#1351 – USL Dunkerque : les Maritimes

Bordé par la Mer du Nord, Dunkerque entretien une relation plus qu’étroite avec la mer. La 5ème ville du Nord bénéficie d’une longue facade maritime de 35 km qui en fait une cité maritime et portuaire ainsi qu’une station balnéaire. Tout débuta en l’an 800 avec la fondation d’un petit village de pêcheurs dans une crique naturelle. Puis, comme dans toute la Mer du Nord et de la Baltique, le développement de la pêche au hareng supporta la croissance de la ville. Au milieu du XVIème siècle, à la croisée de l’Angleterre, la France et les Provinces-Unies, le port de la ville profita des échanges commerciaux entre les 3 pays mais ses bateaux et son territoire agitaient également la convoitise des ces 3 nations et de leurs corsaires. Définitivement acquise par la France le 27 octobre 1662, Louis XIV fit aménager par Vauban la ville et son port, qui devient le plus grand port de guerre du royaume.

Stratégiquement situé à l’entrée du Détroit du Pas-de-Calais, qui constitue un piège naturel, de par les bancs de sables, pour les bateaux de commerce, Dunkerque poursuivit son développement avec les courses, dont le corsaire Jean Bart en fut le plus célèbre représentant, puis en devenant une des plaques tournantes du smogglage (contrebande). Au XIXème siècle, le port se modernisa, étant alors dédié aussi bien à la pêche qu’au trafic de marchandises. Les pêcheurs dunkerquois se détournèrent du hareng, suite au blocage hollandais en Mer du Nord, pour aller en Atlantique Nord (vers l’Islande) pêcher la morue, lors de grandes campagnes qui duraient 6 mois (Mars à Septembre) et dans des conditions difficiles et dangereuses. A cette même période, les longues plages de sable bordées de dunes permirent le développement de la station balnéaire de Malo-les-Bains. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’armée allemande détruisît les infrastructures portuaires mais le port fut remis à flot le 7 août 1946. Dès 1951, il retrouvait son trafic d’avant-guerre. A la fin des années 60, le port ouvrit une deuxième voie à l’Ouest, à 20 km de la ville.

Aujourd’hui, il s’impose comme un acteur clé de la façade maritime européenne (7ème port du Range nord européen qui s’étend du Havre à Hambourg et 3ème port français). S’étendant sur 17 km et 7 000 hectares, il comprend 2 entrées : l’une à l’Est, la plus ancienne, limitée aux navires de 14,2 mètres de tirant d’eau (le Port Est), l’autre à l’Ouest qui permet d’accueillir des navires jusqu’à 22 mètres de tirant d’eau (le Port Ouest). Dunkerque est le premier port français pour l’importation de fruits et légumes en conteneurs, avec un produit vedette, la banane. Il est aussi le 1er port français d’importation des minerais et de charbon et 2ème port français pour les échanges avec la Grande-Bretagne.

Avec une telle influence, le club reprît les codes marins comme la devise « contre vents et marées » ou ses couleurs bleues et blanches (comme la ville). Le dauphin sur l’écusson du club provient des armes de la ville. Mais, la présence du cétacé ne rappelle pas le lien de la cité avec la mer mais honore le Dauphin, le fils du Roi Louis XIV, qui était né un an avant l’acquisition par le Roi de France de Dunkerque.

#1326 – SA Spinalien : les Boutons d’Or

A Epinal, il semble que les jeux d’enfants aient la côte. Oui, rappelez vous vos jeunes années quand vous preniez dans un champ un bouton d’or (appelé également bassin d’or, pied de poule ou de son petit nom scientifique Ranunculus repens) et le tendiez sous le menton d’un camarade en lui disant « Tu aimes le beurre ? ». La réponse était indéniablement « oui » avec pour explication « scientifique » que le jaune de la fleur se reflétait sur sa peau. Cette fleur a donc donné sur le nuancier la couleur « Bouton d’or », un jaune vivace, tirant légèrement sur l’orangé. Et naturellement, vous comprenez que, les joueurs du club des Vosges portant des tenues intégralement jaune, cette teinte inspira le surnom.

Le football s’installa à Epinal au début du XXème siècle lorsque Louis Lapicque, étudiant en Angleterre, donna le virus au jeunes spinaliens en 1906 en ramenant un ballon. Puis, le Club Sportif Spinalien vit le jour le 20 février 1909. Il changea deux fois de nom (Union sportive spinalienne en 1921 et Athlétic Club Spinalien en 1928). D’autres clubs émergèrent et notamment, dans le quartier de Saint-Michel, où en 1916 le Stade Saint-Michel fut fondé. Mais, en pleine Seconde Guerre mondiale, les deux clubs comprenaient la nécessité d’unir leurs forces pour gagner en puissance et bénéficier de meilleures infrastructures. Les mécènes respectifs des deux clubs, deux industriels du textile, le catholique Max Prud’homme pour Saint-Michel, et le protestant Georges Laederich pour l’AC Spinalien, parvinrent à la fusion le 15 Janvier 1941. Max Prud’homme imposa les couleurs du club de Tennis dont il était également le président, le jaune et le bleu.

#1300 – Stade Brestois : les Pirates

Egalement surnommé Team Pirates (l’équipe pirates). Ce surnom s’est imposé dans les travées du stade Francis-Le Blé ainsi que dans la presse depuis quelques années, balayant les sobriquets historiques comme Ti’Zefs (#445) et les rouge et blanc. Tout démarre au début de l’année 2012. Le club évoluait encore en Ligue 1 quand la direction décida de dévoiler une nouvelle mascotte : Zef le pirate. Il s’agit d’un enfant, habillé d’une marinière rouge et blanche, un bandeau rouge sur la tête et un pantalon court blanc. Pour l’équipe marketing du club, le personnage est combatif, malin, un peu irrévérencieux, et toujours prêt à partir à l’abordage. Malgré ces nombreuses qualités, la mascotte ne porta pas chance au club qui fut relégué en seconde division. Pour autant, cette image se déclina sur les produits dérivés du club (des sabres furent même ajoutés sur le logo du club) et s’imposa comme la nouvelle star du club.

Rien de plus naturel que de prendre un pirate comme symbole quand vous êtes une ville liée à la mer. Même si les pirates possédaient une mauvaise image (et encore aujourd’hui dans le Golf d’Aden et le Mer Rouge), elle s’est beaucoup adoucie, surtout sous les traits d’un enfant. Brest fut un point de rendez-vous pour les corsaires qui hantaient les mers du Nord-Ouest de l’Europe. En effet, les pirates ne se trouvaient pas seulement dans les caraïbes, les flibustiers des mers pluvieuses du Nord de l’Europe existant dès l’antiquité. En parallèle de la montée en puissance de la ville comme base navale royale au XVIIème siècle, des armateurs et commerçants brestois sans scrupules armaient des navires, une frégate comme un rapide petit cotre, pour effectuer des actes de pirateries, parfois avec la bénédiction d’un Roi ou d’une compagnie marchande (cela devenait alors une « course » ). L’apogée de la piraterie brestoise fut atteinte au XVIIème siècle sous Louis XIV et entre 1688 et 1713, la cité fut même capitale corsaire du Royaume de France. L’activité connut un regain au moment de la guerre d’Indépendance des États-Unis, de la Révolution française et du Premier Empire.

Le plus célèbre d’entre-eux fut Jean-François Riou de Kerhallet. En 1788, il acheta une propriété dans l’anse de Kervallon et y fit construire un port avec cales, chantiers de construction et d’importants magasins. Il y armait aussi bien des bateaux de commerce que des navires de corsaires et entreposait ses butins. Selon la légende, un des ses corsaires captura une fois 4 navires, dont la vente de leur cargaison permit de récolter la somme record de 1,2 million de francs. Mais, d’autres personnages plus nobles au premier abord n’hésitèrent pas à financer des corsaires comme M. Hocquart, intendant de la marine à Brest.

#1272 – Lyon – La Duchère : le Club des Pieds-Noirs

Dans l’Ouest lyonnais, s’étire le 9ème arrondissement de la capitale des Gaules, dénommé La Duchère. Cet espace accueillait un chateau dès le XIVème siècle, commandé par Bernard de Varey de la Duchère, conseiller de ville à Lyon. Puis, entre 1844 et 1851, un fort fut établi à La Duchère, intégré au sein d’un vaste réseau de fortifications servant de ceinture défensive autour de Lyon. Mais, au fil des siècles et jusqu’à la fin des années 1950, cette zone était avant-tout agricole. Toutefois, la ville de Lyon, comme la France en générale, connaissait depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une grave crise immobilière, mêlant déficit d’habitations et logements insalubres. D’ailleurs, le quartier ouvrier de Vaise, en contre-bas de la colline de La Duchère, était surpeuplé et abritait un grand nombre de logements malpropres. Ainsi, le Maire de Lyon, Louis Pradel, s’attacha dès son premier mandat en 1957 à moderniser la ville, incluant notamment un vaste programme de construction de logements neufs, en particulier sur le quartier de La Duchère.

Alors que les premières barres d’immeuble, qui devaient accueillir les lyonnais, sortaient, une nouvelle vague d’habitants démunis arriva sur Lyon. En effet, de l’autre côté de la méditerranée, en 1962, le département français tombait et l’Algérie accédait à son indépendance. Sa population européenne et juive, venant d’Alger, Oran, Constantine et de toutes les communes, devait fuir en métropole, sans aucune ressource. Plus d’1 millions, de ceux qu’on appelait les pieds-noirs, furent rapatriés, dans des conditions difficiles et chaotiques en France. Le Fort de la Duchère accueillit ces rapatriés à qui une partie des nouveaux logements de La Duchère fut attribuée (près d’un tiers des logements).

Des associations réunirent cette population qui connaissait peu la métropole et dont les mœurs étaient différentes, dont l’Amicale des Rapatriés et de leurs Sympathisants de la Duchère-Champagne et région lyonnaise. Elle avait pour but de se mettre au service des rapatriés dans tous les domaines, sports et culture compris. Ainsi, le 25 Juin 1963, la section football vit le jour au sein de l’association. Les couleurs retenus, jaune et rouge, feraient référence soit aux armoiries de la ville d’Oran, à l’époque de l’Algérie Française, soit au drapeau espagnol (dans les deux cas, nombreux étaient les rapatriés venant d’Oranie ou aux origines espagnoles). En 1964, la section football devint indépendante et le club de l’Association Sportive Lyon-Duchère fut fondé. Aujourd’hui, cette époque et lien avec les pieds-noirs sont terminés.

#1236 – SC Bastia : i Turchini

Les bleus. Doyen du football insulaire, le Sporting naquit en 1905, par la volonté de Hans Ruesch, un suisse enseignant l’allemand au Lycée de Bastia et ayant jouant au FC Barcelone, auxquels se joignirent Emile Brandizi et Joachim Vincensini. Dès le départ, le choix des couleurs se porta sur le bleu et le blanc, tout simplement celles de la ville de Bastia et de la Vierge Marie.

Tout d’abord les armoiries de Bastia qui montrent principalement une tour blanche sur un fond bleu. Cette même tour que l’on retrouve sur le blason du club et qui fait référence au premier château, construit en 1383 par le génois Leonello Lomellini. Ce chateau se dénommait en italien Castello della Bastia, ce qui donna son nom à la ville, et aujourd’hui, Bastìa signifie en corse « poste fortifié ».

Ensuite, la Corse voue un culte respectueux à la Vierge Marie, depuis qu’elle l’aurait protégée de la peste au XVIIème siècle. Le 30 janvier 1735, en remerciement, la Consulta de Corte consacra officiellement Marie comme la reine de Corse. Chaque 8 septembre, d’un bout à l’autre de l’île, la naissance de la Vierge Marie est célébrée, tradition qui remonterait au Vème siècle. En outre, l’hymne National Corse « Dio vi Salve Régina » est une louange à la Vierge et on dénombre pas moins de 8 sanctuaires et 126 églises et oratoires dédiés à la gloire de la mère de Jésus. En particulier, deux apparitions maritales, reconnues par l’Eglise, se déroulèrent non-loin de Bastia. La première au XVIIIème siècle, dans le village de Pancheraccia, situé à 92 km de Bastia. La seconde, le 26 Juin 1899, à Campitello, commune située à 42Km de Bastia. Enfin, dans la Cathédrale de Bastia se trouve une imposante (une demi-tonne) et superbe statue processionnelle de la Vierge en argent massif.

Or, la Vierge Marie est systématiquement représentée vêtue d’une robe bleue (cf. #399 et #497). Cette couleur est porteuse de nombreuse signification telle que la fidélité, la justice et la spiritualité. Dans l’ancien testament, le bleu représente la fidélité du peuple d’Israël à Dieu tout comme la Vierge Marie. L’étoffe qui recouvre l’Arche d’Alliance est bleue et pour rappeler que la Vierge Marie, en ayant porté Jésus Christ, est comme l’Arche, elle serait représentée avec des vêtements bleus.

Ce choix fut judicieux selon Charles Bergassoli, premier secrétaire-trésorier du club. Il expliquait alors que la population était dubitative face à ce nouveau sport « il fallait faire accepter aux parents l’usure des chaussures etc… car le vrai équipement ne vint qu’après. Et c’est peut-être la couleur du maillot qui a calmé certains esprits ».

#1198 – Rodez AF : les Sang et Or

Le rouge et le jaune ne sont pas des couleurs originales dans la préfecture de l’Aveyron. Le club de football les arbore tout comme de nombreux clubs sportifs de la ville (rugby à XV avec le Stade Rodez Aveyron, l’athlétisme avec le Stade Rodez Athlétisme, le Judo avec le Judo Rodez Aveyron). Ces similitudes ne résultent pas du hasard mais des armoiries de la ville. Car ces dernières se décrivent comme « De gueules (rouge en héraldique) à trois roues d’or (jaune), deux en chef et une en pointe ».

Ces armes sont directement tirées de celles des Comtes de Rodez dont le premier sceau conservé date de 1275. Ces deux couleurs reprenaient déjà celles des armes du Comté de Rouergue, qui dominait la région avant le XIIème siècle (période d’avènement du Comté de Rodez). Or, le rouge et le jaune trouvèrent un écho particulier dans le Sud de la France puisqu’on les retrouvait sur les armes d’Albi, des Comtes de Foix, des Comtes de Bigorre, des Comtes du Gévaudan, des Comtes d’Angoulême, des Vicomtes de Millau, des Comtes de Toulouse, des Vicomtes du Béarn, des Comtes de Roussillon, des Vicomtes de Soule, des Comtes du Périgord et des Comtes de Provence. Et pour tous ces territoires, leurs armoiries dérivaient souvent de celles de leurs deux puissants voisins. A l’Ouest, le Duché d’Aquitaine (devenu au XIIIème siècle, Duché de Guyenne), qui arborait des armoiries avec un léopard/lion jaune sur fond rouge (tirés des armoiries de l’Angleterre et de la Maison Plantagenêt). Le Comté de Rouergue comme le Comté de Toulouse furent rattachés un temps au Duché d’Aquitaine et adoptèrent donc les couleurs. Au Sud, le Comté de Barcelone et le Royaume d’Aragon avec des armes représentant des rayures verticales jaunes et rouges (les pals d’Aragon, cf #190) qui déteignirent sur le Vicomté de Millau, le Comté de Foix, le Comté de Roussillon et le Comté de Provence.

Pourquoi ces deux couleurs furent elles choisies ? Plusieurs versions pourraient être avancées mais sans aucune certitude. Tout d’abord, le pragmatisme : Sur les champs de bataille, les belligérants devaient être reconnus à distance et en conséquence choisissaient de couleurs qui se distinguaient, comme le rouge et le jaune. Ensuite, le symbole. Le jaune comme le rouge pourraient rappeler le soleil et la chaleur qui caractérisent ces régions. Puis, l’historique. Les couleurs des bannières de l’Empire Romain et du Capitole étaient le pourpre et l’or (#980) et en réclamer l’héritage pouvait renforcer son aura.

En tout cas, ces deux teintes furent adoptées par le club de Rodez dès l’origine. Selon Aimé Biau, auteur de l’ouvrage « Le Football ruthénois de sa naissance, 1927, à nos jours, 1979 » , lors de la première rencontre dans la Ligue du Midi, en 1931, l’équipe du Stade Ruthénois évoluait en jaune et rouge.

#1148 – US Concarneau : les Thoniers

Un thonier est un navire spécialement armé pour la pêche au thon. Existant sous différente taille et ayant évolué au fil du temps, ces bateaux utilisent des fusils à harpon, des lignes de pêche ou des sennes. Ils intègrent également des chambres froides de grande capacité pour permettre d’effectuer des longues distances et conserver des pêches fraiches. Pour en revenir à Concarneau, ce surnom n’est pas étonnant pour un club d’une ville côtière, puisque la pêche et les activités portuaires ont souvent constitué leur ressource principale.

Au XIXème siècle, comme d’autres ports de pêche de Bretagne, Concarneau était synonyme de pêche à la sardine depuis des générations. Le poisson était abondant au plus près des côtes et offrait une pêche facile, nécessitant peu d’investissement et qui permettait de retrouver son doux foyer chaque soir. Plus de 600 chaloupes dépendaient de cette activité et la ville comptait également une trentaine de conserveries, employant 700 ouvriers ferblantiers et quelque 2 000 ouvrières en 1900. A partir de l’année 1902, sur toute la côte bretonne, la sardine se raréfia dans les filets déstabilisant ainsi toute la filière pêche et obligeant les marins à revoir leur activité. Or, depuis 1879, les conserveries locales commençaient à mettre du thon en boîte, pêchés par des marins de La Rochelle, d’Etel ou de Groix. Ainsi, dès 1901, Concarneau devint le premier port de la côte Atlantique pour la vente du thon germon, avec 1 300 tonnes débarqués. Mais, il fallut attendre 1906 pour qu’un premier navire de Concarneau, « l’Avenir » , prisse le large pour aller pêcher du thon germon. Le développement se fit alors rapidement. En 1910, le port concarnois comptait 4 thoniers. 2 ans plus tard, ils atteignaient le nombre de 12, et en 1922, il y en avait 56. En 1934 plus de 160.

Les années 1950 marquèrent un tournant pour la pêche concarnoise. La pêche au germon sur les côtes étant saisonnière, avec l’amélioration des bateaux (motorisation, congélateur) et des techniques de pêches (canne avec appâts, senne), les marins poussèrent leur campagne jusque sur les côtes africaines (Golf de Guinée) pour attraper des thons tropicaux. Au début de 1972, la flotte de thoniers congélateurs du port de Concarneau comprenait 30 navires et le port enregistrait une production annuelle de 25 à 30 000 tonnes de thon congelé. A partir des années 1980, la pêche se poursuivit également dans l’Océan Indien. Si les conserveries disparurent dans les années 1970 avec la concurrence internationale, Concarneau continua à fournir une flottille et une main d’oeuvre importantes. Aujourd’hui, Concarneau est le premier port de pêche de Cornouaille, le 3ème port de pêche français et surtout premier port thonier d’Europe. Le premier armement de pêche au thon tropical européen est la société CFTO, avec 15 thoniers, dont le siège est à Concarneau.

#1134 – Le Puy Football : les Ponots

Avec l’élimination en quart de finale de Coupe de France lors de la saison 2023-2024, le surnom du club auvergnat a refait surface en une des quotidiens nationaux. Mais, le terme est souvent utilisé par la presse locale même s’il s’agit en réalité du gentilé des habitants du Puy en Velay. L’étymologie de puy provient du latin podium qui désignait un soubassement, lui-même dérivant du grec ancien πόδιον – podon – qui signifiait petit pied (ποδός – podos – le pied en grec). Dès l’Antiquité, le plateau où se situe la ville, au pied du rocher Corneille (un résidu volcanique haut de 132 mètres), était connu sous le nom de podium (qui désignait alors une petite proéminence). Jusqu’au XIIème siècle, ce qui était au départ un nom commun pour désigner la ville devint son nom propre. Puis, le mot podium se transforma en Poï puis en Puy sous l’Ancien Régime. Pour le gentilé, de podium dériva le terme podot qui se transforma au fil du temps en ponot.

Situé dans la partie sud-est du Massif central, le paysage du Puy a été façonné par les volcans. L’altitude moyenne de la ville est de 750 mètres, avec un dénivelé de près de 300 mètres. La ville se loge entre deux necks, résidus de cheminée volcanique. D’un côté, le Rocher Corneille où trône en son sommet une statue de Notre-Dame-de-France. De l’autre côté, dans la localité voisine d’Aiguilhe, le Rocher d’Aiguilhe, haut de 82 mètres, où se dresse l’église dédiée à Saint Michel. Il semble que les Celtes déjà vouait un culte sur la colline, où plus tard Le Puy se bâtirait, à Adidon, dieu des sommets et des sources. Tout ramène donc à l’éminence, au mont, dont le terme Puy dérive et que le retrouve sous une forme stylisée dans le logo du club.

#1109 – SC Toulon : les Azur et Or

Le Sporting Club de Toulon naquit au lendemain de la Seconde guerre mondiale par la fusion de deux clubs de la ville, le Sporting Club du Temple (fondé en 1933) et la Jeunesse Sportive Toulonnaise. Le premier choix de couleurs se porta sur le jaune et noir, sans connaître la raison (était-ce le mélange des couleurs des deux clubs ?). Lors de la saison 1955-1956, le club abandonna ces couleurs pour adopter celles de la ville de Toulon. La cité varoise arbore un blason représentant une croix grecque jaune sur un fond bleu (D’azur à la croix d’or). Il est souvent avancé que cette croix est un rappel de celle du Christ et également une évocation des croisades. Toulon ne fut pas une ville de passage ou d’embarquement des croisés, à l’exception du Comte de Provence Gilbert de Boson qui embarqua de Toulon lors de la première croisade. Il est vrai toutefois que Toulon, du Xème siècle au XIIème siècle, fut de nombreuses fois attaqués et pillés par les Sarrasins, ce qui lia la ville au mouvement général de combat des Chrétiens face aux Musulmans à cette époque. D’autres estiment que Toulon se serait inspiré des armoiries des villes voisines de Marseille, Fréjus ou Antibes qui arborent effectivement une croix. Quand aux couleurs du blason de Toulon, les origines sont méconnues.

En 1406, les registres de comptes de la commune comportaient au bas de ses pages des petits blasons noirs et blancs contenant une croix. Ces illustrations semblaient tenir lieu de signatures aux comptables de la ville et cette pratique perdura jusqu’en 1554. Une autre représentation du blasonnement apparait en 1494 sur la couverture d’un registre de comptes trésoraires. Il montrait un écu orange à la croix d’azur. En 1553, sur un registre de délibérations de 1477, les armes de Toulon furent dessinés avec les couleurs actuels. Néanmoins, en 1563, le blason affichait cette fois des couleurs inversées, un écu d’or à la croix d’azur. Les couleurs actuelles semblèrent définitivement fixées à compter de 1584. D’ailleurs, elles furent enregistrées officiellement par le Consul de Toulon dans cette version dans les registres de l’armorial général du royaume en 1696.

#1081 – FC Rouen : les Diables Rouges

Fin du XIXème, le football normand se concentrait dans la ville du Havre, avec notamment la présence du doyen, le Havre Athletic Club, et les autres villes ne pouvaient pas laisser perdurer cette hégémonie. Après l’introduction du football vers 1896 à Rouen par un commerçant du nom de Willing, 3 clubs apparurent : US Sottevillaise, US Rouennaise et le FC Rouannais. Mais, pour concurrencer les autres équipes de la région, ces 3 clubs unirent leurs forces et le 10 juillet 1899, le FC Rouennais naquit officiellement. Il semble que le club évolua en rouge dès sa fondation et vers 1909, à l’initiative d’un journaliste local, Charles Hangard, l’équipe gagna alors le surnom de « diables rouges ». A cette époque, le club rouannais commençait à émerger sur la scène régionale. En 1910, l’équipe parvint même à obtenir son premier titre de Champion de Haute-Normandie aux dépends du redouté HAC.

La couleur rouge du maillot s’inspire vraisemblablement des armoiries de la ville de Rouen. Elles se décrivent ainsi : De gueules (rouge) à l’agneau pascal d’argent (blanc), la tête nimbée et contournée, portant une bannerette du même chargée d’une croisette d’or, au chef cousu d’azur (bleu) semé de trois fleurs de lys d’or. La partie principale se compose donc d’un agneau pascal sur fond rouge. L’agneau est le symbole du Christ (dès le XIIème siècle, Rouen fut un centre religieux important. A la fin du Moyen Âge, elle comptait près de trente églises paroissiales et quinze communautés religieuses. Elle accueillait un archevêché et un chapitre cathédrale qui étaient parmi les plus riches de France, le diocèse s’étendant sur 1 300 paroisses. La ville gagna le surnom « ville aux cent clochers ») et représente aussi la puissante corporation des drapiers (de par sa position géographique et son ancienne appartenance à la couronne d’Angleterre, Rouen fut un centre économique important faisant le lien entre l’Angleterre et l’Europe du Sud. Au Moyen Âge, les drapiers comme les autres métiers liés (laneurs, teinturiers) firent la richesse de la ville pendant 7 siècles à compter du XIIIème, en achetant la laine en Angleterre et en vendant dans les foires de Champagne et à Paris leur production renommée de tissus et draps. Leur confrérie était la plus puissante et riche de la ville).

Ces armoiries s’installèrent comme celles de la cité de Rouen à compter du XIVème siècle de façon certaine. Le rouge pourrait venir des armoiries de l’important Duché de Normandie (De gueules à deux léopards d’or) car avant l’apparition du blason décrit précédemment, il semble que Rouen adopta les armes de la Normandie. Si au départ, les léopards (ou des lions) sur fond bleu puis rouge étaient attachées à la personne du Duc de Normandie Geoffroy Plantagenêt qu’il transmit à sa descendance (Henri II Plantagenêt, Richard Cœur de Lion), elles s’ancrèrent comme celles de la Normandie vraisemblablement au cours du XIIIème siècle. Puis donc à Rouen.