#120 – Villarreal CF : Submarino amarillo

Le sous-marin jaune. En valencien, le terme est submarí groguet. De sa création en 1923 jusqu’en 1946, Villarreal jouait en maillot blanc et short noir. Puis, en 1946, le club opta pour le jaune. Ce changement de couleur ne résultait pas d’un choix symbolique, comme de reprendre l’une des couleurs des armoiries de la ville (constituées des fameuses pals d’Aragon, 4 rayures verticales rouges sur fond jaune) mais d’une pure coïncidence. Manuel Vilanova, directeur au sein du club de Villarreal, étudiait pour devenir entraîneur à Valence. Le club le chargea lors d’un de ses séjours à Valence d’acheter des maillots pour l’équipe. Mais, juste après la guerre, il y avait quelques pénuries et en l’occurence, il ne trouva pas de maillot blanc dans la boutique habituelle. Le magasin lui proposa alors des maillots de couleur jaune, qui présentaient l’avantage d’être disponibles et moins onéreux. Ce jeu de maillots avec le changement fut acceptés par la direction du club.

Cette uniforme intégralement jaune engendra aussi la naissance de ce surnom lors de la saison 1967-1968. À cette époque, le club de Castellón n’était qu’une humble et simple équipe de football de village, luttant dans les divisions régionales et cherchait à remonter en troisième division. Egalement, l’année 1966 fut marquée par la chanson des Beatles « Yellow Submarine » qui eut une grande popularité en très peu de temps, restant pendant des mois au n°1 des principaux charts mondiaux. Le thème de la chanson atteignit son apogée deux ans plus tard, en 1968, avec la production d’un film d’animation (réalisé par George Dunning), du même nom, présentant un fond psychédélique avant-gardiste, et mettant en vedette les quatre garçons de Liverpool. Bien que l’Espagne à cette période connaissait la dictature de Franco et subissait une censure forte, la chanson fit également son chemin parmi les jeunes Espagnols de l’époque. Notamment grace au groupe espagnol Los Mustang qui enregistra la même année 1968 une version en espagnol qui popularisa la chanson des Beatles (130 000 copies vendus, le double de la chanson originale), et en particulier le refrain.

Donc, lors de cette année 1967, les joueurs comme les supporteurs se retrouvaient régulièrement au bar La Granja et mettaient le juke-box pour animer les soirées. Et naturellement, le titre des Beatles faisaient fureurs. Résultat, après la promotion acquise, les supporteurs de Villareal se retrouvèrent au bar et se mirent à crier le refrain en espagnol « Amarillo el Submarino es, amarillo es, amarillo es » (Jaune le sous marin est, jaune est, jaune est). La chanson fut reprise dans le stade de Villareal et une Peña (la peña hispania) fit également voler des ballons, au dessus du stade, auxquels étaient accrochés une bannière. Celle-ci affichait un sous-marin jaune accompagné d’un message : « El Submarino Amarillo avanza a toda presión y ha conseguido el ascenso a tercera división. 1º Campeón » (Le sous-marin jaune avance sous la pression et accède à la 3ème division, Champion). Ainsi, cette référence musicale faisait non seulement le lien avec la couleur de l’équipe, mais aussi à sa capacité à émerger à la fin de chaque saison. Dès 1970, la presse reprenait ce surnom. En 2001, la mascotte du club prit la forme d’un sous-marin à l’expression humaine. Et aujourd’hui, lorsque les joueurs de Villarreal entrent sur le terrain, la chanson résonne dans le stade de la Ceremica.

#119 – KR Reykjavik : Stórveldið

Les superpuissants. Le KR est à la fois le doyen des clubs islandais (sa création remonte au 16 février 1899) et surtout le plus titré du pays. Le club a été sacré 27 fois champion d’Islande (et 27 fois vice-champion), remporté 14 coupes d’Islande (dont 5 d’affilée entre 1960 et 1964), 5 coupes de la ligue et 5 super coupes d’Islande. 3 fois, l’équipe fit le doublé Championnat-Coupe. Dans tous ces tournois, il détient le record de nombre de titres. Par ailleurs, le club compte le plus grand nombre de supporteurs du pays. En moyenne, entre 1991 et 2011, 2 000 spectateurs fréquentaient les travées de l’enceinte du club, contre 1 000 pour le championnat. Et les stades des équipes adverses atteignent leurs pics de spectateurs lorsque ils reçoivent le KR Reykjavik. La section féminine n’est pas en reste puisqu’elle a remporté 6 titres de championne et 4 coupes d’Islande.

Fondé initialement comme un club de football, il est devenu au fil du temps une association omnisport, comptant aujourd’hui 10 sections (football, basket-ball, handball, tennis de table, badminton, lutte, bowling, ski, échecs et natation). Mais, d’autres existèrent comme l’athlétisme. Et dans de nombreux sports, le club se distingua, en particulier dans les sports collectifs comme le basket-ball et le handball. La section basket masculine a remporté 18 championnats d’Islande et 14 coupes. La section féminine a quant elle gagné 14 titres de championne et 10 coupes du pays. Au Handball, les hommes ont gagné 1 championnat et 2 pour les femmes.

Sans aucun doute, le KR est le plus puissant club de l’île.

#118 – PAOK Salonique : Δικέφαλος Αετός του Βορρά

L’aigle à double tête. Il s’affiche sur le blason du club et est un de ses symboles forts. En effet, le club fut fondé en 1926 mais il se considère reprendre le flambeau du club sportif et culturel Hermès Sport Club (le K signifie Konstantinoupolitón, Costantinople). Créé en 1877, cette association fut la première existant à Constantinople et devint le principal club sportif de la communauté grecque au sein de l’Empire ottoman. Mais, en 1919, portée par son nationalisme, la Grèce lança une expédition militaire pour occuper les régions d’Asie Mineure où habitèrent des populations orthodoxes de langue grecque, héritières de l’époque hellénistique, qui étaient persécutaient par l’Empire Ottoman. Soutenu par les britanniques et les français ainsi que leurs victoires, la Grèce obtint des possessions en Anatolie suite au Traité de Sèvres (1920). Mais, ce traité ne fut pas ratifié par les deux parties, qui demeuraient insatisfaites, et la guerre reprit. Au final, les troupes de la jeune Turquie renversèrent le jeu des alliances et gagna des batailles qui conduisit pour les grecs à la Megalê katastrophê (la Grande Catastrophe) en 1922. La Grèce perdit tous les territoires conquis et surtout un grand échange de population eut lieu. 1 300 000 Grecs de Turquie émigrèrent vers la Grèce tandis que 385 000 Turcs quittèrent la Grèce pour la Turquie.

Certains de ces grecques atterrirent à Salonique et se réunirent au sein d’association sportive et culturel. A l’instar de l’AEK Athènes (#74), le PAOK Salonique reprit des symboles forts de la communauté grecque de Constantinople, l’aigle à deux tête. Ce dernier est à la fois le symbole de l’Empire Byzantin (l’âge d’or de Constantinople et de la religion Orthodoxe) et celui du Patriarcat œcuménique de Constantinople. Contrairement à celui de l’AEK Athènes, l’aigle du PAOK a les ailes repliés afin de signifier le deuil de l’expulsion de la patrie.

Cet aigle bicéphale s’imposa dans l’héraldisme byzantin avec la dynastie macédonienne des Paléologue. Le motif se trouvait déjà dans l’art à l’âge du bronze, mais également en Grèce mycénienne et dans le Proche-Orient ancien, en particulier dans l’iconographie mésopotamienne et hittite. L’aigle à deux têtes apparaît vers le Xème siècle dans l’art byzantin mais bien plus tard comme emblème impérial au cours du dernier siècle de la dynastie des Paléologues (XIIIème-XVème siècle). Cette famille utilisait un aigle à deux têtes de couleur or sur fond rouge (couleur de l’Empire romain) sur lequel, au niveau de la poitrine, se trouvait le sympilima, monogramme de la famille. Toutefois, une autre famille dynastique utilisait également l’aigle à deux têtes. Il s’agissait des Comnènes qui régnèrent de 1057 à 1185 sur l’Empire Byzantin. Originaire de la région de Paphlagonie, au Nord de la Turquie, cette famille s’inspira certainement de l’aigle à deux têtes des Hittites, qui était associé à la ville paphlagonienne de Gangra. En tout cas, cet aigle à deux têtes qui ne se regardent pas pouvait être interprété par la suite comme l’Empire Romain dans ses composantes occidentale et orientale.

#117 – Dynamo Moscou : бело-голубые

Les bleus et blancs, les couleurs du club moscovite. Si le club fut fondé en 1923 par la police politique soviétique, la GPU, il puiserait ses origines dans le club Orekhovo Sports Club. Au XIXème siècle, comme dans la plupart des pays, le football en Russie se développa sous l’impulsion des immigrés anglais. Les frères, Clement et Harry Charnock, originaire du Lancaster, émigrèrent en Russie pour travailler dans l’industrie du coton, suivant les traces de leur père, qui avait déjà déménagé en Russie pour travailler comme directeur d’usine. En 1887, ils étaient employés dans une usine textile à Orekhovo-Zuevo, près de Moscou et, fervents fans de Blackburn Rovers, décidèrent d’initier les travailleurs de l’usine au football, en partie à cause de leur amour du sport, mais aussi pour tenter de persuader les travailleurs d’utiliser leurs jours de congé pour quelque chose de plus productif que de boire de la vodka. Clément amena un ballon de football d’Angleterre et également des chemises, des shorts et des chaussettes des Blackburn Rovers (bleus et blancs). Cette première tentative fut un échec mais elle fut la première pierre pour lancer la pratique du football.

En 1893, l’équipe fut relancée, sous l’impulsion de son frère Harry et avec le soutien d’employés britanniques. Le Orekhovo Sports Club était né et domina le jeune football moscovite. Après la révolution russe de 1917, les usines de coton furent nationalisées et les travailleurs étrangers n’étaient plus les bienvenus dans le pays. Les deux frères retournèrent en Angleterre et leur club fut dissout.

Mais les structures du club ainsi que ses couleurs furent repris par le Dynamo Moscou. Ce nouveau club était né dans la mouvance de la création du Dynamo, organisation publique de culture physique et sportive dédié aux forces de l’ordre et regroupant des clubs dans tout le pays. Cette association fut fondée sous l’égide de la GPU (police politique, ancêtre du KGB) et de son président Félix Edmundovich Dzerzhinsky, qui voulait développer la culture physique et le sport parmi les forces de l’ordre. Mais, il n’était pas question pour les autorités que les symboles (comme la couleur) puissent provenir du monde d’avant (et encore moins de britanniques, chantres du capitalisme) et les couleurs furent justifiées par les dirigeants du Dynamo en indiquant que le bleu symbolisait l’électricité (que crée une dynamo) et le blanc, les pensées brillantes et pures des policiers (ni plus ni moins).

#116 – Sporting Cristal : los Cerveceros

Les brasseurs. Les joueurs et supporteurs du club ne sont pas des ivrognes, mais comme d’autres clubs à travers la planète, la fondation du club est très liée à une brasserie. A Lima, la manufacture de tabac « Estanco de Tabaco del Perú » était une institution publique importante du quartier de Rimac et qui monopolisait la chaîne industrielle de cigarettes au Pérou. En 1926, l’entreprise fonda le club du Sporting Tabaco qui était composé de ses employés. A peine deux ans après sa création, le Sporting rejoignit la première division péruvienne dont il devint un habitué jusqu’en 1955 (26 saisons de 1929 à 1934 puis de 1936 à 1955). Ses meilleures performances furent 2 titres de vice-champion en 1931 et 1954. Toutefois, le passage au statut professionnel de l’élite en 1951 fragilisa le club qui connut une profonde crise économique menant quasiment à sa disparition en 1955.

Un autre acteur économique comptait dans le quartier de Rimac, la brasserie « Backus & Johnston Brewery », fondée en 1876 par des américains. En 1954, un groupe d’hommes d’affaires péruviens, emmené par Ricardo Bentín Mujica, acquirent aux actionnaires anglais cette usine péruvienne et la renommèrent Cervecería Backus y Johnston SA. Passionné de sport et de football en particulier, le nouveau président, Ricardo Bentín Mujica, chercha à promouvoir une pratique sportive au sein de ses ouvriers et également un outil marketing pour développer la marque de bière (Red Bull n’a rien inventé). Le 13 décembre 1955, Ricardo Bentín Mujica fit racheté le club du Sporting Tabaco, trouva un terrain dans le quartier (à La Florida) et fonda le nouveau club du Sporting Cristal Backus. Le nom de Cristal provenait de la marque de bière vedette de Backus & Johnston, la Cristal (qui fut créée en 1922 et existe encore de nos jours).

Appartenant à une entreprise et portant le nom d’une marque, cette association trop commerciale (et le soutien financier important reçu qui permit des recrutements remarquables) ne plut pas beaucoup à la fédération, aux adversaires comme à la presse qui craignait une commercialisation effrénée n’atteignît le football. En Octobre 1955, le journaliste Alfonso Rospigliosi écrivit dans le quotidien « La Crónica » à propos de la direction du Sporting Tabaco qui venait de sauver le club en le vendant aux brasseurs : « Parece que han sentado un mal precedente en esto, porque a lo mejor dentro de un año, ya no veremos el partido Tabaco-Boys, sino el match Cristal-Pilsen y ya no espectaremos (sic) el encuentro Iqueño-Chalaco, sino el match Coca Cola-Crush » (Il semble qu’ils aient créé un mauvais précédent, car peut-être que dans un an, nous ne verrons plus le match Tabaco-Boys, mais le match Cristal-Pilsen [une autre marque de bière], et nous ne verrons plus (sic) le match Iqueño-Chalaco, mais le match Coca Cola-Crush [un soda détenu par Pepsico]). Jusqu’à la fin mars 1956, la fédération interdit donc au club de participer au championnat. Puis, elle prit des mesures pour faire bannir le nom de l’entreprise du nom du club. Le terme Backus fut finalement abandonné dans le nom du club dans les années 1960.

#115 – Raja CA Casablanca : l’Aigle Vert

Ces deux éléments, l’animal et la couleur, sont des symboles forts du club, qui l’accompagne depuis la création en 1949. Le club se forgea sous le protectorat français et pour ses fondateurs, dont le Père Jégo (un des promoteurs du football au Maroc), les clubs se devaient d’être des associations nationalistes. L’aigle symbolisait alors la force, le prestige ainsi le combat, la résistance. Au fil des années, et de la domination du Raja sur le football marocain, le club, comme l’aigle, survolait ses adversaires, le championnat. Le vert est également la couleur du club (avec le blanc) depuis sa fondation. Le vert est une des composantes du drapeau marocain. Ce dernier intègre une étoile verte à cinq branches sur un fond rouge. Le rouge est la couleur des Alaouites, la dynastie régnante au Maroc. L’étoile à cinq branches représente le « sceau de Salomon » et le vert symbolise l’espoir et le courage. Les cinq branches représentent aussi les cinq piliers de l’Islam et le vert est la couleur de l’Islam (car elle est censée être la couleur préférée de Mahomet). Quant au blanc, il est associé à la ville de Casablanca que le club représente au Maroc (avec son rival, le Wydad).

#114 – Crystal Palace FC : Glazier

Les vitriers. En 1851, Londres organisa une grande exposition universelle, dénommée Great Exhibition of the Works of Industry of All Nations, mettant en avant les avancées technologiques de l’époque ainsi que la culture. Pour accueillir les exposants, une nouvelle structure fut conçu par Joseph Paxton à Hyde Park. Elle était composé d’un squelette en acier et d’éléments en verre plat, qui lui donna logiquement le nom de Crystal Palace (Palais de Cristal). L’exposition se déroula du 1er mai au 15 octobre 1851, et plus de 14 000 exposants du monde entier se réunirent dans cette espace d’exposition de 92 000 m2.

A l’issue de l’exposition, le bâtiment fut déplacé dans un quartier du sud de Londres connu sous le nom de Penge Common (exactement au sommet de Penge Peak, à côté de Sydenham Hill, une banlieue aisée). Autour de cette structure, tout un quartier fut remodelé pour créer quasiment un parc d’attraction. Le quartier résidentiel voisin fut rebaptisé Crystal Palace. Un parc, Crystal Palace Park, fut aménagé, comprenant notamment un espace dédié à des statuts de dinosaures, Crystal Palace Dinosaurs. Des terrains de sports, principalement de cricket, furent également érigés. Mais surtout, le stade de football, Crystal Palace National Sports Center, fut construit et accueillit la finale de la toute jeune FA Cup entre 1895 et 1914.

Ce complexe était exploité par la Crystal Palace Company. Pour occuper ses employés qui jouaient au cricket l’été, la compagnie créa un club de cricket, forcément dénommé Crystal Palace, qui développa par la suite une section football pour proposer une activité l’hiver. Ce club fut un des membres fondateurs de la Football Association, la fédération anglaise, en 1863. Mais, le club disparut en 1875, pendant une vingtaine d’année. La raison de la disparition est inconnue mais il est possible que la pratique du football l’hiver endommageait le terrain de cricket. Finalement, en 1905, porté par la construction du Crystal Palace National Sports Center, un nouveau club de football (le Crystal Palace que nous connaissons) prit la suite, avec comme actionnaire majoritaire, la Crystal Palace Company. Si le bâtiment de fonte et de verre fut détruit dans un incendie en novembre 1936, le club hérita du surnom des vitriers.

#113 – FC Bayern Munich : die Roten

Les rouges. Le club bavarois est connu notamment pour ses tuniques rouges, ce qui a conduit à ce surnom. Lors des premières années d’existence, les dirigeants choisirent le bleu et le blanc, les couleurs de la Bavière (toutefois, selon certaines sources, les joueurs portaient un maillot blanc avec un short noir). Les armoiries de l’Etat du Sud-Est de l’Allemagne sont reconnaissables par ces diamants obliques bleu et blanc (que l’on peut retrouver sur le blason du club comme sur le logo du constructeur automobile BMW). Ce maillage diagonale blanc et bleu, également appelés Wecken en héraldique allemand, provient à l’origine des armoiries des comtes de Bogen, une des plus puissantes familles nobles de Bavière au XIIème et milieu du XIIIème siècle. En 1242, les Bogen s’éteignirent et leurs possessions revinrent aux ducs de Bavière, dont la famille régnante était les Wittelsbacher. À partir de 1337, la famille Wittelsbach reprit à son compte les armoiries des Bogen qui les légua par la suite à la Bavière.

Mais revenons au Bayern qui n’affichait donc pas du rouge au début de son existence. En 1905, le club recherchait un partenariat pour recevoir un soutien financier et bénéficier d’infrastructures stables. Donc le 1er janvier 1906, il rejoignit une structure plus solide et organisée, le Münchner SC, un club omnisports (principalement connu pour le Hockey sur Glace). Toutefois, le Bayern conserva une relative autonomie avec cet associé. En échange, le Münchner SC exigea que le Bayern troqua ses shorts noirs pour des shorts rouge vin, la couleur du Münchner SC. Dans un premier temps, les adversaires les affublèrent du surnom rothosen (short rouge), qui n’était pas flatteur. Mais, depuis ce jour, le rouge est devenu la couleur du Bayern, qui le porte avec fierté.

A partir des années 1990, le bleu refait surface sur les maillots du Bayern de manière plus ou moins prononcé. Toutefois, ce mariage du bleu avec le rouge irrita les supporteurs du club car le bleu rappelait la couleur du rival honni, TSV 1860 München. En 2018, la direction du club accepta que la tenue domicile du club soit désormais uniquement en rouge et blanc.

#112 – Sheffield FC : the Club

Le club. Contrairement au HJK Helsinski (cf article #107), ce surnom ne provient pas de l’incroyable palmarès du club. En effet, ce dernier n’a remporté principalement que des titres régionaux (une FA Amateur Cup est le seul titre majeur du club). Il n’est même jamais parvenu à se hisser au delà des ligues régionales. Même localement, le club ne fit jamais le poids face à ses deux rivaux, Sheffield United et Sheffield Wednesday, qui eux connurent la Premier League et remportèrent des titres nationaux.

Etrange donc d’être surnommé LE club. Cette reconnaissance est liée à l’ancienneté du club car ce dernier a été fondé le 24 octobre 1857. La pratique du football débuta en 1855 au sein d’un club de cricket de Sheffield. Comme pour de nombreux clubs de cricket, avec la fin de l’Eté, la saison cessait car les conditions n’étaient plus réunies en Automne et en Hiver pour avoir un terrain praticable. Les membres des clubs recherchaient donc un divertissement pour rester en forme et garder la cohésion de l’équipe. Le football semblait être une excellente activité pour cela. Seulement au milieu du XIXème siècle, les règles du football n’étaient pas encore unifiées (il existait le code de Cambridge mais Sheffield jouait différemment) et la pratique sportive des membres de Sheffield était éloigné du sport que nous connaissons aujourd’hui. Il n’empêche que cette activité footballistique plaisait et se développa au sein du club de Sheffield et deux joueurs, Nathaniel Creswick et William Prest, créèrent donc une nouvelle association spécifique le 24 octobre 1857 à Parkfield House dans le quartier d’Highfield à Sheffield. Jusqu’en 1878, le club pratiqua le football selon les Sheffield Rules puis il se rangea aux règles générales édictées et promues par la fédération.

Aujourd’hui, avec plus de 160 années d’existence, il apparaît comme le plus ancien club existant de football au Monde. En 2004, cette ancienneté lui a valu d’être distingué par la FIFA avec la FIFA Order of Merit. Il est le seul club avec le Real Madrid à avoir cette honneur. En 2007, lors des célébrations de ses 150 ans, le Sheffield FC accueillit l’Inter Milan lors d’un match auquel Pelé assista. Alors, même si la réputation du club ne dépasse pas Coach and Horses Ground, son stade, longue vie à LE CLUB.

#111 – SBV Vitesse Arnhem : Vites

Vites est un diminutif du nom du club Vitesse Arnhem. Si ce mot « Vitesse » ressemble tant au mot français, c’est qu’il s’agit du mot français. En néerlandais, la traduction est snelheid. Pourquoi un club néerlandais affiche un nom français ? Le club est fondé en 1892, ce qui est en fait un des plus vieux clubs des Pays-Bas (certaines pistes indiquent qu’un premier Vitesse fut fondé en 1887). A cette époque, le football était profondément influencé par sa patrie d’origine. Les associations sportives étaient souvent fondées par des expatriés anglais qui donnaient des noms anglais à leurs clubs (Athletic Bilbao, Le Havre AC, Genoa FC …).

En outre, le football s’exporta aussi au travers des écoles anglaises installés sur le continent. Pour ces institutions, le développement culturel des esprits s’alliait à l’entretien physique. Ainsi, les nouveaux sports venant d’Angleterre (le cricket, le rugby et le football) étaient appris aux étudiants, qui provenaient des classes aisées (seules à même à supporter les frais de scolarité). Les ouvriers eux n’avaient pas le temps pour se divertir. Influencé par leurs études et également car cela faisait plus chic, ces étudiants-joueurs optèrent pour le latin pour nommer leur club (Juventus, Atalanta Bergame) ou se référer aussi au monde antique grec (Ajax Amsterdam, Heracles Alamo). Les fondateurs du Vitesse étaient des étudiants et souhaitaient garder cette touche « élitiste » que procurait l’anglais ou le latin au nom d’un club. En même temps, ils voulaient s’en détachaient et se distinguaient (ou alors une autre version avance que le latin ou l’anglais leur paraissaient trop élitiste). Le français fut alors choisi avec le terme « Vitesse ».