#1369 – Newcastle United : Geordies

C’est à la fois le gentilé et le dialecte des habitants de Newcastle et, plus généralement, de la région de Tyneside dans le nord-est de l’Angleterre. Le dialecte se compose d’un accent qui le rend rapidement reconnaissable ainsi que d’un vocabulaire riche et original, difficiles à comprendre pour des anglais d’autres régions et des étrangers. Il s’est retrouvé « à l’honneur » grâce à une téléréalité assez trash qui s’appelle Geordie Shore. Quelques stars l’ont conservé comme Cheryl Cole, Sting et les présentateurs Ant et Dec. Mais, que vous le parliez ou pas, si vous habitez la région, vous serez pour le reste de l’Angleterre un geordie. Plusieurs théories se font concurrence pour expliquer l’origine du terme Geordie mais toutes s’accordent pour penser que le terme provient d’un diminutif familier du prénom George.

L’une des plus connue fait référence à la rébellion jacobite. Lors de la Glorieuse Révolution de 1688, le Roi d’Angleterre, d’Irlande et d’Ecosse Jacques II Stuart, catholique, fut détrôné par les ligues protestantes. Jusqu’en 1746, les partisans de Jacques II (les jacobites) continuèrent à lutter pour tenter de rétablir sa dynastie face à la Maison d’Orange-Nassau puis celle d’Hanovre. En 1715, la couronne anglaise était portée par Georges Ier de la Maison d’Hanovre dont les habitants de Newcastle étaient de fervents partisans, selon les jacobites qui étaient majoritaires dans le reste du Northumberland rural. Ces derniers surnommèrent alors les habitants de Newcastle de Geordies, en référence à une chanson populaire « Cam Ye O’er Frae France » (Viens-tu de France) dans laquelle le Roi Georges était appelé Geordie Whelps (George le Guelfe).

Dans cette région où le charbon fit la richesse et la pauvreté de nombres de personnes, naturellement, certaines théories rattachent geordie au monde des mineurs. Le prénom Georges aurait été tout d’abord porté par de nombreux mineurs. Ensuite, alors que les mineurs du reste de l’Angleterre utilisaient les lampes dénommées Davy, ceux du Comté de Tyne and Wear préféraient la lampe Geordie qui avaient été conçues par George Stephenson, surnommé « geordie the engine-wright » (geordie le mécanicien) en 1815 à Newcastle. Pourtant, le terme geordie serait antérieur puisque dès 1793, les chansons de la région désignaient sous ce terme les mineurs. Et tout au long du au XIXème siècle, le mineur resta une figure emblématique de la région appelée geordie. Le terme s’étendit ensuite à tous les habitants.

Une dernière version, moins répandue, avance que, du XIème au XVIIème siècle, le long de la frontière anglo-écossaise, de nombreuses familles importantes étaient établies de chaque côté et portaient des nom pittoresques. Parmi ces familles, le nom Geordie était répandu comme les Geordie Kang Irvine, Ill-Drowned Geordie Nixon et Jingling Geordie.

#1366 – Seoul E-Land FC : 표범

Les léopards. En 2014, la capitale coréenne voyait la naissance d’une nouvelle franchise de football, sous le patronage de l’entreprise E-Land, le Seoul E-Land FC. Le nom du club avait fait l’objet d’un vote auprès des fans et, sur les 3 400 participants, Seoul E-Land FC l’avait emporté face à Eastern Seoul FC et Seoul Gangnam FC. Le blason avait fait aussi l’objet d’un concours où plus de 100 designs furent reçus. 8 furent assemblés et retravaillés pour donner l’écusson actuel chargé de nombreuses symboliques.

L’emblème du club est composé de 5 étoiles représentant les 5 valeurs commençant par un « E » et poursuivies par le club et par le groupe E-Land (Excellence, Entertainment (divertissement), Economie, Exchange (communication) et Example (modèle)). Il intègre aussi le mont Namsan et le fleuve Han, éléments emblématiques de la ville de Séoul. Puis, 3 léopards coréens (appelées aussi Léopard de l’Amour) s’incrivent sur la gauche de l’écusson. Elles représentent les caractéristiques (qui commencent par un « S » comme Seoul) du style de football que Seoul E-Land souhaite incarner : la vitesse (Speed), l’endurance (Stamina) et la technique (Skill). Enfin, une couronne chapeaute l’écusson et s’inspire du design de la couronne de la famille royale britannique, pays berceau du football. D’ailleurs, les léopards peuvent également être un rappel de l’Angleterre car ils ressemblent aux 3 lions apparaissant sur les armoiries de l’Angleterre, qui sont de profil sur trois pattes, la tête de face, ce qui correspond au « léopard » héraldique.

Cette inspiration britannique trouve ses origines dans l’histoire de la société E-Land. Ce chaebol (conglomérat coréen), qui opère dans la mode, la distribution, les loisirs, la restauration et la construction, démarra ses activités en 1980 avec une boutique de vêtements appelée « England ». Si le groupe fut rebaptisé en E-Land en 1986, son logo reprenait les codes des armoiries de la famille royale anglaise.

#1342 – Stamford AFC : the Daniels

On va descendre dans les bas-fonds du football britannique, en Southern Football League, équivalent de la 7ème et 8ème division, où évolue le club de Stamford. Mais, son surnom, the daniels, que le club porte fièrement sur son écusson, mérite que l’on s’y attarde. Dès 1870, un club de football existait à Stamford. Vers 1894, les deux clubs les plus importants de la ville, Stamford Town et Rutland Ironworks, fusionnèrent. Initialement, la nouvelle association prit le nom de Rutland Ironworks, considéré comme le plus fort des deux fondateurs. Puis deux ans plus tard, pour augmenter sa notoriété dans la ville, le club adopta le nom de Stamford Town. Quelques années plus tard, il gagna son surnom de the daniels, pour rendre hommage à Daniel Lambert, qui était plutôt une icone de la cité de Leicester.

Mais qui était donc Daniel Lambert ? Né en 1770, il fut gardien de prison et un éleveur d’animaux réputé, notamment de chiens de chasse, de chevaux et de coqs de combat. Mais, sa renommée, il la gagna en raison de sa corpulence. Car bien qu’il fut un sportif émérite (il aurait combattu un ours), à partir de ses vingt ans, il commença à prendre du poids. 200 kg en 1793, 250 kg en 1801, cinq ans plus tard 320 kg et à la fin de sa vie 350 kg. L’origine de son obésité provenait certainement d’un dérèglement hormonal car il semblerait qu’il ne mangeait pas de quantités importantes de nourriture et ne consommait pas d’alcool. Devenu impotent, il abandonna ses activités sportives mais également professionnelles, ce qui le fit plonger dans la pauvreté. Il dut alors se résigner à s’exposer comme une bête de foire et tourna à Londres comme dans le reste de l’Angleterre. En 1809, il arriva dans la ville de Stamford où il décéda subitement le 21 juin. Il fut enterré dans le cimetière Saint-Martin de la municipalité. Sa mort ne mit pas fin à sa notoriété, bien que d’autres personnes atteignirent ou dépassèrent son poids. Partout en Angleterre, de nombreux pubs et auberges furent rebaptisés en l’honneur de Daniel Lambert, notamment à Leicester et Stamford. Puis, le terme « Daniel Lambert » entra dans le langage courant anglais pour désigner tout d’abord un homme obèse et au fil du temps, tout ce qui est exceptionnellement grand, imposant. Lambert est toujours aujourd’hui un personnage populaire à Leicester, décrit en 2009 par le « Leicester Mercury » comme « one of the city’s most cherished icons » (l’une des icônes les plus chères de la ville).

#1315 – AFC Wimbledon : the Crazy Gang

Le gang fou. Avant de devenir le championnat des milliardaires (propriétaires comme joueurs) où règne un football d’esthète pour des spectateurs nantis, l’élite anglaise accueillait des joueurs au caractère marqué et des fans criards. Le tout dans un excès de violence qui s’exprimait sur et en dehors du terrain. Le paroxysme de ce football enfumé et alcoolisé fut atteint avec l’équipe londonienne de Wimbledon dans les années 1980 et début des années 1990, juste avant de basculer dans le nouveau monde de la Premier League. Comme un dernier pied de nez d’une certain idée du football …

Fondé en 1889, ce modeste club survivait au côté de l’hégemonique tournoi de tennis et dut attendre 1977 pour enfin atteindre les rangs du football professionnel anglais (la 4ème division). Le propriétaire Sam Hammam et l’entraineur Dave Bassett compensèrent les faibles moyens financiers du club en créant un état d’esprit soudant ses jeunes joueurs. Avant et après les matchs, l’équipe se comparait à une bande d’attardés, pas avares de blagues potaches et de bizutage hard. Ainsi, certains pouvaient se soulager dans les chaussures des nouveaux. Une autre fois, le kiné finit attaché par les chevilles à un bateau de pêche et traîné la tête dans l’eau. Les vestiaires visiteurs du stade de Wimbledon étaient quand à eux régulièrement saccagés. Pendant les matchs, de grands ballons dégagés devant et une pression extreme sur les défenses. Et les Dennis Wise, Vinnie Jones, Mick Harford, John Fashanu, Dave Beasant, Lawrie Sanchez et Wally Downes n’hésitaient pas à donner des coups et intimider leur adversaire avec quelques insultes. Mais, les coups pouvaient également être dirigés à l’encontre des coéquipiers. Evidemment ce style de jeu rude et physique déplut comme le décrivit Gary Lineker « the best way to watch Wimbledon is on Ceefax rather than on TV » (la meilleure façon de regarder Wimbledon est sur Ceefax [le système de télétexte de la BBC] plutôt qu’à la TV).

Avec de tels phénomènes sur le terrain, le club grimpa rapidement les échelons pour atteindre la première division pour la première fois de son histoire en 1986. Et alors que tout les journalistes s’attendaient à un retour direct en seconde division, le club décrocha une incroyable 6ème place, en battant au passage 2 fois Chelsea (4-0 et 2-1), Manchester United et Liverpool à Anfield. L’apothéose fut atteint en 1988. Après avoir éliminé Newcastle, Watford, puis Luton Town, Wimbledon affronta Liverpool en finale de la FA Cup. La veille du match, fidèles à leur tradition, les joueurs finirent dans un pub et rentrèrent éméchés dans leur hotel. Mais, le lendemain, Sanchez marqua le seul but du match, offrant la coupe à Wimbledon, premier trophée significatif du club.

Mais, les nuages commencèrent à s’amonceler au-dessus du club. Ayant besoin de rentrer des fonds, certains joueurs quittèrent le club et la direction partit en recherche d’un nouveau stade. Il n’en fallait pas plus pour perdre cet état d’esprit. D’autant plus que la Premier League arrivant, le style combatif et limite des joueurs ne correspondaient plus aux nouvelles attentes. En 2000, le club fut relégué en seconde division et la direction donna le coup de grace en 2001, en annonçant son intention de déménager à Milton Keynes, à 80 km des bases historiques du club. Le Wimbledon FC disparut au profit de Milton Keynes Dons FC tandis que les fans mécontents fondèrent le club d’AFC Wimbledon.

#1299 – Tottenham Hotspur FC : the Lilywhites

Blanc comme neige, blanc comme le lys. Cette expression anglaise colorée rend hommage au maillot blanc immaculé du club londonien. Pourtant, l’histoire ne démarra pas dans les draps blancs. Le club fut fondé le 5 septembre 1882 par un groupe d’écoliers, joueurs de cricket, qui cherchaient une activité sportive pendant les mois d’hiver. La première année d’existence, l’équipe joua peu et il ne reste pas de trace de la couleur de leur tenue. Lors de la première assemblée générale du club en août 1883, les membres adoptèrent officiellement un maillot bleu foncé, frappé d’un H sur la poitrine gauche, une culotte blanche, des bas bleu foncé et une casquette.

La légende raconte qu’en 1884 (ou 1885), les joueurs préférèrent annuler un match pour aller assister à la finale de la FA Cup, remportée par les Blackburn Rovers, qui dominaient cette compétition durant 3 saisons de suite (1884, 1885 et 1886). Impressionnés, les joueurs de Tottenham empruntèrent alors le maillot de Blackburn, découpé verticalement, une partie blanche et l’autre bleu ciel, jusqu’en 1888. A cette date, le maillot blanc, accompagné d’un short bleu foncé, fit sa première apparition mais pour une seule saison. S’en suivit 6 années où un maillot intégralement rouge remplaça la chemise blanche. En 1896, pour marquer leur passage au niveau professionnel, les Spurs portèrent un maillot rayé décrit avantageusement comme « chocolat et or », en hommage au Wolverhampton Wanderers (vainqueur de la coupe en 1893 et finaliste en 1896). Finalement, en 1898, le club opta pour son célèbre maillot blanc avec le short bleu foncé, en s’inspirant, encore une fois, d’une autre puissance du football britannique : Preston North End (champion d’Angleterre en 1889 et 1890, vice-champion de 1891 à 1893 et vainqueur de la FA Cup en 1889). Autre avantage, Tottenham se distinguait en Southern League (elle était la seule équipe à évoluer dans ces teintes).

Depuis cette date, les joueurs de Tottenham évoluent en maillot blanc accompagné d’un short bleu foncé … sauf dans les compétitions européennes, où le blanc gagne l’ensemble de leur tenue. Sortant d’un doublé Coupe-Championnat, Tottenham disputa sa première Coupe des Clubs champions en 1961 et inaugura la tradition du kit intégralement blanc lors de son premier match européen contre les polonais de Górnik Zabrze. L’histoire populaire raconte que le célèbre manager de l’équipe londonienne, Bill Nicholson, s’inspira de la tenue blanche du Real Madrid, qui écrasa l’Europe lors des 5 premières éditions de la Coupe d’Europe, afin d’encourager ses joueurs à ressembler aux madrilènes. Il semblerait que la raison soit plus pragmatique. A la fin des années 1950, l’éclairage des terrains apparût mais, étant donné leur qualité moyenne, la luminosité n’était pas optimale. Bill Nicholson chercha un moyen d’aider les joueurs à mieux se repérer sur le terrain lors de match nocturne. Ainsi, les joueurs de Tottenham commencèrent à porte un maillot et un short blanc, qui se distinguaient mieux sous les projecteurs, dès 1956. Toutefois, comme les matchs en soirée se déroulaient principalement en Coupe d’Europe, cette tenue immaculée était surtout portée lors de cette compétition, donnant lieu à cette tradition.

#1270 – Nottingham Forest : the Tricky Trees

Les arbres rusés. Si on vous parle de Nottingham, vous pensez bien souvent à son shérif, l’ennemi traditionnel de Robin des Bois et de ses Joyeux Compagnons. Or, le fameux brigand au grand cœur se cachait dans la forêt de Sherwood, aujourd’hui à une trentaine de kilomètres de Nottingham. Couvrant actuellement 424,75 hectares, elle était auparavant un grand espace boisé royale, qui s’étendait, au Moyen Âge, du Nord du comté de Nottingham jusqu’à la cité de Nottingham. Or, au XIXème siècle, cette espace méridional avait été déboisée pour notamment accueillir l’Hippodrome qui fut nommé « Forest », en référence à la fameuse forêt de Sherwood. Et lors de ses premières années d’existence, le club évolua à l’Hippodrome de Forest, ce qui aurait donc inspiré son nom.

Durant longtemps, l’écusson du club ne joua pas sur l’identité forestière et préféra reprendre une version adaptée des armes de la ville. En février 1973, le quotidien « Nottingham Post » lança un concours pour concevoir un nouveau blason. Plus de 800 propositions, certaines provenant d’Australie, affluèrent dans les locaux du journal. Un jeune designer, David Lewis, qui travaillait au Nottingham Polytechnic (aujourd’hui Nottingham Trent University) remporta le concours. Au cours des mois suivants, le design de David fut peaufiné avec le secrétaire du club, Ken Smales, pour parvenir à l’écusson qui trône fièrement sur le maillot de Forest jusqu’à aujourd’hui. Il se compose d’un arbre, qui rend hommage à la forêt de Sherwood, avec, au niveau de ses racines, 3 traits en forme de vague, qui rappelle le Trent, l’un des principaux fleuves du pays et qui traverse Nottingham.

Ce changement d’identité coïncida avec l’arrivée à la tête de l’équipe de Brian Clough le 6 Janvier 1975 et accompagna le changement de dimension du club. Alors qu’il luttait pour le maintien, 5 ans plus tard, Nottingham avait remporté la Premier League en 1978 (alors que le club était un promu) suivi d’une Coupe de la Ligue. Puis, Nottingham atteignit les sommets en gagnant 2 fois d’affilée la Coupe des Clubs Champions en 1979 et 1980. Opposé au kick and rush, qui était dominant dans les clubs britanniques de la fin des seventies, Brian Clough imposa un style de jeu plus construit avec la balle à terre. Donc, ce nouveau logo, avec un arbre, et ce style de jeu surprenant et donnant des résultats imposèrent le surnom Tricky Trees, qui était une expression qui caractérisait des choses difficile à gérer, compliqué. Il signifiait donc que les joueurs de Nottingham étaient des adversaires plus coriaces qu’il n’y paraît à première vue.

#1234 – Crystal Palace FC : the Eagles

Les aigles. Les premières années de la décennies 1970 ne furent pas synonyme de réussite sportive pour le club du Sud de Londres et pourtant elles s’avérèrent fondamentales dans la construction de sa nouvelle identité. Lors de la saison 1972-1973, Crystal Palace évoluait en première division depuis 4 ans et son équipe réussit quelques belles performances, comme une victoire 5 buts à 0 face à Manchester United. Malheureusement, c’était anachronique dans une saison globale plus morose. Après avoir mené le club de la quatrième à la première division, Arthur Wait fut remplacé à la présidence par Raymond Bloye en novembre 1972. Ce dernier prit la décision de remplacer le manager Bert Head par Malcolm Allison, qui venait d’officier avec succès durant 8 ans à Manchester City. Cette nomination ne permit pas de sauver le club de la relégation.

Animé par une grande ambition et jouissant d’une grande aura, l’influence du nouveau manager ne se limita pas au sportif. Suite à la relégation subie, Malcolm Allison voulait rebondir avec force et désira renforcer l’image du club. Tout d’abord, il mit fin à 68 ans d’association du club avec les couleurs bordeaux et bleu (ie depuis la création du club en 1905), et opta pour des maillots plus flamboyants, à rayures rouges et bleues, à l’image du FC Barcelone. Il décida aussi de doter le club d’un nouveau surnom (en remplacement de Glaziers #114), qui allait déteindre sur un nouveau blason. Et ce fut aussi du côté de la péninsule ibérique que son inspiration vint.

En ce début des années 1970, le Benfica Lisbonne était déjà un grand d’Europe, porté par le génial Eusebio. Le club lisboète avait déjà remporté 2 Coupes des Clubs Champions (plus 3 finales perdues). En 1970, le manager anglais Jimmy Hagan fut nommé à la tête du Benfica et durant les 3 années de son mandat, l’équipe portugaise connut une nouvelle période dorée, en remportant 3 championnats et une coupe. En 1972-1973, avec 28 victoires, 2 nuls et 0 défaite et 101 buts marqués pour seulement 13 encaissés, Benfica devint le meilleur champion du Portugal et le premier invaincu. Benfica brilla aussi en Europe lors de la saison 1971-1972, avec une victoire 5-1 contre Feyenoord, et une demi-finale perdue face à l’Ajax de Johan Cruyff. Impressionné par l’équipe lisboète, Malcolm Allison voulait reproduire leur succès et donner une impulsion à son équipe et ses fans en copiant le symbole puissant du Benfica, l’Aigle (#153). Ainsi, un aigle devint le surnom du club et s’imposa sur l’écusson.

Le surnom fut vite adopté (le « Mirror » titrait déjà 4 jours après l’adoption du surnom « Allison’s eagles will fly high » (les aigles d’Allison voleront haut)) mais cela n’eut pas l’effet escompté puisque Crystal Palace enchaina une seconde relégation en 1973-1974 et Malcolm Allison quitta le club en 1976, sans avoir pu ramener l’équipe simplement en seconde division. Entre 2010 et 2020, comme à Benfica, Crystal Palace posséda un véritable aigle comme mascotte, qui survolait Selhurst Park avant le début des matchs. Nommé Kayla, il s’agissait d’un pygargue à tête blanche américain. Malheureusement, elle décéda en 2020 des suites d’une maladie et aucun autre aigle ne vint le remplacer pour perpétuer cette tradition.

#1199 – Chelsea FC : Chelski

Consonnance russe donnée au nom du club suite à son rachat par l’oligarque Roman Abramovitch. En 2003, le long règne de 20 ans de Ken Bates à la direction de Chelsea prenait fin. Après 10 premières années difficiles où le club avait connu la seconde division, Chelsea avait grandi avec l’avènement de la Premier League dans les années 1990, remportant 2 Coupes d’Angleterre, 1 Coupe de la Ligue et une Coupe de l’UEFA en recrutant quelques stars européennes comme Gianfranco Zola, Ruud Gullit et Gianluca Vialli. Mais, avec le palmarès, la dette avait également augmenté pour atteindre près de 100 millions de livres et Ken Bates n’était pas en mesure de résorber le déficit. Ainsi, Bates conclut en Juin 2003 un accord avec l’homme d’affaires et politique russe Roman Abramovitch pour acheter un peu plus de 50% du capital pour environ 30 millions de livres.

Actionnaire de plusieurs sociétés exploitant les matières premières russes (en particulier Sibneft, l’une des plus grandes compagnies pétrolières), Roman Abramovitch était la 46ème plus riche personne du monde et évidemment proche du pouvoir russe. Son acquisition de Chelsea visait d’un point de vue personnel à s’acheter une honorabilité au Royaume-Uni, principale place financière mondiale, et d’un point plus global à développer le soft power du pouvoir poutinien. A l’époque, cette politique d’actionnaire aux poches profondes et aux visées politiques était encore peu répandue (les Etats de la péninsules arabiques suivront cet exemple quelques années après : en 2008 avec les Emirats Arabes Unis et Manchester City, en 2011 avec la Qatar et Paris et en 2021 avec l’Arabie Saoudite et Newcastle United).

Comme prévu, Abramovitch inonda le club de billets (100 millions de livres pour les transferts + 80 millions pour rembourser des dettes), lui permettant d’être très actifs sur le marché des transferts avec des joueurs étrangers expérimentés (Claude Makélélé, Geremi et Hernán Crespo) et des britanniques prometteurs (Wayne Bridge, Glen Johnson, Joe Cole et Damien Duff). Cette arrivée massive d’argent déplaisant à de nombreux fans de football, les médias créèrent ce surnom pour souligner la transformation de Chelsea en une force majeure du football grâce au soutien financier russe. Il était donc plutôt péjoratif et d’ailleurs s’écrivait souvent Chel$ki. Ceci n’arrêta pas Abramovitch qui poursuivit sa politique dans les 20 ans qui suivirent, avec un certain succès (2 Ligues des Champions entre-autre), et n’offensa pas le club, qui déposit la marque Chelski.

Supportée indirectement par la stratégie expansionniste poutiniène, l’ère Abramovitch s’acheva aussi avec les choix du locataire du Kremlin. Suite à la guerre déclenchée par la Russie à l’encontre de l’Ukraine, les sanctions occidentales frappèrent les oligarques russes, dont Abramovitch qui fut donc contraint de céder le club le 30 mai 2022 au consortium dirigé par Todd Boehly pour de 4,25 milliards de livres.

#1175 – Newport County AFC : the Exiles

Les exilés. Fondé en 1912, le club du Sud du Pays de Galles évolue depuis 1920 dans les ligues nationales anglaises quasiment sans interruption. Certes, il n’a jamais réussi à accéder à la seconde division mais Newport a connu un age d’or dans les années 1980, remportant notamment la Coupe du Pays de Galles en 1980 et parvenant en quart de finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupe en 1981.

Après cette période, la descente aux enfers débuta. A l’issu de la saison 1986-1987, Newport fut relégué en 4ème division. Puis, la saison suivante, en avril, Newport stagnait à la dernière place, en passe d’encaisser plus de 100 buts, après avoir perdu trois matchs consécutifs 4-0 à domicile. En grande difficulté financière, tous les joueurs professionnels furent licenciés et l’équipe première puisa pour les derniers matchs de la saison des joueurs dans les formations de jeunes du club. Une défaite 6-1 suivie d’une autre 6-0 eurent raison des derniers espoirs du club et confirmèrent la 2ème relégation consécutive de Newport, cette fois hors ligues nationales pour la première fois depuis les années 1930. Face à une dette de 330 000 £, le club fit faillite le 27 février 1989.

À l’été 1989, 400 supporteurs se mobilisèrent, n’acceptant pas que leur ville ne comptât plus d’équipe de football, et refondèrent une nouvelle entité. Seulement la volonté populaire se heurta à deux adversaires de taille. D’un côté, la municipalité considéra que ce nouveau club n’était que l’héritier de l’ancien et devait donc s’acquitter de ses dettes (notamment des loyers du stade impayés) pour pouvoir s’installer dans l’enceinte historique de Somerton Park. De l’autre, la fédération galloise (Football Association of Wales) prétendait que le nouveau club n’avait aucun lien avec l’ancien et devait gravir les échelons du football gallois. Mais, comme le club voulait évoluer dans les ligues régionales anglaises (comme il l’avait toujours fait historiquement) et qu’il n’avait pas les moyens d’éponger les dettes, l’équipe de Newport s’exila pour la saison 1990-1991 dans la ville de Moreton-in-Marsh, dans le Gloucestershire, à 130 km de Newport. Comme le rappelait le président du club, David Hando, même si 400 fans de Newport se déplaçaient le week-end à Moreton-in-Marsh, « Every game was effectively an away game » (chaque match était effectivement un match à l’extérieur). A l’issu de la saison, Newport gagna sa promotion à l’échelon supérieur et la municipalité ne pouvait plus snober ce succès populaire et sportif. Newport réinvestit Somerton Park pour les saisons 1990-1991 et 1991-1992.

Néanmoins, le club refusa l’invitation de la fédération gallois à rejoindre la toute nouvelle ligue du Pays de Galles (à la demande de l’UEFA, une compétition nationale fut mise en place en 1992). Nouvelle ire de la fédération face aux clubs récalcitrants et nouvel exil pour Newport en Angleterre, à Gloucester (80 km de Newport). Le club intenta un procès à la fédération qu’il remporta en 1994. En 1995, les exilés revenaient définitivement à Newport, mais dans une nouvelle enceinte, Somerton Park ayant laissé place à des logements.

#1167 – Huddersfield Town AFC : the Terriers

Les terriers. Huddersfield était encore pensionnaire de la Premier League il y a à peine 5 ans mais le club fleurte avec la relégation en 3ème division anglaise en cette fin de saison 2023-2024. Il semble que son état d’esprit « terriers » ne soit pas suffisant. Fondé en 1908, le club connut d’abord plusieurs surnoms avant que le simple mot « the Town » s’imposa, vu qu’il s’agissait du nom de l’équipe. Lors de l’exercice 1969-1970, l’équipe réalisait une belle saison et la montée en première division devint un objectif réalisable. Bill Brook, le responsable du marketing et de la communication, estima qu’il fallait profiter de cet élan pour l’accompagner avec une nouvelle identité, qui serait plus moderne, traduirait l’état d’esprit de l’équipe et rappellerait le Yorkshire, la région de Huddersfield. Bill Brook tomba sur Skippy, un Yorkshire Terrier appartenant à Colin Fisher de la ville de Honley. Cette race de chien était originaire du Yorkshire (avec le nom du comté en prime) et avait la réputation, malgré sa petite taille, d’être agressif et jappeur. Ce tempérament collait bien à ce club modeste mais à l’équipe tenace sur le terrain.

Petit gabarit avec un pelage long, de couleur beige sur la tête et gris acier foncé sur le corps, le Yorkshire Terrier est une race de chien appartenant au groupe des terriers et originaire du comté anglais qui lui donna son nom. Au milieu du XIXème siècle, des ouvriers écossais immigrèrent dans le Yorkshire à la recherche de travail et amenèrent avec eux plusieurs variétés de chiens terriers, qui donnèrent naissance par croisement au Yorkshire Terrier. Il est communément admis que le chien nommé Huddersfield Ben né en 1865 serait le père fondateur de la race. Malgré sa courte durée de vie (6 ans environ), il fut le procréateur male de la majeure partie du cheptel de base de Yorkshire Terrier. Il fut élevé à Huddersfield et remporta de nombreux concours canins.

Pour en revenir au club de football, le surnom de terriers apparût pour la première fois dans le programme officiel du match à domicile contre les Bolton Wanderers le 27 septembre 1969. Ce dernier comportait une photo de Skippy et un message de Frank Drabble, le président de l’époque, justifiant le changement en affirmant qu’il avait reçu de nombreuses lettres de jeunes supporters se demandant pourquoi d’autres clubs avaient des mascottes mais pas Huddersfield. Dès le lendemain, le journal local « Huddersfield Daily Examiner » indiquait que quelqu’un dans l’assistance réclama la présence de la nouvelle mascotte pour supporter l’équipe, juste avant qu’elle ne marque le but victorieux.

Pour autant, ce choix ne ravit pas les supporteurs à ses débuts. En plus de Skippy comme mascotte, l’image du chien avait fait son apparition sur le maillot du club en 1969 mais l’insigne ne perdura que jusqu’en mai 1970. En 1974, sous la pression des supporteurs qui préféraient le traditionnel town, la direction abandonna officiellement le surnom terriers. Finalement, ce dernier résista et le club se le réappropria. A la fois avec une lignée de mascotte terrier (en remplaçant définitivement les anciennes – une chèvre, une lampe d’Aladin, un âne entre autre – et en passant d’un vrai chien (Skippy fut la première mais son règne fut court, 6 mois) à un stadier déguisé en terrier, aujourd’hui appelé Terry) et l’image du terrier dans le blason de l’équipe revenu au début des années 1980.