#1337 – Jagiellonia Białystok : Jaga

Jaga est un diminutif de Jagiellonia. Le club a atteint le sommet du football polonais la saison dernière en remportant le titre de champion après 124 ans d’existence. Il fut fondé le 30 Mai 1920 par les soldats du bataillon de réserve du 42ème régiment d’infanterie. Le premier nom du club était donc KSBZ 42 PP (ie Klub Sportowy Batalionu Zapasowego 42 Pułku Piechoty – Club Sportif du Bataillon de Réserve 42 Régiment d’Infanterie). Puis, en 1932, l’équipe de football du KSBZ 42 PP fusionna avec le club d’athlétisme KS Związku Młodzieży Wiejskiej pour créer un nouveau club multisports appelé Białostocki Klub Sportowy (Club sportif de Białystok) Jagiellonia. Après la Seconde Guerre Mondiale, les autorités communistes dissolvaient le club (le 42ème régiment d’infanterie ayant combattu les bolcheviques lors de la Guerre soviéto-polonaise de 1919 à 1921) pour faire la place à une nouvelle entité, PKS Motor Białystok, devenu en 1948 le Wici Białystok, puis le Związkowiec Białystok un an plus tard. Le club fut finalement absorbé en 1951 par le Budowlani Białystok. Le 26 janvier 1957, avec la fusion de Budowlani Białystok et du Sparta Białystok, le club retrouva son nom historique, Jagiellonia.

Jagiellonia rappelait le lien historique de la ville et de la région avec la dynastie de la Maison Jagellon, qui régna sur une partie de l’Europe centrale entre le XIVème siècle et le XVIIIème siècle. Branche cadette de la dynastie ducale lituanienne des Gediminides, le règne de Maison Jagellon débuta avec Ladislas II Jagellon, qui, Grand-Duc de Lituanie de 1377 à 1392, devint également le premier Roi de Pologne en 1386, prémices du futur rapprochement des deux nations. Ses descendants étendirent leurs pouvoirs et récupèrent entre-autre la couronne de Hongrie de 1440 à 1444 et de 1490 à 1526 ainsi que de Bohême de 1471 à 1526 et furent électeurs impériaux (1471-1526). Leurs territoires couvraient la Lituanie, la Pologne, la Biélorussie, l’Ukraine, la Hongrie, la Bohême, la Moldavie, la Lettonie, l’Estonie, la région de Kaliningrad et d’autres parties occidentales de la Russie. Dans cette histoire, Białystok fut fondée entre 1440 et 1444, lorsque Jakub Raczko Tabutowicz reçut ces terres de Casimir IV Jagellon, Grand-Duc de Lituanie et Roi de Pologne, deuxième fils de Ladislas II Jagellon.

#1303 – Legia Varsovie : Wojskowi

Les militaires. Au début du XXème siècle, la Pologne n’existait pas en tant qu’Etat et la région était découpée entre 3 puissances, Russie, Autriche-Hongrie et Allemagne. En Allemagne et en Russie, de peur d’encourager des mouvements indépendantistes, les autorités interdirent les sports d’équipe parmi les jeunes polonais, au contraire de ceux vivant dans la partie sous domination austro-hongroise. Ainsi, ces derniers purent découvrir et pratiquer le football. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, les polonais organisèrent des Légions (3 unités en Mai 1915), rejoignirent les forces austro-hongroises et se battirent contre les Russes.

En 1915, pendant les périodes de calme sur le front, les légionnaires devaient s’occuper et parmi eux se trouvaient beaucoup d’anciens sportifs, notamment footballeurs. Naturellement des équipes de football s’organisèrent et les officiers virent favorablement cette pratique pour maintenir la condition physique des soldats. Ayant appris que des équipes de football avaient déjà été formées dans la 1ère brigade de la Légion, Antoni Poznański, un footballeur de Cracovie, favorisa la création d’une équipe au sein de la 3ème brigade. Elle devint la base de l’équipe du Legia qui se structura après la guerre, grace à un groupe d’anciens officiers.

En raison de la Seconde Guerre mondiale, le club disparut. Mais, le lien avec l’armée se poursuivit après. Car dans la grande tradition communiste, les association sportives devaient se rattacher à un pan du régime, que ce soit une administration, un syndicat ou une entreprise d’Etat. L’Armée apparaissait comme l’une des principales structures en mesure d’accueillir une organisation sportive, d’autant plus que cela collait bien avec son objectif d’entretien physique de ses troupes. Ainsi, début avril 1945, le 1er Club sportif militaire de Varsovie fut fondé, ce qui marqua la réactivation du Legia. Devenu club omnisports, il resta dans le giron de l’Armée Populaire Polonaise jusqu’en dans les années 1990. En 1990, l’armée cessa toutes subventions et la Légion fit face à d’importantes financières, ce qui conduit à sa vente à des investisseurs privés.

#1265 – Puszcza Niepołomice : Żubry

Le bison. Fondé en 1923, le club gagna sportivement le droit d’évoluer dans l’élite polonaise pour la première fois de son histoire pour son centenaire. Après une honorable 12ème place pour un promu, Puszcza Niepołomice attaque sa deuxième saison en Ekstraklasa. Belle performance pour cette petite ville de 8 000 habitants, à quelques encablures à l’Est de Cracovie. Mais surtout, la cité se situe à la lisière de la forêt Niepołomicka et son histoire se conjugue avec cette espace boisée (principalement des conifères comme le pin et le sapin) et marécageux, qui regroupe 6 espaces naturels, pour un total de 110 km2. Sachant que son nom Puszcza signifie forêt et que son écusson arbore un magnifique sapin, le surnom aurait pu faire référence aux conifères. Mais, le choix se porta sur un animal que l’on imagine plutôt de l’autre côté de l’atlantique.

Or ce bovin s’articule autours de deux espèces : le bison d’Amérique du Nord et le bison d’Europe. Et oui, cet imposant ruminant aux poils ras couleur noisette a toujours vécu en Europe de la Préhistoire jusqu’à la première guerre mondiale, et de l’océan Atlantique à l’Oural (à compter du Moyen-Âge, son milieu se réduit à l’Europe Centrale et de l’Est). Mais, la chasse comme la réduction de son espace vitale, la forêt primaire, ont conduit à son extermination à l’état sauvage en 1927, les derniers bisons ayant été tués en Pologne. Mais, depuis les années 1950, il a été peu à peu réintroduit sur le continent et en 2020, la population de bisons d’Europe se composait de 1 791 individus en captivité, 501 en semi-liberté et 6 819 à l’état sauvage, répartis dans 33 pays (d’Europe Centrale et de l’Est dont la Pologne). Avec sa grande forêt, Niepołomice accueillit en 1936 un centre d’élevage de bisons appelé « żubrowiskiem » (le champ des bisons), avec des animaux provenant de la forêt de Białowieża (au Nord-Est de Varsovie). Sur 70 hectares de surface clôturée, une vingtaine à une trentaine de bisons y vivent. Afin de protéger les animaux, le centre n’est pas visitable mais une plateforme d’observation a été récemment construite. Le bison fait la fierté des habitants de la ville et vu l’image de puissance qu’il véhicule, il devint le surnom du club.

#1182 – Garbarnia Cracovie : Garbarze

Les tanneurs. Le football est un des sports les plus populaires de la seconde ville de Pologne et compte à ce titre plusieurs clubs, dont les célèbres Wisła (13 fois champion de Pologne) et le KS (5 fois champion). Mais, au milieu de ces deux mastodontes, le Garbania s’est fait aussi une place dans le cœur des habitants de la ville en remportant le titre national. Une seule fois en 1931. La performance s’explique par la mutation du club en 1924, 3 ans après sa création.

Tout commença à l’automne 1921 lorsque des ouvriers de l’usine de tannage, Polskich Zakładów Garbarskich, fondèrent un club de football sous le nom de KS Lauda. Probablement que le terme Lauda provenait du latin laudo qui signifie louer, glorifier. En donnant ce nom au club, les fondateurs souhaitaient peut-être louer et souligner leur attachement à Ludwinów, commune rurale située sur la rive droite de la Vistule qui fut rattachée à Cracovie en 1910 et où se situait leur usine. Puis, en 1924, le club reçut le soutien financier de Polskie Zakłady Garbarskie, entrainant alors le changement du nom en KS Garbarnia (Garbarnia signifie tannerie). Les apports de ce riche mécène se firent immédiatement sentir, avec la construction d’un stade situé devant l’entrée de l’usine. 5 ans plus tard, Garbarnia accéda à la première division et finit vice-champion. 2 ans plus tard, le titre était acquis.

L’histoire de la tannerie à Cracovie remonte à 1885, lorsque les frères Jan et Kazimierz Dłużyński commencèrent la production dans une usine appelée « Bracia Dłużyńscy garbarnia w Ludwinowie p. Podgórze » . En 1904, Jan, l’apporteur de fonds, entre les deux frères, quitta l’entreprise et celle-ci commença à manquer de capitaux pour moderniser son outil de production. En 1910, la tannerie fut rachetée par un industriel de la tannerie, Michał Rabiński. La tannerie de Ludwinów fut reprise en 1917 par différents investisseurs et prit le nom de Polskie Zakłady Garbarskie. Elle débuta alors son fort développement. En 1919, 66 ouvriers y travaillaient, en 1920 déjà 155 et en 1922, 180. A cette époque, 3 tonnes de cuir étaient produites quotidiennement. L’entreprise disposait de sa propre écorcherie, de ses propres moyens de transport et même d’un corps de pompiers et d’un service d’ambulance. En 1928, l’usine comptait 260 ouvriers et produisait 1595 tonnes de cuir de semelle, 285 tonnes de cuir de marque et 20 tonnes de youfte, pour un chiffre d’affaires de 20 millions de zlotys. Avec la crise de 1929, la déchéance de l’usine débuta et finalement en 1938, la Polskie Zakłady Barbarskie arrêta la production et tous les employés furent licenciés. Après la guerre, toutes les tanneries de Cracovie furent nationalisées par les autorités communistes et regroupées au sein d’une seule organisation. L’ancienne tannerie de Ludwinów reprit alors sa production.

#1144 – Motor Lublin : Motorowcy

Les hommes des moteurs. Je vous accorde que le nom du club est assez explicite pour comprendre le surnom de l’équipe. Tout a commencé en 1950 quand plusieurs ouvriers employés à la construction de l’usine de construction automobile de Lublin, Fabryka Samochodów Ciężarowych (FSC), fondèrent le club en remplacement d’un ancien club dénommé Metalowca Lublin. Au départ, le club prit le nom Stal Lublin (Stal signifiant Acier, en référence au prédécesseur Metalowca, qui était lié à l’usine métallurgique de la ville). En 1952, la société FSC intégra le club dans son giron et le nom du club devint Stal FSC. Enfin, le Stal FSC changea de nom pour Robotniczy Klub Sportowy Motor Lublin en 1957.

Avant la Seconde Guerre mondiale, des investissements furent réalisés dans le quartier Tatary de Lublin pour établir une usine de la société Lilpop, Rau i Loewenstein afin produire des composants pour voitures et camions sous licence de l’américain Chevrolet. Mais, la guerre mit un terme à ce projet. En 1945, la reprise de l’activité fut envisagée par les nouvelles autorités communistes et en 1950, la construction de l’usine fut entreprise, avec l’aide du grand frère soviétique. Le constructeur soviétique GAZ forma d’ailleurs les premiers employés de l’usine. Le 7 novembre 1951, le premier GAZ 51 (dénommé pour la Pologne, Lublin 51) sortit des chaînes de montage. L’installation de l’usine eut un impact fort dans la ville de Lublin, qui était en reconstruction. Le développement des quartiers résidentiels voisins de Tatary et Bronowice étaient directement liés à la croissance de l’usine. De nouvelles voies routières furent également établies pour faciliter la circulation vers le site industriel. En quelques années, ce dernier devint le plus grand établissement de la région de Lublin et, dans les années 1970, le FSC représentait l’un des plus grands centres automobiles de Pologne. L’usine produisait des camions, voitures et véhicules blindés de transport de troupes. A la fin des années 1970, la société employait environ 11 à 12 000 personnes et le pic fut atteint en 1981 avec 14 000 collaborateurs. Le produit star de FSC à Lublin fut la camionette Zuk. En 1972, 110 000 Żuks avaient été produits, dont 40 000 étaient exportés vers 16 pays. L’apogée de la production fut atteint en 1977, avec 250 000 camionettes, dont 85 000 étaient exportées. En 1976, le département des véhicules utilitaires représentait 50 % de la production de l’usine. Avec la fin du communisme, la production déclina et en 1995, le coréen Daewoo racheta l’usine. Il fit faillite en 2001 et le repreneur revendit par morceau l’usine. Aujourd’hui, après plusieurs changements de propriétaire, l’usine ne fabrique plus que les tracteurs Ursus et les utilitaires Honker.

Le bouquetin qui apparaissait sur le logo de FSC se retrouve sur le blason du club.

#1106 – Podbeskidzie Bielsko-Biała : Górale

Les montagnards. Podbeskidzie, sous sa forme actuelle, fut créé en 1997 suite à la fusion de la section football du BBTS Włókniarz Bielsko-Biała et du DKS Inter Komorowice. Mais, eux-mêmes étaient issus de fusions de différentes associations de la ville, réalisé tout au long du siècle dernier et finalement, les racines du club actuelles se situent au début du XXème siècle, avec le club de la communauté allemande (Bielitzer Fussball Klub fondé en 1907) et un club de quartier (Biała Lipnik fondé en 1910).

Avec tous ces remodelages, difficile de se construire une identité. Mais, un élément demeurait immuable et partagé par l’ensemble de ces associations : la ville de Bielsko-Biała. Bien que cette dernière est également née d’une fusion en 1951 des cités de Bielsko et de Biała. Bielsko-Biała demeure un centre administratif, économique, universitaire et culturel de la région Sud de la Pologne, frontalière avec la Tchéquie et la Slovaquie, souvent appelée Podbeskidzie. Ce nom, Podbeskidzie, signifie « au-dessous des Beskides ». Car, si la ville se baigne dans la rivière Biała et ses affluents, elle se niche sur les contreforts de plusieurs sommets, se situant dans la partie occidentale de la chaîne de moyenne montagne des Beskides. Cette dernière fait partie de la chaîne des Carpates. On dénombre pas moins de 14 sommets à proximité de la cité, dont son altitude s’élève entre 262 m et 1 117 m. Il existe par exemple une télécabine ouverte toute l’année qui relie un des quartiers Sud de la ville au mont Szyndzielnia (1 029 m). Les principaux sommets sont le Skrzyczne (1 257 m), le Klimczok (1 117 m d’altitude), le Trzy Kopce (1 082 m), le Stołów (1 035 m) ainsi que le Czupel (931 m). Bien entendu, de nombreux sentiers pédestres et de trail partent de la ville et une petite station de ski offre quelques capacités de glisse en hiver.

#1077 – Radomiak Radom : Zieloni

Les verts. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les clubs sportifs polonais étaient rarement autorisés à poursuivre leurs activités s’ils ne soumettaient pas à l’occupant et donc la jeunesse polonaise était régulièrement privée de la possibilité de pratiquer des sports de manière officielle. Cependant à Radom, comme dans d’autres villes de Pologne, des équipes clandestines se montaient et ce fut le cas parmi les ouvriers de l’usine locale de chaussures (de la marque BATA) et les étudiants de l’école de tannage. Depuis 1939, BATA possédait une usine à Radom, en plus de celle située à Chełmek près de Chrzanów.

Au lendemain de la guerre, l’usine BATA fut nationalisée par les autorités communistes. Włodzimierz Skibiński, son directeur, participa à la création d’une équipe de football au sein de l’usine en réunissant les joueurs des deux équipes clandestines précitées. La réunion fondatrice eut lieu le 7 avril 1945. Ayant reçu l’aide de l’usine de chaussures, le nouveau club a adopté le nom de l’entreprise mécène : KS Bata. Le 13 juillet 1945, une réunion des membres du club eut lieu, au cours de laquelle les statuts furent approuvés et un conseil d’administration de 9 personnes fut élu, Włodzimierz Skibiński devenant le premier président du club. Sur la même idée que le nom, il proposa que les couleurs du club reprennent celles de l’usine : vert et blanc. Le rouge sur l’écusson apparut quand le club fusionna en 1967 avec le vieux club Radomskiego Koła Sportowego, fondé en 1910 et dont le maillot était rayé rouge et blanc.

#1021 – KS Cracovie : Pasy

Les rayures, les ceintures. Ce surnom se réfère au maillot rayé de l’équipe. Champion de Pologne à 5 reprises (ce qui lui confère le droit d’arborer une étoile sur son maillot) et supporté à son époque par le pape Jean-Paul II, le KS Cracovie est le plus ancien club sportif actif de Pologne, sa fondation datant de 1906. Au début du XXème siècle, plusieurs équipes de camarades commencèrent à émerger dans la seconde ville de Pologne. Le 4 juin 1906, un premier match opposa une équipe dénommée studenci (étudiants) ou przodownikami (précurseurs) à Czarni Lviv. Le même jour, une autre équipe montée à la hate, akademicy (académique), affronta le KGS IV Gimnazjum Lviv. Quelques jours plus tard, akademicy devint AKF Cracovia. A l’initiative de Tadeusz Konczyński, un promoteur du football à Cracovie, un tournoi fut organisé dans la ville en Octobre 1906. A cette occasion, Tadeusz Konczyński offrit un jeu de maillot aux deux clubs les plus anciens de la ville, AKF Cracovia et Studenci. Le premier décida d’opter pour un maillot bleu assorti d’une ceinture blanche, couleurs de la ville de Cracovie. Le second opta pour un maillot rayé aux couleurs nationales rouge et blanche et prit le nom Biało-Czerwoni (Blanc-Rouge). En 1907, les deux équipes décidèrent de fusionner. Le nouveau club conserva le nom Cracovia et opta pour les couleurs rouge et blanche. Le choix de garder ces couleurs dans une communauté polonaise privée de son propre État et sous domination de l’Empire Austro-Hongrois (pour Cracovie) était une forte affirmation de son identité patriotique et son soutien à la cause indépendantiste.

Le rouge et le blanc sont les couleurs nationales de la Pologne qui apparaissent sur son drapeau et sur ses armes (un aigle blanc sur fond rouge). La légende raconte que le fondateur de la Pologne, Lech, lors d’une escale près de Poznań, vit un grand nid sur un arbre. A l’intérieur se trouvait un aigle blanc avec trois poussins. Lorsque Lech le regarda, l’aigle déploya ses ailes dans un ciel rougit par le couché du soleil. Emerveillé par cette image, Lech décida de s’installer à cet endroit, mit l’aigle dans ses armoiries, et nomma l’endroit Gniezdno (aujourd’hui Gniezno), dérivant du mot nid. Pour prosaïquement, le peuple slave Polane qui résidait au IXème et Xème siècle sur une partie des régions de l’actuel Pologne prit l’aigle comme symbole, certainement après avoir côtoyé à ses frontières le Saint Empire Romain Germanique (dont le symbole de l’Aigle provenait de l’Empire Romain). Etabli à Giecz puis à Gniezno, la maison Piast unifia les différentes tribus polanes et donna naissance au premier État polonais vers le milieu du Xème siècle. Cette maison royale avait pour armoirie un aigle blanc sur fond rouge qui devint par la suite le symbole de la Pologne.

#988 – SKS Bałtyk Gdynia : Kadłuby

Les coques. 12ème ville de Pologne, avec une population de près de 250 000 habitants, Gdynia est une ville située sur la côte de la Mer Baltique (d’où le nom du club Bałtyk) et constitue un important port polonais. Village de pêcheur à compter du XIIIème siècle, la cité de Gdynia devint également une station balnéaire à la fin du XIXème et au début du XXème siècle. Puis, un port fut bâti en 1924 donnant une impulsion décisive à son développement économique et urbain. Situé dans la baie de Gdańsk, le port de Gdynia était devenu le plus grand port de la Mer Baltique et l’un des plus grands ports d’Europe avant la Seconde Guerre Mondiale. Il offrait à la Pologne un accès aux routes maritimes et une base navale face à la situation incertaine dans la ville libre de Dantzig. Après avoir été bombardé par les alliés (car il était devenu une base de la marine allemande), le port redevint une place maritime importante en Mer Baltique. Au delà du trafic de marchandises et de passagers ainsi que des activités traditionnelles de pêche, la construction navale constitua l’une des principales industries de Gdynia.

En 1922, la société Stocznia Gdynia débuta la rénovation de bateaux de pêche et plusieurs navires marchands (une cinquantaine de bateaux furent rénovés ou réparés sur les premières années). La même année, l’autre société Stocznia Marynarki Wojennej démarra également son activité. En 1927, une troisième compagnie ouvrit, Stocznia Remontowa Nauta. A cette date également, des investissements (grue, quai, cale de mise à l’eau …) furent réalisés par les deux premières sociétés pour passer de la rénovation à la construction de navires. Le 17 Septembre 1931, la première embarcation à moteur conçue et construite à Gdynia fut lancée et était un bateau sanitaire dénommé « Samarytanka » (Samaritain). Dans les années 1930, les chantiers navals de Gdynia produisirent ainsi plusieurs paquebots et bateaux de commerces. En 1939, le premier cargo général à vapeur appelé « Olza » d’une capacité de charge de 1 250 tonnes fut officiellement lancé. A la fin des années 1950, l’usine Stocznia Gdynia fut modernisée, avec une cale sèche, pour construire des coques modernes. Dans les années 1960 et 1970, l’industrie de la construction navale attint son apogée, avec plusieurs grands navires construits dans la ville, notamment des pétroliers, des vraquiers, et des chalutiers de pêche. Les meilleurs ambassadeurs du chantier furent le « Manifest Lipcowy », un vraquier de 55 000 tonnes, ainsi que le cargos polyvalent « Marstial Budyonnyy » (105 000 tonnes), construit pour un armateur soviétique, premier grand navire construit dans l’industrie polonaise. Le 30 octobre 1976, une deuxième cale sèche fut mise en service, où des navires d’une capacité de charge allant jusqu’à 400 000 tonnes pouvaient être construits. Dans les années 1980, l’industrie de la construction navale en Pologne commença à décliner face à la concurrence des pays asiatiques notamment. De nombreux chantiers de Gdynia furent privatisés ou fermés, entraînant des pertes d’emploi et des difficultés économiques dans la ville. Stocznia Gdynia fit faillite en 2009 et Stocznia Marynarki Wojennej en 2017. Seule Stocznia Remontowa Nauta continue son activité de rénovation navale aujourd’hui.

Les ouvriers des chantiers navals étaient communément appelés kadłubiarze ou kadłuby, ce qui signifiait « constructeurs de navires » ou « coques ». Or, ces derniers jouèrent un rôle important dans le développement du football à Gdynia et furent les premiers à s’associer avec des ouvriers du bâtiments et des chômeurs pour former un club de football, qui devint Bałtyk Gdynia. Par la suite, les relations avec les chantiers navals s’intensifièrent (avec du sponsoring et des membres du conseil d’administration qui venaient de cette industrie). Puis, avec l’instauration d’un régime communiste, le club intégra les syndicats du chantier naval de Gdynia. En conséquence, Bałtyk Gdynia était étroitement associé à l’industrie de la construction navale et le surnom kadłuby s’est imposé naturellement à l’équipe et ses supporteurs, reflétant ses racines et l’histoire de la ville.

#916 – Widzew Łódź : Władcy Miasta Włókniarzy

Les seigneurs de la ville des travailleurs du textile. 3ème ville de Pologne avec près de 700 000 habitants, Łódź n’était pourtant au début du XIXème siècle qu’une très petite bourgade. Intégré à la Prusse, le village ne comptait que 190 habitants et seulement 44 maisons, toutes les constructions étant en bois et aucune route goudronnée. Mais, elle connut un formidable boom économique au cours du XIXème siècle qui conduisit à sa position actuelle. Avec le congrès de Vienne en 1815, la Pologne semblait bénéficier d’une autonomie sous le nom de Royaume du Congrès, qui en réalité était sous tutelle russe. Néanmoins, les autorités polonaises, soutenues par le Tsar, engagèrent un plan ambitieux de développement de grands centres industriels à travers le pays. Łódź ne possédait pas de ressources minières qui auraient pu soutenir une industrie métallurgique. En revanche, sa région fut un centre important au XVII-XVIIIème de l’industrie drapière et une culture de lin et de laine existait. Ainsi, les autorités décidèrent la création d’un pôle textile dans une ville nouvelle proche de Łódź, Nowe Miasto (Nouvelle Ville). Le Tsar donna des titres de propriétés sur des terrains à des nouveaux migrants pour qu’ils construisent des usines et leur accorda également des privilèges telles que des exonérations fiscales, la gratuité des matériaux de construction ou l’exemption du service militaire. A compter des années 1820, des immigrants allemands qui étaient tisserands, filateurs et teinturiers, s’installèrent à Łódź et débutèrent l’exploitation de ce pôle textile. La guilde des drapiers fut fondée en 1825 et un an plus tard, la première usine textile fut construite par Christian Friedrich Wendisch. Outre le lin et la laine, le coton fut de loin la première ressource de cette industrie et la Russie ainsi que l’Extrême-Orient constituèrent d’importantes débouchés pour la production. Le développement de la ville fut intensif et l’apogée de l’industrie textile s’étala entre 1870 et 1910. La production de coton s’appuyait alors sur 41 000 ouvriers et 22 métiers à tisser, soit plus de 10% des métiers de tout l’Empire Russe. En 1904, il y avait 546 usines dans la ville employant 70 000 ouvriers, principalement dans l’industrie textile. Des empires industriels se constituèrent, dont les principaux étaient possédés par Ludwik Geyer, Izrael Poznański, Karol Scheibler et Ludwik Grohman. La population suivit se développement exponentiel. En 1865, la ville comptait 40 000 habitants. Puis, 314 000 en 1897. Enfin, 630 000 en 1915. La ville devint alors la plus densément peuplée au monde (13 200 habitants au km2). La Première Guerre mondiale cassa cette dynamique. Dans l’entre-deux guerre, la Russie n’était plus une débouchée possible et le seule marché intérieur polonais ne suffisait pas à absorber la production de Łódź. En 1929, 32 grands établissements abritaient chacun près de 5 000 ouvriers. En 1936, Łódź comptait 1 946 usines textiles et 106 800 employés, faisant de la ville la plus grande concentration d’ouvriers du textile. Après la Seconde Guerre mondiale, l’Etat communiste conserva cet outil industriel mais attendit les années 1970 pour le moderniser. Toutefois, les pays du bloc de l’Est, dont l’URSS, étaient de nouveaux des terrains d’exportation. En 1950, 120 000 ouvriers travaillaient dans le secteur du textile et dans les années 1970, la production s’étalait dans 23 communes voisines de Łódź pour 275 600 ouvriers en 1975. En 1980, cette région fournissait 46,6% des tissus en coton, 46,1% des tissues en laine et 33% de la soie de la production polonaise. Néanmoins, le déclin s’amorça et d’autres industries prirent le relais. L’industrie textile ne survécut pas à la période de transition économique des années 1990 en Pologne après la chute du communisme. Le renouveau de l’économie polonaise permit une renaissance de l’industrie textile de Łódź. Si, aujourd’hui, elle ne constitue plus la puissance de Łódź, elle demeure un pan important de son économie. L’histoire particulière de la ville qui connut un développement important avec la révolution industrielle, puis un fort déclin avant de renaître avec des industries technologiques, amena à surnommer la ville la Manchester de Pologne.