Les chevaux. Fondé il y a seulement 13 ans, le club prenait la suite des Centauros Villavicencio, dont la vie n’avait duré que 9 ans mais qui était la première tentative de doter le département de Meta d’une équipe en mesure d’évoluer dans l’élite colombienne. La première équipe faisait référence à l’animal mi-homme, mi-cheval, le Centaure, donc il paraissait logique que le nouveau club reprenne le cheval dans son écusson et comme surnom. Et si l’équidé occupe une place centrale dans la symbolique des deux équipes de football, c’est en raison de son rôle important dans cette région.
Le département de Meta fait partie de la région du Llanos, qui occupe l’ouest du Venezuela et l’est de la Colombie et où s’étire de vastes plaines herbeuses, bases de son économie. Car son climat humide et chaud offrent de beaux pâturages, favorables à l’élevage (bovins, porcs et chèvres). Les pâturages dans le Llanos représentent entre 7 et 9 millions d’hectares et pour certaines parties de la région, environ 85% des terres sont même consacrées à l’élevage. Près de 9 millions de bovin (le tiers du pays) se trouve dans cette région, répartis dans près de 32 000 fermes. Ces ranchs exploitent de grands troupeaux sur de vastes terres, qu’ils rassemblent deux fois par an, la première fois au début de la saison des pluies pour les emmener vers les terres plus sèches et, inversement à la fin de l’année. Et pour surveiller ces bêtes et réaliser ces longs voyages, les ranchs comptent sur les cow-boys locaux, les llaneros.
Leur culture démarra avec l’introduction de l’élevage par les colons espagnols au XVIème siècle. Semi-nomade, ils guidaient les troupeaux et étaient reconnus comme des cavaliers habiles qui géraient toutes les tâches liées au bétail. Elevés dès leur plus jeune âge sur le dos d’un cheval, avec une façon particulière de le monter, les llanaros ne considéraient que l’équidé comme animal, créant un lien qui allait au-delà de celui d’un animal de compagnie. Il était le prolongement de son corps et de son esprit. Et, dans les plaines, pour tous il était clair que sans chevaux, il n’y eut pas eu de développement. Il y avait quatres types de llaneros : le cabrestero qui conduit le bétail, le baquiano qui connaît les chemins, la langue et les coutumes d’une région afin de les parcourir sans encombres, le cuatrero, le voleur de bétail et le músico, qui est un cavalier musicien et chanteur. Ils étaient reconnaissables à leur tenue qui se composait d’un pantalon double (un à l’intérieur pour se salir et l’autre à l’extérieur, qui se nommait garrasí) qui avait des griffres au bout pour l’attacher, une chemise à col large et ouvert se portant par dessus le pantalon, un chapeau de type andalou et un grand foulard. Etant de bons cavaliers, ils furent recrutés pendant les guerres (en particulier les guerres d’indépendance où ils servirent dans les deux camps) pour former le gros des troupes de cavalerie. Les llaneros jouèrent un rôle important dans l’émancipation du pays et les historiens estiment que plus de 13 000 llaneros perdirent la vie durant la guerre d’indépendance.
Etant donné qu’ils ne quittaient jamais leurs montures et qu’ils servirent dans l’armée, ils ressemblaient au centaure, cet animal mythique qui rassemble l’homme et le cheval sous un même être et combattait en première ligne en raison de sa force et son audace. D’ailleurs, le chanteur colombien Cholo Valderrama aime à dire « El suelo del llanero son los estribos » (le sol du llanero, ce sont les étriers). Et cette comparaison s’installa dans l’imaginaire collectif colombien. Ainsi, pour évoquer la fin de la guerre d’indépendance menée par Bolívar, avec le soutien des llaneros, le 6ième couplet de l’hymne national colombien dit « Centauros indomables Descienden a los llanos » (Des centaures indomptés descendent dans les plaines). Deux centaures se distinguent également sur les armoiries du département de Meta.
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