#480 – CCD Municipal : la Franja

La bande. Le 27 juillet 1935, le club fut créé à l’initiative de 3 conseillers municipaux qui souhaitaient un club pour représenter la ville de Lima. Le comité de direction adopta alors les couleurs de la ville de Lima, maillot jaune et short bleu. La première année fut prolifique car à l’issue de la saison, le club gagna sa promotion en première division. La direction décida alors de changer de maillot et de couleur. La couleur jaune fit place à un maillot blanc avec une bande diagonale rouge, à l’image de River Plate. Mais, le club argentin ne fut pas à l’origine de ce changement.

Fondé le 27 juillet, soit un jour avant la date anniversaire de l’indépendance du Pérou, la direction décida de « reproduire » le drapeau péruvien sur le maillot avec cette bande rouge sur fond blanc. Au même moment, l’équipe nationale péruvienne optait pour un maillot similaire après avoir, les premières années, porté des bandes verticales ou horizontales. Les nouveaux uniformes de Municipal furent officiellement utilisés pour la première fois lors d’un match amical au stade Modelo de Bellavista contre l’Atlético Excelsior, le 28 juin 1936. Malheureusement, le match se solda par une défaite 1 à 0 pour Municipal.

#450 – Club Cienciano : los Imperiales

Les impériaux. Le club réside à Cuzco. Installée à 3 400 m d’altitude, la ville de Cuzco se situe au sud-est du Pérou, sur le versant oriental de la cordillère des Andes. Selon la légende, Cuzco fut fondé par Manco Cápac, le premier gouverneur et fondateur de la culture inca, et sa sœur-femme, Mama Ocllo, qui émigraient vers le lac Titicaca sur les conseils de leur père, le dieu du soleil. Ils jetèrent un javelot d’or et fondèrent une nouvelle ville là où le javelot se planta. Au delà de la légende, la ville devint un centre important de l’époque précolombienne puisqu’elle était la capitale et le siège du gouvernement du Royaume des Incas. Puis, son rôle se confirma en étant la capitale de l’Empire Inca. Sous l’impulsion de l’Empereur Pachacutec, Cuzco prit encore plus d’envergure en étant également un centre culturel et spirituel. Elle fut alors la ville la plus importante des Andes et d’Amérique du Sud, capitale du plus grand empire de l’Amérique précolombienne (l’Empire Inca dominait 3 millions de km²). Aujourd’hui, la ville vit encore sur cette renommée, son surnom étant la ville impériale. Le club devient alors les impériaux.

#362 – Sport Boys : los Rosados

Les rosés. Le club de Callao est considéré comme le 4ème plus grand club du Pérou (après Alianza Lima, Sporting Cristal, et Universitario) et le premier en dehors de la capital. Il jouit donc d’une grande popularité au Pérou. Un autre élément le distingue fortement des différentes équipes péruviennes : le club joue en rose et ce, depuis 1927. Pour des raisons marketing, le rose s’est démocratisé, popularisé dans le sport masculin, même les plus virils tels que le rugby. Mais, en 1927, il s’agit d’une couleur plutôt peu commune et fortement marqué.

Le club fut fondé par un groupe de jeune étudiants qui fréquentaient le Collège Mariste San José de Callao. Le premier maillot était rayé jaune et rouge, accompagné d’un short noir. La raison n’est pas connue mais il ne serait pas déraisonnable de supposer que les ecclésiastiques espagnols (ou spécifiquement catalans) du Collège Mariste avaient pu suggérer ou influencer les couleurs du club en reprenant celles de l’Espagne et de la Catalogne (en particulier les rayures jaunes et rouges sont une réplique du drapeau catalan Barras de Aragon, cf article #190) ou auraient pu faire don du premier ensemble d’uniformes. Toutefois, ce ne fut pas un choix pérenne car, après le premier championnat auquel le club participa (un tournoi pour enfants organisé par le Raimondi Intellectual Club de La Victoria), les fondateurs du club décidèrent de changer de couleur en adoptant le rose. Là encore, la raison de ce choix est inconnue. Certains avancent que les fondateurs des Boys étaient d’origine italienne et choisirent la couleur de l’équipe de la ville d’où provenaient leurs parents, Palerme et Turin (dans les premières années, la Juventus évoluait en rose).

Un autre récit soutient que les fondateurs décidèrent d’opter pour les couleurs du drapeau du premier navire qui rentrerait dans le port de Callao. Selon la légende, ce fut un navire de l’Union soviétique, avec un drapeau rouge fané. Mais, cette histoire ressemble à une adaptation locale (voire un plagiat) de celle de l’équipe argentine de Boca Juniors (cf. article #219).

Il y a quelques temps, Don Abraham Alfaro, le dernier membre fondateur vivant de Sport Boys, ruina toutes ces versions car, selon lui, certains des fondateurs voulaient une couleur, d’autres une autre. Finalement, ils optèrent pour le rose et le noir simplement pour se distinguer des autres équipes.

#327 – Club Universitario de Deportes : los Cremas

Les crèmes. Le club péruvien n’a pas acquis l’un des plus beau palmarès du pays en étant gentil, une crème. Il ne fut pas non plus fondé en 1924 par la confrérie des pâtissiers de Lima. Ce surnom fait référence à la couleur particulière du maillot : crème. Cette couleur est en effet plutôt rare dans le football et au départ, le club opta pour une couleur plus classique. Jusqu’en 1932, le maillot était intégralement blanc avec un U rouge encerclé, pour écusson sur la poitrine. La légende veut qu’en 1932, l’équipe allait disputer un match mais elle n’avait pas son uniforme. En effet, ce dernier avait été envoyé à la blanchisserie et n’était pas encore revenu. La direction mit alors la pression sur la blanchisserie pour récupérer au plus vite les maillots. Sous la pression, les laveurs n’enlevèrent pas les écussons rouges des maillots blanc. Le rouge délava sur le maillot, lui donnant cette couleur crème particulière. Dans l’impossibilité de trouver un nouveau kit, les joueurs se présentèrent avec ce maillot crème et gagnèrent le match. Les succès s’enchaînèrent et par superstition, il ne fut plus question de racheter un jeu de maillot blanc. Une autre histoire, moins répandue, raconte que le fabricant se trompa en envoyant des maillots de couleur crème. Quoiqu’il en soit, la crème a pris et n’est pas prête de tourner.

#145 – Club Alianza Lima : el Equipo del Pueblo

L’équipe du peuple. Ce surnom est utilisé pour beaucoup d’équipe d’Amérique du Sud. La raison pour laquelle il a été retenu pour le club péruvien n’est pas connu précisément. Mais deux versions existent et ce sont celles qui justifie habituellement ce surnom. Tout d’abord, avec le plus beau palmarès du football péruvien (23 titres de champion), l’équipe compte de nombreux supporteurs dans tout le pays et dans toutes les couches de la population, notamment les différents peuples qui la composent. Il est dit d’ailleurs qu’une fois que le club joue, tous ces supporteurs s’unissent comme une famille et oublient leur différence de classe ou d’ethnie. De nombreux artistes péruviens lui dédièrent des chansons.

Ensuite, il faut remonter aux origines du club. Comme dans beaucoup de pays, au début du XXème siècle, le football péruvien était trusté par les immigrants britanniques et les couches élevées de la population. Certains de la bourgeoisie péruvienne avaient pu partir en Angleterre faire leurs études et apprendre sur place le football. En revenant aux pays, ces élites l’apprirent à leurs amis de la même classe et se confrontèrent aux expatriés anglais. Les clubs de l’époque étaient alors fondés par et réservés aux élites. Celui d’Alianza fut fondé le 15 février 1901 par des jeunes du quartier populaire de Chacaritas aux origines modestes. Il se voulait le représentant de ce quartier populaire face aux autres parties de la ville et s’opposa alors rapidement aux clubs plus huppés, mieux nés. Ses victoires face à ses clubs de l’élite locale symbolisèrent celles du peuple face à la bourgeoise. Des triomphes qui étaient impensable dans d’autres aspects de la vie quotidienne à l’époque, dans cette société établie et sclérosée. Ces nombreuses victoires attirèrent évidemment encore plus à lui les couches populaires.

#116 – Sporting Cristal : los Cerveceros

Les brasseurs. Les joueurs et supporteurs du club ne sont pas des ivrognes, mais comme d’autres clubs à travers la planète, la fondation du club est très liée à une brasserie. A Lima, la manufacture de tabac « Estanco de Tabaco del Perú » était une institution publique importante du quartier de Rimac et qui monopolisait la chaîne industrielle de cigarettes au Pérou. En 1926, l’entreprise fonda le club du Sporting Tabaco qui était composé de ses employés. A peine deux ans après sa création, le Sporting rejoignit la première division péruvienne dont il devint un habitué jusqu’en 1955 (26 saisons de 1929 à 1934 puis de 1936 à 1955). Ses meilleures performances furent 2 titres de vice-champion en 1931 et 1954. Toutefois, le passage au statut professionnel de l’élite en 1951 fragilisa le club qui connut une profonde crise économique menant quasiment à sa disparition en 1955.

Un autre acteur économique comptait dans le quartier de Rimac, la brasserie « Backus & Johnston Brewery », fondée en 1876 par des américains. En 1954, un groupe d’hommes d’affaires péruviens, emmené par Ricardo Bentín Mujica, acquirent aux actionnaires anglais cette usine péruvienne et la renommèrent Cervecería Backus y Johnston SA. Passionné de sport et de football en particulier, le nouveau président, Ricardo Bentín Mujica, chercha à promouvoir une pratique sportive au sein de ses ouvriers et également un outil marketing pour développer la marque de bière (Red Bull n’a rien inventé). Le 13 décembre 1955, Ricardo Bentín Mujica fit racheté le club du Sporting Tabaco, trouva un terrain dans le quartier (à La Florida) et fonda le nouveau club du Sporting Cristal Backus. Le nom de Cristal provenait de la marque de bière vedette de Backus & Johnston, la Cristal (qui fut créée en 1922 et existe encore de nos jours).

Appartenant à une entreprise et portant le nom d’une marque, cette association trop commerciale (et le soutien financier important reçu qui permit des recrutements remarquables) ne plut pas beaucoup à la fédération, aux adversaires comme à la presse qui craignait une commercialisation effrénée n’atteignît le football. En Octobre 1955, le journaliste Alfonso Rospigliosi écrivit dans le quotidien « La Crónica » à propos de la direction du Sporting Tabaco qui venait de sauver le club en le vendant aux brasseurs : « Parece que han sentado un mal precedente en esto, porque a lo mejor dentro de un año, ya no veremos el partido Tabaco-Boys, sino el match Cristal-Pilsen y ya no espectaremos (sic) el encuentro Iqueño-Chalaco, sino el match Coca Cola-Crush » (Il semble qu’ils aient créé un mauvais précédent, car peut-être que dans un an, nous ne verrons plus le match Tabaco-Boys, mais le match Cristal-Pilsen [une autre marque de bière], et nous ne verrons plus (sic) le match Iqueño-Chalaco, mais le match Coca Cola-Crush [un soda détenu par Pepsico]). Jusqu’à la fin mars 1956, la fédération interdit donc au club de participer au championnat. Puis, elle prit des mesures pour faire bannir le nom de l’entreprise du nom du club. Le terme Backus fut finalement abandonné dans le nom du club dans les années 1960.