#1363 – FC Rapid Bucarest : Vulturii vișinii

Les aigles bordeaux. L’écusson du club, avec son aigle aux ailes déployées et ses couleurs bordeaux et blanches, est assez évocateur. Et ses ailes déployées semblent indiquées que l’oiseau mit la main sur la symbolique traditionnelle du club. Car, fondé par des cheminots des ateliers ferroviaires du quartier de Griviţa, le club épousa d’abord et pendant longtemps la symbolique des chemins de fer roumain.

Tout d’abord, ses couleurs, grenat et blanc. L’épouse du capitaine de l’équipe, Grigore Grigoriu, avait pour mission de concevoir les maillots et de s’occuper de l’équipement des joueurs à chaque match. Dans sa maison, elle possédait de nombreux textiles grenat ainsi que du blanc. Mme Grigoriu choisit comme couleur principale le grenat car elle estimait que les maillots se saliraient moins vite et qu’ils seraient plus faciles à nettoyer, cette couleur n’étant pas aussi sensible au lavage que le blanc. Le fait qu’elle possédait du tissu grenat et du blanc n’était peut-être pas un hasard. En effet, les couleurs de la CFR (« Căile Ferate Române », la compagnie ferroviaire nationale) sont le rouge foncé et le blanc.

Concernant son blason, le club reprit celui du CFR, une roue de locomotive accompagnée d’ailes déployées. Ce symbole fut souvent associé aux compagnies ferroviaires (comme la SNCB en Belgique ou les régiments du train au sein de l’Armée Française). Au fil des années, cette image se stylisa aussi bien sur le logo de la CFR que sur le blason du club. Puis, au tournant du millénaire, la direction du club, qui était détenu par le puissant homme d’affaires, George Copos, souhaita moderniser l’écusson et ainsi se donner une nouvelle impulsion. L’aigle apparût alors avec incrusté dans son corps l’image traditionnelle de la roue ailée. Selon la rumeur la plus répandue, au-delà que l’imagerie de l’oiseau était esthétique, le club se serait inspiré de l’aigle d’un grand d’Europe, le Benfica Lisbonne (cf. #153). Seulement l’Aigle est un animal commun en héraldique footballistique. Et justement, à cette époque, l’oiseau ornait également le blason du STEAUA, le rival du Rapid. Et une dizaine d’année auparavant, l’aigle décorait aussi le blason du Dinamo, l’autre rival de la capitale roumaine.

#1305 – SL Benfica : os Encarnados

Les rouges. Comme je le racontais dans l’article précédent sur le FC Porto (#1266), le football portugais est bien fait car il semblerait que les 3 grands du pays, Benfica, FC Porto et Sporting du Portugal, se soient réparties les couleurs de l’arc en ciel pour faciliter la vie de leurs supporteurs. Le Sporting joue en vert et blanc, le FC Porto en bleu et blanc et Benfica en rouge (et blanc).

Le rouge est la couleur historique, traditionnelle du club lisboète. Le 28 février 1904, un groupe de 24 anciens élèves de la Casa Pia de Lisbonne (une institution d’Etat dont la mission est de promouvoir les droits et la protection des enfants) fondèrent un club de football. Ils hésitèrent pour le nom entre Sport Lisbonense de Lisboa ou Sport Lisboa, ce dernier étant finalement retenu. Lors de cette première réunion, les membres décidèrent de la symbolique complète du club, l’aigle (#153) ainsi que la devise latine « E Pluribus Unum » qui signifie « de plusieurs, un ! » . De même, le rouge et le blanc furent établies comme couleurs des maillots. L’inspirateur était José da Cruz Viegas, un joueur, qui trouva son bonheur dans un catalogue de tissus de l’armée britannique (dont les vareuses étaient rouges). Son objectif était de choisir une couleur qui distinguerait l’équipe, marquerait l’esprit de tous les passants qui verrait l’équipe jouer. Ainsi, comme les insectes volants devant une ampoule, les maillots rouges devaient attirer le public et les convertir en fans du Benfica. Par ailleurs, José da Cruz Viegas indiqua que le rouge devait transmettre la joie de vivre, de la couleur et de la vivacité.

En 1908, le Sport Lisboa fusionna avec son voisin du Sport Clube de Benfica. Sport Lisboa fournit tous ses joueurs, ses couleurs, son oiseau fétiche et son écusson à la nouvelle association dénommée Sport Lisboa e Benfica.

En portugais, 2 mots désignent la couleur rouge : vermelho et encarnado. Même si vermelho apparaît le plus courant, leur utilisation dépend uniquement des habitudes et de l’origine des locuteurs. Une version portugaise du pain au chocolat versus la chocolatine. Le rouge façon encarnado est bien implanté dans la région de Lisbonne et ses environs (bien qu’on le retrouve également dans d’autres zones du pays). Résultat, le maillot de Benfica est qualifié d’ « encarnado » même si un de ses principaux groupes de supporteurs se nomment diabos vermelhos, les diables rouges. Selon certaines histoires, les benfiquistes retinrent le terme encarnado car vermelho désignait les communistes, ce qui n’était pas une référence honorable sous la dictature de Salazar.

#1234 – Crystal Palace FC : the Eagles

Les aigles. Les premières années de la décennies 1970 ne furent pas synonyme de réussite sportive pour le club du Sud de Londres et pourtant elles s’avérèrent fondamentales dans la construction de sa nouvelle identité. Lors de la saison 1972-1973, Crystal Palace évoluait en première division depuis 4 ans et son équipe réussit quelques belles performances, comme une victoire 5 buts à 0 face à Manchester United. Malheureusement, c’était anachronique dans une saison globale plus morose. Après avoir mené le club de la quatrième à la première division, Arthur Wait fut remplacé à la présidence par Raymond Bloye en novembre 1972. Ce dernier prit la décision de remplacer le manager Bert Head par Malcolm Allison, qui venait d’officier avec succès durant 8 ans à Manchester City. Cette nomination ne permit pas de sauver le club de la relégation.

Animé par une grande ambition et jouissant d’une grande aura, l’influence du nouveau manager ne se limita pas au sportif. Suite à la relégation subie, Malcolm Allison voulait rebondir avec force et désira renforcer l’image du club. Tout d’abord, il mit fin à 68 ans d’association du club avec les couleurs bordeaux et bleu (ie depuis la création du club en 1905), et opta pour des maillots plus flamboyants, à rayures rouges et bleues, à l’image du FC Barcelone. Il décida aussi de doter le club d’un nouveau surnom (en remplacement de Glaziers #114), qui allait déteindre sur un nouveau blason. Et ce fut aussi du côté de la péninsule ibérique que son inspiration vint.

En ce début des années 1970, le Benfica Lisbonne était déjà un grand d’Europe, porté par le génial Eusebio. Le club lisboète avait déjà remporté 2 Coupes des Clubs Champions (plus 3 finales perdues). En 1970, le manager anglais Jimmy Hagan fut nommé à la tête du Benfica et durant les 3 années de son mandat, l’équipe portugaise connut une nouvelle période dorée, en remportant 3 championnats et une coupe. En 1972-1973, avec 28 victoires, 2 nuls et 0 défaite et 101 buts marqués pour seulement 13 encaissés, Benfica devint le meilleur champion du Portugal et le premier invaincu. Benfica brilla aussi en Europe lors de la saison 1971-1972, avec une victoire 5-1 contre Feyenoord, et une demi-finale perdue face à l’Ajax de Johan Cruyff. Impressionné par l’équipe lisboète, Malcolm Allison voulait reproduire leur succès et donner une impulsion à son équipe et ses fans en copiant le symbole puissant du Benfica, l’Aigle (#153). Ainsi, un aigle devint le surnom du club et s’imposa sur l’écusson.

Le surnom fut vite adopté (le « Mirror » titrait déjà 4 jours après l’adoption du surnom « Allison’s eagles will fly high » (les aigles d’Allison voleront haut)) mais cela n’eut pas l’effet escompté puisque Crystal Palace enchaina une seconde relégation en 1973-1974 et Malcolm Allison quitta le club en 1976, sans avoir pu ramener l’équipe simplement en seconde division. Entre 2010 et 2020, comme à Benfica, Crystal Palace posséda un véritable aigle comme mascotte, qui survolait Selhurst Park avant le début des matchs. Nommé Kayla, il s’agissait d’un pygargue à tête blanche américain. Malheureusement, elle décéda en 2020 des suites d’une maladie et aucun autre aigle ne vint le remplacer pour perpétuer cette tradition.

#263 – PFK Ludogorets Razgrad : Орлите

Les aigles. Généralement, les surnoms des clubs puisent leurs explications dans l’origine des clubs ou au fin fond de l’histoire de la ville. Celui de Razgrad remonte à … 2014. Pourtant le club existe depuis 1945. En tout cas, même si l’emblème est récent, il apparaît depuis sur le blason du club et il est dérivé de la mascotte du club, un aigle female, dénommée Fortuna. D’ailleurs, le club fait voler cet aigle female avant chaque match, suivant le même rituel que les clubs de Benfica (#153 dont l’aigle se nomme Vitoria) et de la Lazio (#306 dont l’oiseau s’appelle Olympia). Ce n’est pas un hasard de copier le club italien.

Lors de la saison 2013-2014, éliminé des barrages de la Ligue des Champions, Ludogorets participa à la Ligue Europa. Premier de sa poule qui était accessible, le club affronta la Lazio de Rome en 1/16ème de finale. Le 20 février 2014, au Stade Olympique de Rome, Ludogorets signa un exploit en remportant le match aller 1-0. Au retour, 7 jours plus tard, le club tint bon (résultat 3-3) et obtint la qualification au tour suivant. Lors du match aller, le président bulgare, Kiril Domuschiev, fut emballé par le vol de l’aigle dénommé Olympia, mascotte de la Lazio, au dessus du Stade Olympique. Ainsi, avant d’affronter Valence au tour suivant, le président du club italien, Claudio Lotito, offrit à son homologue bulgare un aigle en signe de respect suite à la qualification du club bulgare. Malheureusement, ce geste ne porta pas chance puisque Valence balaya le club bulgare (4-0 sur l’ensemble des matchs). Et, même si l’aigle tenta plusieurs fois de partir du stade de Ludogorets, il survole encore aujourd’hui le stade avant chaque match.

#215 – SL Benfica : o Glorioso

Le glorieux. Surnom flatteur mais qui semble logique au regard du palmarès important du club lisboète. Mais, comme ce palmarès et la renommée du club s’est construite au fil des décennies, plusieurs versions existent sur l’émergence du surnom.

Il serait apparu dès les premières saisons du club, avant même que le Sport Lisboa ne fusionna avec le Sport Clube de Benfica. Le football fut importé au Portugal par les marins et ouvriers britanniques et naturellement les équipes d’expatriés anglo-saxons dominaient les rencontres face aux débutants portugais. C’était le cas à Carcavelos, dans la proche banlieue de Lisbonne, où évoluait l’équipe du Carcavelos Club, dont la domination sur le football local la faisait surnommé os mestres ingleses (les maîtres anglais). Le Sport Lisboa avait déjà affronté cette équipe par deux fois et les rencontres s’étaient soldées par des défaites sévères (7-0 en 1905-1906 et 3-1 en 1906-1907). Mais, le 10 février 1907, sur le terrain de Quinta Nova, à Carcavelos, le Sport Lisboa remporta le match par 2 buts à 1. Cela faisait 9 ans que les anglais n’avaient pas connu le gout de la défaite. Cette victoire par une équipe composée de portugais contribua à la renommée naissante du club lisboète et attira, lors des matchs suivants, une présence croissante de spectateurs.

Pour d’autres, le surnom se justifie par la grande époque du Benfica pendant les années 1960, avec l’arrivée d’Eusébio. Benfica avait remporté 10 championnats nationaux avant l’arrivée du puissant attaquant tandis qu’au cours des 15 années où Eusébio mena l’attaque lisboète, le club gagna 11 championnats (sachant que de 1963 à 1975, Benfica était soit champion, soit vice-champion) ainsi que 5 Coupes du Portugal. Mais sa domination ne s’arrêta pas au Portugal car Benfica s’adjugea en 1961 et 1962 deux Coupes des Clubs champions (+ 3 finales). Elle fut la première équipe portugaise à remporter ce titre et tout simplement la première à faire tomber le Real Madrid de son piédestal européen.

Au delà de ces deux périodes, Benfica demeure l’un des plus grands clubs européens et portugais (avec le FC Porto et le Sporting Portugal). Sur le plan national, Benfica a remporté 38 championnats du Portugal, 26 coupes du Portugal, 8 coupes de la Ligue ainsi que 9 Supercoupe du Portugal (palmarès à début 2025). Sur le plan continental, le club remporta donc deux Coupes des Clubs champions (ainsi que 5 finales) et disputa également 3 finales de Coupe de l’UEFA/Ligue Europa. Avec un tel palmarès, il n’est pas étonnant que le club connaisse une grande popularité. En 2012, selon un sondage de l’UEFA, 47% de la population portugaise soutient le club de Benfica, record d’Europe. De même, en 2022, il est le deuxième club au monde possédant le plus de sócios (abonnés) avec plus de 267 000 membres (derrière le Bayern de Munich).

#159 – Boavista FC : os Axadrezados

Les damiers. Boavista, l’autre club de Porto, est connu principalement pour deux choses. La première est d’avoir réussi en 2000/2001 à remporter le Championnat du Portugal au nez et à la barbe du triumvirat du Benfica Lisbonne, FC Porto et Sporting Portugal qui trustait les titres depuis 54 ans (à l’exception de la saison 1945/1946 remporté par Belenenses). Emmené par le meneur de jeu bolivien Erwin « Platini » Sánchez, Boavista avait terminé devant le FC Porto pour un point et avec la meilleure défense du championnat (seulement 22 buts encaissés en 34 matchs).

La seconde est le fameux maillot du club qui arbore un damier noir et blanc. A la création du club en 1903, la tenue fut intégralement noire et faisait la fierté des jeunes britanniques et portugais vivant dans le quartier de Boavista. Mais, cette tunique semblait bien trop austère pour certains. Ainsi, un short blanc remplaça le noir. Toutefois, la tenue ne faisant encore pas l’unanimité (le noir étant encore trop dominant), le maillot adopta des rayures noires et blanches en 1920. Toujours pas satisfait, un changement radical fut opéré en 1928 avec un maillot à rayure bleu, rouge et blanche, un short noir et des chaussettes à rayures horizontales blanches et noires. Mais, ne respectant pas les traditions du club, il fut rejeté par les supporteurs et la presse.

Suite à un séjour en France où il vit une équipe française jouait avec un maillot à damier, le président du club, Artur Oliveira Valença, proposa d’adopter cet équipement à damier noir et blanc. Le 29 janvier 1933, lors d’un match amical face au Benfica, le club arbora pour la première fois ce maillot et remporta ce match 4-0. La victoire aidant, le club adopta définitivement cette unique tunique. Mais quelle équipe française inspira Boavista ? Le mystère demeure. Personnellement, je mettrai peut-être une pièce sur le FC Lorient. En effet, à compter de 1926, le club breton portait un maillot à damier orange et noir. Toutefois, malgré les excellents résultats du club (dont un seizième de finale en Coupe de France), sa réputation demeurait au niveau régionale et, ainsi, difficile d’imaginer qu’Artur Oliveira Valença ait pu assister à l’un des matchs de Lorient.

#153 – SL Benfica : Águias

Les aigles. Il s’agit de l’animal symbole du club de la capitale portugaise. Lors de la réunion du 28 février 1904, un groupe de 24 anciens élèves de la Casa Pia de Lisbonne (une institution d’Etat dont la mission est de promouvoir les droits et la protection des enfants) fondèrent un club de football. Ils hésitèrent pour le nom entre Sport Lisbonense de Lisboa ou Sport Lisboa, ce dernier étant finalement retenu. Lors de cette première réunion, les membres décidèrent également de la symbolique complète du club : couleurs rouge et blanc (#1305) et la devise latine « E Pluribus Unum » qui signifie « de plusieurs, un ! » . L’aigle fut également retenu comme l’animal totem. Aux yeux des fondateurs, il représentait l’indépendance, l’autorité et la noblesse, les valeurs que le club devait porter et souhaitait défendre. Dès le début, l’aigle fut incruster au blason, étant donné sa valeur héraldique forte.

En 1908, le Sport Lisboa fusionna avec son voisin du Sport Clube de Benfica. Sport Lisboa fournit tous ses joueurs, ses couleurs, son écusson et donc son oiseau fétiche à la nouvelle association dénommée Sport Lisboa e Benfica. Avec ses ailes déployés, son bec ouvert et la tête haute, l’aigle surmonte l’écusson du club encore aujourd’hui et montre la fierté, l’esprit d’initiative et les objectifs élevés du club lisboète.

Mais, sa présence ne s’arrêta pas à l’écusson du Benfica. Depuis l’inauguration de l’Estádio da Luz le 25 octobre 2003, un aigle survole le stade avant la présentation de l’équipe lisboète (tradition copiée depuis par la Lazio #306 et Ludogorets #263) et atterrit sur un écusson du club sans aigle, venant alors compléter le symbole du club. Cet aigle, qui se nomme Vitória (Victoire), est un pygargue à tête blanche, originaire des Amériques, et 2 autres, dénommés Glória (Gloire) et Luz (Lumière), l’accompagnent désormais.

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