#1224 – Sarıyer SK : Beyaz Martılar

Les mouettes blanches. Intégré au grand Istanbul, Sariyer se situe au nord-est de la capitale turque, sur les bords de la Mer Noire, à l’ouest de l’embouchure du Bosphore, côté européen. Avec ses bâtiments historiques (la forteresse Rumeli Hisarı, le chateau de Rumeli Feneri, le phare de Rumeli, les magnifiques demeures côtières Yalı), ses espaces verts (notamment la forêt de Belgrad se déployant sur quelque 5 500 hectares et le parc de Bentler), les restaurants de poisson (en particulier à Tarabya et Garipçe) et la mer avec ses plages, le district constitue une destination touristique appréciée par les stambouliotes. Mais, comme ville maritime et de pêcheurs, elle est également très « fréquentée » par les mouettes. Pour ses habitants, Sariyer est la patrie de la mouette et il serait habituel de se lever avec le cri des mouettes.

Dans les années 1980, le club de Sariyer jouait dans l’élite turque (de 1982 à 1994) et représentait le quatrième club de la capital. Mais, bien entendu, il souffrait de la comparaison avec les 3 autres ogres stambouliotes (Galatasaray, Fenerbahçe et Beşiktaş). Son dirigeant de l’époque, Maral Öztekin, membre du club depuis sa fondation en 1940, avait pour obsession que Sarıyer bénéficie d’une plus grande couverture médiatique. S’il savait que cela passait par les résultats, il était conscient que les symboles avaient également leur importance. Ainsi, lors de son discours d’ouverture de la saison 1986-1987, il déclarait « Fener’in Kanaryası, BJK’nin Kartalı, GS’nin Aslanı var. Bizim niçin olmasın. Bizim de ‘Beyaz Martı’ olsun. » (Fener a son canari (#373), BJK [Beşiktaş] son aigle (#22), GS [Galatasaray] a son lion. Pourquoi pas nous ? Ayons aussi la Mouette Blanche). Ainsi, la mascotte et le surnom naquirent. La mouette s’est imposée dans la culture du club (L’hymne « Sariyer marsi » (La marche de Sariyer) du chanteur et vice-président du club Ferhat Göçer débute par « Beyaz martıdır göklerde süzülen » (C’est la mouette blanche qui plane dans le ciel)) mais également pour tout le district (la statue d’une mouette blanche de 6 mètres de haut fut érigée en 2019).

#1223 – CA Platense : el Marrón

Le marron. Le club du CA Platense évolue dans un maillot singulier : maillot blanc traversé par une bande marron. La couleur marron n’est pas très commune dans le football (encore moins que le violet). Dans le football argentin, il semble qu’il n’y ait que le club du Centro Juventud Antoniana qui arbore du marron. Le CA Lanús est proche en couleur avec son maillot grenat (#437). D’ailleurs, dans le reste du monde, je n’ai pas de club jouant en marron qui me vient en tête mais il existe un petit nombre évoluant en grenat comme Metz (#144), Torino (#37), Salernitana (#1153), Rapid Bucarest (#241) , Servette (#96), Carabobo (#1022) et Reggiana. L’autre ressemblance est le claret anglais (Burnley #390 et Aston Villa #11).

Revenons à notre sujet pour ne pas être marron sur ce surnom. Tout d’abord, il faut raconter l’histoire de la fondation de ce club. Le 25 mai 1905 dans le quartier de Recoleta à Buenos Aires, un groupe d’adolescents (entre 15 et 18 ans) avait l’idée de monter un club de football. Sans un sou, ils décidèrent de parier quelques pesos lors d’une course de cheval et choisirent le cheval dénommé « Gay Simon », du haras Platense. Cet étalon remporta la course à l’Hippodrome National et les jeunes empochèrent 445 pesos, qui permirent d’acheter les équipements nécessaires à la pratique du football (ballons, maillots). Pour les couleurs, le choix se porta sur un maillot rouge accompagné d’un short noir, qui auraient été les teintes de la tenue du jockey qui monta Gay Simon lors de cette victoire décisive pour le club. Les fondateurs remercièrent également la victoire de Gay Simon en retenant le nom du haras pour celui du club. En 1907, la décision fut prise de changer de couleurs, et la direction opta pour les couleurs blanche et marron, en référence aux teintes du haras Platense. L’avantage de cette couleur est qu’elle masqua un peu la boue sur le maillot des joueurs lorsqu’ils évoluèrent sur leur terrain entre 1908 et 1917 et qui était inondé après les pluies (#258).

#1222 – Helmond Sport : Kattenmeppers

Les tapettes à chats ou les mangeurs de chats (traduction non littérale mais proche dans l’idée). Surnom assez peu flatteur pour ce club mais qui s’attache plus généralement aux habitants de la ville de Helmond et pas seulement à ce club fondé en 1967.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les restrictions et confiscations allemandes limitèrent l’accès à la nourriture pour les populations civiles des pays occupés. En particulier, aux Pays-Bas, les conditions climatiques de l’Hiver 1944-1945, l’opération « Market Garden » et les actes de résistance qui bloquèrent les transports et surtout les représailles allemandes accentuèrent cette pénurie alimentaire. Crise amplifiée par la rupture d’approvisionnement en charbon (ce qui limitait l’usage du chauffage et de la cuisine pour les civils). Cette période connue sous le nom Hongerwinter (L’hiver de la faim) se conclût par la mort de plus de 20 000 civils. Pour pallier le manque de nourriture et limiter la malnutrition, la population se mit à chasser et manger des animaux domestiques, en particulier du chat, et des bulbes de plantes. Le chat, dont le goût de la viande se situerait entre le lapin et le lièvre, fut appelé dakhaas (lièvre de toit), ce qui offrait un bel euphémisme. Le phénomène fut généralisé mais c’est précisément Helmond qui reçut ce surnom, parce qu’il semble que ce soit dans cette cité que l’on consommait le plus de chats.

Outre cette version de la pauvreté, il existe une autre théorie. Durant la période du carnaval, par le passé, les habitants de Helmond participaient à un jeu cruel qui ferait hurler aujourd’hui les défenseurs des animaux, le Katknuppelen. Un chat était enfermé dans un tonneau, puis les fêtards tapaient sur le tonneau jusqu’à son éclatement, libérant la créature apeurée. Celui qui parvenait à l’attraper, était récompensé par de la bière. Dans les pires versions, l’animal pouvait être ensuite placé dans une cage en fer et gardé au-dessus d’un feu jusqu’à ce qu’il meure. Tout cela était considéré comme un divertissement populaire, et pas seulement à Helmond.

#1221 – ASC Jeanne d’Arc Dakar : les Bleu et Blanc

Le club sénégalais évolue en bleu et blanc. Bien qu’il soit le doyen avec le deuxième palmarès le plus fourni du football sénégalais (après Jaraaf), la Jeanne d’Arc vit, depuis le début des années 2010, un calvaire en évoluant dans la 3ème division nationale. Tout commença à l’époque coloniale avec le Révérend Père Pierre Le Coq, Curé de Dakar et Vicaire général du Sénégal, qui fonda la Jeanne d’Arc en tant que patronage le 20 Septembre 1921. Association sportive et culturelle, l’objectif était de donner des loisirs à une jeunesse autochtone dont l’oisiveté représentait un danger. En tant que missionnaire catholique, il lui était logique de donner à cette association le nom d’une figure de proue de la religion catholique française, Jeanne d’Arc, qui représentait les valeurs du courage, de la force et d’une foi inébranlable.

Si le choix des couleurs bleu et blanche pour cette nouvelle association n’est pas documenté, nous pouvons remarquer que nombre de congrégation ou institution se référant à Jeanne d’Arc arbore ces deux couleurs. Tout simplement car il s’agit des couleurs du blason de Jeanne d’Arc. Les armes de la Pucelle d’Orléans sont souvent représentées comme une colombe tombante tenant dans son bec la devise  » de par le roi du ciel » au sein d’un écu bleu azur. Cette composition apparaissait bien sur son étendard mais il ne s’agissait pas officiellement de son blason. Lorsque la Pucelle fut anoblit en 1429, les armes qui lui furent conférées par le Roi de France Charles VII, représentaient, sur un écu d’azur, deux lys d’or entourant une épée transperçant une couronne. L’épée était de couleur argentée, simplifiée en blanc (l’argent étant la représentation du blanc en héraldisme). Toutefois, lors de son procès, Jeanne d’Arc affirma qu’elle n’avait jamais porté de blason. En tout cas, quelque soit les armes réelles de Jeanne d’Arc, le bleu et le blanc accompagnèrent toujours la Pucelle.

#1220 – SC Corinthians : Timão

La grande équipe ou barre (de gouvernail). Deux traductions car il existe deux versions à l’un des surnoms les plus connus de l’équipe de São Paulo. Si vous circulez dans les travées de l’Arena Corinthians, vous entendrez l’explication des supporteurs. En 1933, sous la présidence d’Alfredo Schurig, l’aviron fut intégré dans la palette des sections sportives des Corinthians et, connaissant un certain succès dans les sports nautiques, le club rajouta en 1939 dans son blason une bouée (entourant le cercle central), ainsi qu’une paire d’avirons croisée et une ancre. Avec ces nouveaux attributs marins, la barre de gouvernail comme surnom semble logique. Surtout que les supporteurs voient dans la composition de ces trois attributs, le dessin d’une barre de gouvernail à roue.

Mais, dans le musée du club, la version officielle est tout autre. L’équipe de football des Corinthians connut un âge d’or dans les années 1950 en remportant le championnat paulista par 3 fois (1951, 1952 et 1954) et le tournoi Rio-São Paulo également 3 fois (1950, 1953 et 1954). Elle atteignit même le toit du monde en gagnant la Copa Presidente Marcos Pérez Gimenez (également connue sous le nom de Petite Coupe du Monde) de 1953, avec six victoires en six matchs face notamment à des équipes européennes (Roma et Barça). Seulement, après cette période faste, le club fit face à une longue disette, distancée par ses rivaux de Palmeiras, São Paulo FC et Santos (avec un certain Pelé). Pour tenter de redresser la situation, en 1966, le président Wadih Helu alloua des fonds records au département de football, qui se lança dans d’onéreux transferts. L’équipe intégra le défenseur Ditão et le mileu Nair (en provenance de Portuguesa) et surtout recruta l’ailier star, Garrincha (pour un montant équivalent aujourd’hui à 100 000 dollars américains). Ces joueurs venaient épauler le jeune prometteur Roberto Rivellino. Avec un tel effectif,  la presse fut séduite. Le 2 mars 1966, le journal « A Gazeta Esportiva » titra « Voces vão ver como é Ditão, Nair e Mané » (Vous verrez comment sont Ditão, Nair et Mané – le prénom de Garrincha) en allusion à la chanson de samba de Jackson do Pandeiro, composée en l’honneur de l’équipe brésilienne, championne du monde en 1962 « Vocês vão ver como é, Didi, Garrincha e Pelé » (Vous verrez comment sont Didi, Garrincha et Pelé). Dans la foulée, le même journal commença à traiter l’équipe comme la Timão do Corinthians (la grande équipe des Corinthians).

Mais, alcoolique et gêné par ses problèmes au genou, Garrincha n’était plus que l’ombre de lui-même et finalement, l’équipe de « stars » n’obtint pas les résultats espérés. Le club termina a la seconde place du championnat pauliste et remporta le tournoi Rio-São Paulo. Toutefois, pour ce dernier, Corithians termina à la première place ex-aequo avec Botafogo, Santos et Vasco et aucun départage ne fut effectué pour désigner un unique vainqueur. Après seulement 13 matchs et 2 buts, Garrincha partit et la disette de trophées pour les Corithians se poursuivit jusqu’en 1977. Résultat, face à cet echec, les fans adverses scandaient « Cadê Timão, Cadê Timão » (Où est Timão, où est Timão).

#1219 – FK Shkëndija : Kuq e Zi

Les rouge et noir. Sauf qu’en macédonien, puisque la ville où il réside, Tetovo, se situe en Macédoine du Nord, « rouge et noir » s’écrit Црвено-црните. Alors pourquoi le surnom s’exprime en langue albanaise, Kuq e Zi ? Tetovo est une ville du nord-ouest de la Macédoine du Nord, construite sur les contreforts du Mont Šar, traversée par la rivière Pena. Distante de seulement 40 km de la capitale Skopje, elle est également à seulement 20 km du Kosovo, dont la majorité (92%) de la population est albanaise. A quelques encablures supplémentaires se trouve l’Albanie et la ville de Kukës. Naturellement, l’influence albanaise à Tetovo se fait forte et plus de 70% des habitants de la ville sont d’origine albanaise. La ville fut même sous domination albanaise durant la première indépendance du pays entre 1444 et 1479. Dans la mosaïque yougoslave, où le pouvoir central communiste écrasait toute velléité régionaliste, les idées nationalistes des peuples s’exprimèrent notamment au travers des clubs sportifs. Ainsi, les populations albanaises de Tetovo défendirent leur identité en fondant un club de football en 1979 et en choisissant les couleurs de l’Albanie, le rouge et le noir, comme symbole.

Depuis l’indépendance de l’Albanie actuel, en 1912, le drapeau du pays représente un aigle noir à deux tête sur un fond rouge. Le rouge symbolise la bravoure, la force, la valeur et le sang, tandis que l’aigle est le symbole traditionnel des Albanais. Ses origines remontent au XVème siècle et à Georges Kastrioti plus connu sous le nom de Skanderbeg. Sa famille noble, la maison des Kastrioti, possédait une vaste principauté, qui occupait une partie du territoire albanais actuel et qui faisait face à l’Est à l’Empire Ottoman. Après la chute de Constantinople, les incursions ottomanes dans la péninsule des Balkans se firent de plus en plus fréquentes. Au point que suite à la mort du père de Skanderbeg, l’Empire annexa la principauté au lieu d’installer Skanderbeg sur le trône. Skanderbeg quitta alors les rangs de l’armée ottomane et, pendant 25 ans, mena une forte résistance aux Ottomans. La ville de Tetovo épaula les troupes de Skanderbeg lors de la victoire de la bataille de Polog face à Ibrahim Pacha, libérant la ville du joug ottoman. Skanderbeg déclara son indépendance le 28 novembre 1443, hissant son drapeau rouge à l’aigle noir. Il avait adopté le drapeau impérial romain d’Orient, avec l’aigle à deux têtes et le fond rouge et en avait fait les armes de sa famille. De 1444 à 1479, l’Albanie connut sa première période d’indépendance sous le nom de Ligue de Lezhë et Skanderbeg apparaît comme un héros national pour les albanais.

#1218 – FK Riteriai : Riteriai

Les chevaliers. Vous allez me dire que le surnom n’est pas très original étant donné qu’il s’agit du nom du club et que ce symbole s’affiche en grand sur le blason de l’équipe. Seulement, dans le cas présent, c’est le surnom qui donna le nom du club. L’équipe avait connu une progression rapide, de sa fondation en 2005 à sa promotion dans l’élite lituanienne en 2014, et devait se consolider pour durer. Souhaitant poursuivre son développement en bénéficiant de meilleures infrastructures et d’une zone de chalandise plus large, le club déménagea de la petite localité de Trakai vers la capitale Vilnius (certes seulement distancés d’une trentaine de kilomètres). Il changea alors de nom, passant du FK Trakai au FK Riteriai. Depuis sa fondation, l’identité du KF Trakai se concentrait sur l’image du chevalier, qui apparaissait sur l’écusson de l’équipe, et qui rappelait l’âge d’or de la ville au Moyen-Âge.

Petite bourgade d’à peine de 6 000 habitants, Trakai se distingue en Lituanie par la présence de plusieurs chateaux forts. Le plus important se situe sur une île du lac Galvė. Au départ, il s’agissait d’une construction en bois mais après plusieurs attaques, le développement d’un édifice en pierre débuta au XIVème siècle et fut décidé par le Grand Duc de Lituanie, Kęstutis. Vers 1409, des travaux majeurs (extension de deux ailes, renforcement de l’enceinte avec des murs de 2,5 mètres d’épaisseur ainsi qu’un donjon de 35 mètres) furent achevés par son fils Vytautas le Grand, qui mourut dans cette citadelle en 1430. A l’issu de ces derniers travaux, le château de l’île de Trakai devint le plus puissant et le plus grandiose du Grand Duché ainsi que la résidence la plus importante de Vytautas le Grand. Reconstruit dans les années 1950, ce château est désormais une attraction touristique majeure.

Si ce château vit le jour à Trakai, c’est que la ville avait prit une certaine importance au sein du Grand Duché. En 1321, le Grand Duc Ghédimin avait déjà fait de Trakai sa capitale et vers 1375, le Grand Duc Kęstutis la confirma comme le deuxième centre administratif et politique du Grand-Duché après Vilnius. Son trésor avait été déplacé dans le chateau de l’île. Il s’agissait également d’une position militaire stratégique face aux attaques teutoniques. Pour défendre le château de l’île ainsi que la ville de Vilnius, plusieurs forteresses situées dans les collines avoisinantes furent également bâties sous le règne de Kęstutis. Les principales places fortes étaient le château de la presqu’île de Trakai (situé sur une péninsule entre le sud du lac Galvė et le lac Luka et construit vers 1350-1377) ainsi que le château de Senieji Trakai (où Kęstutis se maria et Vytautas y naquit mais fut détruit en 1391).

#1217 – Western Sydney Wanderers FC : the Wanderers

Les vagabonds. Quand on crée une nouvelle franchise dans les nouveaux territoires du football, là où l’histoire trop jeune du pays ne facilite pas l’identité, les fondateurs accordent autant d’importance au projet sportif qu’à la construction du plan marketing. qui vise à bâtir une base de fans. En 2005 (à la création de la nouvelle ligue australienne, la A-League) et en 2008, des tentatives pour monter une franchise pour l’Ouest de Sydney se révélèrent infructueuses. La ville de Sydney était déjà représentée par le Sydney FC mais ce club s’adressait à l’Est de la cité. La population de la ville s’élevant à près de 5 millions et s’étendant sur un large territoire (environ 12 300 km2), Sydney avait donc de la place pour accueillir une seconde franchise.

En Avril 2012, le président de la fédération australienne annonça la création d’une nouvelle franchise pour Sydney, mais aucun bailleur de fonds ne se précipita pour soutenir le projet. La fédération n’en démordit pas et, pour recueillir l’adhésion de la communauté de l’Ouest de la ville, organisa des réunions où chacun pouvait exprimer ses idées sur les valeurs et la culture du club, le style de jeu, là où l’équipe devait jouer et les noms et couleurs. Après ces discussions, la fédération lança officiellement une enquête pour trouver le nom et les couleurs de la nouvelle franchise. Les choix se limitaient à Athletic, Wanderers, Strikers, Wolves et Rangers et au final, Wanderers l’emporta largement. Certes, il rappelle le nom de certains clubs anglais comme Wolverhampton et Bolton mais il était avant tout une référence au premier club de football en Australie, The Wanderers, qui évoluait justement dans l’Ouest de Sydney.

Le premier match de football en Australie se déroula au Parramatta Common (le futur stade de la nouvelle franchise) dans l’après-midi du samedi 14 août 1880. Les élèves de l’équipe de rugby First XV de la King’s School furent opposés à une autre formation qui allait devenir 5 jours plus tard The Wanderers.

Peut-être également que ce terme de wanderers (vagabonds) s’était inscrit dans l’inconscient collectif quand un club de l’Ouest de Sydney tenta d’obtenir une licence en A-League en 2008 (mais vainement) et qu’il se nommait rovers (autre terme pour désigner un vagabond).

#1216 – FCV Farul Constanța : Marinarii

Les marins. Depuis le 21 juin 2021, les deux clubs de Constanța, le FC Viitorul (#391), l’académie sportive fondée en 2009 par la star du football roumain, Gheorghe Hagi, et du FC Farul, le club historique de la ville fondé en 1920, ont fusionné pour donner naissance au FCV Farul. La nouvelle association a repris l’ensemble des symboles du FC Farul dont le blason. Mais également un des surnoms du FC Farul, marinarii.

Constanța est la grande ville portuaire et balnéaire roumaine, située sur la seule côte maritime du pays, le long de la Mer Noire. Dès la préhistoire, le foyer de Constanța rassemblait des pêcheurs. Puis, au Vème siècle avant J.-C., la colonisation de la Mer Noire par les grecs fit émerger un port à Constanța, dont la forme, qui coupait le rivage, donna le nom à la ville, Tomis ou Tomes. Ce dernier dérive du mot 
grec τομή (tomí) signifiant « couper, fente ». L’activité portuaire continua au fil des siècles sans transformer la ville en grand centre commercial incontournable. Mais, au XIXème siècle, avec l’indépendance de la Roumanie, le pouvoir royal conféra à Constanța le rôle de pivot maritime du pays. Le Roi Carol 1er surnomma la ville le « plămânul României » (poumon de la Roumanie) en y faisant construire le principal port du pays en 1895. En outre, le Serviciul Maritim Român, la compagnie maritime nationale, fut fondée en 1895 et l’ensemble de sa flotte baignait à Constanța. Ces installations permirent d’en faire l’un des ports principaux en Mer Noire voire d’Europe. Le port enregistra en 1911 un trafic total de 1,4 millions de tonnes et le trafic atteint 6,2 millions de tonnes en 1937. L’ère soviétique favorisa l’industrie lourde autour de la ville et donc les activités du port. Aujourd’hui, à la fois maritime (Mer Noire) et fluvial (Danube) et étendu sur plus de 3 900 hectares, le port bénéficie d’une position stratégique et a enregistré un record d’activité en 2022, lorsque 75,5 millions de tonnes et 776 590 conteneurs (EVP) ont transitées par ses quais. Le port accueille également l’un des plus grands chantiers de construction et de réparation navales d’Europe, Șantierul Naval Constanța.

En 1920, le club du FC Farul fut fondé sous le nom de SPM Constanța (Serviciul Porturi Maritime – Service Portuaire Maritime) et fut renommé en 1946 PCA Constanța (Porturi Comunicații Ape – Ports Communications Eau). Le lien entre le club de football et le port était donc évident et ce dernier rassemblait parmi ses fans notamment les marins et dockers de la ville. D’ailleurs, en 1958, le club prit un nom plus consensuel mais tout aussi évocateur, Farul, qui désigne le phare, un monument historique daté du XIVème siècle situé dans le centre historique de la ville et qui guidait les navires vers le petit port.

#1215 – FK Mačva Šabac : Провинцијски Уругвај

L’Uruguay provincial. Dans la ville de Šabac, dans le district de Mačva, au Nord-Ouest du Pays, se trouve l’un des doyens du football serbe. Fondé en 1919, le FK Mačva Šabac fut un des rares clubs à résister à la réorganisation des clubs sportifs par les autorités communistes après la Second Guerre mondiale et put donc poursuivre son activité jusqu’à nos jours. Ces dernières années, il apparût même de nouveau au sein de l’élite serbe.

Toutefois, le club connut son âge d’or durant l’entre-deux-guerres. Depuis le début des années 1920, le FK Mačva Šabac dominait les ligues du district local et, suite à une victoire sur son rival, Srbija Šabac, intégra une ligue provinciale, celle de Novi Sad. Pour y jouer les premiers rôles, le Mačva réalisa un ambitieux recrutement, en allant notamment débaucher des joueurs dans les clubs de la capitale. Bénéficiant d’un fort soutien populaire, d’infrastructure de qualité (notamment un terrain doté d’une tribune de 400 sièges), et d’une équipe composée de joueurs expérimentés et de jeunes talents, pratiquant un football offensif, le Mačva imprima sa pate dans le championnat provincial et même dans tout le Royaume des Serbes, Croates et Slovènes. En 1927, le club fut sacré champion de Novi Sad. Titre qu’il conserva aisément en 1928 (1 défaite en 8 matchs et après avoir battu son rival et second, Vojvodina Novi Sad, sur un score de 6 buts à 1). L’équipe de Šabac intégra alors le prestigieux championnat de Belgrade et disputa la finale en 1928. La même année, une tournée fut organisée à Salonique et le Mačva battit les deux clubs de la ville, l’Aris (3-1) et l’Iraklis (4-2). Les saisons suivantes, le club assit sa domination dans la ligue de Novi Sad, avec 3 nouveaux titres (1929, 1930 et 1931). Surtout, en 1929, il ne perdit qu’un match sur les 10 disputés et en 1930, il finit invaincu, marquant 60 buts en 10 matches. En Août 1931, le Mačva obtint sa place au sein du championnat national de Yougoslavie, après avoir remporté 11 des 14 matchs de qualification. Malheureusement, cette accession à l’élite marqua le début de la fin.

Lors de cette période, sur le plan international, l’Uruguay incarnait la nation reine du football. Alors que la Coupe du Monde n’était pas encore instituée, les Jeux Olympiques demeuraient le seul tournoi international de football et l’Uruguay avait remporté la médaille d’or en 1924 face à la Suisse et en 1928 face à l’Argentin, devenant la première nation à conserver le titre. Encore aujourd’hui, l’Uruguay considère que ces deux titres sont l’équivalent d’une victoire en Coupe du Monde. D’ailleurs, en 1930, la Céleste devint officiellement championne du monde, en gagnant la première édition de la Coupe du Monde. Enfin, elle avait conquis 6 des 12 Copa América disputées entre 1916 et 1929. Emmenée par des joueurs talentueux comme le buteur Pedro Petrone et le meneur de jeu José Andrade, la Céleste pratiquait un football d’avant-garde et flamboyant, fait de passes courtes et d’occupation intelligente du terrain.

Suite à une victoire face au grand club du Vojvodina Novi Sad le 1er mai 1927, un journaliste du quotidien local « Radikal » utilisa pour la première fois la comparaison avec l’Uruguay pour parler du FK Mačva Šabac. En 1928, le journal « Politika » écrivit après une victoire face au SK Jedinstvo Belgrade « Provincijski Urugvaj – kako popularno nazivaju šabačku Mačvu – opravdao je potpuno, mišljenje koje o igri ovog tima, već ranije, i posle lepih uspeha u provincijskom prvenstvu, a naročito posle turneje po Grčkoj, vlada kod nas » (L’Uruguay provincial – comme on appelle populairement Mačva de Šabac – a pleinement justifié l’opinion qui prévaut dans notre pays sur le jeu de cette équipe, déjà avant et après de bons succès dans le championnat provincial, et surtout après la tournée en Grèce).

Si vous souhaitez plonger dans le détail des aventures du Mačva, je vous invite à lire l’article de Footballski.