#201 – Argentinos Junior : el Bicho, los Bichos Colorados

La punaise, les punaises rouges. Ce surnom fut attribué par un journaliste au club dans les années 50. Club amateur reconnu et triomphant, Argentinos Junior négocia mal le virage du professionnalisme dans les années 30. Participant à la création du championnat professionnel, les charges salariales des joueurs plongèrent le club dans les difficultés économiques et connut le déclin sportif en sombrant en seconde division argentine. De 1937 à 1955, le club se débâtât dans les divisions inférieures. En 1956, Argentinos Junior remonta enfin en première division et commença à titiller les 5 grands argentins (Boca, River, Racing, Independiente ou San Lorenzo) qui trustaient tous les titres. L’apothéose demeura la saison 1960 où le club atteignit la finale face à River Plate. Cette renaissance se fit grâce à une génération de jeunes joueurs tels que Pederzoli, Pando, Oscar Distéfano, Sciarra, Ditro, Sainz, Moreno et Nappe et un style de jeu offensif et flamboyant. Au lendemain d’une victoire face à Boca Juniors (1-0 le dimanche 4 août 1957, but de Héctor Tedeschi), le journaliste Diego Lucero publia une tribune dans le quotidien Clarín où il utilisa pour le première fois le terme de « bichitos colorados » pour désigner le club. En fait, son style de jeu fit penser à des insectes qui piquaient son adversaire à chaque attaque.

Le rouge faisait évidemment référence à la couleur des maillots. Le club fut fondé en 1904 par l’union de deux associations sportives dont les membres étaient anarchistes ou socialistes. Pour honorer l’élection d’Alfredo Palacios à la députation (le premier député socialiste élu en Argentine), les membres décidèrent d’opter pour la couleur rouge du Parti Socialiste, en remplacement du vert et du blanc.

Parfois, le surnom est complété par « La Paternal » , référence au quartier dont est originaire le club.

#200 – FC Barcelone : Blaugrana

Les bleus et grenats. Les couleurs du FC Barcelone font partie des symboles majeurs du club et remontent à la création du club, même si les raisons de ce choix ne sont pas connues avec certitude. Le club défend la version suivante : Le 13 décembre 1899, lors de la deuxième réunion du comité de direction, le directeur et joueur Arthur Witty proposa ces couleurs. Witty souhaitait reprendre les couleurs de l’école de rugby du collège anglais Merchant Taylors de Liverpool, où il avait évolué entre 1893 et 1894. Cette version serait corroborée par l’histoire d’un autre club de sport barcelonais. En avril 1899, le club de tennis, dénommé Barcelona Lawn Tennis Club, fut fondé avec comme premier président le consul de la Grande-Bretagne à Barcelone, Ernest F.C. Witty, le père d’Arthur. Or, l’écusson du club de tennis portait lui aussi les couleurs bleu et grenat, ce qui démontrerait que la famille Witty soit à l’origine de ces couleurs.

Or, le club de tennis de Barcelone compte également un autre fondateur, Hans-Max Gamper, qui est à l’origine de l’autre version, bien ancrée dans la mémoire collective. Suisse exilé à Barcelone, Hans-Max Gamper était un sportif émérite et un passionné de football. Il fut capitaine du FC Bâle en 1896 et, suite à des divergences avec le club, fonda en 1897 le FC Zurich. Son employeur l’envoya à Lyon où il évolua avec le FC Lyon. Mais, son passage fut bref et émigra alors à Barcelone. Comme à son habitude, il s’investit dans le sport et, avec 11 amis, créa le FC Barcelone. Toujours fan du FC Bâle, Hans-Max devenu Joan Gamper en Catalogne donna les couleurs du club suisse (rot-blau) à son nouveau club catalan.

#199 – Sheffield Wednesday : the Owls

Les hiboux. Fondé en 1867, le club connut plusieurs surnoms avant de connaître celui-ci : Groveites (car le club jouait sur un terrain dénommé Olive Grove), Blades (les lames, surnom donné à toutes les équipes de Sheffield en l’honneur de l’industrie de la coutellerie. Aujourd’hui surnom de Sheffield United). Finalement, le surnom de Owls apparut avec le déménagement du club, en 1899, de son stade d’Olive Grove vers la banlieue nord de Sheffield, dénommé Owlerton. Si la toponymie de Owlerton aboutit à Owl, les supporters prirent la traduction anglaise (les hiboux). Alors qu’en réalité l’origine est différente puisque Owls ou Owler est un ancien mot du dialecte du Yorkshire pour désigner un aulne. L’aulne se trouve dans de nombreux noms de lieux de Sheffield, ce qui témoigne du fait que la ville était bien boisée au début de son histoire et que l’aulne formait une espèce d’arbre clé de la région. Ignorant la véritable signification du nom Owler, le club inscrit le hibou sur son écusson et le joueur écossais du club, George Robertson, présenta en 1912 une mascotte de hibou, qui ancra définitivement le surnom. Certains avancent qu’en 1907, un dessinateur fit publié dans une gazette locale une caricature de l’équipe sous la forme d’un hiboux. En effet, ce dernier ne maitrisait pas l’accent local et quand il entendit que Wednesday jouait à Owlerton (prononcé ole-ler-tun par les habitants de Sheffield), il fit l’analogie avec le Owl.

#198 – SV Werder Brême : die Werderaner

Le surnom est dérivé du nom du club, Werder, qui est un mot spécifique au région du Nord-Est de l’Allemagne pour désigner les îles fluviales (ou d’un lac). Le 4 février 1899, des écoliers de 16 ans issus de la classe moyenne fondèrent le club. Ils avaient remporté quelque temps avant un ballon de football dans une compétition de tir à la corde. Le club va évoluer dans les quartiers du sud de la ville (Huckelriede puis Peterswerder) qui se situent au bord de la Weser (la Visurge en français). Au XIXème siècle, plusieurs îles se situèrent sur la Weser mais après la forte crue de 1881, une nouvelle digue plus solide et plus droite fut construite en amont de la vieille ville de Brême, conduisant à assécher certaines terres qui vont unir les îles fluviales aux terres. Ainsi, le quartier de Peterswerder s’étendit et sur ces nouvelles terres, un complexe sportif fut construit en 1909, dont le terrain du Weserstadion où joue encore le Werder Brême.

#197 – Wydad Athletic Club : وداد الأمة

Le club de la nation. Le 8 mai 1937, le club de Casablanca se créa par opposition au protectorat français. A cette époque, les nombreuses piscines de la ville étaient réservées aux ressortissants français et donc pas autorisés aux indigènes musulmans et juifs. A partir de 1935-1936, un certain nombre de marocains purent adhérer à ces clubs. Mais cette ouverture inquiéta les européens qui finalement renvoyèrent les indigènes des clubs. Cet événement amena l’idée de la création d’un club par des marocains. Il faudra livrer deux ans de bataille pour faire autoriser la création du Wydad. En 1939, la section football fut créée par Lahcen Tounsi, surnommé « Père Jégo ». Cette naissance difficile en opposition aux structures du protectorat fit du Wydad le représentant de la résistance face aux européens. Depuis lors, cette association représente bien plus qu’un club de sport.

#196 – Tigres UANL : los Felinos

Les félins. En s’appelant Tigres, le club ne pouvait avoir un autre surnom que celui-ci. Pourtant, lorsque le prédécesseur du club fut fondé en 1957, son surnom était certes animalier mais portait sur un animal moins impressionnant, le sanglier. Le surnom de félin s’attacha au club lorsque ce dernier fut repris par l’Université de Nuevo Leon (Universidad Autónoma de Nuevo León) suite à des problèmes financiers. Or, l’Université avait déjà comme mascotte le Tigre et ses équipes sportives adoptaient ce nom. En particulier l’équipe de football américain qui est à l’origine de ce surnom. Créé en 1944, le nom d’origine de l’équipe de football américain était osos (les ours) qui devint pendant les 3 premières années d’existence cachorros (les oursons). Le 25 janvier 1947, les oursons rencontrèrent une équipe de Monterrey dénommée Gatos Negros (les chat noirs) qui était invaincu. Les oursons remportèrent le match. Tony Corona, chroniqueur pour le journal El Norte, baptisa l’équipe de l’Université les Tigres du Bengale car « les étudiants universitaires se sont comportés sur le terrain avec beaucoup de courage et de substance, cessant ainsi d’être des oursons pour devenir plutôt des tigres avides de victoire ».

#195 – Legia Varsovie : Legioniści

Les légionnaires. Sous l’ère communiste, les clubs sportifs de l’Est étaient souvent associés, sous le patronage voire des émanations des grands corps de l’administration (Armée, Police …) ou des syndicats d’ouvriers (ferroviaire, mineur …). Ce surnom fait donc référence au fait que le club était associé à l’armée polonaise. Mais surtout, cette association remontait avant la période communiste et puise ses origines dans la Première Guerre mondiale.

Au XIXème siècle et au début du XXème, la Pologne se trouvait diviser entre 3 nations : la Russie, la Prusse (puis Allemagne) et l’Empire Austro-Hongrois. Quand le conflit éclata en 1914, les habitants d’origine polonaises se retrouvèrent dans ces armées qui étaient opposées. D’un côté, l’Allemagne et l’Empire Austro-Hongrois. De l’autre, la triple alliance de la France, l’Angleterre et la Russie. Pour gagner leur indépendance, des polonais se réunirent en unités militaires, dénommés Légion, et se joignirent aux forces Austro-Hongroises contre les Russes. En 1915, pour occuper les hommes au front pendant les périodes de calme, des clubs de football se créèrent au sein des brigades polonaises et s’affrontaient. Le Legia fut l’un d’eux et donc fondé en 1916 au sein de la 3ème brigade des légions qui intégraient un grand nombre d’ancien footballeurs sous le nom de Drużyna Sportowa Legia (l’équipe sportive de la Légion).

Après la guerre, le club fut réanimé par les officiers du Château Royal, avec un statut plus ou moins militaire au fil des années. Le nom Légia (Légion) demeura. Avec l’avènement du communisme après la Seconde Guerre mondiale, le club fut rattaché officiellement à l’Armée Populaire Polonaise jusqu’en dans les années 90, où le club sera racheté par des investisseurs privés.

#194 – Club de Regatas Vasco da Gama : Almirante

L’amiral, à la fois le surnom du club et le nom de sa mascotte. Ce surnom fait évidemment référence au nom du club qui rappelle celui du célèbre navigateur Vasco de Gama. A la fin du XIXème siècle, l’aviron était un sport en vogue au Brésil. Quatre jeunes cariocas (Henrique Ferreira Monteiro, Luis Antonio Rodrigues, José Alexandre d’Avelar Rodrigues et Manuel Teixeira de Souza Júnior) avec 58 autres jeunes hommes issus de la communauté portugaise de Rio de Janeiro créèrent un club d’aviron le 21 août 1898. Cette année-là était célébré le quatre-centenaire de la découverte par Vasco de Gama, le navigateur portugais, de la voie maritime entre l’Europe et l’Inde. Vasco de Gama quitta le Tage le 8 juillet 1497 avec 200 hommes d’équipage à bord de quatre navires, longea toute la côte africaine, passa par le cap de Bonne-Espérance, pour atteindre le 28 mai 1498 les Indes (la cité-État de Calicut). Même si le voyage fut un échec commercial, Vasco de Gama gagna sa légende avec cette expédition et fut nommé Amiral des Indes. Vasco de Gama étant un marin portugais, les fondateurs donnèrent son nom à leur club d’aviron. La section football, quant à elle, naquit le 26 novembre 1915.

#193 – Stade Rennais : les Rouge et Noir

Fondé en 1901 par des étudiants de l’Université de Rennes, le club arborait un maillot rayé bleu ciel et bleu marine, s’inspirant des teintes du Havre AC. En 1902 débuta le championnat régional dont le premier vainqueur fut le FC Rennais. Puis, le Stade Rennais remporta la seconde édition. Mais, un troisième club l’US Servannaise, club malouin principalement composé de joueurs britanniques, s’avérait être de plus en plus un redoutable rival. Afin de concurrencer l’équipe de Saint-Malo, le Stade Rennais et le FC Rennais décidèrent d’unir leurs forces en 1904 pour devenir le Stade Rennais Université Club. Le nouveau club opta pour son maillot pour les rayures du Stade Rennais et les couleurs du FC Rennais, le rouge et le noir.

Selon l’historien du club, Claude Loire, ces deux couleurs représentent d’un côté l’esprit laïque (le rouge de la République française) et de l’autre la religion catholique (le noir rappelle la couleur des soutanes), deux courants à la base de l’identité du FC Rennais, fondé par des étudiants de mouvance anarcho-syndicaliste. Tout ceci, un avant la Loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat. Si les couleurs sont désormais traditionnelles, les rayures disparurent assez vite. D’abord blanc et noir (couleur de la ville de Rennes), le logo du club s’aligna avec les couleurs du maillot rouge à partir des années 1960.

Pour la petite histoire, en 2024, alors que le Stade Rennais s’apprêtait à accueillir l’AC Milan, dans le cadre des barrages de la Ligue Europa, la préfecture décida d’interdir de porter des insignes aux couleurs du club italien … sauf que les couleurs du Milan sont celles de Rennes.

L’union des deux club ne donna pas à court terme les résultats escomptés. Si l’US Servannaise et le Stade Rennais UC se partagèrent les titres régionaux jusqu’en 1914, l’équipe malouine remporta la majorité des titres (8 au total). Parfois de manière assez singulière. Lors de la dernière journée de la saison 1904-1905 les deux clubs étaient à égalité. L’US Servannaise joua son dernier match face au Stade Vannetais qui se termina par un résultat nul. Mais les Vannetais refusèrent de jouer la prolongation (pourtant obligatoire), donnant ainsi sur tapis vert la victoire à l’US Servannaise. Avec ses deux points, le club malouin remporta son premier titre. La saison suivante, l’US Servannaise fut suspendu à un match de la fin et termina dernière du championnat. Le nouveau Stade Rennais fut donné vainqueur. Mais, le 9 avril 1906, l’US Servannaise déposa un appel pour obtenir de rejouer le titre. Devant le refus du Stade Rennais, le titre fut donné à l’US Servannaise. Lors de la saison 1906-1907, l’US Servannaise domina haut la main le championnat au point de se permettre de ne pas jouer la dernière journée contre le Stade Rennais.

#192 – Racing Club : la Academia

L’Académie. Le surnom du club de Avellaneda, dans la banlieue de Buenos Aires, a plus de 100 ans, en remontant à 1915. Si le club semble aujourd’hui en retrait parmi le big five argentin (avec River Plate, Boca Junior, Independiente et San Lorenzo), il demeure l’un des plus anciens de ce club fermé et surtout affiche le plus beau palmarès de l’ère amateur du football argentin. Tout débuta par l’accession en première division en 2010 et, en 1912, par le gain de la Copa de Honor MCBA qui faisait office de coupe d’Argentine. Le 8 décembre 1913, l’équipe remporta la première coupe internationale officielle organisée par la fédération Argentine et celle d’Uruguay, la Copa de Honor Cusenier, après avoir battu le Nacional. Vingt jours plus tard, elle gagna le premier championnat du club. Cette victoire marqua le début d’une ère d’or pour le club. En effet, de 1913 à 1919, le Racing domina la championnat d’Argentine, en remportant 7 titres consécutifs. Sur le plan national, le club devint également le plus grand vainqueur de la Coupe d’Honneur MCBA (1913 , 1915 et 1917 ) et de la Coupe Ibarguren (1913 , 1914, 1916, 1917 et 1918). Au niveau international, il remporta la Coupe Aldao à deux reprises (1917 et 1918).

En 1914, le Racing termina le championnat en étant invaincu et renouvela cet exploit en 1915, avec 22 victoires et 2 nuls. Lors de cette dernière saison, il affligea également une défaite 3-0 à son ennemi de River Plate le 1er août 1915. L’équipe afficha une telle supériorité face à River que près de 10 000 supporters accompagnèrent les athlètes à la sortie du stade, de La Boca à Avellaneda, en scandant : « Academia, Academia, Academia » (Académie, Académie, Académie). Le club effectivement donnait des leçons à ses adversaires. Et cet enseignement se tirait de leur style de jeu. De 1891 à 1912, seuls les clubs créaient par des britanniques avaient remporté le titre de champion d’Argentine. En 1913, le Racing fut le premier club fondé par des argentins à être champion. Il parvint à ce succès en pratiquant un football à l’opposé de ceux des britanniques (jeu de passe au sol plutôt que du kick and rush).

Le 18 avril 2015, en commémoration du 100ème anniversaire de cet victoire sur River, le conseil municipal de Buenos Aires plaça une plaque commémorative à l’intersection de l’avenue Alicia Moreau de Justo et de la rue Rawson Dellepiane, dans le quartier de Puerto Madero.