#1308 – SV Werder Brême : Sphinx des Nordens

Le Sphinx du nord. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les alliées occupants l’Allemagne firent dissoudre toutes les associations sportives que le régime Nazi avait toléré après leur nettoyage politique du sport allemand. De même, les fédérations et ligues disparurent. Mais, les allemands ne pouvaient rester sans loisirs sportifs et les clubs comme les ligues se reformèrent avec l’aval des autorités alliées. Ainsi, le Werder fut dissous le 10 novembre 1945 mais grâce à la fusion des clubs TV Vorwärts et Freie Schwimmer 1910, interdits à l’époque nazie, le Werder réapparut en Novembre. La même année, les premières ligues régionales élites, celles du Sud et du Sud-Ouest, furent fondées, et deux ans plus tard, celles du Nord et de l’Ouest suivirent. De 1947 à 1963 (date de création de la Bundesliga), le Werder évolua donc dans la « Fußball-Oberliga Nord » au côté notamment de Hambourg SV, FC St. Pauli et Hanovre 96, avec la possibilité de se qualifier pour le tour final du championnat allemand.

Durant ces 16 années, l’Oberliga Nord fut dominé par Hambourg qui la remporta 15 fois. Le Werder ne parvint jamais à la première place de l’Oberliga mais disputa les 16 saisons et obtint la deuxième place au classement cumulé avec 466 matchs joués pour 246 victoires. Ainsi, le Werder était un des grands animateurs du championnat, terminant vice-champion lors des 5 dernières saisons, de 1959 à 1963. Lors des matches face aux cadors de Hambourg ou St. Pauli, l’équipe de Brême s’imposait souvent. En revanche, face à des équipes plus faibles, elle perdait tout aussi régulièrement. Avec ces performances imprévisibles, l’équipe gagna le surnom de Sphinx des Nordens.

Mais, pourquoi le sphinx ? En évoquant le sphinx, l’image de l’immense statue à la tête d’humain et le corps de lion se dressant devant les grandes pyramides du plateau de Gizeh revient. Cette créature légendaire, qui revêtit différentes formes mi-humaine, mi-animal, parfois ailé, s’imposa dans le monde antique. Le terme « sphinx » viendrait du grec ancien Σφίγξ qui signifie « étrangler », lui-même dérivant du sanskrit स्थग, signifiant « dissimulé ». Ce qui corrobore le sens que les égyptiens donnaient à la créature. Placé devant les temples, les sphinx empêchaient le peuple, les non-initiés, de pénétrer dans les sanctuaires et donc d’accéder aux Dieux. Ils perpétraient l’idée que la connaissance des Dieux était entouré de mystères, réservé à des sachants. Au fil des siècles, le sphinx conserva cette imaginaire de mystère. Et, par ces résultats aléatoires, l’équipe de Brême paraissait bien mystérieuse pour ses supporteurs. Quand, de nos jours, le club retombe dans ses travers, ce surnom, un peu poussiéreux, reprend vie.

#1105 – SV Werder Brême : Millionenelf

Le onze du million. Membre fondateur de la Bundesliga, le Werder traversa les années 1960 en connaissant des hauts et des bas, ponctué tout de même d’un titre de champion en 1965. A cette époque, les règles de la Bundesliga plafonnaient le montant des transferts à 100 000 Marks ainsi que le salaire des joueurs. Mais, l’évolution du football conduisit la DBF à abroger ces règles au début des années 1970. Hans Wolff, directeur général du Werder, anticipant ce changement, déclara au conseil d’administration qu’il fallait investir massivement avant sa mise en oeuvre. Le club obtient un prêt de 700 000 Marks de la municipalité et des entrepreneurs locaux s’associèrent à ce projet. A l’aube de la saison 1971-1972, le Werder renforça son équipe en faisant l’acquisition de sept nouveaux joueurs pour un montant total de un million de Mark. Le milieu Willy Neuberger et l’attaquant Werner Weist quittèrent Dortmund pour le Werder et l’attaquant Carsten Baumann revint du VfL Osnabrück. Le Werder attira également Herbert Laumen et Peter Dietrich en provenance du Borussia Mönchengladbach, champion l’année précédente (le club ne parvint pas à se mettre d’accord avec le 3ème membre du trio, Günter Netzer).

Mais, cette stratégie se fit sans concertation avec le staff et sans cohérence sportive, conduisant malheureusement à un échec. 6 entraineurs se succédèrent au fil de la saison et l’équipe termina péniblement à la 11ème place, enregistrant 14 défaites. Après cette épisode, le club évolua dans le ventre mou et évita même de justesse la relégation lors des saisons 1974-1975 et 1975-1976. Finalement, après la saison 1979-1980, le Werder dut se contraindre à rejoindre la seconde division. En outre, cette politique eut un prix. En échange de l’argent de la ville, le Werder abandonna ses couleurs traditionnelles, verte et blanche, contre un maillot rayé rouge et blanc, reprenant les teintes du drapeau de Brême. En outre, l’écusson du club fut remplacé également par le symbole des armoiries de la ville, une clé. Les supporteurs s’hérissèrent de ce choix, surtout lorsque lors d’un derby contre Hambourg, le Werder dut emprunter des maillots à son rival, car ceux du Werder étaient trop ressemblants à ceux du HSV. L’autre prix à payer fut le poids financier de cette politique qui pesa longtemps sur les finances du club.

#198 – SV Werder Brême : die Werderaner

Le surnom est dérivé du nom du club, Werder, qui est un mot spécifique au région du Nord-Est de l’Allemagne pour désigner les îles fluviales (ou d’un lac). Le 4 février 1899, des écoliers de 16 ans issus de la classe moyenne fondèrent le club. Ils avaient remporté quelque temps avant un ballon de football dans une compétition de tir à la corde. Le club va évoluer dans les quartiers du sud de la ville (Huckelriede puis Peterswerder) qui se situent au bord de la Weser (la Visurge en français). Au XIXème siècle, plusieurs îles se situèrent sur la Weser mais après la forte crue de 1881, une nouvelle digue plus solide et plus droite fut construite en amont de la vieille ville de Brême, conduisant à assécher certaines terres qui vont unir les îles fluviales aux terres. Ainsi, le quartier de Peterswerder s’étendit et sur ces nouvelles terres, un complexe sportif fut construit en 1909, dont le terrain du Weserstadion où joue encore le Werder Brême.