#1236 – SC Bastia : i Turchini

Les bleus. Doyen du football insulaire, le Sporting naquit en 1905, par la volonté de Hans Ruesch, un suisse enseignant l’allemand au Lycée de Bastia et ayant jouant au FC Barcelone, auxquels se joignirent Emile Brandizi et Joachim Vincensini. Dès le départ, le choix des couleurs se porta sur le bleu et le blanc, tout simplement celles de la ville de Bastia et de la Vierge Marie.

Tout d’abord les armoiries de Bastia qui montrent principalement une tour blanche sur un fond bleu. Cette même tour que l’on retrouve sur le blason du club et qui fait référence au premier château, construit en 1383 par le génois Leonello Lomellini. Ce chateau se dénommait en italien Castello della Bastia, ce qui donna son nom à la ville, et aujourd’hui, Bastìa signifie en corse « poste fortifié ».

Ensuite, la Corse voue un culte respectueux à la Vierge Marie, depuis qu’elle l’aurait protégée de la peste au XVIIème siècle. Le 30 janvier 1735, en remerciement, la Consulta de Corte consacra officiellement Marie comme la reine de Corse. Chaque 8 septembre, d’un bout à l’autre de l’île, la naissance de la Vierge Marie est célébrée, tradition qui remonterait au Vème siècle. En outre, l’hymne National Corse « Dio vi Salve Régina » est une louange à la Vierge et on dénombre pas moins de 8 sanctuaires et 126 églises et oratoires dédiés à la gloire de la mère de Jésus. En particulier, deux apparitions maritales, reconnues par l’Eglise, se déroulèrent non-loin de Bastia. La première au XVIIIème siècle, dans le village de Pancheraccia, situé à 92 km de Bastia. La seconde, le 26 Juin 1899, à Campitello, commune située à 42Km de Bastia. Enfin, dans la Cathédrale de Bastia se trouve une imposante (une demi-tonne) et superbe statue processionnelle de la Vierge en argent massif.

Or, la Vierge Marie est systématiquement représentée vêtue d’une robe bleue (cf. #399 et #497). Cette couleur est porteuse de nombreuse signification telle que la fidélité, la justice et la spiritualité. Dans l’ancien testament, le bleu représente la fidélité du peuple d’Israël à Dieu tout comme la Vierge Marie. L’étoffe qui recouvre l’Arche d’Alliance est bleue et pour rappeler que la Vierge Marie, en ayant porté Jésus Christ, est comme l’Arche, elle serait représentée avec des vêtements bleus.

Ce choix fut judicieux selon Charles Bergassoli, premier secrétaire-trésorier du club. Il expliquait alors que la population était dubitative face à ce nouveau sport « il fallait faire accepter aux parents l’usure des chaussures etc… car le vrai équipement ne vint qu’après. Et c’est peut-être la couleur du maillot qui a calmé certains esprits ».

#1235 – Cordoue FC : los Califas

Les califes. 3ème ville de la région de l’Andalousie avec ces plus de 320 000 habitants, après Séville et Malaga, la cité de Cordoue possède une longue et riche histoire. En 169 avant J.-C. ou en 152 avant J.-C., le proconsul Claudius Marcellus fonda une colonie sous le nom de Colonia Patricia Corduba. De par sa position stratégique face à des peuples Ibères peuplant la vallée du Guadalquivir et sa forte activité économique grace aux mines de la Sierra Morena, à l’élevage de moutons et à l’exportation d’huile d’olive, Cordoue devint la capitale de la province romaine d’Hispanie. Après la chute de l’Empire Romain au Vème siècle, les Wisigoths occupèrent la ville puis au début du VIIIème siècle (711), les musulmans envahirent la cité et tout le Sud de l’Espagne.

Dans la lignée de l’époque romaine, les maures en firent un de leur principal centre politique et économique d’Al-Andalus. En 756, Abd al-Rahman Ier, prince omeyyade, conquit la cité et se proclama émir (commandant en chef). Cet émirat, dont Cordoue était la capitale, gagna son indépendance du califat Abbasside de Bagdad en 773. Puis, en 929, l’émir Abd al-Rahman III s’octroya le titre de calife (successeur de Mahomet), rompant alors avec les Abbassides et fit de Cordoue la capitale de son califat. Sous le règne des califes de 929 à 1031, Cordoue connut sa période la plus faste. La ville compta entre 250 000 et 350 000 habitants, plus de six cents mosquées et sept cents bains publics. Elle possédait une célèbre université et une bibliothèque publique contenant quelque 400 000 livres ainsi que 27 écoles gratuites destinés aux populations pauvres. La grande mosquée de Cordoue, qui avec une superficie de plus de 23 000 m2 était la deuxième plus grande du monde musulman, comme les nombreux somptueux palais, dont celui d’Al-Zahra dont la construction dura 25 ans et sollicita 10 000 ouvriers, magnifiaient la ville. Elle rivalisait par sa puissance alors avec Constantinople, capitale de l’Empire Romain d’Orient. Après la mort d’Almanzor, le déclin Cordoue débuta, la reléguant dans la hiérarchie en ville secondaire.

#1234 – Crystal Palace FC : the Eagles

Les aigles. Les premières années de la décennies 1970 ne furent pas synonyme de réussite sportive pour le club du Sud de Londres et pourtant elles s’avérèrent fondamentales dans la construction de sa nouvelle identité. Lors de la saison 1972-1973, Crystal Palace évoluait en première division depuis 4 ans et son équipe réussit quelques belles performances, comme une victoire 5 buts à 0 face à Manchester United. Malheureusement, c’était anachronique dans une saison globale plus morose. Après avoir mené le club de la quatrième à la première division, Arthur Wait fut remplacé à la présidence par Raymond Bloye en novembre 1972. Ce dernier prit la décision de remplacer le manager Bert Head par Malcolm Allison, qui venait d’officier avec succès durant 8 ans à Manchester City. Cette nomination ne permit pas de sauver le club de la relégation.

Animé par une grande ambition et jouissant d’une grande aura, l’influence du nouveau manager ne se limita pas au sportif. Suite à la relégation subie, Malcolm Allison voulait rebondir avec force et désira renforcer l’image du club. Tout d’abord, il mit fin à 68 ans d’association du club avec les couleurs bordeaux et bleu (ie depuis la création du club en 1905), et opta pour des maillots plus flamboyants, à rayures rouges et bleues, à l’image du FC Barcelone. Il décida aussi de doter le club d’un nouveau surnom (en remplacement de Glaziers #114), qui allait déteindre sur un nouveau blason. Et ce fut aussi du côté de la péninsule ibérique que son inspiration vint.

En ce début des années 1970, le Benfica Lisbonne était déjà un grand d’Europe, porté par le génial Eusebio. Le club lisboète avait déjà remporté 2 Coupes des Clubs Champions (plus 3 finales perdues). En 1970, le manager anglais Jimmy Hagan fut nommé à la tête du Benfica et durant les 3 années de son mandat, l’équipe portugaise connut une nouvelle période dorée, en remportant 3 championnats et une coupe. En 1972-1973, avec 28 victoires, 2 nuls et 0 défaite et 101 buts marqués pour seulement 13 encaissés, Benfica devint le meilleur champion du Portugal et le premier invaincu. Benfica brilla aussi en Europe lors de la saison 1971-1972, avec une victoire 5-1 contre Feyenoord, et une demi-finale perdue face à l’Ajax de Johan Cruyff. Impressionné par l’équipe lisboète, Malcolm Allison voulait reproduire leur succès et donner une impulsion à son équipe et ses fans en copiant le symbole puissant du Benfica, l’Aigle (#153). Ainsi, un aigle devint le surnom du club et s’imposa sur l’écusson.

Le surnom fut vite adopté (le « Mirror » titrait déjà 4 jours après l’adoption du surnom « Allison’s eagles will fly high » (les aigles d’Allison voleront haut)) mais cela n’eut pas l’effet escompté puisque Crystal Palace enchaina une seconde relégation en 1973-1974 et Malcolm Allison quitta le club en 1976, sans avoir pu ramener l’équipe simplement en seconde division. Entre 2010 et 2020, comme à Benfica, Crystal Palace posséda un véritable aigle comme mascotte, qui survolait Selhurst Park avant le début des matchs. Nommé Kayla, il s’agissait d’un pygargue à tête blanche américain. Malheureusement, elle décéda en 2020 des suites d’une maladie et aucun autre aigle ne vint le remplacer pour perpétuer cette tradition.

#1233 – CF Juárez : los Bravos

Les Braves. Située au nord de l’État de Chihuahua au Mexique, Juárez est la grande ville frontalière, neuvième plus grande cité du Mexique avec plus de 2,5 millions d’habitants. Mais, malgré son poids économique, l’histoire footballistique de Ciudad Juárez demeure mouvementée. Tout commença en 1977 avec l’Atletas Campesinos qui mena l’élan sportif en évoluant en première division à compter de la saison 1980-1981. Toutefois, l’aventure tourna court puisqu’en 1983 le club fut racheté et démangea à Tampico. En 1986, la famille De la Vega acheta la franchise du Club Cobras de Querétaro, qui venait d’être reléguée en seconde division, et la transféra à Ciudad Juárez. L’équipe retrouva l’élite lors de la saison 1988-1989 mais redescendit dès la saison 1991-1992, conduisant à sa disparition de Juárez en 1994. Cette grande ville ne pouvant se passer d’un représentant dans le sport numéro du Mexique, le 8 avril 2005, un groupe d’entreprises acheta la franchise de Pachuca Juniors et la transféra à Ciudad Juárez. Ainsi naquit le CF Indios qui s’établit en première division lors du tournoi d’ouverture 2009. Malheureusement, l’équipe disparait en 2011 en raison de problèmes financiers.

L’espoir renaît en 2015 lorsqu’un groupe d’hommes d’affaires, dirigé par Alejandra de la Vega, décida de fonder une nouvelle équipe pour porter haut les couleurs de la ville. Le 29 mai 2015, l’extension de la liga Ascenso MX offrit une place à ce nouveau club. Le 14 juillet de la même année, la direction réalisa la présentation officielle de l’équipe, où elle annonça que le nom serait CF Juárez et que le surnom serait Bravos (suite à une consultation des fans). Certes, il fallait être courageux pour tenter une nouvelle aventure footballistique dans cette ville qui semble maudite au plan sportif mais surtout, il fait référence au Río Bravo, le fleuve qui sépare le Mexique et les Etats-Unis, et que la ville de Juárez borde. Du côté américain, on le connait sous le nom de Río Grande, certainement un autre surnom que le club espère gagner.

#1232 – Djurgårdens IF : Apor

Les singes. Dans les années 1980, les supporteurs adverses, en particulier ceux des rivaux de l’AIK et de Hammarby IF, avaient pris l’habitude de jeter aux joueurs et aux fans de Djurgårdens des bananes, les comparant ainsi aux primates. Evidemment que ce geste était insultant mais se basait sur une réalité du quartier insulaire de Stockholm. En effet, l’île de Djurgården accueille depuis la fin du XIXème siècle le musée en plein air de Skansen, qui abrite également un parc zoologique. Alors que la Suède connaissait de profonds changements, Artur Hazelius, craignait que la culture populaire suédoise disparût et créa ainsi en 1891 un musée réunissant des pièces de la vie quotidienne. Plus de 140 bâtisses typiques furent ainsi reconstruites pierre par pierre dans ce parc. Dans les premières années, le musée hébergea également des espèces présentes en Suède comme des rennes, des chiens, des poules, des oies et des canards. Puis, il fut reconnu comme un zoo en 1924 lorsqu’il reçut les fonds nécessaires pour construire la maison des singes, appelée Djurhuset. A compter de cette date, le cheptel d’animaux comprenait ceux endémiques de la Suède ainsi que des exotiques comme des perroquets, tortues, poissons et donc aussi des babouins, gibbons et petits singes. Ainsi, depuis plus d’un siècle, le quartier de Djurgården est connu pour ce musée et sa montagne aux singes.

Comme souvent avec des surnoms ironiques, les fans moqués se l’approprient et le tournent alors en fierté. Et donc les supporteurs de Djurgården n’hésitent pas aujourd’hui à afficher des primates et les tiffos affichant un gorille (un gorille est plus impressionant et moins amusant qu’un singe) ne sont pas rares. Le club lui-même joue sur cet aspect en vendant des t-shirts où le logo de l’entreprise Chiquita, un des plus grands producteurs de bananes au monde, était confondu avec celui du club et le slogan « Ge oss bananer » (donnez nous des bananes) apparaissait en dessous. Résultat, beaucoup dans les tribunes pensaient que la tradition du lancer de bananes était innocente et était un élément folklorique de la rivalité historique entre les supporters des trois grands clubs de Stockholm.  Toutefois, elle trouva ses limites quand, au début des années 2000, le gardien de Djurgårdens IF était le gambien Pa Dembo Touray. Le folklore empruntait alors le chemin de manifestations racistes et finit donc par disparaitre. En revanche, le surnom résista à cette prise de conscience du public.

#1231 – Kieler SV Holstein : die Störche

Les cigognes. En 2024, un vent nouveau souffle en Bundesliga avec la promotion, pour la première fois de son histoire, du Kieler SV Holstein (communément appelé Holstein Kiel). Longtemps cantonné à une ville de Handball (THW Kiel, 23 fois champions d’Allemagne et 4 fois vainqueurs de la Ligue des Champions entre-autre), Kiel s’est rappelé récemment qu’il avait un club de football qui avait été champion d’Allemagne en 1912. Située au bord de la mer Baltique, traversée par le canal de Kiel, qui relie la mer Baltique à la mer du Nord, la cité s’est construite avec la Mer comme horizon et sa culture a une touche maritime (la compétition de voile « Kieler Woche », la quartier « Marineviertel », le musée maritime, le phare de Bülker et le mémorial naval de Laboe). Pour autant, c’est l’échassier migrateur qui s’est posé dans l’enceinte du club de football dès ses premières années.

Au départ, les joueurs du club auraient joué avec un maillot blanc, un short blanc et des chaussettes rouges, et cette association de couleurs faisait ressembler l’équipe à des cigognes. Probablement que ces teintes provenaient des armes de la ville (feuille d’ortie blanche sur fond rouge) qui elles-mêmes dérivaient des armoiries de la Maison de Schauenbourg, comte de Schauenbourg et Holstein. Mais, cette version est démentie par le club. D’autant plus que les couleurs actuelles du club sont le bleu, le blanc et le rouge, (qui correspondent aux couleurs de l’État du Schleswig-Holstein (elles-mêmes tirées des armoiries des deux composantes historiques de cette région : Duché de Schleswig (deux lions bleus sur fond jaune) et Duché de Holstein (feuille d’ortie blanche sur fond rouge)) et s’imposèrent rapidement. Au cours des premières années, Holstein joua avec des chemises à rayures horizontales bleu-blanc-rouge et à partir de 1906 avec des chemises blanches accompagnées d’une ceinture bleu-blanc-rouge. En 1910, les joueurs portaient des maillots bleus avec un H blanc sur la poitrine, des culottes noires et des chaussettes noires. Et au moins depuis 1911, la tenue de jeu était celle encore en vigueur aujourd’hui : chemise bleue, short blanc et chaussettes rouges.

Pour le club, la raison de ce surnom revient à l’emplacement du stade. Inauguré en 1911, le Stade d’Holstein, où évolue encore l’équipe, avait pour voisin, dans la Gutenbergstrasse, un pub appelé « Zum Storchnest » (Au nid de la cigogne). Dans les premières années, les joueurs s’y rendaient souvent avant et après les entraînements, notamment pour s’en servir de vestiaire. Aujourd’hui, le bar existe toujours mais sous le nom de « Gutenberg ».

#1230 – Sandnes Ulf : Ulf

Ce nom particulier suffit en lui-même pour faire le surnom du club. Le football fit son apparition dans cette ville du Sud du pays, près de Stavanger, au début du XXème siècle (vers 1907), lorsque les frères anglais Arnold et Hubert Thomas vinrent y travailler. Séduite, la jeunesse de la ville s’organisa rapidement puisque dès l’année suivante, le club de Sandnes Fodboldforening vit le jour. Au départ des frères Thomas qui retournèrent en Angleterre en 1911, le club fut dissous. Pourtant, l’engouement suscité par cette nouvelle pratique sportive ne disparut pas parmi les jeunes de la ville. Le 3 mai 1911, Arnulf Asserson, Trygve Bergeland, Åge Bergeland, Ola Nygård, Sverre Svendsen, Jonas Øglænd, Erik Ivarson, Tønnes Øksnevad et Olaf Nygård se réunirent pour fonder une nouvelle association de football.

Naturellement, lors de la création d’un club, le nom demeurait un choix important et l’objet de débat mais souvent suivait des modes. Et, en Norvège, au début du XXème siècle, la mode était à des noms courts, de préférence une seule syllabe : Fram (3 clubs fondés en 1892, 1894 et 1907), Odd (1894 – #653), Lyn (1896), Start (1905), Brann (1908), Frigg (1904), Ørn (1904) et Skeid (1915). Le premier président du Sandnes Ulf, Nils Voss, un des membres les plus âgés du défunt Sandnes Fodboldforening, souhaitait que le nouveau club porte un nom différent de celui de Sandnes Fodboldforening. Ainsi, lors de l’assemblée générale extraordinaire du 27 juin 1911, trois propositions de noms furent soumises au vote : Smart (vif, intelligent – proposition du conseil d’administration) Gann (terme utilisé avant le Moyen-Âge pour désigner la région de Sandnes – proposition de Johan Iversen) et Ulf (proposition d’Arnulf Asserson). Bien que soutenu par le conseil d’administration, Smart ne recueillit que 3 voix (comme Gann). En revanche, Ulf, nom court, simple, accrocheur, avec une certaine sonorité, remporta la mise, avec dix voix. Arnulf Asserson l’imagina certainement à partir de son prénom, en se rappelant que ulf dérive du mot vieux norrois úlfr qui signifie loup.

#1229 – FC Roskilde : Ørnene

Les aigles. Evoluant dans le stade Roskilde Idrætspark surnommé Ørnereden (le nid d’aigle) et affichant la tête d’un l’aigle sur son écusson, le club aime le majestueux oiseau. En 2004, 3 clubs (Roskilde Boldklub (fondé en 1906), Svogerslev Boldklub et Himmelev-Veddelev Boldklub (fondé en 1925) de la région de la ville de Roskilde, en Zélande, décidèrent de créer une superstructure, portant leur équipe élite. L’objectif était que ce nouveau club eût les moyens d’évoluer au plus haut niveau professionnel, constituât l’identité sportive de Roskilde et retînt les talents locaux. Objectif réussit en 2008 quand il gagna sa promotion au sein de l’élite danoise.

Pour la symbolique de cette nouvelle structure, les 3 clubs optèrent pour l’emblème de la ville, l’aigle. En effet, l’écusson actuel de la municipalité, enregistré le 15 mars 1938, est un aigle aux ailes déployés (Un bouclier d’argent [blanc] avec un aigle noir aux bras d’or au-dessus d’un mur rouge entourant une source bleue avec trois roses nageuses) et ce symbole n’est pas né d’une lubie d’une équipe marketing. Les premières traces de l’aigle remontent à un sceau de la ville, datant de 1286 (mais ses origines pourraient s’établir vers 1250). A vrai dire, le sceau fait apparaître un oiseau, assimilé à un aigle. Peut-être l’aigle impérial du Saint Empire car, au XIIIème siècle, les finances de la ville étaient tenus par un ressortissant du Saint Empire. Probablement aussi que l’aigle représentait un signe de puissance et de fierté d’une guilde de la ville. Toutefois, cela aurait pu être un faucon car, selon certaines légendes, la ville disparue de Høgekøbing serait à l’origine de la cité de Roskilde. Dans le Chronicon Lethrense, un texte danois du XIIème siècle, le roi légendaire Hrothgar aurait choisi de déplacer les habitants de la ville de Høgekøbing vers l’endroit où il fonda Roskilde. Or, Høgekøbing signifiait la ville faucon et les armes de Roskilde serait donc parlante.

#1228 – Hapoël Jérusalem : קטמון

Katamon, nom d’un quartier du centre-Sud de Jérusalem, officiellement nommé Gonen. L’Hapoël est un club historique du football israélien et du mouvement sportif Hapoël. En 1926, souhaitant pénétré l’ensemble des milieux de la société, le syndicat socialiste הסתדרות (Histadrout – Fédération générale des travailleurs de la Terre d’Israël) fonda un mouvement sportif du nom Hapoël (הפועל) qui essaima des clubs dans tout le pays, en commençant par les deux plus grandes villes, Tel Aviv et Jérusalem (12 Juin 1926). Club historique certes mais sans un grand palmarès puisqu’il ne compte qu’une ligne significative, une Coupe en 1973. Naviguant régulièrement entre l’élite et son antichambre, il connut même une grave crise dans les 2000.

En 1995, l’équipe fut achetée par l’entrepreneur Yossi Sassi, qui nomma son collègue Victor Yona comme président. Seulement, la relation se détériora entre les deux suite à un différend sur la propriété du club. Les frictions, qui se déplacèrent sur le terrain juridique, conduisirent à des problèmes de gestion et financiers. une forte baisse de la popularité de l’équipe mais avant tout des résultats sportifs en berne (relégation en 3ème division en 2001). Face à cette situation désespérante, des supporteurs militants réunirent des fonds, dans un premier temps pour racheter en vain l’Hapoël, puis, dans un second temps, fondèrent un nouveau club sous le nom de Hapoël Katamon Jérusalem en 2007. Katamon était un clin d’œil aux racines de leur ancien club de cœur. Des années 1950 au début des années 1980, l’Hapoël Jérusalem évolua au Stade Katamon, qui se situait dans le quartier éponyme. Cette gestion communautaire entre supporteurs porta ses fruits et l’équipe monta progressivement les échelons pour se hisser jusqu’en division 2 en 2013, là où végétait l’historique Hapoël Jérusalem. Destin croisé. L’Hapoël continua sa dégringoladen, reculant en 3ème division en 2016. Le 26 août 2019, la Fédération israélienne de football refusa d’inscrire l’Hapoël historique dans la ligue en raison de problèmes financiers. En 2020, finalement, l’Hapoël Katamon racheta les droits de l’Hapoël historique et le club de Katamon reprit le nom d’Hapoël Jérusalem. Pour ne pas oublier ses racines, Katamon demeura comme surnom.

#1227 – Al Ahly SC : الشياطين الحمر

Les diables rouges. L’histoire du club égyptien débuta en 1907 sur l’initiative de Omar Lotfy alors qu’il présidait le Club des lycéens. Ce dernier avait servi de catalyseur pour le leader nationaliste, Mustafa Kamil, afin d’enflammer les étudiants contre l’occupation britannique, l’Egypte étant sous domination du Royaume-Uni depuis les années 1880. Ainsi, si l’objectif premier de Lofty était d’occuper le temps libre des jeunes avec cette nouvelle association, l’approche politique n’était pas exclue puisque le club apparaissait aussi comme un moyen de réunir des jeunes, de promouvoir l’identité égyptienne et les idéaux nationalistes. Kamil allait donc également exploité ce nouveau club pour poursuivre l’élan nationaliste. Naturellement, les fondateurs dotèrent le club de nombreux attributs nationalistes, notamment ses couleurs. Ils optèrent pour le rouge et blanc, couleurs du drapeau de l’Egypte au début du XXème siècle.

Avant l’occupation britannique, l’Egypte faisait parti de l’Empire Ottoman. Mais, à partir de l’arrivée de Méhémet Ali comme wali (gouverneur d’Égypte) en 1805, l’Egypte gagna de plus en plus d’indépendance vis-à-vis de la Sublime Porte. Mais, Méhémet Ali nourrissait de grandes ambitions et souhaitait déposer la dynastie ottomane afin de s’emparer du trône du sultan. Ainsi, pour se mettre au même niveau que le sultan dans la symbolique, il introduisit un nouveau drapeau, rappelant fortement celui des Ottomans, avec trois croissants et étoiles blancs sur fond rouge. Lors de la révolte de 1919, le drapeau de Méhémet Ali réapparût dans les rangs nationalistes.

Depuis la fondation d’Al Ahly, ces deux teintes ne quittèrent jamais le maillot et l’écusson du club. Le maillot évolua car au départ il comportait des rayures blanches et rouges. Puis, un scapulaire fit son apparition et dans les années 1930, le maillot ressembla à celui d’Arsenal ou de Blackburn. A la fin des années 1940, Al Ahly opta définitivement pour un maillot intégralement rouge, accompagné d’un short blanc. Le rouge (qui rappelle le sang – celui des crimes – et le feu – les flammes de l’enfer) est souvent associé au diable d’où le surnom. La couleur donna également d’autres surnoms comme القلعة الحمراء (château rouge) et المارد الأحمر (génie rouge).