#300 – Atlético de Madrid : el Pupas

Les maudits. L’acte fondateur de ce surnom remonte à la finale de la Coupe des Clubs Champions de 1974. Après un parcours parfait, l’Atlético affrontait le Bayern Munich au Heysel. Les deux équipes se neutralisèrent jusqu’à la 114ème minute. Sur coup franc, Luis Aragonés trompait Sepp Maier et la coupe tendait alors les bras au club madrilène. Sauf qu’à une poignée de secondes de la fin du match, Schwarzenbeck décrocha une frappe de 30 mètres et le Bayern revint à un partout. Un match d’appuie fut organisé. L’Atlético s’écroula et perdit 4 à 0. Les supporteurs madrilène surnommait ce match « el casi » (le match où l’Atlético fut quasiment champion d’Europe). Le président du club, Vicente Calderón, déclara, lui, après le but de Schwarzenbeck, « somos El Pupas F.C. » (nous sommes le Maudits FC). Cette terminologie négative colle depuis à la peau du club et les supporteurs l’ont adopté à défaut.

Il faut dire que la malchance de 1974 ne fut pas isolé. 40 ans plus tard, l’Atlético arriva une nouvelle fois en finale de la Ligue des Champions. Depuis la 36ème minutes, l’Atlético menait au score grace à un but du défenseur uruguayen Diego Godín. Une fois de plus, la coupe aux grandes oreilles tendaient les bras au club madrilène. Mais, dans les arrêts de jeu (93ème), son adversaire et grand rival, le Real Madrid, obtint un corner et Sergio Ramos parvint à placer sa tête pour égaliser. Lors du temps additionnel, l’Atlético s’écroula une nouvelle fois et le match se termina sur un 4 à 1 en faveur du Real. Deux ans plus tard, les deux clubs se retrouvèrent une nouvelle fois en finale de la Ligue des Champions. Le scénario fut moins cruel mais le résultat fut le même. Une nouvelle défaite de l’Atlético aux tirs au but.

La malédiction s’exprima aussi dans d’autres domaines. Par exemple, Jesus Gil, l’omnipotent président pendant 16 ans, considéra que son centre de formation coûtait trop cher et le supprima. Les jeunes en formation durent trouver de nouveaux clubs et l’un d’eux, qui était le meilleur buteur de l’Atlético au niveau junior, décida de rejoindre le Real Madrid. Ce jeune joueur était Raul Gonzalez, qui porta haut les couleurs de la Casa Blanca pendant 16 ans.

Ce fatalisme est traduit différemment par les adversaires. El Pupas devint les pleurnichards, les adversaires considérant que les supporteurs de l’Atlético se plaignent trop souvent de ce manque de chance.

#269 – Atlético de Madrid : los Indios

Les indiens. Ce n’est pas la couleur rouge de leur tenue qui les a fait identifié aux peaux rouges. Le surnom a en fait plusieurs explications possibles. Il se pourrait que ce soit les supporteurs du club ennemi du Real Madrid qui donna ce surnom. En effet, l’ancien stade du club, le Vicente Calderón, était situé au bord du Manzanares (un cours d’eau qui longe Madrid sur son côté ouest avant d’aller se jeter dans le Jarama, l’un des affluents du Tage) comme le campement des indiens qui se trouvaient généralement au bord des rivières. En outre, dans l’imaginaire collectifs, les indiens détestaient l’homme blanc (le blanc couleur du rival, le Real Madrid).

Mais une autre histoire fait référence aux signatures par le club de joueurs sud-américains dans les années 1970. Tout commença en 1973 avec le recrutement de 3 internationaux argentins : les défenseurs Ramón Heredia et Rubén Osvaldo Díaz ainsi que l’attaquant Rubén Ayala. Cette communauté argentine fut renforcée par l’arrivée de l’attaquant Rubén Cano en 1976. Puis, 3 brésiliens complétèrent ou remplacèrent ces joueurs (Leivinha en 1975, Dirceu en 1979 et Luís Edmundo Pereira en 1975). Outre venir des Amériques, ces joueurs portaient des cheveux longs (au coeur des années hippies) et/ou avaient le teint mat, ce qui amena des supporteurs de clubs rivaux à appeler les joueurs et supporteurs de l’Atlético Madrid avec mépris, les Indiens. C’était peut-être aussi de la jalousie car pendant les années 1970, l’Atlético enchaina quelques beaux succès (2 championnats, 2 coupes d’Espagne, une finale des Coupes des Clubs Champions et un titre intercontinental). Il faut lire également ce surnom en mirroir de celui gagné à la même époque par les rivaux du Real Madrid, les Vikings (cf #42).

#43 – Atlético de Madrid : los Colchoneros

Los colchoneros signifie les matelassiers. Le jeu développé par l’équipe de Diego Simeone n’est certes pas flamboyant mais de là à faire penser que l’équipe fait dormir … Evidemment, ce surnom date de bien avant les années 2010 et n’est pas lié au style de jeu de l’Atlético. Son origine remonte aux années après la guerre civile (1933-1936). À l’époque, les matelas étaient recouverts de tissu à rayures rouges et blanches, à l’image du maillot du club. Résultat, l’Atlético de Madrid hérita de ce surnom, qui est le plus usité.

Toutefois, il y a une autre variante reposant sur la même origine, moins connue et sujette à caution. En 1911, le club évoluait avec un maillot semblable à celui de Blackburn Rovers. Ce choix avait été dicté par le fait que le club madrilène fut créé par des étudiants basques, fan de l’Athletic Bilbao. Ainsi, l’Atlético fut à son origine affilié au club basque. Il prit donc un nom et des maillots similaires (cf #9 pour savoir pourquoi les basques jouaient dans ces couleurs). Seulement en 1911, l’Atlético devait s’approvisionner en maillot et il fut difficile de le faire avec des fournisseurs anglais. La solution était donc locale. Or, à l’époque, les matelassiers espagnols recouvraient leur fabrication de tissus rouge et blanc. Ainsi, il était aisé de trouver des chutes de qualité et en quantité auprès de ses artisans. Les madrilènes furent convaincus par cette solution moins onéreuses et changèrent de couleurs. Cette version est contestable car le passage du bleu/blanc aux rayures rouges et blanches pour Madrid a une autre explication, qui est la plus admise. En 1909 ou 1911, les deux clubs qui portaient le même maillot, l’Atlético et l’Athletic, eurent besoin de constituer un stock de maillot. Les deux clubs entretenant de bonnes relations (étant donné le lien historique), un joueur de Madrid, Juan Elorduy fut chargé par les deux clubs de se rendre en Angleterre et de trouver des nouveaux maillots pour les deux entités. N’ayant pas trouvé ces maillots, il se procura des maillots rouges et blancs du club de Southampton. Conquis par ses maillots, l’Athletic Club de Bilbao opta pour changer les couleurs de son maillot du bleu/blanc aux rayures rouges et blanches. Il conserva en revanche le short noir de Blackburn. Du côté de Madrid, le maillot séduit également mais les madrilènes optèrent pour un short bleu, en rappel des anciennes couleurs.

Il n’en reste pas moins que c’est la couleur des revêtements des matelas qui inspira le surnom madrilène.