#1019 – Orlando Pirates FC : Ezimnyama Ngenkani

Les noirs. Au sein de l’association sportive Orlando Boys Club, une bande de jeunes appréciaient la pratique du football depuis 1934. Andries Mkhwanazi, surnommé Pelé-Pelé, un entraineur de boxe du Boys Club reconnut le talent de ces jeunes et les encouragea à fonder une équipe officielle en 1937. Un an plus tard, cette équipe d’adolescents intégrait la ligue dénommée Johannesburg Bantu Football Association. En manque de moyen, les joueurs jouaient pieds nus et sans maillot commun. En 1940, alors la section football se séparait d’Orlando Boys Club pour donner naissance aux Pirates, le travailleur social, Bethuel Mokgosinyane, devint président du club et offrit aux joueurs leurs premiers kits, qu’il avait déniché auprès d’une autre équipe de Soweto, Phiri-Phiri. Ce maillot noir affichait un grand P sur le plastron.

Les raisons du noir ne sont pas connues. Est-ce le fruit d’un pur hasard ? Bethuel Mokgosinyane n’eut pas de choix et prit les maillots de Phiri-Phiri quelque soit la couleur de ces derniers. Ou est-ce un choix raisonné ? Bethuel Mokgosinyane aurait-il volontairement choisi un maillot noir pour adopter une certaine symbolique ? Ce pouvait être un choix politique pour affirmer la couleur de peau des joueurs qui composaient l’équipe, à une époque où la ségrégation raciale apparaissait et l’ANC était fondé. Par ailleurs, les fondateurs d’Orlando Pirates comprenaient des enfants des travailleurs migrants qui avaient quitté les zones rurales pour travailler dans les mines d’or du Gauteng. Le noir pouvait être un rappel de ces racines ouvrières. Enfin, comme le nom de Pirates fut choisi au même moment, la couleur noir permettait de s’aligner avec celle communément connue des Pirates.

#1018 – AC Bellinzone : il Biscione

La fameuse créature mythique que vous connaissez depuis l’article #13 se posa également du côté de la ville suisse de Bellinzone. L’écusson du club comporte une vouivre qui provient directement des armes de la cité. Ces dernières présentent un biscione blanc sur un fond rouge et rappellent le lien étroit entre la ville et la famille Visconti. Au XIème siècle, la cité se trouvait dans le giron du Saint Empire qui l’avait concédé à l’évêque de Côme, qui était son fidèle allié. En 1176, l’Empereur Frédéric Barberousse avait des vues sur les Cités indépendantes italiennes et traversa les Alpes avec ses troupes. Après s’être arrêté à Bellinzone, l’Empereur affronta les soldats de la Ligue Lombarde (une union de différentes cités sous l’égide du pape Alexandre III) près de Legnano le 29 mai 1176. Défait par la ligue, l’Empereur dut abandonné ses ambitions d’hégémonie sur l’Italie mais également ses possessions sur Bellinzone. Déchirée entre Côme et Milan, la cité du Tessin passa sous la domination de la famille Visconti, maison ducale de Milan en 1340, après un siège de deux mois où l’armée milanaise contraignit l’irréductible famille de Rusca de Côme à la reddition.

Dans le « Purgatoire » de la « Divine Comédie », Dante Alighieri présentait la Vouivre comme l’étendard de la famille milanaise Visconti. Plusieurs origines sont évoquées. Une légende veut qu’Ottone Visconti, alors commandant dans la croisade de 1187, adopta ce symbole après l’avoir vu sur l’étendard d’un Sarrasin qu’il avait vaincu. Dans la même veine, Boniface, alors seigneur de Pavie et mari de la fille du Duc de Milan partit en guerre contre les Sarrasins. Son fils se vit avalé par un énorme biscione. A son retour, Boniface retrouva la créature, la tua et lui fit recracher son fils miraculeusement encore vivant. Une autre légende veut qu’un membre de la famille Visconti tua un serpent qui terrorisait les habitants. Au final lorsque la famille prît le pouvoir de la ville en 1277, la Vouivre devint aussi l’emblème de Milan. Aujourd’hui, l’animal mythique s’affiche un peu partout dans la ville (sur les murs du Duomo, à la gare Centrale, à l’église Sant’Ambrogio ou encore celle de Sant’Eustorgio). Certaines entreprises milanaises comme l’automobile Alfa Romeo, ou la holding de la famille Berlusconi, Fininvest, l’adoptèrent également dans leurs logos.