#1038 – CS Constantinois : السنافر

Les Schtroumpfs. Le club de la ville de Constantine évolue en vert et noir depuis sa création (soit en 1926 pour la date officielle de création sous son nom actuel, soit 1898 en prenant en compte ses prédécesseurs). Être alors surnommé les Schtroumpfs, les petits êtres bleus de Peyo peut apparaître surprenant. En outre, ce surnom n’est pas l’héritage d’une moquerie des fans adverses.

Lors d’une saison, la télévision diffusait les épisodes du dessin animé des Schtroumpfs. Au même moment, l’équipe constantinoise était principalement constitué de jeunes joueurs de taille relativement modeste. Le rapprochement entre les personnages de Peyo et les joueurs du club se fit naturellement. Aujourd’hui, un des groupes de supporteurs se nomment les Schtroumpfs. Par extension, ce sobriquet s’applique aussi bien au club qu’à ses supporteurs, une des bases les plus importantes d’Algérie.

#979 – USM Bel Abbès : les Verts, les Vert et Rouge

En Algérie, comme souvent lors de l’émergence d’un mouvement nationaliste dans d’autres contrées, le football fut le catalyseur de la contestation de l’ordre colonial même si finalement ce sport fut importé par les français au XIXème siècle. Pour l’USM, l’histoire débuta comme souvent par une frustration. Il semblerait qu’un certain Sellam Ali se vit refuser l’entrée au Stade Paul André car ce jeune garçon n’était pas affilie à une association agréée. Se sentant victime d’une oppression des autorités européennes, il décida avec l’aide d’une quinzaine d’amis la création d’un club musulman qui se concrétisa le 7 février 1933 et dont le premier président était Lassou Li Ali. Le club est notamment connu pour avoir accédé à la finale de la coupe d’Afrique du nord en 1956 face à son rival européen du SC Bel-Abbés, qui ne put se dérouler. En outre, en 1953, la « perle noire » franco-marocaine, Larbi Ben Barek, qui fit les beaux jours de l’Atlético Madrid et l’Olympique de Marseille, signa au sein de l’USMBA en qualité de joueur-entraîneur.

Dans ce contexte de la montée du nationalisme algérien et de la volonté des fondateurs de s’opposer aux autorités, la direction opta pour des couleurs qui n’étaient pas anodines, le vert, le rouge et le blanc. Le vert et le blanc étaient censées représenter les espoirs du peuple algérien. Ces teintes étaient aussi celles des musulmans, religion dont le club se réclamait (puisque à la création USM signifiait Union Sportive Musulmane et l’objectif du nouveau club était de réunir sous une même structure les associations sportives musulmanes de l’époque). Le rouge portait la charge symbolique de l’amour de la nation ainsi que celle usuelle du sacrifice. L’avantage de ces 3 couleurs était qu’elles étaient celles du mouvement nationaliste algérien et qui donnèrent lieu au drapeau actuel de l’Algérie. Lors de manifestations syndicales le 1er mai en 1919 et 1920, des indigènes déployaient un drapeau vert et blanc marqué d’une étoile et d’un croissant rouge.

#881 – MC Oran : المولودية

Le mouloudia. Au début du XXème siècle, les clubs sportifs musulmans furent l’un des premiers moyens de rassembler la communauté arabe et d’expression des nationalistes au Maghreb. Après la Seconde Guerre Mondiale, un certain nombre de clubs avait disparu mais l’indépendantisme algérien connut un nouvel élan, suite aux évènements de Sétif le 8 mai 1945. Ainsi, sous l’impulsion des oulémas représentés par Cheïkh Saïd Zemmouchi, cinq nationalistes, Ali Bentouati, Mohamed Bessoul, Boumefraa, Omar Rouane Serrik et Mahmoud Sayah Miloud Bendraou, se réunirent chez le coiffeur Si Ahmed Al Mahaji, dans le quartier El Hamri (à l’époque quartier Lamur), pour fonder le nouveau club de football d’Oran. Le choix du nom était un marqueur identitaire important pour un club nationaliste. Cette réunion de fondation se tint dans la nuit du 14 mai 1946, la veille de l’anniversaire de la naissance du prophète Mahomet, fête connu sous le nom de ليلة أل مولد (laylat al mawlid, veille du mouloud). Le mouloud (المولد – en arabe dialectal mûlûdiyya) est le jour de l’anniversaire de Mahomet, le 12 Rabi-el-aouel (dans le calendrier hégirien). En Algérie, cela constitue une fête centrale de l’année qui dure 7 nuits. Durant ces sept nuits, les écoles sont décorées et des poèmes en l’honneur du prophète (appelés مولدي Mawlidiyya) sont déclamés. En l’appelant Mouloudia, les fondateurs rappelaient le lien du club avec la culture algérienne dont l’Islam était estimé être le socle. Cela attestait d’un geste de déférence envers le prophète mais également une revendication identitaire vis-à-vis des européens de religion chrétienne.

Il est souvent raconté que le MC Oran avait un prédécesseur du nom de Mouloudia Club Musulman Oranais, fondé le 1er janvier 1917. Si cette dernière association a bien existée, l’affiliation entre les deux clubs est contestée. Certains avancent que le MCM Oranais n’avait pas de section sportive et son activité se réduisait à une fanfare. D’autres estiment que ce dernier club n’exista que deux ans et qu’il ne participa jamais à une compétition officielle. Le club présente généralement sa fondation en 1946 même si la tentation d’afficher une filiation avec un club plus ancien est forte.

#817 – ASO Chlef : les Lions du Chélif 

Un regard rapide sur le blason du club permet de s’apercevoir qu’il est orné de deux lions. Le roi des animaux est donc bien ancré dans la culture de l’ASO. Pourquoi ? Les lions de l’écusson peuvent rappeler celui qui s’affichait sur les armes d’Orléansville, nom de la cité à l’époque de l’Algérie Française. Les armoiries d’Orléansville reprenaient un certain nombre de symboles. La fleur de Lys, armes de la Maison d’Orléans, et la couronne ducale d’Orléans, surplombaient le blason pour rappeler que la ville algérienne avait été nommée ainsi en l’honneur de Ferdinand duc d’Orléans, fils du roi de France, tué dans un accident de voiture l’année précédent la fondation de la ville en 1843. La cité fut d’ailleurs fondée par la volonté du Général Bugeaud dont la devise était ense et aratro (Par l’épée et par la charrue), éléments que l’on retrouvait sur les armoiries. Les origines chrétiennes de la ville, à l’époque romaine, et la présence de la population musulmane s’illustraient sur les armoiries respectivement par une croix ou un chrisme et par le croissant et l’étoile. Enfin, un des emblèmes traditionnels de la région du Chélif apparaissait aussi sous le forme d’un lion rampant. S’il a disparût depuis plus de 70 ans, le lion de barbarie (ou lion de l’Atlas) avait élu domicile dans la région (comme dans toutes l’Afrique du Nord). Difficile à croire aujourd’hui que le lion vivait ici. Mais dans l’ouvrage « Tartarin » publié en 1872, le héros d’Alfonse Daudet erra pendant un mois dans l’immense plaine du Chélif (ou se situe la ville de Chlef) pour chasser en vain des lions. Selon Abed Benmehdia, membre fondateur de l’ASO, le surnom fit son apparition dans les années 1970, quand le président de l’époque, Boudjaltia Djazouli, imposa des maillots avec de nouvelles couleurs (noir et blanc) et un lion sur la poitrine. Si l’histoire est vrai, ce choix put être étonnant. En effet, par ce nouvel équipement, l’ASO s’acapera les symboles de son ancien rival du GSO. Revenons aux origines du club. Fondé en 1947, l’ASO se voulait le club des musulmans indigènes face à l’ancien GSO, association des français et des européens (bien que des musulmans y jouaient également). Or, le GSO avait pour surnom « les lions du Chélif » depuis l’entre-deux guerres. En effet, lors de la saison 1924-1925, un homme nommé Heim endossa les rôles de joueur, entraineur, capitaine ainsi que dirigeant et diffusa un nouveau style de jeu. Sous la vigoureuse impulsion de ce dernier, l’équipe enchaîna les bons résultats et, avec leur maillot noir et blanc (sur lequel un lion était parfois brodé), elle faisait peur à ses adversaires. Cette réputation donna naissance au surnom.

#608 – USM Alger : الحمر والسود

Les rouges et noirs. Le club de la capitale algérienne arbore un équipement aux couleurs rouges et noires. Ce mariage de couleurs, qui donne logiquement le surnom, ne découle pas de la fondation du club et la raison de ce choix n’est pas clairement identifiée. Il existe deux principales versions. Une qui est défendue par le club. Une autre qui est raconté par l’un des fondateurs, El-Hadj Ahmed Kemmat. Dans tous les cas, quelque soit la version, il faut rappeler le contexte de la création du club. Au milieu des années 1930, la création de clubs sportifs à destination de la jeunesse algérienne et excluant les européens était bien perçu par la mouvance politique nationaliste. C’était un moyen efficace à la fois de faire la publicité de la cause indépendantiste et en même temps de canaliser et endoctriner la jeunesse. Ainsi, le 5 juillet 1937, l’USM Alger fut fondé avec l’optique d’être un club musulman et nationaliste.

Selon le club, de sa création jusqu’en 1945, l’équipe évoluait dans des équipements noir et grenat (pour une raison inconnue). Puis, en 1945, suite aux répressions sanglantes par l’armée française des manifestations nationalistes algériennes à Sétif, Guelma ou encore Kherrata, la direction du club prit la décision d’opter pour le noir et le rouge pour montrer leur engagement. Le noir était synonyme de deuil et le rouge représentait le sang des victimes tombés lors de ses manifestations.

En revanche, El-Hadj Ahmed Kemmat explique tout autrement le choix des couleurs. A ses débuts, l’USMA portait du vert et blanc pour le maillot et un short rouge. Il est aisé de comprendre ces 3 couleurs qui correspondent à celles choisies par la mouvance indépendantiste et qui deviendront celles du drapeau algérien. Un jour, l’USMA devait affronter un autre club qui arborait alors des maillots verts et blancs et se fit alors prêter des maillots noirs et rouges. Le score final fut de 6 à 0 en faveur de l’USMA. Devant un tel résultat, la direction modifia les couleurs du club pour le noir et rouge.

#597 – MC Alger : الشهداء

Les martyrs. Lors d’une soirée de 1921, le futur fondateur du club, Aouf Abderrhamane, se baladait sur le Place du Gouvernement, au centre d’Alger, près de la Casbah, et regarda des jeunes arabes jouer au football. Un groupe de soldats français passa à côté d’eux et un sergent dit aux enfants « Ici, c’est le Parc des Princes des arabes ! ». A l’époque, le Parc des Princes était un terrain de Rugby (où le XV de France joua son 1er match officiel en 1906) et de Football (l’équipe de France y joua également son 1er match officiel en 1905), ceinturé par un vélodrome. Avec le stade de Colombes et celui de Pershing, il était l’une des principales arènes sportives françaises. Aouf Abderrhamane se sentit insulté par cette remarque et décida de fonder le premier club musulman capable de rivaliser avec les clubs français. Le 7 août 1921, les statuts du Mouloudia Club d’Alger furent déposés. En 1962, après l’indépendance du pays, la Place du Gouvernement fut renommée place des Martyrs et donna son surnom au club.

#482 – ES Sétif : النسر الأسود

L’aigle noir. A sa création en 1958, en pleine guerre d’Algérie, les fondateurs décidèrent d’équiper les joueurs d’un équipement vert et blanc. Mais ce choix de couleurs n’était pas anodin et les autorités françaises interdirent ce kit. En effet, le vert et le blanc étaient la couleur des indépendantistes algériens. Le vert et le blanc étaient censées représenter les espoirs du peuple algérien. En outre, ces teintes étaient aussi celles des musulmans, religion qui catalysa le mouvement nationaliste. Lors de manifestations syndicales le 1er mai en 1919 et 1920, des indigènes déployaient un drapeau vert et blanc marqué d’une étoile et d’un croissant rouge, qui étaient les prémices des couleurs indépendantistes et du futur drapeau algérien.

Le nouveau choix se porta sur le noir. Une fois de plus, la couleur était symbolique. Les fondateurs voulaient signifier que les joueurs portaient le deuil, en mémoire des morts indigènes suite aux répressions qui suivirent les manifestations indépendantistes survenues en mai 1945 à Sétif. Enfin, le club se dota de l’aigle comme emblème car le rapace représentait le prestige, la puissance et l’élégance.

#323 – JS Kabylie : الكناري

Les canaris. Pour une équipe portant des maillots jaune et vert, il s’agit du surnom classique. Pourtant, de 1946 à 1981, le club évolua en rouge et vert. Le choix de ces couleurs fut faîte par défaut car, manquant de moyen, la JS Kabylie fonctionna sur la base de don pour s’équiper. Ainsi, Mansour Abtouche, kabyle et gardien de but du MC Alger, sollicita son club qui accepta de donner de ses équipements pour aider une nouvelle équipes d’indigènes. Ainsi, le club kabyle porta pendant de nombreuses années les mêmes couleurs que son futur rival (les deux clubs étant aujourd’hui des frères enemies du Championnat algérien). Puis, pour sa première finale continentale (la Coupe d’Afrique des Clubs Champions), l’équipe changea de maillots pour passer au jaune et vert. C’était également les couleurs traditionnelles de l’équipe congolaise adverse, AS Vita Club, mais qui arborait alors des maillots vert et blanc. Le choix du jaune et vert avait l’objectif de créer un lien avec la ville de Tizi-Ouzou, où résidait le club. Tizi-Ouzou signifie en berbère « col des genêts », les genêts épineux étant assez nombreux dans les cols qui entourent la ville. Or, cette arbuste se compose d’une tige verte et d’une fleur jaune. Avec la victoire (5-0 au total) et ce premier sacre continental, ces couleurs étaient définitivement adoptées.