#701 – FC Eindhoven : Blauw-witten

Les bleu et blanc. Depuis sa fondation en 1909, le second club d’Eindhoven joue avec un maillot rayé bleu et blanc et ce n’est pas en réaction au maillot rouge et blanc du grand PSV Eindhoven. Le 16 novembre 1909, un groupe d’hommes se réunirent afin de créer un club de football à Eindhoven capable de rivaliser avec les équipes des autres grandes villes du pays qui performaient de plus en plus et gagnaient en réputation. Pour les couleurs de ce nouveau club, étant donné que le club avait l’objectif de devenir l’étendard de la ville au niveau du football, il apparaissait logique pour les fondateurs de reprendre les couleurs d’Eindhoven. En 1909, les armes de la ville se composait, sur fond bleu, d’un lion rampant sur sa partie gauche et de trois cors sur celle de droite. La représentation la plus ancienne de ces armoiries d’Eindhoven remontent à un sceau datant de 1282. Les cors proviennent des armoiries de la famille Van Horne, seigneurs de Cranendonk, qui avait acquit la seigneurie d’Eindhoven au XIIIème siècle. Le lion provient des armoiries du duc de Brabant, où la ville d’Eindhoven se situait. Seulement, si on regarde les armes actuelles de la ville, elles reprennent exactement les composantes décrites ci-avant mais on s’aperçoit qu’elles ne sont pas bleus mais rouges. Entre le 16 juillet 1817 et le 17 octobre 1923 (donc au moment de la fondation du FC Eindhoven), les armoiries étaient bien sur un champs (fond) bleu. En effet, en 1815, le congrès de Vienne donna naissance au nouvel état du Royaume des Pays-Bas qui, pour ses armoiries, reprit en partie les armes de la Maison de Nassau, famille régnante, qui étaient bleus. Dans les années suivantes, soit les villes et provinces qui voulaient enregistrées leurs armoiries choisirent le bleu pour s’identifier au Royaume soit les autorités gouvernementales leur imposaient si les couleurs n’étaient pas renseignées dans la descriptions des armoiries. Résultat, les armes d’Eindhoven devinrent bleus alors que dès le XVIème siècle, elles étaient décrites comme rouge dans l’armoriale de Brocx. Ce rouge provenait certainement des couleurs du Duché de Basse-Lotharingie, dont le Duché de Brabant était issu. Finalement, en 1923, lors de la fusion de plusieurs communes avec Eindhoven, une demande fut déposée pour rétablir la couleur originelle des armes de la ville qui redevinrent donc rouges. Seulement, pour le club du FC Eindhoven, il devait certainement être compliqué après près de 15 ans d’existence de modifier ses couleurs. En outre, le rouge était la couleur de son nouveau rival du PSV, dont la notoriété montait en flèche.

#700 – Bologne FC : i Veltri

Les vautres. Les joueurs de Bologne ne sont pas vautrés sur le terrain, bien au contraire quand vous lirez les lignes suivantes. Vautre est un terme provenant de l’italien veltro, lui même dérivé du latin tardif vertragus (qui a certainement des origines celtes) et désigne un chien de chasse dressé et rapide comme un lévrier. Depuis le début du XXème siècle, le mot apparaît suranné mais il fut immortalisé par le plus grand poète italien, Dante, dans son oeuvre magistrale, « La Divine Comédie » . Ainsi, dès les premiers vers de « l’Enfer » , Dante indique qu’un vautre, qui symbolise la rédemption, le renouveau, devrait dévorer la louve, représentant la cupidité.

Pour Bologne, l’origine du surnom ne provient pas de Dante mais se réfère aux qualités considérées de ce chien racé (vitesse et élégance). Les versions diffèrent sur l’époque à laquelle ce surnom naquit. Pour certain, il serait venu avec la naissance du club en 1909. Les premiers spectateurs furent fascinés par les joueurs du club qui pratiquait un sport fait de mouvement et de technique, proche des qualités des veltri.

D’autres pensent que son origine proviendrait de la période dorée vécue par le club dans les années de l’entre-deux guerre pendant laquelle Bologne remporta 5 titres de champion d’Italie (1924-1925, 1928-1929, 1935-1936, 1936-1937, 1938-1939) et 2 Coupes d’Europe Centrale (1932 et 1934). Le journaliste Bruno Roghi, dans « La Gazzetta dello Sport » du 12 juillet 1929 décrivit ainsi le style de jeu du club « Il Bologna era il successore legittimo del gioco da fighter del Genoa appunto in virtù della fluidità, della esattezza e della eleganza tecnica del suo football più accademico che vigoroso. » (Bologne était le successeur légitime du jeu combattif de Gênes [NDLR : Gênes au début des années 1920 était une place forte, l’équipe la plus célèbre et la plus titrée d’Italie avec Pro Vercelli. Bologne et Gênes s’affrontèrent alors plusieurs fois en finale du championnat] précisément en vertu de la fluidité, de la précision et de l’élégance technique de son football plus académique que vigoureux). Les qualités du style de jeu de Bologne lui firent attribuées le terme de veltri à l’équipe.

Laquelle des deux versions est la bonne ? Impossible à savoir. Le fait que le terme veltri tombait en désuétude au début du XXème siècle ferait pencher la balance pour la première version. Mais, le football ne surgit pas à Bologne avec la création du club. Même si la section football du Virtus ne s’émancipa qu’en 1910, la Virtus organisa dès exhibitions de football dès le 9 mai 1891. Par ailleurs, de nombreux clubs existaient déjà en Italie avant 1909 et dès 1899, le championnat d’Italie existait.

#699 – Lillestrøm SK : Kanarifugla

Les canaris. Les joueurs du club norvégien évoluent avec un maillot jaune vif qui fait naturellement penser à l’oiseau. L’utilisation de ce surnom traditionnel remonte au début des années 1950 (lors de la saison 1952-1953) par le journaliste Folke Bålstad qui en fut l’initiateur. Bålstad était journaliste et arbitre de football. Fan du football anglais, il fut certainement inspiré par le surnom du club de Norwich (#51) et le reprit donc pour qualifier l’équipe norvégienne. Dans les années 50, Lillestrøm jouait un football léger et technique, fait de très nombreuses passes. Bålstad, qui avait un langage fleuri, surnomma également ce football Hardangersøm, qui une broderie typique de la région de Hardanger en Norvège. Mais, la référence au canari est certainement liée à la couleur du maillot du club qu’à son style de jeu.

La question est de savoir pourquoi les fondateurs optèrent pour un maillot jaune. Malheureusement, la raison est inconnue. Le club résulta de la fusion de deux associations, le 2 avril 1917, Lillestrøm Idrætslag et Sportsklubben Rask. Ces deux derniers était également le résultat de nombreux fusions de plusieurs clubs. Le jaune était-il une couleur commune ou alors justement la couleur d’aucun des deux clubs ? Les supporteurs du KFL (Kanari-Fansen Lillestrøm) raccourcirent le surnom en Fugla (oiseau) à partir des années 1990.

#698 – Millwall FC : the Lions

Les lions. Ce club londonien, qui vit dans l’ombre d’Arsenal, Chelsea ou Tottenham, n’en reste pas moins un club historique et comptant de nombreux fans. Le club fut fondé en 1885 sous le nom de Millwall Rovers par les ouvriers de l’usine de conserverie JT Morton à Millwall, un quartier du Sud-Est de Londres. JT Morton était une entreprise fondée en Ecosse, à Aberdeen qui ouvra sa première usine anglaise à Millwall en 1870. Cette usine attira particulièrement une main d’oeuvre venue d’Ecosse. Comme la plupart des membres du personnel de l’usine et du nouveau club étaient des écossais émigrés, le choix naturel était d’évoluer avec des maillots en bleu marine et blanc (couleurs de l’Ecosse). Lorsqu’un lion rampant rouge fut introduit sur le blason du club en 1936 (à l’initiative du manager Charlie Hewitt qui modifia également l’intensité du bleu du maillot), tout le monde fit le lien avec la figure héraldique de l’Ecosse. Pour rappel, les armes royales de l’Ecosse sont d’or (fond jaune) au lion rampant de gueules (rouge) armé et langué d’azur et auraient été utilisées pour la première fois par Guillaume Ier d’Écosse au XIIème siècle. Ainsi, certains pensent que le surnom provient des origines écossaises du club. Toutefois, ce lion rouge rampant avait surtout une ressemblance frappante avec les panneaux utilisés par les pubs nommés The Red Lion.

Une minorité estime que ce surnom est venu avec le fait que le club évolua pendant 83 ans (de 1910 à 1993) dans son enceinte qui se nommait The Old Den, Den signifiant l’antre. Un monstre ou un animal féroce comme le lion pouvait donc résider dans l’antre.

Néanmoins, il faut balayer toutes ces hypothèses et plutôt y voir que ce surnom, advenu pour une autre raison, collait bien avec l’histoire de Millwall. En effet, il apparut au début des années 1900. Le football anglais était alors dominé par les clubs du nord du pays tels que Blackburn Rovers, Aston Villa, Sunderland AFC ou Sheffield Wednesday. En 1900, en Coupe d’Angleterre, Millwall parvint jusqu’en demi-finale. En quart de finale, Millwall affronta l’ogre Aston Villa (qui avait déjà gagné 3 fois le championnat et ainsi 3 fois la FA Cup) et réussit l’exploit de les battre. Les deux équipes se neutralisèrent lors des deux premiers matchs (0-0 le 24 février 1900 et 1-1 le 28 février 1900). Rejoué le 5 mars 1900, Millwall remporta le match 2 buts à 1. Aston Villa était surnommé les lions (en raison de la présence d’écossais comme fondateurs du club qui importèrent le lion rampant sur le blason du club de Birmingham). Ayant terrassé le lion de Birmingham, Millwall gagna alors le surnom de Lion of the South (Lion du Sud, car le club évoluait dans la Southern Football League (la ligue du Sud). Puis, au fil des années, le surnom fut réduit à Lion et, sur le blason, il devint bleu, à l’image du maillot du club.

#697 – CD Santiago Wanderers : el Decano

Le doyen. Vous savez d’où vient ce surnom. Le club de Santiago Wanderers est le doyen du football chilien. Selon l’histoire du club, il fut fondé le 15 août 1892 par 27 jeunes garçons créoles de la ville (pour d’autres 30). Toutefois, cette date demeure débattue car, après le tremblement de terre, qui frappa Valparaiso en 1906, détruisit le siège du club et fit disparaître les documents officiels de sa création. Certains chercheurs avancent donc que le club fut créé plutôt autour de 1895 ou 1896. Santiago Wanderers n’est pas le premier club créé au Chili. Il semblerait que la première association s’établit également à Valparaiso mais au sein de la communauté britannique. Au début du XIXème siècle, Valparaiso était une simple crique mais avec l’indépendance qui gagna le continent sud-américain au milieu du XIXème siècle les marchands britanniques s’établirent au Chili. Ils industrialisèrent le jeune pays, notamment en développant Valparaiso, qui devint le premier port du pacifique. Dans leurs bagages, cette immigration britannique amena aussi ses coutumes et les sports qui émergèrent outre-manche, dont le football. Ainsi, au sein de l’école The Mackay and Sutherland School de Valparaiso naquit la première équipe de football du Chili, Mackay and Sutherland Football Club, en 1882. Dans la foulée, d’autres clubs portés à la communauté britannique apparurent en particulier à Valparaiso (Valparaíso FC, Valparaíso Wanderers, Chilian FC). Les créoles observèrent ces nouvelles pratiques et furent séduits. Santiago Wanderers émergea donc en 1892, en étant le premier club où les joueurs chiliens étaient majoritaires. De plus, il se démarqua pour être l’une des premières entités sportives à rédiger tous ses procès-verbaux et publications en espagnol, alors que les autres clubs de l’époque le faisaient en anglais (du fait de leur origine et direction britannique). Enfin, les fondateurs auraient opté pour le nom de Santiago (le nom de la capitale chilienne alors que le club réside à Valparaiso) pour lui donner une attache, une identité nationale. Aujourd’hui, les autres clubs fondé avant les Wanderers ont disparu, souvent dans les années 1910. Pour certains, comme leurs membres et joueurs étaient issus de la communauté britanniques, ces derniers partirent combattre avec l’armée de leur pays lors de la Première Guerre Mondiale. Malheureusement, les clubs ne se relevèrent pas de ces départs et surtout de leurs décès.

#696 – Avaí FC : Leão da Ilha

Le lion de l’île. Avaí, club de a ville de Florianopolis, se situe dans la partie insulaire de la ville d’où la référence à l’île. Durant les années 1950 et 1960, le club connut deux décennies de disette où il ne remporta aucun titre tel que le Campeonato Catarinense (le championnat de l’Etat de Santa Catarina). Pourtant, à cette époque, les joueurs étaient combatifs et courageux. Ainsi, lors d’une victoire face au rival local de Figueirense dans les années 1950, le commentateur radio, Olímpio, assimila l’équipe à un lion, le félin représentant ces valeurs. Le club détailla un peu plus l’histoire en retrouvant son protagoniste. Olímpio Sebastião Silva, un fan natif de l’île, suivait partout l’équipe et était à l’origine du premier fan club organisé de Santa Catarina du nom de ATA (Associação dos Torcedores Avaianos – Assaciation des fans avaianos). Il ressentit le besoin de donner un surnom qui représenterait l’équipe. Lors d’un interview à un journaliste du club, il rappela sa version de la naissance de ce surnom. « O Avaí sempre teve garra e força. Sempre foi um time forte. Pensei muito sobre isso e conversei com alguns amigos. Foi ai que eu disse: É o Leão da Ilha ! » (Avaí a toujours eu du courage et de la force. C’était toujours une équipe solide. J’y ai beaucoup réfléchi et j’en ai parlé avec des amis. C’est là que je me suis dit : c’est le Lion de l’île !). A partir de là, à chaque match, il utilisait ce surnom, jusqu’à en parler aux journalistes des radios Guarujá et Diário da Manhã. Ces derniers commencèrent alors à utiliser le terme dans leurs commentaire et l’immortalisèrent. Aujourd’hui, le lion est devenu la mascotte du club et il trône en statue à l’entrée du stade Aderbal Ramos da Silva, plus connu sous le nom de Ressacada.

#695 – PFK Levski Sofia : сините

Les bleus. Le grand club bulgare évolue dans un maillot bleu mais ce choix ne remonte pas à sa fondation. Dès 1911, des jeunes de l’école Todor Minkov de Sofia se réunissaient régulièrement pour jouer au football et le 24 mai 1914, ils formèrent la base des 20 à 30 lycéens de Sofia qui créèrent un nouveau club de sport et de football. Après avoir choisi le nom du club, Levski, l’assemblée constituante ne se positionna pas sur les couleurs du club. Finalement, la direction prit la décision quelques temps plus tard. Après avoir étudié les couleurs portées par les autres clubs de la capitale bulgare, la direction décida d’opter pour le jaune et rouge. Les fondateurs collectèrent de l’argent et réunirent un montant juste suffisant pour acheter 12 maillots, un équipement de gardien et un ballon. À l’automne 1914, avec l’aide du père de Petar Stojanovic (membre fondateur et attaquant de l’équipe), qui était le directeur de la poste à Sofia, ces articles furent commandés auprès d’un fabricant roumain de Bucarest. L’équipement était composé d’un maillot rayé jaune et rouge, accompagné d’un short noir. Jusqu’en 1919, le club évolua dans ces couleurs. Puis, en 1921, l’équipe changea de couleur et opta pour des maillots bleus avec des shorts blancs ou noirs. Les raisons de cette modification ? Il semblerait qu’il était difficile pour le club de se procurer ses maillots jaune et rouge et la direction préféra se tourner vers des équipements plus simples. Depuis, le bleu est la couleur principale du club. Pendant les périodes 1945-1948 et 1950-1956, le club revint temporairement à ses couleurs originelles. Le blason du club reprend ces différentes couleurs. Les supporteurs surnomment aussi l’équipe синята лавина (l’avalanche bleue).

#694 – Brøndby IF : Drengene Fra Vestegnen

Les garçons de Vestegnen. Le club réside dans la ville de Brøndby, devenue quasiment un quartier de la banlieue ouest de la capital Copenhague. Cette cité faisait partie du Vestegnen, une ancienne dénomination de la partie Ouest du Comté de Copenhague et qui couvrait aussi les municipalités de Rødovre, Hvidovre, Glostrup, Albertslund, Vallensbæk, Ishøj et Høje-Taastrup. Mais, au-delà, de signifier la zone d’origine du club, ce surnom réaffirme l’identité du club et sa construction par opposition au club historique de la capitale. En effet, le football danois fut longtemps dominé par un nombre restreint d’équipes, qui étaient toutes originaires de Copenhague, et pour certaines plus proches du centre-ville : KB Copenhague (fondé en 1876), BK Frem (fondé en 1886), AB Copenhague (fondé en 1889), B 93 Copenhague (fondé en 1893) et BK 1903 (fondé en 1903). Ces clubs trustèrent les titres de champions du Danemark de 1912 à 1954 et totalisent aujourd’hui 46 titres. Le premier club brisant cette hégémonie fut le Køge BK en 1954 (et encore il s’agit d’un club à quelques kilomètres de la capital et également situé sur l’île de Sjælland).

Evidemment, quand Brøndby apparut en 1964 par la fusion de deux clubs au 6ème niveau national, les dirigeants visaient simplement la survie face à leurs puissants voisins. Mais, montant petit à petit les échelons, le club s’imposa finalement à compter des années 1980 comme une place forte du football danois. Aujourd’hui, le club a dans sa vitrine 11 titres de Champions et 7 Coupes nationales. Il excella aussi au niveau international, avec entre autre un quart de finale de la Ligue des Champions en 1986-1987 et une demi-finale de la Coupe UEFA en 1990-1991. En plus, de nombreux stars danoises émergèrent de ses rangs (tel que Peter Schmeichel ou les frères Laudrup). Résultat, la concurrence de la capitale s’affaiblit au mesure de la progression de Brøndby. Certains clubs historiques échappèrent de peu à la faillite tandis que deux fusionnèrent pour survivre. En 1992, KB Copenhague et BK 1903 s’unirent pour donner naissance à un nouveau mastodonte, le FC Copenhague. Aujourd’hui, le FC Copenhague est devenu le plus grand rival de Brøndby et ce derby compte parmi les plus grands affrontements des pays scandinaves. Il est appelé la bataille de Copenhague ou The New Firm.

Les fans de Brøndby comme le club construisirent donc leur identité notamment dans l’adversité avec les clubs du centre-ville. Ainsi, ils s’identifièrent à l’équipe de la banlieue. D’autant plus que ce surnom était également celui d’un de leur prédécesseur (Brøndbyvester Idrætsforening).

#693 – Antalyaspor : Akrepler

Les scorpions. En 2019, la municipalité fit élevé devant l’enceinte du club, Antalya Stadyumu, une statue de scorpion (4 mètres de haut et 7 mètres de large) qui était déjà la mascotte de l’équipe. L’apparition du scorpion comme mascotte remonterait aux années 1990. Selon Mehmet Yaman, l’un des anciens présidents du groupe de supporteurs, 07 Gençlik’in (07 Jeunesse), et également ancien membre du conseil d’administration du club, les équipes qui évoluaient en Anatolie, région où réside le club, avaient souvent pour symbole l’éclair. Résultat, lors des matchs, les supporteurs de chaque équipe pouvaient scander les mêmes slogans du type de « Şimşek gol gol » (L’éclair but but), ce qui étaient perturbant pour les joueurs comme pour les supporteurs.

Les membres de 07 Gençlik’in proposèrent alors à Mehmet Yaman de prendre comme symbole le scorpion. A cette période, le groupe allemand de Hard Rock dénommé Scorpions, connaissait un certain succès en Turquie. La réputation du groupe de musique ainsi que de l’animal, qui a une charge symbolique (dans la culture musulmane, il est associé aux enfers, une incarnation du diable mais il représente aussi un signe de protection), semblaient aux yeux des fans l’animal qui devait représenter le club. Mehmet Yaman proposa ce changement à la direction, qui après un premier refus, accepta d’en faire le symbole, la mascotte (et donc le surnom) du club.

#692 – CA Colón : los Sabaleros

Les pêcheurs de sábalo, un poisson de rivière (dénommé en France Prochilode rayé) qui abonde dans la zone de Santa Fe, où le club réside. Surnom le plus connu pour désigner l’équipe et ses fans, il existe deux versions qui se rapportent à son origine mais globalement elles parviennent à la même conclusion : les pêcheurs de ce poisson s’activaient près du stade du club et devaient être également passionnés par le club. La première version indique que le premier terrain où évolua le club se situait près du río Salado del Norte, une importante rivière (longueur totale est de 2 355 km) qui conflue avec le río Saladillo à Santa Fe et où pullule le poisson sábalo. Les fans du club vivaient donc pour la plupart de la pêche de ce poisson. Pour l’autre version, moins reconnue, au début des années 1900, l’une des plus grandes inondations de la ville de Santa Fe se produisit. Le stade où jouait l’équipe fut naturellement inondé et assez longtemps. Résultat, le terrain de sport était devenu une zone de pêche de sábalo pour les fans.

Lors des premiers affrontements au niveau national avec d’autres clubs, les fans adverses criaient sabaleros comme une insulte à l’équipe de Colón et ses supporteurs. En effet, sabaleros, vient de l’argot sabalaje, qui désigne de manière péjorative un groupe d’individus pauvres, venant des banlieues ou vivant dans la boue, à l’image du club de Colón qui résida et réside toujours dans les quartiers périphériques de la ville (El Campito, Sunchales et Centenario), comptant sur des supporteurs venant des classes populaires mais également du poisson qui vit et se nourrit de la boue et que ces supporteurs pêchaient. D’ailleurs, si cette dernière activité était si développé dans les quartiers où résidaient le club, c’est que ce poisson pullulait et était bon marché, ce qui en faisait une nourriture de base ou un moyen de subsistance pour nombre des habitants. Mais, la pêche intensive de ce poisson a conduit les autorités de Santa Fe à durcir la réglementation (même à l’interdire ponctuellement dans les années 2000). Au final, comme souvent, les moqueries adverses se transforment en force, en élément mobilisateur pour ceux insultés et les supportèrent de Colón s’approprièrent avec fierté ce surnom.