#301 – Standard de Liège : Standardmen

Le surnom peut facilement dérivé du nom du club. C’est le cas du Standard de Liège dont les joueurs sont simplement surnommé les Standardmen. Comment le club belge a-t-il trouvé ce nom de Standard ? En 1898, lors de la fondation du club, les étudiants organisèrent un vote pour déterminer le nom du nouveau club. Le football venant d’Angleterre, la plupart des clubs fondée à cette époque, quelque soit le pays, optèrent pour des noms à consonnance anglaise. Ainsi, le terme « Standard » l’emporta d’une voix face à « Skill« . En prenant le nom de Standard, les membres voulaient s’inspirer du club français du Standard Athletic Club. Le Standard Athletic Club était un club sportif et social rassemblant la communauté anglaise de Paris. Entre 1894 et 1904, le club du Standard AC domina les tournois français, remportant 5 fois le Championnat de France USFSA et 4 la Coupe Dewar. Son aura dépassa donc les frontières et arriva jusqu’au outre-quiévrain. Mais, si le Standard AC existe encore aujourd’hui, il demeure un club régional tandis que le Standard de Liège est un des 3 clubs majeurs du Championnat de Belgique.

#268 – Royal Charleroi SC : les Zèbres

Comme la Juventus, le club a hérité de son surnom en raison de son maillot rayé noir et blanc. Il fut utilisé par les journalistes à compter de 1926 quand le club remonta en promotion après avoir été sacré champion du Hainaut. Modeste village dont les premières traces remontent à 863, la ville connut un essor significatif quand elle devint une forteresse espagnole en 1666. La ville tomba alors dans le domaine de Philippe-Balthazar de Gand, dit Vilain, prince de Masmines, comte d’Isenghien et de Middelbourg, Seigneur des Villes de Lannoy, de Watten et de Charleroi dont le blason était de sable au chef d’argent (ie noir et blanc). Ces couleurs perdurèrent au fil des successions et des nouveaux possesseurs et la ville hérita de ces deux couleurs dans son premier blason de 1847. Elles s’y trouvent encore aujourd’hui. Certainement que cela inspira les fondateurs du club pour trouver les couleurs du maillot du club.

Par ailleurs, l’utilisation du noir ne faisait pas injure à la ville qui se situe dans la province de Hainaut, surnommée le Pays Noir, en raison de son passé minier Long d’Est en Ouest de près de 45 km, large d’une bonne dizaine de kilomètre, ce bassin houiller couvrait la région de Charleroi et s’étirait jusqu’à Namur. Des documents attestent de l’exploitation de charbon dans la région dès le XIIIème siècle (1251), mais ce fut les révolutions industrielles du XVIIIème et XIXème siècle qui démultiplièrent les capacités de production et transformèrent ce pays. En 1770, le Pays Noir comptait 32 exploitations de grande taille puis, en 1830, déjà 128 puits dont le plus profond atteignait 200 mètres. En 1840, la production du Pays Noir dépassait celle du bassin de Liège et 25 ans plus tard, celle du Borinage, devenant ainsi le premier bassin houiller belge. L’extraction de charbon atteignit 7,7 millions de tonnes en 1897 et 8,6 millions de tonnes en 1910. Le bassin était alors dominé par la société des Charbonnages de Monceau-Fontaine (fondé en 1807) dont la concession s’étendait sur 7 260 hectares et 25 localités (la distance entre les deux puits les plus éloignés était de 16 km). Sa production atteignit à son apogée 2 millions de tonnes de charbon et la société devint le premier producteur belge de houille, employant plus de 10 000 personnes. A partir de l’entre deux-guerre, l’économie du charbon en Belgique démarra un long déclin. En 1929, dans le bassin houiller de Charleroi, 42 300 mineurs travaillaient dans 79 fosses pour une production annuelle de 7,8 millions de tonnes de charbon. En 1950, 18 sociétés se partageaient 57 puits pour une production de 6,7 millions de tonnes de charbon, ce qui correspondait à 33% de la production wallonne et 25% de la production belge. A partir des années 1960, avec la concurrence internationale, les puits fermèrent les uns après les autres et les derniers wagonnets de charbon remontèrent le 29 septembre 1984.

Enfin, à noter que le football à Charleroi se partage entre deux clubs : le Sporting et l’Olympic. Malgré leur fort antagonisme, les deux formations évoluent dans les mêmes couleurs, noir et blanc. Or, ce n’est pas l’Olympic qui inspira le Sporting mais l’inverse. Profitant de discordes au sein de la direction du Sporting, l’Olympic récupéra les kits du Sporting et évolue depuis dans les mêmes couleurs que son rival (à l’exception du début des années 1970 où l’Olympic joua en rouge et blanc).

#236 – RSC Anderlecht : les Mauves

Le plus grand club belge, avec ses 34 championnats de Belgique et ses 3 coupes européennes, a toujours évolué en mauve et blanc mais l’origine de ces couleurs n’a jamais été établie. Deux versions sont avancées mais sans aucune certitude.

La première serait liée à la princesse Élisabeth de Bavière, femme du futur roi des Belges, Albert. Au XIXème et au début du XXème siècle, à l’apogée du printemps, des festivités dénommées « Longchamp fleuri » se déroulaient au bois de la Cambre. La Haute-Société bruxelloise, principalement l’aristocratie, défilait dans des carrosses fleuris le long de l’avenue Longchamp jusque devant une tribune dressée dans le bois où siégeait la reine Marie-Henriette qui distribuait alors les prix pour les plus beaux attelages. Ce défilé de jeunes filles bien nées dans de magnifiques toilettes assises dans des carrosses fleuris faisait l’animation de toute la population du quartier. A l’une de ces festivités, la princesse Elisabeth s’afficha dans un carrosse victoria ornée d’orchidées mauves et blanches, assorties à sa robe. Peut-être que le fondateur du club, Charles Roos et ses associés furent subjugués par ces couleurs.

L’autre version se rapporte au clergé. Le premier match du club se fit face à l’Institut Saint-Georges, un pensionnat catholique. Charles Roos et ses partenaires auraient pu être convaincus des couleurs mauves et blanches souvent portées par les religieux Catholique de l’Institut. D’ailleurs, aujourd’hui encore, le club est lié à un autre organisation éducative catholique, l’Institut Saint-Nicolas (Sint-Niklaasinstituut), qui accueille les jeunes joueurs du club et constitue son vivier.

En flamand, le surnom devient paars en wit, les violets et blancs.

#217 – KRC Genk : de Smurfen

Les Schtroumpfs. En écrivant sur le surnom du Lokomotiv Plovdiv qui est les Schtroumpfs, je pensais que ce dernier était original et pas utilisé par d’autres équipes. Voilà le KRC Genk qui est affublé du même surnom. Mais la raison de ce surnom est plutôt original pour le club bulgare (cf article #212), alors qu’il est évident pour le club flamand. En effet, les couleurs du club est le bleu et le blanc, les mêmes que les Schtroumpfs. Or, en étant dans le pays de la BD, le surnom était facile à trouver.

Le club de Genk fut fondé en 1988, résultant de la fusion de deux institutions de la ville : le K. FC Winterslag né en 1923 et le K. Waterschei SV THOR Genk créé en 1919. Les deux clubs avaient leur petite renommée dans le championnat belge mais avec l’arrivée des années 80, ils commencèrent à faire des allers-retours avec les divisions inférieures et les difficultés financières apparurent. Les deux clubs unirent ainsi leurs forces en 1988. Winterslag jouait en noir et rouge tandis que Waterschei était en jaune et noir. Plutôt que de retenir les couleurs d’une des deux équipes ou alors de prendre la seule couleur partagée par les deux (le noir), la nouvelle direction prit la décision de faire table rase et de retenir le bleu et blanc.

Table rase est un grand mot car la direction se tourna vers les armoiries de la ville. Le blason de la municipalité de Genk se compose à gauche de rayures verticales jaune et rouge et à droite, Saint-Martin à cheval en or sur un fond bleu. La partie gauche pouvait donc représenter les couleurs des deux clubs ayant fusionné. Le bleu de la droite se trouvait alors le bon compromis. Toutefois, la figure de Saint-Martin est or et pas blanc. Sauf qu’au départ, les couleurs du RKC Genk était le bleu … et le jaune. Mais, cela ne plut pas aux supporteurs et le blanc remplaça le jaune.

#164 – Club Bruges KV : les Gazelles

Ce surnom est surtout utilisé par les francophones. Il fait référence aux premières années du Club, au début du XXème siècle. Après quelques fusions, absorptions, scissions, le club trouva de la stabilité à partir de 1902. Commença alors une période dorée pour le club même s’il fallut attendre près de 20 ans pour remporter le premier titre (Championnat de Belgique en 1920). Jusqu’au début de la première guerre mondiale, le club termina 8 saisons consécutives sur le podium, dont 3 fois fois vice-champion (1906, 1910 et 1911) et 5 fois troisième. Le titre de 1910 lui échappa lors d’un test-match décisif face à l’Union Saint-Gilloise. En 1911, le club échoua d’un point derrière leurs rivaux du Cercle Bruges. Cette équipe qui fit connaître ses premières heures de gloire au Club Bruges était emmené par un trio de joueurs offensifs, Charles Cambier, Hector Goetinck et Robert De Veen. Les 3 joueurs étaient nés à Bruges et les deux premiers furent toujours fidèles au club, jouant même respectivement jusqu’à 41 et 42 ans. Charles Cambier fut considéré comme le meilleur joueur belge d’avant-guerre. Leur renommé dépassa les frontières en portant la tunique des diables rouges. Ces deux joueurs étaient notamment connus pour leur pointe de vitesse et furent surnommés les Gazelles.

La gazelle est l’un des rares animaux à pouvoir rivaliser avec le guépard, l’animal le plus rapide sur terre (en pointe à 120 km/h). En effet, la gazelle cours en moyenne à 80 km/h sur des distances de 20 km. Elle peut faire des pointes à quasiment 100 km/h. Parmi la famille des gazelles, le springbok et l’antilope se distinguent avec des pointes à 110/115 km/h.

#139 – Royal Antwerp FC : the Great Old

Le grand ancien. Le Royal Antwerp est reconnu comme le doyen des clubs de football belge, sa création remontant à 1880. Les expatriés anglais des installations portuaires et des sociétés alentours importèrent différents sports dont le cricket, le tennis, l’athlétisme, le football et le rugby. En 1880, l’Antwerp Athletic Club fut créé, les membres pratiquant indifféremment ces sports. Généralement, le cricket et le tennis étaient des sports d’été, tandis que le rugby et le football étaient principalement pratiqués en hiver. Le football ne prit vraiment pied qu’en 1887 au sein de cette structure. En effet, il semble que les membres aient d’abord joué au football-rugby avant d’adopter le football-association (ie le football actuel) à la fin des années 1880 pour affronter des équipes néerlandaises et les nouvelles formations qui apparaissent à Bruxelles et à Liège. Si certains sports (le cricket) disparurent, faute d’intérêt, d’autres (comme le football) se structurent et s’émancipèrent. Ainsi, en 1892, l’Antwerp Athletic Club disparut mais sa section football, déjà connue comme Antwerp FC et disposant de ses propres ressources, vola de ses propres ailes.

En 1895, le club participa à la création de la fédération de football belge (URBSFA) avec 9 autres clubs (Brugsche FC (fondé en 1891), Racing FC (1891), FC Liégeois (1892), Union FC (1892), Brussels FA Club (1892), Léopold FC (1893), Ixelles FC (1894), Verviers FC (1894) et Athletic & Running Club de Bruxelles (1895)) ainsi que la même année, au premier championnat de Belgique. En 1926, la fédération belge, qui était en concurrence avec d’autres ligues, décida d’attribuer des matricules à ses membres, afin honorer leurs histoires et institutionnaliser/organiser leur appartenance à cette fédération. Le 21 décembre 1926 fut donc publié dans le journal « La Vie Sportive » la première liste des clubs immatriculés à l’URBSFA et le Royal Antwerp se vit attribuer le matricule « 1 », car plus ancien membre et doyen des clubs. Ceci donna un prestige supplémentaire au club anversois. Pour autant, d’autres clubs avait vu le jour avant 1880, notamment à Bruxelles, mais il avait disparu avant 1926. En outre, la création du système de matricule émana certainement de la tête d’Alfred Verdyck, qui fut entraîneur et dirigeant de l’Antwerp. Il ne serait pas étonnant que son idée le séduit car elle procurait une certaine aura à son club de cœur. Et ce symbole est si fort que le club affiche le chiffre « 1 » sur son écusson.

#69 – KAA Gent : de Buffalos

Les buffalos. En anglais, buffalo se rapporte aux buffles (ou bison d’Amérique du Nord) qui est dérivé de l’italien bufalo. Mais, dans le cas de ce club, ce n’est pas l’animal directement auquel il est fait référence. En effet, les supporteurs crient « Buffalo ! Buffalo ! » à l’entrée des joueurs sur le terrain et ce cri donna le surnom au club. Mais pourquoi crier Buffalo ?. La légende officielle veut que ce surnom vient de Buffalo Bill. Cela explique alors assez facilement ce cri. A la fin du XIXème siècle et au début du XXème, Buffalo Bill n’était plus l’aventurier à la conquête de l’Ouest. Son surnom (son vrai nom était William Frederick Cody) provenait du fait qu’il était un chasseur de bison et fournissait en viande de bison les employés des chemins de fer Kansas Pacific Railway. Donc, de 1882 à 1912, Buffalo Bill fut la vedette d’un spectacle dénommé Buffalo Bill’s Wild West qui recréait l’atmosphère de l’Ouest américain et la vie des pionniers (chasse aux bisons, attaque de diligence, présence de vrai indiens …). Véritable succès populaire, le spectacle réalisa plusieurs tournées dans les villes européennes (Paris, Londres, Berlin, Rome, Barcelone …) et notamment à Gand (le 20 et 21 Septembre 1906). Lors de son passage dans la ville belge, le cirque, avec ses roulottes décorées de visages d’Indiens, prit ses quartiers à côté du stade. A l’intérieur du chapiteau, les spectateurs encourageaient Buffalo Bill en scandant « Buffalo! Buffalo! Wild West Ra! ». Un des événements du spectacle était un match de football à cheval (Soccer on Horseback) où les cavaliers avec leur monture jouaient un match de football avec un ballon de la taille d’un cheval. Le spectacle connut un grand succès et le cri fut alors repris plus tard dans le stade des supporteurs du club.

Si cette légende est la plus communément admise, d’autres pensent que le surnom ne provient pas de Buffalo Bill. En effet, le symbole du club est une tête de chef indien qui est apparu à partir des années 1920, soit bien après le passage de Buffalo Bill. Selon cette autre version, lors des Jeux olympiques d’été de 1920 à Anvers, les athlètes gantois Henri Cocquyt et Omer Smet avaient été surpris d’entendre les supporteurs américains crier pour encourager leurs sportifs. Ils décidèrent alors de créer le cri « Buffalo » pour s’encourager. Ce cri fut alors repris dans le club d’athlétisme de Gand et finit par venir jusqu’au stade de foot. Si en termes de date, cette version colle mieux, il n’empêche qu’il est assez étonnant d’inventer un cri et surtout signifiant « Buffalo ».

#31 – Standard de Liège : les Rouges, les Roûches, les Rôdjes

Le surnom du 3ème club belge vient directement de ses couleurs. En 1898, le FC Liège décida de fusionner avec le club du Liège FA afin de donner naissance au RFC Liège. Le FC Liège donna en héritage à ce nouveau club ses maillots bleu et rouge, le Liège FA abandonnant ses maillots rouges ornés d’un perron noir. Cette fusion ne fit pas que des heureux. Un groupe de jeunes, catholiques et étudiants au collège Saint-Servais de Liège, membre de l’équipe scolaire du Liège FA rentra en dissidence et décida de créer un autre club, le Standard de Liège. Il se firent alors prêter les maillots rouges du Liège FA. Au final, les fondateurs votèrent et retinrent définitivement le rouge et blanc, comme couleurs du club. Avec l’accent liégeois, rouge devient roûches et en dialecte wallon, rôdjes.