#1303 – Legia Varsovie : Wojskowi

Les militaires. Au début du XXème siècle, la Pologne n’existait pas en tant qu’Etat et la région était découpée entre 3 puissances, Russie, Autriche-Hongrie et Allemagne. En Allemagne et en Russie, de peur d’encourager des mouvements indépendantistes, les autorités interdirent les sports d’équipe parmi les jeunes polonais, au contraire de ceux vivant dans la partie sous domination austro-hongroise. Ainsi, ces derniers purent découvrir et pratiquer le football. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata, les polonais organisèrent des Légions (3 unités en Mai 1915), rejoignirent les forces austro-hongroises et se battirent contre les Russes.

En 1915, pendant les périodes de calme sur le front, les légionnaires devaient s’occuper et parmi eux se trouvaient beaucoup d’anciens sportifs, notamment footballeurs. Naturellement des équipes de football s’organisèrent et les officiers virent favorablement cette pratique pour maintenir la condition physique des soldats. Ayant appris que des équipes de football avaient déjà été formées dans la 1ère brigade de la Légion, Antoni Poznański, un footballeur de Cracovie, favorisa la création d’une équipe au sein de la 3ème brigade. Elle devint la base de l’équipe du Legia qui se structura après la guerre, grace à un groupe d’anciens officiers.

En raison de la Seconde Guerre mondiale, le club disparut. Mais, le lien avec l’armée se poursuivit après. Car dans la grande tradition communiste, les association sportives devaient se rattacher à un pan du régime, que ce soit une administration, un syndicat ou une entreprise d’Etat. L’Armée apparaissait comme l’une des principales structures en mesure d’accueillir une organisation sportive, d’autant plus que cela collait bien avec son objectif d’entretien physique de ses troupes. Ainsi, début avril 1945, le 1er Club sportif militaire de Varsovie fut fondé, ce qui marqua la réactivation du Legia. Devenu club omnisports, il resta dans le giron de l’Armée Populaire Polonaise jusqu’en dans les années 1990. En 1990, l’armée cessa toutes subventions et la Légion fit face à d’importantes financières, ce qui conduit à sa vente à des investisseurs privés.

#1262 – RC Ferrol : los Diablos Verdes

Les diables verts. Ferrol, ville de Galice, se situe sur une péninsule vers l’estuaire du Ferrol. Son port, ses chantiers navals ainsi que son arsenal avec la présence des forces marines sont les moteurs de sa région depuis des siècles. Au XIXème siècle, ces activités attirèrent des ingénieurs et techniciens britanniques ainsi que des marins de la marine marchande britannique qui faisaient escale au port de Ferrol. Cette forte présence anglaise influença la ville et notamment permit l’importation et le développement rapide du football. Ainsi, au cours des premières années du XXème siècle, différentes équipes de football tournaient dans la ville : Arsenal, Giralda, Ferrol FC, Alfonso XIII, Unión Club de La Graña, Circulo Rojo et Jaime I. En 1919, des joueurs et supporters de plusieurs associations se réunirent pour créer un club puissant, capable de rivaliser avec les prestigieuses équipes régionales. Ainsi, Giralda FC et Jaime I FC s’unirent pour donner naissance au Racing Club de Ferrol.

Les succès du Racing de Ferrol ne tardèrent pas à venir et, en 1928, ils furent proclamés champions de Galice, battant le Deportivo La Corogne en finale. L’équipe fut alors admis en Coupe du Roi pour la première fois de son histoire. Au premier tour, Ferrol élimina les basques d’Alavés. Au tour suivant (huitième de finale), une nouvelle formation basque mais bien plus prestigieuse s’opposait à Ferrol, l’Athletic Bilbao. Au match aller, Ferrol tint le choc et obtint le nul, un but partout. Au match retour, à San Mamés, ce fut une défaite, sur un score excessif de 4 buts à 0. Malgré tout, la vaillance des joueurs galiciens comme Gorostiza, Gerardo Bilbao ou Manuel Rivera de Ferrol fut remarquée par la presse basque qui les qualifièrent de diablos verdes.

Mais que diable jouaient-ils en vert ? Tout au long de son histoire, le Racing Club de Ferrol a joué avec un maillot vert (accompagné d’une short blanc), l’intensité de sa teinte dépendant des années et des équipementiers. La raison réside dans la forte présence militaire dans la ville. Ferrol accueille une base navale, abritant aujourd’hui le 31ème Escadron d’escorte, un corps des marines et deux écoles spécialisées. A l’époque, elle était déjà une destination courante pour les recrues appelées au service militaire. Ces jeunes hommes portaient généralement des chemises vertes.

#1180 – SK Dnipro-1 : чорно-жовті

Les noir et jaune. Pour un club relativement jeune (fondation le 29 novembre 2015), il s’est fait rapidement une place dans le paysage footballistique ukrainien. Vice-champion de division 3 lors de la saison 2017-2018. L’exercice suivant, le club remporta le titre de champion de division 2. Puis, en 2022-2023, il devint vice-champion de première division. Le club fut fondé à l’initiative de l’homme politique ukrainien Yury Bereza et de l’homme d’affaires Gennady Polonsky. Tout s’accéléra pour Dnipro-1 quand le club historique de la ville, le FK Dnipro, rencontra des difficultés financières qui engendrèrent une crise sportive. En 2019, après 100 ans d’existence et une finale de Ligue Europa en 2015, le FK Dnipro fit faillite et ce qui restait du club, principalement son académie de formation, rejoignit le Dnipro-1. L’ancien footballeur international Andriy Rusol, qui avait joué 8 ans pour le FK Dnipro, s’associa à cette nouvelle aventure. Le Dnipro-1 devenait ainsi le successeur du FK et le club numéro un de la ville. Pour autant, il ne reprit pas les symboles du FK et conserva les siens, dont ses couleurs noir et jaune.

Le fondateur Yury Bereza est un militaire, homme d’affaires et homme politique qui s’illustra lors de l’apparition des manifestions pro-russes en Ukraine et les premières insurrections dans le Donbass. En Avril 2014, les militants pro-russes organisèrent des référendums dans les régions de Louhansk et de Donetsk afin d’obtenir leur sécession de l’Ukraine et leur intégration dans le giron russe. L’Etat ukrainien et son armée étant en faillite financière et organisationnelle, le ministre de l’intérieur Arsen Avakov prit la décision de former des milices armées avec pour objectif de rétablir l’ordre dans les régions de l’Est. Le 14 avril 2014, le bataillon dénommé Dnipro-1 fut créé comme une force spéciale du Ministère de l’intérieur, avec le soutien financier de l’oligarque Ihor Kolomoïsky. Au printemps, le bataillon sévit dans les régions de Donetsk et de Dnipropetrovsk et participa à la libération de Marioupol en juin 2014. Son commandant d’alors était Yury Bereza. Soucieux de ses troupes (et de son image), il poussa à la fondation d’un club de football dont l’objectif principal était de réhabiliter et d’aider les militaires à travers le sport. La nouvelle association reprit le nom du bataillon, Dnipro-1, ainsi que son emblème intégralement noir, qui se compose du trident ukrainien (tryzoub). Mais si le noir et le jaune orangé sont les couleurs apparaissant sur le blason du club, l’équipe évolue dans des maillots bleu et jaune, les couleurs nationales.

#1083 – AO Xanthi : Ακρίτες

Les Akrites, gardiens des frontières à l’époque byzantine. Xhanti se situe dans la région administrative de Macédoine-Orientale-et-Thrace, dans le Nord-Est de la Grèce. Après avoir été habité par les peuples Thrace qui en firent un Royaume, la Thrace, région historique, traversa les siècles en étant disputée parmi plusieurs nations (Grèce, Bulgarie, Byzantin, Ottoman …). Aujourd’hui, la région se divise entre la Bulgarie (Thrace du Nord), la Grèce (Thrace occidentale) et la Turquie (Thrace orientale). Cette histoire et situation ont naturellement conduit la province à constituer la frontière entre différents Etats.

L’Empire Byzantin poursuivit la politique romaine aux frontières en délégant sa sécurité à des troupes constituées de militaires et de paysans locaux. En l’échange de terres et d’exonération d’impôts et de taxes, ses gardes-frontières protégeaient l’Empire des invasions barbares et tucs. Sous l’Empire Romain, ils prenaient le nom Limitanei (soldats des frontières) et, sous l’Empire Byzantin, ils se dénommèrent Akrites. Ils se trouvaient particulièrement sur les frontières orientales de l’Empire, à lutter contre les Turcs Seldjoukides, qui à cette époque s’étaient déjà développés dans les pays d’Asie Mineur. Régulièrement soumis aux attaques des Turcs et des Sarrasins, les Akrites passaient leur vie à cultiver et se battre. En cas de raid, leur rôle était de donner l’alarme, aider à l’évacuation de la population vers les différents bastions, et suivre et harceler les ennemies jusqu’à l’arrivée des renforts. Ceci contribua à leur forger une réputation auprès des populations de héros équivalents aux chevaliers occidentaux, entretenues par des poèmes et chansons épiques dédiées. Ecrits en grec médiéval, ces derniers, qui célébraient les exploits et la bravoure des Akrites, auraient émergé dans l’Empire Byzantin probablement vers le IXème siècle. Un poème en particulier connut une certaine renommée : Digénis Akritas (Διγενής Ακρίτας).

Au XIXème siècle, afin d’entretenir l’élan nationaliste d’une Grèce sous le joug ottoman, les mouvements indépendantistes furent à la recherche de héros pouvant contribuer à un récit national. Les Akrites répondaient à tous les critères et devinrent une source d’inspiration. Aujourd’hui, les Grecs continuent d’appeler les habitants de la Grèce qui vivent près de la frontière, Akrites, comme un vestige du passé. Mais, au delà de la situation géographique de Xanthi, le club se trouve surtout à la frontière du dépôt de bilan depuis que ses différents propriétaires successifs connurent des démêlés judiciaires.

#1070 – CD Coopsol : el Submarino Amarillo

Le sous-marin jaune. Voici donc un troisième club dans le monde qui se revendique de la célèbre chanson des Beatles (les autres étant Cadix #433 et surtout Villareal #120). Comme pour les deux autres clubs, le fait d’évoluer en couleur jaune a naturellement donné le surnom. La raison de cette teinte est simple. L’actionnaire et sponsor du club est le groupe Coopsol, un conglomérat péruvien né il y a 28 ans et comptant 12 filiales, offrant différents services (intérim et recrutement, nettoyage, services d’ingénierie …). Coopsol est l’acronyme de Cooperativa Solar (Coopérative solaire) et le soleil apparaît sous forme stylisée sur le blason de l’entreprise. Logique alors de retenir le jaune comme couleur.

Certes, la capitale péruvienne qui accueille l’équipe se situe sur la côte de l’Océan Pacifique mais la référence à l’engin subaquatique ne provient pas de la situation géographique. En réalité, au début des années 2000, le groupe Coopsol tentait d’investir le football sur 2 fronts, en rachetant 2 clubs évoluant en première et en seconde division. Mais ce fut deux échecs et finalement en 2004, il reprit un autre club, le Deportivo Aviación. Ce dernier fut fondé en 1964 comme une émanation sportive des forces aériennes péruviennes (Fuerza Aérea del Perú). Le club était donc soutenu par l’armée de l’air, notamment en étant sponsorisé par la compagnie aérienne militaire, TANS. Mais, deux accidents aériens intervenus en 2003 puis en 2005 eurent raison de la compagnie, qui fait faillite en 2006. Résultat, au début des années 2000, TANS et les forces aériennes retirèrent leur soutien financier au Deportivo Aviación, qui déclina et chercha de nouveaux parrains. Ce fut dans ce contexte que Coopsol mit la main sur le Deportivo Aviación pour fonder son nouvel étendard sportif. D’abord dénommé Aviación-Coopsol, il perdit tout lien avec ses racines aériennes en 2009 en devenant le Deportivo Coopsol. Néanmoins, dans la mémoire collective et en particulier dans celle des adversaires, ce lien existe toujours et donc, le sous-marin du surnom est pour moquer les origines aériennes du club.

#1066 – Gimcheon Sangmu FC : 불사조

Le phénix. L’histoire de ce club coréen se confond avec l’association sportive de l’armée de Corée du Sud. Avant 1982, chaque corp d’armée avait sa propre association de sportifs : celle de l’armée de terre se dénommait 충의 (Loyauté), celle de la Marine était 해룡 (Dragon des mers) et celle des forces aériennes se nommait 성무 (Nébuleuse). Puis le Ministère de la Défense réunifia les 3 unités et le 4 janvier 1984 apparaissait 국군체육부대 (Corps d’athlétisme des forces armées), avec 21 sports pratiqués et 400 athlètes. Sachant que la durée du service militaire était de 18 mois, l’objectif de cette institution était de permettre aux sportifs de haut niveau de ne pas suspendre leur carrière le temps de leur obligation militaire en participant aux compétitions nationales. La nouvelle entité prit le nom de 상무 (Directeur) et le phénix (불사조) comme symbole (noir sur fond orange). Cet animal extraordinaire apparait dans de nombreuses cultures de l’antiquité et à travers le monde. Il s’agit d’un oiseau à la longue longévité et qui a la particularité de de renaître soit de son propre cadavre, soit après s’être consumé dans les flammes. Ainsi, pour l’institution, l’animal mythologique représente, en tant qu’espèce immortel, l’esprit brave, indestructible et sacrificiel d’un soldat qui protège son pays. Il traduit un célèbre proverbe coréen 칠전팔기 qui signifie au travers de ces 4 caractères Hangeul « Même si vous tombez sept fois, relevez vous une huitième fois ».

Dans la foulée de la création du 국군체육부대, plusieurs clubs furent fondés afin de permettre aux sportifs évoluant dans des sports collectifs de participer aux compétitions nationales. Ainsi, apparut le club de football de Sangmu FC, le 11 janvier 1984. Le club reprit alors, comme toutes les autres sections sportives, les symboles dont le phénix. Il trône sur l’emblème du club.

#1036 – Newcastle Jets : the Jets

Les jets. Ici nous n’allons pas parlé d’un concurrent local du club saoudien de Newcastle United. Nous sommes à près de 17 000 km à vol d’oiseau du Nord de l’Angleterre, dans la Nouvelle-Galles du Sud, en Australie. Comme souvent dans les pays éloignés de la culture football mais à tradition anglo-saxonne, les clubs ont vécu en fonction des naissances, évolutions et morts des ligues nationales (parfois fermées et/ou privées). En Australie, le championnat national vit le jour en 1977 sous le nom de National Soccer League (NSL). En 2004, la NSL laissa la place à la A-League, une ligue fermée regroupant des équipes australiennes et néo-zéalandaises. Avec ce transfert, beaucoup des anciennes équipes de la NSL disparurent pour voire renaître de leurs cendres de nouvelles franchises.

Au sein de la NSL, Newcastle était representé par les KB United entre 1981 et 1983 puis par les Breakers entre 1991 et 2000. Les Breakers perdirent leur licence à l’issue de la saison 1999-2000 et une nouvelle entité fut créé sous le nom de Newcastle United, pour défendre les couleurs de la cité dans la NSL. Lorsque la fraîche A-League fit son apparition, les dirigeants de United décidèrent de donner une nouvelle image au club pour accompagner cette naissance. Le nom fut donc changer en Newcastle Jets. Ce changement de nom permettait également de se différencier du club anglais. Les dirigeants n’eurent pas à chercher loin leur inspiration puisqu’ils prirent pour référence la base de l’armée de l’air australienne (RAAF) de Williamtown, située à seulement 20 kilomètres au nord de Newcastle. Cette base fut créée le 15 février 1941 pour assurer la protection du port et des installations de fabrication d’acier de la région de Hunter. Partageant ses infrastructures avec l’aéroport civil de Newcastle, la base abrite aujourd’hui les unités de commandement, opérationnelles et de soutien des composantes de combat ainsi que les éléments de commandement et de soutien de la surveillance aérienne (soit près d’une vingtaine d’escadrons) et constitue la première base d’entraînement des pilotes de chasse d’Australie. En août 2017, la base de Williamtown employait environ 3 500 personnes. A l’époque du changement de nom de l’équipe, les unités de la RAAF basées à Williamtown étaient principalement équipées de l’avion de chasse F/A-18 Hornet (fabriqué par McDonnell Douglas) dont 3 exemplaires ornent l’écusson des Jets depuis 2004.

#990 – Beijing Guoan FC : 御林军

Les gardes impériaux. Le 29 décembre 1992, dans le cadre de la promotion par le régime communiste d’un football professionnel chinois, la Commission municipale des sports de Pékin, l’école de technologie sportive de Xiannongtan et la société CITIC Guoan établirent conjointement le club de football Beijing Guoan Football Club, qui offrait à la capitale chinoise sa propre équipe de football professionnelle. Les racines du club se cherchent dans une équipe de Pékin dirigé par la Commission municipal des sports et fondé en 1955. Cette première association représenta brillamment la capitale en remportant 5 fois le championnat national (1957, 1958, 1973, 1982, 1984) et 1 fois la coupe nationale (1985). Bénéficiant de l’aura du premier club et participant à la création de la Super League chinoise, Beijing Guoan est devenu l’unique représentant historique et régulier de la capitale chinoise. Le club se devait donc de s’appuyer sur ce lien étroit avec la cité pour étendre son influence et opter pour des symboles marquants de la ville.

Si Guoan était le nom de son fondateur et sponsor, l’idéogramme 国安 (qui correspond à Guoan) signifie aussi « sécurité intérieure ». Il s’agissait également du nom de la Garde Impériale, les forces militaires d’élite chargées de protéger la Cité interdite ainsi que l’Empereur et sa famille des dynasties Ming et Qing. La Cité interdite était le complexe palatial qui abritait l’Empereur et sa famille, et située au cœur de Pékin, constitue l’un des monuments les plus emblématiques de Chine et de la Capitale. Ce surnom reflète également l’ambition de l’équipe de devenir le meilleur club de football de Chine et à défendre ses cages comme les gardes impériaux représentaient des troupes d’élite chargées de défendre l’Empereur et la Cité interdite. Pour continuer dans ce registre, la mascotte est un lion. Or, les lions de Fo, ou lions gardiens impériaux, sont les deux statues de bronze qui gardent la porte de l’harmonie suprême, qui sépare la cour dite de la rivière aux eaux d’or, de la cour du palais de l’harmonie suprême, le principal palais de la Cité interdite. Ces deux lions sont le signe de la puissance impériale et la Garde Impériale s’identifia naturellement au Roi des animaux, protecteur de la Cité. On les retrouve également à l’entrée de nombreux autres palais chinois avec le même rôle et symbolique. Enfin, l’hymne du club, créé en 1995, s’intitule « 国安永远争第一 » (Guoan combat toujours pour être le premier).

#929 – FC Ingolstadt 04 : die Schanzer

Terme que l’on pourrait traduire par les fortifiés, les retranchés. Barrant en diagonale l’écusson du club, schanzer identifie non seulement le club mais de manière générale, tous les habitants de la ville bavaroise d’Ingolstadt. Le terme schanzer dérive du mot allemand verschanzen qui signifie fortifier et rappelle que les habitants vivaient à l’intérieur d’une place forte. En effet, la cité d’Ingolstadt fut pendant de nombreuses années un pilier de la défense de l’Etat bavarois, en plus d’être une ville universitaire et commerçante. Situé sur le Danube, au centre d’un triangle constitué des 3 grandes villes de Munich, Nuremberg et Augsbourg, Ingolstadt possédait une position stratégique en Bavière tant militaire que commerciale, renforcée par ses plaines agricoles environnantes qui assuraient un bon approvisionnement en denrée alimentaire. Mentionné pour la première fois en 806 dans l’acte de partage de l’Empire de Charlemagne, Ingolstadt devint une cité vers 1250 puis, de 1392 à 1447, la capitale du duché de Bavière-Ingolstadt. Un chroniqueur médiéval écrivait « Wer Ingolstadt besaß, besaß den Schlüssel zu Bayern » (Quiconque possédait Ingolstadt possédait la clé de la Bavière). Ainsi, à partir du XIVème siècle, Ingolstadt reçut de fortes fortifications, qui au cours des siècles suivants furent continuellement renforcées.

Dès 1363, un mur de briques de trois kilomètres de long avec 87 tours crénelées et portes fortifiées furent édifiées autour de la ville. En 1418, Louis VII de Bavière dit le Barbu posa la première pierre de la forteresse d’État d’Ingolstadt, qui se voulait être la plus importante et innovante de la Bavière. Un deuxième rideau de remparts fut construit et achevé en 1430. Au XVIème siècle, les défenses de ce bastion furent encore renforcées lors de la guerre entre l’Empereur Charles Quint et la ligue de Smalkalden. En 1570, la garnison comptait 50 hommes mais monta en 1598 déjà à 170 hommes. En 1600, les effectifs atteignaient 920 soldats. Le rôle de gouverneur d’Ingolstadt devint alors l’un des postes les plus importants de l’armée bavaroise. La guerre de 30 ans (1618-1648) donna l’occasion de réaffirmer le rôle d’Ingolstadt et d’améliorer encore le bastion, en particulier ses positions sur le Danube. Le Roi de Suède, Gustav Adolf, attaqua vainement Ingolstadt. Cette défaite constitua son premier échec militaire de la guerre et coupa son avancée en Bavière. Une conséquence de cet assault raté fut d’annihiler toute autre attaque pendant cette guerre pour prendre la forteresse. Ingolstadt était le seul lieu important de l’ancien électorat de Bavière qui ne fut jamais pris pendant la guerre de 30 ans. Pendant cette période, les forces militaires varièrent considérablement. En 1632, il y avait plus de 2 600 hommes, qui pouvaient compter sur 50 canons lourds et 86 canons légers et près de 900 quintaux de poudre dans la forteresse. En 1646, les effectifs étaient d’environ 1 500 hommes et vers la fin de la guerre seulement entre 200 et 400 hommes.

En 1701, il y avait plus de 350 hommes à Ingolstadt. En temps de paix, il y avait un maximum de deux régiments d’infanterie dans la forteresse au XVIIIème siècle, soit un effectif total d’un peu plus de 1 500 hommes. Ces militaires étaient logés chez les habitants et la cohabitation devint difficile, les plaintes se multipliant. Ainsi, au XVIIIème siècle, de nombreuses casernes furent édifiées pour accueillir les troupes. Durant les deux guerres de succession (d’Espagne (1701 à 1713) puis d’Autriche (1740-1748)), en manque de soutien extérieur, le bastion d’Ingolstadt céda plusieurs fois.

A la fin du XVIIIème siècle, en raison des finances déplorables de l’Etat bavarois et du manque d’expérience militaire de ses suzerains, l’armée bavaroise atteignit son plus faible niveau et la forteresse d’Ingolstadt était dans un état de dégradation avancée. Alors qu’il y avait, en 1668 51 canons lourds à Ingolstadt, la forteresse n’en comptait plus que 13 en 1778. En 1797, des travaux furent entrepris pour rétablir les défenses mais finalement, le 23 septembre 1799, les troupes impériales autrichiennes rendirent la place forte aux armées révolutionnaires françaises. Napoléon Bonaparte donna l’ordre de raser la forteresse d’Ingolstadt, ce qui fut exécuté entre novembre 1799 et mars 1801. Quelques années seulement après la démolition de la forteresse, il était déjà envisagé de la reconstruire. La décision fut prise en 1806, mais les travaux ne commencèrent qu’en 1828, lorsque les finances gouvernementales le permirent. La construction de la forteresse royale bavaroise constitua le projet de construction le plus important et le plus coûteux sous le règne de Louis Ier de Bavière et employa environ 5 000 ouvriers jusqu’en 1848. En 1851, 433 canons et 155 mortiers étaient stockés dans la forteresse et en 1874, il y avait encore 1 007 canons et mortiers mais plus de la moitié étaient obsolètes. En 1861, la ville comptait 7 193 résidents civils contre 12 750 militaires. Si tout le développement de la ville dépendait des autorités militaires (dans le bon sens (connexion au réseau ferré, système d’approvisionnement en eau et d’évacuation des déchets) comme dans le mauvais (les développements civils étaient empêchés par les besoins militaires prioritaires), l’intérêt stratégique comme l’importance du fort diminua au fil du XIXème siècle. Lors de la Première Guerre mondiale, le bastion servit seulement de prison. En mai 1914, l’artillerie d’Ingolstadt se résumait à 180 canons, dont certains étaient déjà considérablement dépassés. Les fossés furent comblés pour permettre à la ville de construire des immeubles d’habitations. Les grands bâtiments militaires furent petit à petit convertis en immeuble administratif. Aujourd’hui, ce système sophistiqué de fortifications bien conservées fait d’Ingolstadt un musée à ciel ouvert unique.

#732 – Floriana FC : Tal-Irish

Les irlandais. Depuis 1816, Malte, après l’épisode napolénien, faisait parti de l’Empire Britannique. A la fin du XIXème siècle, des troupes de l’Empire stationnaient sur l’île, base arrière en Méditerranée. Ses militaires, qui étaient principalement basés à Floriana, Cospicua, Mtarfa, Marsa et Sliema, importèrent de nombreux nouveaux sports à Malte tels que le cricket et le football. Même si tous ces sports s’imposèrent auprès de la population local, les habitants de Floriana furent partiulièrement attirés par le football. En 1894, la transformatoin d’un terrain de cricket en champs de football, inauguré par la reine Alexandra de Danemark, favorisa la création du club. De la fondation à 1905, les maillots du club affichaient du vert et du rouge, les shorts étaient noirs et les chaussettes reprennaient le vert et le rouge. En 1905, les Royal Dublin Fusiliers, un des 8 régiments irlandais de l’armée britannique, créé en 1881, étaient en garnison à Floriana. 3 matchs amicaux furent organisés entre les fusilliers et l’équipe du club. A l’issue du 3ème match, les deux équipes échangèrent leurs maillots et Floriana récupèrent les chemises rayés blanches et vertes. La direction décida alors d’adopter ses nouvelles couleurs en l’honneur du régiment irlandais. Les couleurs et le lien avec l’Irlande donna naissance au surnom.