Les étudiants. Le 3 novembre 1887, deux associations sportives étudiantes, Clube Atlético de Coimbra (fondé en 1861) et Academia Dramática (fondé en 1837), décidèrent d’unir leur force au sein d’un nouveau club omnisports. Ils installèrent leur création au Colégio de São Apóstolo, qui dépendait alors de l’Université de Coimbra, et son premier président était António Luiz Gomes, un étudiant en droit à l’Université qui deviendrait plus tard recteur de cette dernière. La toute première équipe était composé d’étudiants de l’Université venant de tous les horizons : 5 provenant d’étude en Droit, 3 en Médecine, 1 en Mathématique et 1 en étude agricole (1 joueur est inconnu, ne s’étant pas identifié sur la photo de l’époque). Depuis et jusqu’en 1974, les équipes du club furent principalement composés d’étudiants de l’Université de Coimbra, évoluant dans un cadre semi-professionnel. Aujourd’hui, en pratique, le club professionnel de football s’est détaché de l’association sportive étudiante mais le surnom os estudantes est définitivement dans la culture populaire locale.
Jour : 21 mars 2021
#452 – Olympiakos Le Pirée : γαύρος
Les anchois. Autant le dire tout de suite, ce surnom, attribué aux supporteurs de l’Olympiakos par ceux du Panathinaïkos, n’est pas flatteur. L’objectif est clairement de se moquer des rouge et blanc. Le Pirée est situé à 8km au Sud-Ouest d’Athènes et est connu pour être le plus grand port maritime de Grèce et l’un des plus importants du bassin méditerranéen. Exploité dès l’antiquité, le port voyait transiter en 2019 près de 5 millions de conteneurs, devenant le premier en Méditerranée, et 17,4 millions de passagers. Au début des années 1920, les habitants du Pirée travaillaient donc principalement au port. L’Olympiakos devint donc le représentant de cette nombreuse classe laborieuse du port même si lors de sa fondation, les membres étaient plutôt issus de la petite bourgeoise (Olympiakos comptait parmi ses fondateurs un directeur du bureau de poste, un officier de l’armée, un avocat, un notaire, un courtier en bourse et surtout, les Andrianopoulos, une riche famille de marchands). A l’opposé, les racines du Panathinaïkos se situaient dans le cœur de la capitale, parmi les athlètes issus des classes de la petite bourgeoise, et en tant que représentant de la riche capitale, le Panathinaïkos était identifié aux classes moyennes et supérieures. Cette distinction sociale fut le marqueur initial de la rivalité entre les deux clubs.
Les fans du Panathinaïkos ont donc souhaité ramener ceux de l’Olympiakos à leur condition en prenant l’anchois, petit poisson, pullulant en Méditerranée et pas vraiment renommé, comme symbole. Selon la légende, en 1965, lors d’un derby, les supporteurs du Panathinaïkos accueillirent ceux de l’Olympiakos, avec des anchois, volés dans des filets ou entrepôts (selon les versions) qui se trouvaient dans le port du Pirée. A un journaliste du magazine anglais FourFourTwo, un supporteur du Panathinaïkos indiquait « la majorité des fans de l’Olympiakos ont des mères qui sont des prostituées qui travaillent près du port. Leurs pères sont de jeunes marins qui ont couché avec une prostitué ». Mais, ce surnom au goût douteux n’est pas la propriété des fans du club athénien. En Juin 2014, la demi-finale retour de la Coupe de Grèce opposant le PAOK à l’Olympiakos démarra avec 75 minutes de retard, les supporters du club de Thessalonique ayant pris soin en plus des traditionnels fumigènes d’adresser de nombreux anchois morts sur le banc des visiteurs. Poésie quand tu nous tiens …
Une autre version, beaucoup moins populaire, est parfois citée. Au début du XXème siècle, des milliers d’enfants pauvres venaient au Pirée pour tenter de trouver un espoir ou des moyens de subsistance. Dès l’âge de 6 ans, ils travaillaient dans les usines textiles et les huileries entre autres et vivaient dans des conditions difficiles (en dormant dans des caisses vides sur le port ou dans les bateaux de pêches). On les appelaient communément χαμίνια (gamins) ou αλητόπαιδες (clochards) mais les journalistes n’aimaient pas ces termes et les surnommèrent de manière plus « romantique » γαβριάς, mot dérivant de Gavroche, l’enfant pauvre des rues parisiennes rendu célèbre par Victor Hugo dans « Les Misérables ». Par la suite, γαβριάς devint γάβρος (gavros), le terme utilisé aujourd’hui pour caractériser les supporteurs de l’Olympiakos.
Le surnom ne déplut pas aux fans de l’Olympiakos qui se l’approprièrent. Il faut dire que quelque soit son origine, il possède une double étymologie. En effet, γαύρος dérive aussi des termes γαυριάς qui désigne ceux qui se vantent (le substantif γαυρίαμα signifie arrogance) et se pavanent à propos de leur bravade ainsi que de leurs performances sexuel. En Grec ancien, le verbe γαυριαω signifiait se vanter, se glorifier.
