#784 – Arminia Bielefeld : die Arminen

Surnom directement tiré du nom du club. Le club fut fondé en 1905 et, pour comprendre son nom, il faut se replonger dans l’Allemagne de cette époque. Depuis le milieu du XIXème siècle, la marche vers l’unification de l’Allemagne était inéluctable. Le processus s’acheva avec la proclamation de l’Empire Allemand le 18 janvier 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, avec Guillaume Ier de Prusse à sa tête. Une trentaine d’année plus tard, cet Etat était encore jeune et son nationalisme encore fort, surtout que la construction de l’Empire se faisait par confrontation avec les deux grands empires de l’époque, la Grande-Bretagne et la France. Le sport était alors un moyen pour la jeunesse d’exprimer leur amour de la patrie. Résultat, les fondateurs attribuaient à leurs associations sportives un nom qui rappellait l’Allemagne, la Prusse (l’Etat qui dominait l’Empire Allemand) ou alors ses origines ancestrales. Ainsi naquit les clubs Borussia (Prusse en latin), Preussen, Alemania ou Germania (cf. article #648).

Avant la fondation de l’Arminia, Bielefied comptait déjà une association qui se nommait Teutonia (en référence au peuple barbare et germanique). La ville avait également un autre club, Cheruskia, qui mettait en avant la tribu germanique des Chérusques. Ceci inspira certainement donc les fondateurs d’Arminia. En effet, Emil Schröder, un des 3 fondateurs, était également président d’une association de danse qui partageait le bar local avec le club Cheruskia. Résultat, ils décidèrent de nommer leur club en référence au chef de guerre de la tribu des Chérusques, Arminius. Premier avantage : son ancrage local. Arminius infligea une défaite cuisante à l’Empire romain en 9 après J.-C. à la bataille de Teutobourg. Elle se tint dans la forêt de Teutberg, où se trouve en lisière la ville de Bielefield. Second avantage : son aura nationale. Arminius fut longtemps oublié par les allemands jusqu’au XVIIIème siècle où son histoire commença à trouver une raisonnance avec le mouvement romantique. Issu d’une famille chérusque puissante, il fut éduqué à Rome et revint dans son pays au sein des troupes romaines. Mais, il fut en quelque sorte un agent double car il commença à chercher à fédérer plusieurs tribus germaniques pour repousser les romains, ce qu’il parvint avec la victoire de Teutobourg. Cette dernière mit un terme à toute tentative d’expansion de l’Empire au-delà du Rhin. Au XIXème siècle, dans ce jeune Etat multiethnique se cherchant une identité commune, le chef tribal, fédérateur de différents peuples germaniques, devint un héro allemand, un stimulateur du sentiment national, en lui offrant des racines anciennes. En 1875, l’imposante statue d’Arminius (plus de 50 mètres de hauteur), le Hermannsdenkmal, fut érigé dans la célèbre forêt de Teutobourg. Elle faisait écho à la statue française de Vercingétorix à Alesia.

A Berlin, une histoire similaire se produisit quelques années auparavent (en 1891). Un club de gymnastique fut nommé Arminia car il y avait déjà un club dénommé Cheruscia dans le quartier de Charlottenburg.

#765 – Panetolikós FC : Τίτορμος

Titormus. Dans la Grèce sportive, les références au monde antique demeurent une évidence et une constante, même si votre symbole n’a pas l’aura d’un Zeus. Panetolikós, club de la ville d’Agrínio, dans la région d’Étolie-Acarnanie, prit pour représentant sur son emblème un héros de la région, Titormus, peu connu des non-héllenistes. Au VIème siècle avant J.-C., Milo de Croton était reconnu comme l’athlète antique le plus fort, ses 6 médailles olympiques en lutte en étant la plus belle des preuves. De tous les athlètes olympiques, Milo avait sans aucun doute la plus grande renommée et son invincibilité était légendaire. Néanmoins, un personnage l’aurait battu et il s’agit d’un berger d’Étolie du nom de Titormus. Si les dates concernant sa vie demeurent floues, les différentes sources s’accordent sur sa grande force et son combat face à Milo fut raconté par 3 poètes (Aelian, Athenaeus et Eustathius). Il fut particulièrement épique. Titormus aurait poussé puis soulevé une immensense pierre que Milo ne serait pas simplement parvenu à pousser. Puis, Titormus attrapa de ses mains plusieurs taureaux de son troupeau. Milo reconnut alors sa défaite et surnomma Titormus le second Héraclès. Pour cette région reculée dont les habitants étaient considérés comme des barbares par les autres grecs, Titormus devint un symbole et renforça l’identité ethnique de l’Étolie. Homme réputé le plus fort sur terre et symbole identitaire, pas étonnant qu’il orne l’écusson du club et soit le surnom de l’équipe.

#736 – Stirling Albion FC : the Binos

Cela ne signifie rien puisqu’il ne s’agirait que d’un anagrame d’Albion (toutefois sans le A et le L). Pour nous, français, la perfide albion rappelle la Grande-Bretagne et sa capacité à trahir. Alors pourquoi retrouver cette expression synonyme du Royaume dont les Ecossais souhaitent souvent s’affranchir dans le nom d’un club écossais ? Provenant du grecque Ἀλβίων et latinisée en Albiōn, l’utilisation de ce terme remonterait au VIème siècle avant J.C. et semblait désigner déjà la Grande-Bretagne. Au Ier siècle, le nom faisait référence sans équivoque à l’île. Aujourd’hui, Albion est devenu un nom alternatif, poétique pour la Grande-Bretagne. Mais, il ne désigna pas uniquement l’île dans son ensemble puisque son utilisation se restreint uniquement à l’Ecosse, sous la forme gaélique d’Alba. Au IXème siècle, le royaume des Pictes et des Scots réunis se nomma Royaume d’Alba. Pour en revenir au club de football, remontons à sa fondation en 1945. Alors que l’ancienne équipe de football de la ville, King’s Park, n’avait pas survécu à la Seconde Guerre mondiale, Thomas Fergusson, un entrepreneur local dans le charbon, créa le club de Stirling et acheta le domaine d’Annfield pour y construire un stade pour son club. La légende raconte que le nom Albion fut choisi en raison de la marque des camions utilisés par l’entreprise de Fergusson, des Albion Automotive (constructeur écossais d’automobiles et de véhicules utilitaires). En effet, ces camions servaient de tribune au stade d’Annfield et lors d’un tir, le ballon s’arrêta au pied d’un camion et les supporteurs remarquèrent la marque Albion. Néanmoins, la véritable origine serait plus prosaique et reviendrait à la signification originelle d’Albion, la Grande-Bretagne, qui avait une signification pour le fondateur Fergusson.

#715 – Piacenza Calcio : Lupi

Les loups. Le club naquit en 1919 par la fusion de deux associations, Giovine Italia et Unione Football Club Piacenza, qui s’affrontaient régulièrement dans les rues et places de la ville. Composés de jeunes étudiants, le club se structura et s’inscrivit à la fédération italienne pour concentrer les principales ressources footballistiques de la ville. Souhaitant devenir la référence du football de la ville, face à la concurrence des autres activités sportives populaires (aviron, cyclisme, athlétisme, gymnastique ou tir sur cible), les fondateurs identifièrent leur club avec la ville. Premier élément, les couleurs des équipements qui reprirent celle de la ville, rouge et blanc. Puis, l’écusson arriva rapidement en copiant partiellement les armoiries de la ville. Il se divisait verticalement avec une partie blanche et une autre rouge, cette dernière intégrant un carré blanc.

Ce symbole géométrique qui représente la ville est connu depuis le XIIIème siècle et se trouve représenté sur la façade de l’hôtel de ville, inauguré le 16 avril 1281. L’origine de ce carré blanc appelé dé demeure inconnue et plusieurs versions s’affrontent. La plupart se plongent dans les origines romaines de la ville. Plaisance, fondée en 218 av. J.-C. sur les restes d’une colonie celtique comme camp militaire, avait un lien fort avec Rome puisqu’elle constituait, avec Crémone, une des premières colonies de droit latin dans le nord de l’Italie. Les premières hypothèses se fondent sur des analogies entre des mots latins et le nom de la ville en latin (Placentia). Ce carré pourrait ainsi représenté un pain romain nommé placenta. Autre hypothèse latine, le mot « place, large rue » qui se disait platea et qui se représentait sous la forme d’un carré. Etant donné que la première colonie romaine était un camp militaire, le carré pourrait représenter le castrum, le camp militaire romain, qui s’organisait sur la forme d’un carré. Pour rester dans les origines militaires, d’autres pensent qu’il s’agit d’une allusion au Saint Patron de la ville, Antonin de Plaisance. Selon la légende, Antonin serait un soldat de la Légion thébaine et l’iconographie le représentait portant la bannière de la Légion thébaine (un tissu rouge avec un carré d’argent (blanc) au centre). D’ailleurs, élément qui vient étayé cette hypothèse est la présence sur les clés des voûtes de l’église Saint-Antoine du carré. Toutefois, appelé dé par les habitants de Plaisance, ce carré serait une référence à la célèbre maxime de César qu’il aurait prononcée le 10 janvier 49 av. J.-C. lorsqu’il franchît le Rubicon, « Alea jacta est » (le sort en est jeté ou les dés sont jetés). Dernière hypothèse, plus tardive, ce carré s’inspirerait du blason de la famille Pallavicino, qui domina la ville au Moyen-Âge, et qui se composait d’un damier rouge et blanc. Enfin, des chercheurs estiment que ce carré n’a aucune valeur symbolique et ne visait qu’à distinguer les armes de la ville avec celles d’autres cités.

Toutefois, il manquait un élément important sur l’écusson du club qui était présent dans les armoiries de la ville : une louve. Dès le XVème siècle, l’animal apparaît comme un autre symbole de la ville et faisait également référence aux racines romaines de la cité. En effet, la louve protégea Romulus et Rémus qui fondirent la ville de Rome (cf. article #65) et devint le symbole de la cité dans l’Antiquité. Résultat, à l’entrée de Plaisance, au bout de la Via Æmilia venant de Rimini (achevée en 187 av. J.-C.), s’élevait une colonne de granit qui supportait une copie de la fameuse « Louve capitoline » (le bronze représentant la louve allaitant Romulus et Rémus). Ce don de Rome symbolisait le statut de civitas romana (citoyenneté romaine) accordé aux habitants de Plaisance. Dans les premières années de la présidence de Léonard de Garilli (au début des années 80), le blason du club fut modifié et fit apparaître pour la première fois une louve (blanche sur fond rouge). La féline ne représentait plus seulement la ville mais également maintenant le club de football. Au point que lorsque fit faillite en 2012, la nouvelle entité qui prit la suite se nomma dans un premier temps Lupa Piacenza.

#631 – SS Lazio : Laziale

Il s’agit de l’adjectif provenant de Lazio. Lazio est le mot italien pour désigner la région du Latium. Lors de la fondation du club, les membres pensèrent d’abord appeler le club Società Podistica Romana. Toutefois, ce nom pouvait prêter à confusion avec les autres clubs sportifs romains, tels que la Società Ginnastica Roma, créé en 1890 (10 ans avant la Lazio). En outre, l’un des fondateurs, Olindo Bitetti, souhaitait étendre la réputation du club au-delà même des frontières de l’urbe en embrassant tout le territoire régional du Latium. Même si le terme englobe aujourd’hui une large aire du centre de l’Italie (dont Rome), le Latium fait surtout référence à la région historique. Au départ, sous domination principalement Etrusque, le Latium fut par la suite contrôlé par Rome, alors l’agglomération urbaine la plus importante, et devint le centre de l’Empire. Ainsi, cette référence renforçait les liens avec l’antiquité que les fondateurs du club souhaitait donner au club (cf article #60 et #306).

#624 – Panserraikos FC : Λιοντάρια

Les lions. Le club de la ville de Serrès s’est choisi pour emblème le lion qui apparait donc sur son blason. Même s’il garde sa stature imposante, il n’est pas rugissant, ni rampant mais assis sur un bloc de pierre, comme une statue. En réalité, l’emblème du club est le Lion d’Amphipolis, l’un des monuments les plus importants de la région de Serrès. Haut de 5 mètres (et de plus de 15 mètres avec son socle), l’imposant lion en marbre fut découvert par morceau à partir du début du XXème siècle. Lors de la première guerre des Balkans, des soldats grecs qui campaient dans la région entre 1912 et 1913 furent les premiers à découvrir des morceaux du lion suivis par des soldats britanniques en 1916. Au début des années 1930, lors de travaux d’assèchement d’une partie du lac Kerkini, de très gros morceaux du lion furent mis à jour. En 1937, grâce au soutien de Lincoln MacVeagh, ambassadeur des États-Unis en Grèce, le Lion d’Amphipolis put être restauré et ainsi prit sa forme actuelle. Généralement, les statues de Lion se trouvaient généralement sur le site d’une bataille, comme celui de Chéronée, ou était associée à un grand soldat. En l’espèce, les historiens considèrent qu’aucune bataille majeure se déroula vers la cité d’Amphipolis à l’époque de la construction du monument. Datée du IVème siècle avant J.-C., la statue aurait donc été probablement érigée près de la sépulture de Laomédon. Originaire de Mytilène sur l’île de Lesbos, il s’installa dans la ville d’Amphipolis, alors importante base navale du Royaume de Macédoine, et devint l’un des grands amiraux d’Alexandre le Grand, qu’il accompagna dans ses conquêtes. Néanmoins, d’autres historiens avancent que ce lion fut érigé en l’honneur de Néarque, crétois qui s’établit Amphipolis et devint également un amiral et fidèle compagnon d’Alexandre. Découvert près des rives du Strymon, il aurait été déplacé de sa position originelle peut-être par les Romains qui conquirent Amphipolis vers 168 avant J.-C. et voulurent le ramener à Rome. Mais, la version la plus probable serait que la statue fut détruit par les Bulgares vers 1204.

#615 – Portsmouth FC : Pompey

Surnom à la fois du club et de la ville de Portsmouth. Rappelez-vous le début des années 2000. Le club de Portsmouth retrouvait la Premier League grâce aux fonds d’un milliardaire qui permit au club de s’acheter de nombreux joueurs de qualité (Peter Crouch, Sol Campbell, Sylvain Distin, Nwankwo Kanu …). Seulement, la dette s’accumula et l’actionnaire lâcha le club. Résultat, Portsmouth fit faillite et fut repris en main par ses supporteurs en 2013. Une histoire que les fans de clubs aujourd’hui détenus par un milliardaire ou un Etat devraient garder en tête plutôt que de se laisser tourner la tête par la planche à billet … Revenons plutôt à ce surnom de Pompey. Il existe de nombreuses théories et explications, certaines plus crédibles que d’autres, mais personne ne semble être en mesure d’avoir la raison exacte et définitive. En outre, personne ne sait si le surnom a d’abord été appliqué à la ville ou à l’équipe de football. Cependant, il semble que la première référence écrite a concerné le club de football. Nous avons donc rassemblé ci-après diverses explications possibles, qui convergent toutes sur un point : elles trouvent leur origine dans le monde de la marine, Portsmouth étant un des principaux ports de la Grande-Bretagne.

La première légende raconte qu’Agnes « Anggie » Weston dirigeait une auberge, Sailors’ Rest, et y donnait des conférences aux marins. En 1904, la conférence portait sur Pompée le Grand, nom élogieux donné au général et homme d’État romain Cnaeus Pompeius, afin de le comparer avec Alexandre le Grand. Pompée gagna sa notoriété militaire en menant en Hispanie une guerre difficile, en remportant des victoires sur les pirates en Méditerranée et par ses conquêtes en Orient. Il composa avec Crassus et César le premier triumvirat. Puis, à la fin du triumvirat, il fut vaincu par César lors de la bataille de Pharsale en 48 avant JC. Il s’enfuit alors en Egypte, où il fut assassiné. Agnes Weston présenta avec vigueur la chute de Pompée et lorsqu’elle décrivit son assassinat, l’un des marins, certainement ivre, cria « Poor old Pompey ! » (Pauvre vieux Pompée). Quelques jours plus tard, Portsmouth FC disputa un match où ils jouèrent mal et perdirent. Un marin dans la foule s’appropria alors le cri entendu dans le bar « Poor old Pompey ! » et les autres fans reprirent le refrain.

Il est également dit qu’un groupe de marins basé à Portsmouth aurait grimpé le pilier de Pompée près d’Alexandrie en Égypte vers 1781. Cette colonne est un bloc de granit de 28 m de haut, attribuée à tort au général romain Pompée, mais en réalité construite comme un mémorial à l’empereur romain Dioclétien. Etant donné sa sculpture, son escalade constitua un exploit et les marins gagnèrent ainsi le nom de Pompey Boys (Les garçons de Pompée).

En 1662, Charles II, Roi d’Angleterre, épousa Catherine de Bragance, membre de la famille royale portugaise. Contre le soutien militaire et naval de l’Angleterre comme protection face à l’Espagne, la monarchie portugaise donna en dot Tanger en Afrique du Nord et plusieurs îles en Inde, dont Bombay. Le mariage se déroula à Portsmouth. Lorsque les marins portugais qui accompagnaient Catherine découvrirent Portsmouth, ils trouvèrent des ressemblances entre la ville anglaise et Bombay : les deux sont des îles, les deux sont de bons ports et leur relief est plats, avec une colline en arrière-plan. Les marins surnommèrent alors Portsmouth en portugais, Bom Bhia (la bonne baie), qui donna le nom de la ville indienne. Bom Bhia fut ensuite anglicisé devenant Pompey.

Portsmouth est un port depuis l’époque romaine. A proximité de Portsmouth, se dresse le chateau fort de Portchester, fort romain très bien conservé. Ainsi, plus tard, lorsque le port commença à se développer, les habitants surnommèrent leur ville Pompey, pour rappeler ses ruines et son passé romain en la comparant avec les vestiges de Pompéi.

Portsmouth est un important port militaire de la Royal Navy où se déroulent de nombreux cérémonies. Ces « festivités » sont décrites comme the pomp and ceremony (faste et cérémonie) qui réduit devint Pompey.

Port important sur les routes marchandes et militaires, Portsmouth constituait un point de localisation pour les marins. Ceux-ci l’appelaient ainsi le Portsmouth Point et l’écrivaient en abrégé sur le journal de bord : Pom. P. Les cartes de navigation utilisaient également cette abréviation. Ceci donna le surnom Pompey. En outre, « Pom-pey » ressemble à la prononciation par des marins ivres de Portsmouth Point, d’où ils prenaient leurs bateaux.

Selon certains, l’équipe de football de Portsmouth commença à se développer en récupérant de nombreux membres de l’équipe de la Royal Artillery dont la structure disparut en 1899 (1 an après la fondation de Portsmouth FC). Cette dernière portait le surnom originel des Pompeys. Ce surnom fut acquis lorsque, lors d’une revue organisée à l’occasion de l’anniversaire de la Reine, la Royal Artillery fut simplement chargée d’encadrer la parade au lieu de défiler. Ils furent alors relégués à la mission qu’effectuait généralement la Brigade des Sapeurs Pompiers de Paris. L’année suivante, la population acclama la Royal Artillerie sous le nom de « Pompiers », qui devint par la suite Pompey.

« La Pompée » était un navire français amarré dans le port de Portsmouth. Peu après son achèvement, ce navire de classe Téméraire avait été volé par les royalistes français qui avaient fui la France après le Siège de Toulon (Septembre-décembre 1793) et donné aux britanniques à Spithead, une rade de la Royal Navy près de Portsmouth, en mai 1794. Les anglais copièrent la conception de ce bateau français qui était une réussite et construisirent des navires connus alors sous le nom de « classe Pompée », dont le Superb et l’Achilles. Le Pompée fut renommé HMS Pompée et servit dans la marine britannique dans de nombreuses campagnes en Europe et dans les Caraïbes. Il eut également des fonctions défensives en gardant le port de Portsmouth. Puis, en 1816, le Pompée devint une prison navale dans le port de Portsmouth et fut finalement démoli en 1817. Le bateau aurait donc donné le surnom à la ville. Une autre explication pourrait également venir soutenir cette version puisque dans l’argot du Nord du pays, pompey désigne une prison.

Enfin, des expressions marines pourraient également expliquer ce surnom. Dans la tragédie Antoine et Cléopâtre de William Shakespeare, un vers décline « Pompey is strong at sea » (Pompée est fort en mer) ce qui plaisait beaucoup aux marins. Par ailleurs, il existe une expression anglaise « to play Pompey » qui signifie « faire des ravages ».

Si pour certains surnoms, les explications manquent ou sont tombées dans les oubliettes de l’histoire, Portsmouth n’en connait que trop. Mais, à défaut de faire encore parti des clubs huppés de la Premier League, Portsmouth bénéficie finalement d’une autre richesse plus importante : une histoire.

#158 – FC Spartak Moscou : гладиаторы

Les gladiateurs. Le Spartak Moscou fut fondé en 1922 sous l’impulsion de Nikolaï Starostine, l’aîné d’une fratrie de 4 frères, fans de football. Le club changea plusieurs fois de dénomination en fonction des consignes données par les autorités. Dans un premier temps, le nom devait se rattacher à l’origine géographique du club. Le club s’appela alors Красная Пресня, du nom du quartier de Krasnopresnenski à Moscou. Puis, les club devaient être patronnés par une entreprise ou un syndicat. Le club se rattacha d’abord au syndicat des travailleurs agricoles et prit le nom de Пищевики. Puis il rejoignit les mouvements de coopératives de consommateurs et changea de nom pour Промкооперация. Enfin, en 1934, avec l’aide de Alexander Kosarev, secrétaire du Komsomol (Union communiste de la jeunesse), Nikolaï Starostine créa une société de culture physique et sportive (à l’instar des Dynamo, CSKA, Lokomotiv) qui, dans les différentes localités du pays, soutenaient et structuraient des clubs de sports au sein des populations qui dépendaient de cette administration ou syndicat. Le club de Moscou servit de base pour cette nouvelle organisation mais devait changer de nom pour illustrer ce grand mouvement. Plusieurs options furent envisagées telles que Атака (Attaque), Вымпел (Fanion), Звезда (Etoile), Промкооп (du nom du syndicat qui soutenait déjà le club), Сокол (Faucon, ce qui aurait fait le lien avec le club dont émana le Spartak et qui était en lien avec le mouvement panslave Sokol), Стрела (Flèche), Феникс (Phénix) et Штурм (charge). Mais aucun consensus ne fut trouvé. Starostine tomba accidentellement sur le livre de l’Italien Rafaello Giovagnoli « Spartacus », très populaire en URSS. Il proposa alors le nom de Спартак (Spartak), qui signifie Spartacus en russe. D’un côté, le romantisme et l’héroïsme antique du rebelle gladiateur qui se souleva contre Rome plaisaient. De l’autre, c’était idéologiquement cohérent car en Union Soviétique et au sein des mouvements communistes européens, Spartacus était devenu le symbole de la lutte prolétarienne. Le nouveau nom fut approuvé et le Spartak réunissait les  travailleurs de l’industrie, des services publics, de la culture, des véhicules et de l’aviation civile. Dans le sport, Spartacus inspira également un événement sportif international, dénommé Spartakiade, promu par le mouvement sportif russe, créé en opposition aux Jeux olympiques.

#85 – Nîmes Olympique : les Crocodiles, les Crocos

L’animal est l’emblème du club mais son origine dépasse le Nîmes Olympique. En effet, les armes de la ville expose un crocodile enchaîné à un palmier. Pour comprendre ce symbole, il faut remonter à 31 avant J.C et à la bataille d’Actium. Les armées romaines d’Octave réduisirent à néant les dernières ambitions de Cléopâtre et Marc-Antoine. L’Egypte des Pharaons tomba alors sous le joug de l’Empire Romain. La légende veut qu’Octave octroya des terres à ses vétérans d’Actium à Nîmes, favorisant l’essor de la ville. Au-delà de cette version, la colonie de Nîmes eut surtout le droit de frapper une monnaie en mémoire de cette victoire : l’as de Nîmes (aussi désigné comme dupondius au crocodile). Cette pièce de bronze affichait sur son avers Octave, désormais élevé au rang d’Empereur, et son gendre Agrippa (commandant de la flotte à Actium et principal artisan de la victoire) et, au revers, le fameux crocodile enchaîné à un palmier couronné de lauriers, surmontés de l’inscription « Col. Nem. », qui signifie COLonia NEMausensis, ie colonie nîmoise. Le crocodile et le palmier symbolisent l’Egypte soumise à Rome (la couronne de lauriers).

#84 – BV 09 Borussia Dortmund : Borussen

Borussen est dérivé du nom du club, Borussia. En 1909, éclata une scission au sein de l’association catholique de Dortmund, la congrégation de la Trinité, à cause du football. En effet, les jeunes de la communauté y jouaient mais ce jeu apparaissait « sauvage » aux yeux de l’aumônier Hubert Dewald, président de la communauté. Depuis au moins 3 ans, les jeunes de la congrégation passaient leurs dimanches à jouer au football plutôt qu’à observer leurs devoirs religieux. Pour éradiquer ce loisir « futile », l’aumônier Hubert Dewald introduisit une prière supplémentaire le dimanche après-midi … que les jeunes n’hésitèrent pas à déserter.

La tension monta et, de manière totalement spontanée, plusieurs jeunes (18 au final) se réunirent le 19 Décembre 1909 au 1er étage de l’auberge « Zum Wildschütz » dans le quartier de Borsigplatz (aujourd’hui situé au 60 de la Oesterholzstrasse) pour fonder le club. L’établissement rencontrait un certain succès auprès des jeunes hommes de l’église catholique de la Trinité, qui se rassemblaient ici au lieu d’aller à l’église. La réunion était improvisée et personne n’avait de nom pour cette nouvelle association. Selon une anecdote, le terme « Borussia » fut proposé par Franz Jacobi car un panneau publicitaire de la brasserie Borussia était affichait sur le mur de la salle. Cette bière était semble-t-il la préférée des jeunes fondateurs et le père de Franz Jacobi, qui était déjà décédé, avait travaillé dans cette brasserie. La brasserie Dortmund Borussia existait depuis 1885 et se situait sur la Borsiggplatz, non loin du restaurant « Zum Wildschütz ». La brasserie représentait autrefois les habitants du nord de la ville.

Peut-être aussi que ce nom plut aux fondateurs car, en ces années où le nationalisme montait au sein des nations européennes et en particulier dans cette jeune Allemagne, il faisait référence aux racines du pays. Le terme « Borussia » était le nom latin de la Prusse, qui, durant la fin du XIXème siècle, fédéra les différents Etats du Saint Empire Germanique pour donner naissance à l’Empire Allemand. Ce fut une tendance forte pour la dénomination des nouvelles associations sportives allemandes nées à la fin du XIXème siècle et au début du XXème : Borussia (également à Mönchengladbach et un club de Berlin), Preussen qui signifie prusse en allemand (à Hamm et à Berlin), Germania nom latin de l’Allemagne (à Berlin, Brême, Francfort, Mühlhausen, Mannheim et Braunschweig), Arminia, en rapport avec le chef barbare Arminus, présenté comme un héros national (à Bielefeld), Alemannia pour le peuple germanique qui donna son nom à l’Allemagne (à Aix-la-Chapelle), Teutonia dérivé du peuple germanique Teuton, parfois synonyme d’Allemagne (pour un club de Berlin) et Deutscher, Allemand en allemand (à Hannovre).