Les oignons. Dans toute la Flandre, les habitants d’Alost sont connus pour être des oignons. Et si, au départ, le terme était certainement utilisé de manière ironique, le sobriquet semble être devenu un titre honorifique pour les habitants. Il se rapporte à l’une des activités économiques importantes de la ville et ses alentours au XIXème siècle. Bordée de polder, la rivière Dendre offrait des rives fertiles pour la culture de l’oignon. Résultat, la majorité des paysans d’Alost cultivait des oignons. Outre le grand marché du houblon, un célèbre marché aux oignons se tenait également à Alost. Ce sobriquet moqueur a connu des dérivés au fil du temps tels que ajuinpelders (éplucheurs d’oignons), ajuinboeren (producteurs d’oignons), ajuinfretters (moulins à oignons). Les premières traces de ce surnom apparaissent dans une chanson folklorique de Flandre orientale de Termonde, datant de 1843. Normal car les deux villes entretenaient une saine rivalité. Pour les termondois, les oignons permettaient de désigner les alostois comme des idiots, des cancres. Mais ces derniers, fiers de cette culture, ne furent pas gêner par ces moqueries. D’ailleurs, en 1890, lors d’une procession, les habitants d’Alost représentèrent leur cité sous la forme d’un oignon.
Naturellement, la plante potagère est ancrée dans la culture et le folklore locale. Dans la région, l’expression « Hij heeft nen ajuin gehad » (il a eu un oignon) signifiait qu’une femme abandonnait son mari. La porte du pauvre malheureux pouvait même se voir décorer d’une rangée d’oignons. Si, aujourd’hui la culture a décliné, l’oignon demeure toujours un symbole vivant. Dans la gastronomie belge, la soupe à l’oignon d’Alost y tient sa place. Evénement majeur de la ville, vieux de 600 ans, le carnaval d’Alost est mondialement connu et rassemble chaque année, pendant 3 jours, près de 100 000 personnes. Placé sous le signe de l’exubérance et de la parodie, le carnaval est rythmé de différentes festivités : un défilé de chars et de géants, une danse des balais pour chasser les fantômes de l’hiver, une parade burlesque de jeunes gens travestis en femmes (Voil Jeanetten) ainsi qu’en rituel final, la mise au bucher de l’effigie du carnaval. Parmi ces spectacles, la lancée d’oignons (Ajuinworp) demeure une institution. Depuis le balcon de la mairie, sur la Grote Markt (la place centrale de la ville et lieu principal des festivités), des oignons sont jetés au public, qui espère pouvoir attraper l’un des oignons dorés (gouden ajuin).
Toutefois, les jeunes générations connaissent moins bien les origines de l’oignon comme symbole et activité florissante de la ville. Une toute autre version a ainsi émergé. Selon cette dernière interprétation, le surnom d’oignons s’expliquerait plutôt par une particularité du dialecte de la région. Pour répondre positivement, les habitants d’Alost disait régulièrement « ha, ja hij » (ah ben oui), ce qui ressemblait à la prononciation du mot oignon dans le dialecte local ([a’join]).
