Les lions bleus. Dans la Bosnie-Herzégovine multi-ethnique, le club de GOŠK a toujours représenté la communauté croate de la ville de Gabela. On retrouve d’ailleurs sur son écusson un ballon aux couleurs croates (le damier blanc et rouge, šahovnica). Et ce ballon se situe sous les pattes d’un lion. Pourtant, le club était dénommé par le passé Zmaj, ie le dragon (de 1919 – date de sa fondation – à 1926 puis de 1948 à 1949), et le lion ne symbolise que la région de la Dalmatie, dans la Croatie actuelle. Alors, ce lion, qui donne le surnom au club, provient d’un autre voisin plus éloigné et qui fut à une certaine époque plus puissant : la République de Venise (697-1797). Au Moyen-Âge, les marchands et marins vénitiens dominèrent une grande partie de la Mer Adriatique (et même plus loin), laissant aujourd’hui dans ces contrées un héritage important dont des lions ailés. Et dans la cité de Gabela, on trouve une stèle sur laquelle est représenté un lion, datant de 1693 à 1715, époque à laquelle la municipalité bosniaque était possédée par Venise. Il s’agit du dernier symbole restant de la domination vénitienne dans la Bosnie d’aujourd’hui.
Le lion ailé tenant une bible est associé à la cité des Doges depuis le IXème siècle et continue d’être son symbole universel aujourd’hui. Ce fameux lion constitue la représentation symbolique dans l’iconographie chrétienne de l’évangéliste Saint Marc. En effet, dans deux passages de la Bible, il est évoqué le tétramorphe, quatre créatures ailées, qui plus tard furent associés au quatre évangélistes : le lion pour Marc, l’homme ou l’ange pour Matthieu, le bœuf pour Luc et l’aigle pour Jean. Cette attribution résulterait des premiers mots de leurs évangiles. Ainsi, pour Saint Marc, les premières lignes de son évangile décrive la prédication de Jean le Baptiste dans le désert (« un cri surgit dans le désert »), équivalent à un lion rugissant.
Au IXème siècle, dans une Europe déchirée mais profondément chrétienne, Venise se cherchait une protection et elle le trouva dans des reliques, celles de Saint Marc. A cette époque, les cités qui possédaient des reliques gagnaient non seulement un sentiment de protection spirituelle et une identité pour leur peuple, mais tiraient aussi des revenus importants des pèlerinages. En 828, deux marchands vénitiens, Buono da Malamocco et Rustico da Torcello, se rendirent à Alexandrie et volèrent les reliques de Saint Marc. Le Doge fit alors construire la célèbre basilique pour accueillir ces reliques. Le choix des reliques de Saint Marc ne fut pas le fruit du hasard puisqu’une vieille légende, évoque Saint Marc, voyageant en bateau d’Aquilée (vers Udine) à Alexandrie en Égypte, et qui fit face à une tempête et dut accoster au Rialto. Le Saint aurait alors trouvé l’hospitalité dans une pauvre cabane de pêcheurs et, dans un rêve, un ange lui serait apparu qui lui aurait prédit : « Sur cet îlot, ô Marc, un jour surgira une grande ville merveilleuse et tu y trouveras ton dernier repos et tu auras la paix ».
