait qu’il portait des maillots intégralement noirs. Mais également peut-être que ses origines égyptiennes jouèrent un peu, l’Aigle occupant une place importante dans la culture égyptienne comme sa présence sur le drapeau national. Mehmet Galin fut surnommé « Karakartal Mehmet » par son entourage jusqu’à son décès.

#21 – Slavia Prague : Sešívaní

Sešívaní signifie les maillots cousus. Le surnom peut paraître étrange mais lorsqu’on regarde le maillot du club, composé d’une large pièce rouge et d’une autre blanche, la raison commence à apparaître. Sešívaní fait effectivement allusion au maillot cousu de plusieurs pièces en blanc et rouge. Ce maillot remonte aux origines du club en 1895-1896. A des fins d’économie, pour le premier match, le maillot fut réalisé par la sœur d’un joueur du club. Cette dernière n’avait pas assez de tissu pour réaliser une tunique unie et dut coudre deux pièces de tissus de couleurs différentes (une rouge et une blanche).

Toutefois, il se pourrait que ce soit une légende car les couleurs comme le maillot (ainsi que le nom du club) revêtent une symbolique forte, notamment lié à la culture tchèque et sa volonté d’émancipation de l’époque. Les deux moitiés cousues sont censés montrées qu’aucun homme, aucune chose, n’a qu’un seul côté, et qu’il faut trouver une harmonie entre la volonté et le sentiment, entre la force et la subtilité technique, entre l’enthousiasme et la déception, entre le soleil et l’ombre. Et, au final, l’harmonie qui ressort du maillot témoignerait du fait que le sport doit être pratiqué avec une joie sincère et qu’il doit apporter joie et satisfaction à tous, joueurs comme supporteurs. Du côté des couleurs, le rouge et le blanc ne résultent pas du hasard puisqu’elles font référence à celles du Royaume de Bohême. Ce dernier constituait depuis 1085 le territoire principale des Tchèques. Le rouge et le blanc dérivaient des armes initiales du Roi de Bohême, Vladislav II, qui représentaient un aigle argenté (blanc) sur un champ de gueule (rouge). Il était le deuxième souverain à obtenir le titre de Roi de Bohême en 1158. Outre ce symbolisme nationaliste, la direction donna un sens à chaque couleur. Ainsi, la couleur blanche symbolise la pureté des pensées et l’intention de gagner dans un combat loyal, où l’adversaire n’est pas un ennemi, mais un adversaire reconnu. La couleur rouge est un symbole du cœur que les joueurs mettaient à l’ouvrage à chaque match. Toute une histoire …

#20 – Valur Reykjavik : Valsarar

Valsarar signifie les hommes-faucons. Le Valur Reykjavik demeure l’un des principaux clubs de football islandais. Le 11 mai 1911, une réunion de 6 garçons se tint dans la salle de lecture de l’association chrétienne de la jeunesse (KFUM) où se décida la création d’une section football. La même année, l’histoire raconte que ces garçons jouaient sur leur terrain d’entrainement, des vautours tournèrent au-dessus de leur tête. Ils décidèrent alors d’appeler le club Valur (faucon gerfaut en islandais). Naturellement, le surnom du club fit les hommes-faucons.

Le faucon islandais (falco rusticolus islandicus) est un oiseau endémique de l’île, où la population serait de 300 à 400 couples. De plumage blanc et gris, il est le plus grand et le plus lourd représentant de la famille des faucons avec une envergure de 1,35 mètres pour un poids maximum de 1,6 kg. Il impressionna donc certainement les jeunes membres quand il survola le terrain de football. Il est même estimé qu’un quart de la population européenne de faucons viendrait se reproduire en Islande, où il est un oiseau protégé. L’oiseau est même devenu un symbole de l’île, un ordre honorifique instauré en 1921 se nomme l’ordre du Faucon (Hin íslenska fálkaorða).

L’autre nom du faucon islandais est donc valur. Ce nom dériverait du vieux norrois valr, qui désigne une mort prématurée survenu le plus souvent au combat. Ceci ferait référence à la chasse menée par les faucons qui tuent de gros gibiers qui gisent ensuite dans son nid. Le terme appartient aussi à la mythologie nordique. Il était souvent un suffixe à divers noms liés au culte d’Ódin. En outre, Freyja, une déesse importante de la mythologie, possédait un valshamr, un manteau en plumes de faucon qui permettait de se transformer en faucon et de traverser ainsi les neuf mondes.

#19 – Deportivo La Corogne : Herculinos

Les herculéens car le symbole de la ville de La Corogne est la Tour d’Hercule, un phare romain situé à l’entrée de la ria qui donne sur le port de La Corogne. D’une hauteur totale de 55 mètres et fonctionnant depuis le Ier siècle de notre ère, il s’agit du seul phare romain et le plus ancien en activité au monde. C’est aussi le troisième plus haut phare d’ Espagne. Bien que construite par les Romains sous le nom de Farum Brigantium, son origine est encore assez inconnu mais plusieurs légendes existent. La plus connue, inspirée de la mythologie méditerranéenne et notamment retranscrite dans l’ouvrage Estoria de España de Alphonse X de Castille, raconte qu’un géant nommé Géryon, roi de Brigantium, maltraitait ses sujets. Il les obligeait à lui donner la moitié de leurs biens, y compris leurs enfants. Un jour, ses sujets demandèrent de l’aide à Hercule. Ce dernier poursuivit, depuis Cadix, Géryon. A l’approche de La Corogne, Hercule et Géryon se battirent. Hercule aurait gagné la bataille et décapita le roi troyen. Il enfouit alors la tête et éleva un tumulus au sommet duquel il planta une grande torche, avec un miroir pour guider les marins. Près de ce tumulus, il fonda une ville qui était La Corogne. La fameuse tour figure sur le blason de La Corogne depuis 1521.

#18 – Motherwell FC : Steelmen

Les hommes d’acier, beau surnom qui pourrait comparer les joueurs de Motherwell à Superman. En réalité, Motherwell était connue pour être la capitale sidérurgique de l’Écosse et était parfois dénommé Steelopolis. L’écusson du club représente d’ailleurs des usines avec de longues cheminées fumées.

Avant le XIXème siècle, Motherwell était un groupe de petits hameaux dédiés à la fabrication artisanale de textile. Toutefois, ses riches ressources naturelles en charbon et en minerai de fer et l’arrivée du chemin de fer dans les années 1830 contribuèrent à l’installation de l’industrie sidérurgique dans l’élan de la révolution industrielle. La première usine sidérurgique de Motherwell se situait à Milton, au Nord. En 1872, la société Dalzell Steel and Iron Works de David Colville débuta sa production d’acier, bientôt suivie par les usines de la Lanarkshire Steel Company à Flemington, à proximité. Au tournant du XXème siècle, plus de 62 % de la main-d’œuvre de Motherwell était employée dans l’industrie sidérurgique (fer et acier) et ses cousines (services ferroviaires et industrie du charbon) et la Dalzell Steel and Iron Works était de loin le premier employeur de la ville. Au cours de la Première Guerre mondiale, la Dalzell Steel and Iron Works était devenue la plus grande aciérie d’Écosse, fournissant des tôles à l’industrie florissante de la construction navale sur la rivière Clyde. Le paysage de la ville était particulièrement marqué par le château d’eau et les trois tours de refroidissement de l’aciérie Ravenscraig. L’usine de Ravenscraig fut construite en 1954 et exploitée par Colvilles, puis à partir de 1967 par la British Steel Corporation. Elle possédait l’une des plus longues installations de production de coulée continue, de laminage à chaud et d’acier au monde. Elle était devenu la plus grande productrice de coil d’Europe occidentale. En 1992, l’usine ferma et marqua ainsi la fin de la production d’acier à grande échelle en Écosse. En 2015, l’usine Dalzell Steel and Iron Works, qui n’employait plus que 225 personnes et était détenu par le conglomérat indien Tata, arrêta également sa production.

#17 – Dinamo Bucarest : Câinii roșii

Les chiens rouges, tel est le surnom du club de la capitale roumaine. D’ailleurs, le blason affiche deux chiens rouges enragés. Le club souhaitait par cette référence mettre à l’honneur deux frères et joueurs historiques du club : Radu et Ion Nunweiller. Les deux frères étaient surnommés «les chiens rouges», notamment car ils étaient roux. Coéquipiers au sein du club dans les années 60 et 70 (de 1963 à 1968 puis de 1970 à 1972), ils marquèrent l’histoire du club avec plus de 500 matchs disputés et 7 championnats remportés à eux deux. Mais, la famille Nunweiller ne se reposait pas uniquement sur ces deux frères. En fait, outre Radu et Ion, 5 autres frères furent aussi footballeurs : Costică, Dumitru, Lică, Victor, et Eduard. Lică évolua également au Dinamo Bucarest avec ses deux autres frères mais il n’eut pas l’honneur d’être sur le blason.