#974 – CA Chacarita Juniors : Tricolor

Le tricolor. Surnom qui n’a rien d’étonnant étant donné que les joueurs du club arborent un maillot avec 3 couleurs, rouge, noir et blanc. Précisément, il s’agit d’une tunique rayée de ces 3 couleurs. Le dessinateur et écrivain argentin, Roberto Fontanarrosa, passionné de football et supporteur de Rosario Central, exprimait dans son livre référence sur le football argentin « No te vayas campeón » son amour pour le maillot de Chacarita « Qué linda es la camiseta de Chacarita. Es más, si algún día me hacen uno de esos tontos reportajes llamados “ping-pong”, cuando me pregunten por “una camiseta”, diré: “La de Chacarita”. Es la que más me gusta (…) la de Chacarita tiene, si se quiere, un toque de sofisticación, de ingenio. Y yo creo que ese toque reside en esa línea finita, blanca, que se ha colado entre las rojas y las negras, más anchas y prepotentes. Esa línea delgada y blanca aporta un trazo de distinción, brinda luz, relieve, cierto brillo. » (Qu’elle est belle la chemise de Chacarita. D’ailleurs, si un jour ils font un de ces interviews « ping-pong » à la con, quand ils me demanderont « une chemise », je dirai : « Celle de Chacarita ». C’est celle que j’aime le plus (…) Chacarita’s a, si vous voulez, une touche de sophistication, d’ingéniosité. Et je pense que cette touche réside dans cette fine ligne blanche, qui s’est glissée entre les lignes rouge et noire, plus larges et plus imposantes. Cette fine ligne blanche apporte une touche de distinction, de lumière, de relief, un certain éclat.).

La tradition raconte que ces couleurs faisaient référence à leurs origines. Le club fut fondé le jour de la fête du travail, le 1er mai 1906, par une bande d’amis, dans les bureaux de la section 17 du Parti Socialiste local. Dans ce quartier populaire, les membres étaient tous proches des idées socialistes d’où le choix du rouge. Le noir pourrait laisser penser à une autre tendance politique de gauche, l’anarchisme de la puissante Federación Obrera Regional Argentina (Fédération Ouvrière Régionale Argentine – FORA), rattachée à la Première Internationale. Mais, il est plus communément admis que le noir représenterait le cimetière qui rythme la vie du quartier de Chacarita depuis le XIXème siècle et demeure l’un des plus grands du monde (cf. #855). Enfin, le blanc signifierait la pureté qui caractérise la jeunesse, le lien avec le terme « junior » dans le nom du club.

Toutefois, initialement, le club n’évolua pas dans ces couleurs devenues traditionnelles. Tout débuta avec un maillot bleu ciel avec une bande blanche horizontale sur la poitrine. Mais, à partir de 1911, certains des joueurs désertèrent vers d’autres clubs voisins et la section football perdit de sa splendeur. En 1919, une nouvelle direction décida de donner une nouvelle impulsion avec une « refondation » . Cette renaissance serait passée par le nouveau maillot tricolore. Toutefois, aucun document ou témoignage permet de prouver les raisons de ce changement, ni de le dater. D’ailleurs, l’acte de refondation ne mentionnait ni les couleurs ni les maillots.

Avant même le maillot bleu ciel, selon l’un des fondateurs, José Manuel Lema, le premier équipement porté par l’équipe consistait en une veste blanche avec un petit bouclier en guise de poche et était un cadeau de la sœur d’un des membres, Alfredo Palacios. Le 18 avril 1907, le journal « La Argentina » publiait un article qui décrivait le maillot du club comme rouge et blanc accompagné d’un pantalon blanc. Le 2 mai 1908, le journal « El Mundo » rapportait un changement de tenue avec une chemise rayée verte et blanche ainsi qu’un short bleu marine. Le 9 août 1922, le journal « La República » mentionnait un match entre Chacarita Juniors et Vida y Acción où le club évoluait avec une tenue bleue. Finalement, le fameux tricolore serait apparu en 1924. Le 12 avril de cette année, une publication de « Última hora » annonçait que Chacarita changeait ses couleurs. Selon le journal, Chacarita Juniors s’était fourni auprès d’une entreprise européenne après que les dirigeants de l’institution décidèrent ce changement afin de se distinguer des nombreux clubs qui portaient du bleu. Ces 3 couleurs proviendraient d’un maillot porté par l’un des acteurs de la refondation, Nicodemo Perticone. Selon son fils, le tissu de ce maillot aurait été offert à la mère de Nicodemo par une autre immigrée d’origine arabe sur le bateau qui les emmenaient vers l’Argentine. Mais, le tissu étant trop coloré pour la mode de l’époque, la mère de Nicodemo aurait confectionné un maillot pour que son fils pût jouer au football. Nicolás Caputo, un autre pionner de la refondation, fut séduit par les couleurs originales du maillot de son compère et les proposa à la direction.

#939 – Club Independiente Petrolero : el Albirrojo

Les blanc et rouge. Le club de la capitale bolivienne fut fondé le 4 avril 1932 et a remporté son premier titre en 2021 (mais pas n’importe lequel puisqu’il gagna le titre de champion de Bolivie). L’histoire du club démarra dans un esprit de rebellion. Un groupe de jeune, exclu de l’équipe de football d’un autre club de la ville, San Francisco de La Recoleta, se réunirent dans la maison d’un des joueurs, Julio Cueto, et décidèrent de créer leur propre équipe. En fondant un nouveau club, le groupe devenait ainsi indépendant et dénomma son club ainsi, Independiente Sporting Club. Dans leur démarche, ils furent vivement soutenus par les prêtres franciscains Tomás Aspe et Francisco Aguinaco, ainsi que leur professeur Isidoro Arguedas. Pour choisir les couleurs, les fondateurs décidèrent de rendre hommage à l’Espagne et à ses représentants en Bolivie, les religieux, qui avaient particulièrement œuvré pour le développement du football dans le pays. Ainsi, le maillot fut rouge et jaune, comme le drapeau hispanique. En 1953, le club fut repris par Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB), l’entreprise pétrolière d’Etat bolivienne. La nouvelle direction changea le nom pour Club Independiente Petrolero. Puis, de la même manière, il fut décidé de modifier les couleurs de l’équipe. La couleur jaune fut remplacée par du gris tandis que le rouge fut maintenu. Toutefois, au bout de quelques années, une nouvelle modification des couleurs fut réalisée. Le rouge se maintint une nouvelle fois afin de garder un lien avec le club originel et ses fondateurs. En revanche, le blanc se substitua au gris, en hommage à la ville de Sucre, berceau de l’indépendance bolivienne. Le nom officiel de la capital bolivienne est La Ilustre y Heroica Sucre et son surnom est la Ciudad Blanca (la ville blanche). En effet, elle tire son surnom de son architecture. Située à 2 780 mètres d’altitude et fondée par les conquérants espagnols le 29 septembre 1538, la cité est l’une des villes à l’architecture hispanique la mieux conservée d’Amérique, avec des rues pavées, des fontaines taillées dans le granit, des églises anciennes, des maisons couvertes de tuiles en terre cuite saupoudrées de chaux et des murs blancs, caractéristiques du design colonial. Ce sont tous ces immeubles blancs qui donnèrent ce surnom.

#925 – Stade de Reims : les Rouge et Blanc

Le club phare français des années 1950 et 1960 s’équipe d’un maillot mythique rouge et blanc, similaire à celui d’Arsenal, qui égaya la coupe d’Europe bien avant l’arrivée du club londonien. Pourtant, ces couleurs ne furent pas toujours celles des rémois. Si le club fut officiellement fondé le 18 juin 1931, il puise naturellement ses racines dans les bulles de Champagne. Le philanthrope, Marie Charles Jean Melchior de Polignac, petit-fils de la Veuve Pommery, était président des caves Pommery et Greno depuis 1907. Passionné de sports et soucieux de communiquer un exutoire à ses ouvriers, qui souffraient notamment d’alcoolisme, il décida la construction d’un centre sportif, connu sous le nom de Parc Pommery. Couvrant une superficie de 22 hectares, il accueillait, à partir de 1910, dans un décor représentant les dieux du stade, des pistes de courses, de sauts, de lancer, des terrains de tennis, de hockey, de football, de base-ball, de jeu de paume, une piscine et un vélodrome. Outre cette infrastructure, la maison de champagne créa le 29 septembre 1910 la Société Sportive du Parc Pommery (SSPP). Ses membres pratiquent le football, la marche, la gymnastique, le rugby, l’athlétisme et le cyclisme. Les joueurs portaient alors un short vert et un maillot doré, rappelant les couleurs du champagne. Outil humaniste, le club se transforma au fil des années en un vecteur de communication de l’entreprise Pommery et Greno. Il bénéficiait alors du soutien financier de sa maison mère, ce qui lui permettait de recruter et de rémunérer des sportifs (via des emplois au sein de la maison de champagne), afin de dominer les championnats régionaux. A la fin des années 1920, la section football commença à enregistrer des résultats et à monter les échelons.

La direction de Pommery et Greno décida alors de préparer la structure à l’arrivée du professionnalisme en l’autonomisant des autres sections sportives du SSPP et de la maison de Champagne. D’un club corporatiste, il devint un outil de promotion de la ville de Reims et, le 18 juin 1931, la nouvelle entité prit le nom de Stade de Reims. Les tenues dorées et vertes paraissaient un peu pale sur le terrain et la direction opta pour des nouvelles, plus vives, reconnaissables, tango et noir (maillot tango avec un scapulaire noir et short noir). Renforcé par des joueurs et entraineurs étrangers et doté d’un nouveau stade, le club continua son évolution en atteignant la seconde division en 1935. Désormais, officiellement professionnel, le Stade de Reims peina à s’imposer dans l’antichambre de l’élite, terminant à l’avant dernière place lors de la saison 1936-1937. Pour donner un nouvel élan, il fut décidé d’unir ses forces avec celles de son rival local, le Sporting Club Rémois, fondé en 1904 et tout récent vainqueur du champion du Nord-Est (1938). Ce dernier aspirait aussi au professionnalisme mais ces demandes auprès de la fédération avaient été rejetées. La fédération estimait qu’une ville de 100 000 habitants comme Reims ne pouvait pas disposer de deux clubs professionnels. Pour lui aussi, la fusion apparaissait donc comme la seule solution. Créée en 1938, la nouvelle formation garda le nom du Stade de Reims mais adopta les couleurs rouge et blanche du Sporting. Malheureusement, il n’existe pas de document permettant d’expliquer pourquoi le Sporting évoluait dans ces couleurs. En tout cas, elles ne furent jamais remises en question pour le nouveau Stade de Reims.

En 2010 (avec Kappa) et en 2020 (avec Umbro), le marketing rencontra la tradition et des éditions spéciales du maillot de l’équipe redevinrent tango avec un scapulaire noir. A savoir aussi qu’il existe actuellement un club de rugby, fondé en 1904, dénommé Stade de Reims et évoluant en tango et noir. Est-ce le fruit du hasard car je n’ai pas trouvé de lien avec le club de football ?

#902 – PFK Beroe Stara Zagora : зелено, зелено-белите

Les verts, les vert et blanc. Le club s’affilie avec le premier club qui fut fondé dans la ville de Stara Zagora en 1916. Sa vie ne fut pas un long fleuve tranquille et les fusions et scissions furent multiples avant d’arriver en 1959 au club actuel. Outre le nom qui varia de nombreuses fois, les couleurs changèrent également. En 1916, le premier club réunissait deux équipes qui s’affrontaient. L’une des équipes portait un haut blanc et un short blanc, tandis que l’autre arborait une tenue intégralement noire. Parfois, pour accentuer la différence entre les deux équipes, les joueurs pouvaient placer des bandes de tissus colorées sur la poitrine ou le bras ou même des cravates. Mais l’élégance s’arrêtait là car certains se coiffaient de bonnets, non pas pour imiter les fameuses caps portés par les joueurs anglais, mais pour amortir le ballon lors de coups de tête. Entre 1951 et 1959, l’un des prédécesseurs de Beroe se nommait Udarnik et évoluait avec des maillots rouges et blancs à rayures horizontales, des shorts blancs et des chaussettes rouges. En 1960, Udarnik, devenu entre temps Botev après sa réunion avec Spartak et SKNA, fusionna une nouvelle fois avec le club du Lokomotiv de la ville pour donner naissance à Beroe, de l’ancien nom thrace de Stara Zagora. Les joueurs portaient alors un maillot blanc (avec Beroe écrit en bleu sur la poitrine), des shorts bleus et des chaussettes blanches. En 1963, la tenue vira au blanc intégral. L’année d’après le short devint rouge. En 1966, au rouge et au blanc, une troisième couleur vint se marier : le vert. En 1972, retour au blanc intégral mais les supporteurs étaient attachés au vert et les drapeaux de cette couleur flottaient dans les travées du stade. En 1973, le tricolor revint et la combinaison était alors, chemises vertes, shorts blancs et chaussettes rouges. Enfin, en 1976, fin des essais de couleurs, le club opta définitivement pour le vert et le blanc. Si le vert s’imposa finalement assez tardivement, la couleur est totalement indissociable du club aujourd’hui. Mais pourquoi le vert ?

Sans qu’il n’y ait une explication documentée, ce choix n’est pas anodin et provient certainement de la ville, dont c’est également la couleur. Le blason actuel remonte à 1979 où le vert est l’une des couleurs principales. Elle est censée représenter la vie et la mort ainsi que l’espoir et le bonheur. Elle est surtout le symbole des champs fertiles qui entourent la ville. En effet, Stara Zagora est le centre de la riche région agricole de Zagore, célèbre pour sa culture du blé mais également de diverses céréales et de raisins. Avant 1979, le vert était déjà présent dans le blason mais moins prédominant. Cette couleur est totalement attachée à la ville dont les transports en commun, le mobilier urbain, le journal de la ville s’affichent en vert. A la fin des années 2010, alors qu’un projet de réhabilitation de la gare ferroviaire de la ville était à l’étude, plusieurs associations des citoyens militèrent pour que sa façade soit peinte en verte (et non en jaune, couleur des chemins de fer bulgare NKŽI).

#898 – RC Strasbourg : les Bleu et Blanc

Dans les travées du vieux mais bouillonnant Stade de la Meinau, retentissent souvent les champs des supporteurs du Racing dont l’un d’eux est « Allez les bleu et blanc ». Mais, alors que les couleurs traditionnelles de l’Alsace comme de Strasbourg (et de nombreuses villes alsaciennes comme Mulhouse et Selestat) sont le rouge et le blanc, pourquoi ces deux couleurs ont été choisis pour le club ? En 1906, dans le quartier du Neudorf, quelques jeunes soutenus par leur instituteur fondèrent le FC Neudorf. FC signifiait Fussball Club, soit Football Club en Allemand. Car, depuis la défaite française et le traité de Francfort du 10 mai 1871, l’Alsace-Moselle (et non Lorraine car Nancy par exemple demeura française. Ainsi les départements perdues correspondaient aux actuels du Bas-Rhin, Haut-Rhin et Moselle) intégra le territoire du tout nouveau Empire Allemand. Evidemment les autorités allemandes imposèrent la germanisation de la région alors dénommée Reichsland Elsaß-Lothringen (émigration de population allemande, utilisation et apprentissage de l’Allemand à l’école, organisations juridiques, administratives et économiques basées sur le modèle allemand qui perdurent encore aujourd’hui).

1918, la France avec ses alliés sortit victorieuse de la Première Guerre mondiale face aux allemands. Après 48 ans de séparation, les « provinces perdues » retrouvèrent le chemin de la France. Les deux tiers des 150 000 Allemands vivant dans la région retraversèrent le Rhin et l’administration française appliqua une politique de francisation systématique. Renaissant de ses cendres, le FC Neudorf s’inscrivit dans cet élan francophile. En janvier 1919, une nouvelle direction fut élue, où seuls les membres possédant un titre français (et non allemand) pouvaient postuler. La décision fut prise également de changer de nom et de s’appeler RC Strasbourg-Neudorf puis peu après simplement Racing Club de Strasbourg. Retenir un terme anglais « Racing » en pleine francisation, cela pourrait paraître incongru. En réalité, les membres s’inspirèrent du nom du prestigieux Racing Club de France. C’était à la fois un club reconnu, qui avait remporté le championnat de France USFSA en 1906 (année de création du FC Neudorf), et qui en outre s’appelait France. Le symbole était donc parfait pour les strasbourgeois. Outre le nom, la direction du RC Strasbourg décida d’adopter les couleurs du RCF, ie bleu et blanc. Sachant que le bleu du RCF est plutôt ciel, celui du RCS varia dans le temps, passant d’un bleu clair au bleu roi.

Toutefois, cette histoire pourrait être fausse pour ce qui concerne les couleurs. Car certains avancent que dès la saison 1916, les joueurs du FC Neudorf portaient des maillots blancs avec une rayure horizontale bleue.

#892 – ER Belgrade : Црвено-бели 

Les rouge et blanc. En s’appelant l’Etoile Rouge, le club ne semblait pas avoir d’autre choix que d’évoluer en rouge et blanc. Mais les évidences … En 1945, à l’issue de la Seconde Guerre Mondiale, les clubs sportifs serbes d’avant-guerre avaient tous disparu et les autorités communistes profitèrent de cet état pour réorganiser le tissu sportif, avec l’objectif de diffuser son idéologie et consolider le nouveau régime. Dans ce contexte, à l’initiative du Conseil principal de l’Union unie de la jeunesse antifasciste de Serbie (USAOS), les deux grands clubs serbes émergèrent à quelques jours d’écart : l’Etoile Rouge le 4 mars, puis Partizan le 4 octobre 1945. L’article #87 raconte le choix du nom et du fameux symbole du club, l’Etoile. Pour les fondateurs, il restait également à choisir les couleurs du club. Au départ, 3 couleurs furent retenues : bleu, blanc et rouge. Ce trio avait l’avantage d’être les couleurs de la ville de Belgrade mais également celles du drapeau de la République de Serbie. Mais, pour le nouveau régime qui voulait mettre sous cloche les revendications nationalistes, cette référence au peuple qui apparaissait dominant n’était pas opportun. Les fondateurs se reportèrent alors sur les couleurs rouge et blanche du SK Jugoslavija. Club historique de Belgrade, ce dernier servit de base pour les structures de l’Etoile Rouge, sans que le nouveau club ne fusse officiellement son successeur. Pourquoi ce précédent club portait du rouge et du blanc ? Après sa création en 1913, les membres du SK Velika Srbija (le premier nom du SK Jugoslavija) cherchèrent à s’équiper mais les kits et accessoires de football ne se trouvaient pas à Belgrade à cette époque. L’un des joueurs, Furjanović, fut envoyé à Vienne (Autriche) pour obtenir l’équipement. Il revint avec des ballons, des chaussures de football et deux ensembles de maillots, l’un vert et l’autre rouge. Au début, les joueurs de l’équipe première évoluaient en vert tandis que les joueurs de réserve portaient le maillot rouge. Mais, le club adopta officiellement sa couleur rouge traditionnelle après la Première Guerre Mondiale avec le changement de nom du club en SK Yougoslavie. Le design du maillot changeait souvent, de sorte que le club jouait avec une chemise unie rouge, et parfois dans des maillots rayées ou à carreaux. En tout cas, le rouge demeura la couleur principale du maillot et du club, donnant alors le surnom crveni (rouge).

Entre 1945 et 1950, les joueurs de l’Etoile Rouge évoluait avec un maillot rouge et un short blanc. Puis, le club adopta le maillot à rayures verticales rouges et blanches. Par la suite, le maillot uni rouge revint. A noter que le bleu ne disparut pas totalement et quelques piqures de rappel eurent lieu. Parfois, les joueurs portèrent un short bleu. De 1995 à 2011, le bleu s’installa au côté du rouge et du blanc sur l’écusson du club.

#866 – Molde FK : BlåHvit

Les blanc et bleu. 4 fois champions de Norvège (2011, 2012, 2014, 2019) et 5 fois vainqueur de la Coupe (1994, 2005, 2013, 2014, 2021), Molde FK est l’un des principaux perturbateurs de l’hégémonie de Rosenborg. Ole Gunnar Solskjær joua une saison à Molde avant de rejoindre Manchester mais il exerça aussi en tant que manager à Molde, permettant aux clubs d’acquérir sa renommée (Solskjær officia entre 2011 et 2014 ainsi qu’entre 2015 et 2018). Le club fut fondé le 19 juin 1911 par un groupe de 32 personnes emmené par Klaus Daae Andersen. Lors d’une élection générale le 24 avril 1912, le nom du club fut décidé : International. Plusieurs versions tentent d’expliquer ce choix. Station balnéaire courue (l’Empereur allemand la fréquentait), de nombreux paquebots de croisières ou de commerce s’y arrêtaient. Les premiers adversaires du nouveau club était donc souvent les marins et passagers étrangers de ces navires, donnant une coloration internationale à Molde. Une autre histoire racontée par le club indique que le membre qui proposa cette idée de nom était membre du parti travailliste (ie de gauche), dont la chanson « l’International » était le cri de ralliement. Enfin, en se nommant international, cela visait, selon le dernier récit, à attirer les nombreux danois qui travaillaient dans l’usine de moteurs Gideon. En 1915, ce nom n’avait toujours pas convaincu les membres du club et finalement ces derniers le changèrent pour un plus classique Molde FK.

Dans ses premières années d’existence, la principale préoccupation du club était d’évoluer sur un terrain praticable. Par ailleurs, les finances du club étaient modestes et les maigres premiers deniers servaient avant tout à financer les déplacements et à acheter des ballons. Il n’était donc pas encore envisagé d’offrir un équipement commun à tous les joueurs. La Première Guerre mondiale ralentit le développement du club. Mais, dès la fin de la guerre, les économies du club s’améliorèrent et, en 1920, le conseil d’administration décida de doter le club d’un blason et également de commander un nouveau kit. Il était composé d’un maillot bleu avec des parements blancs. Ce choix de couleurs n’est pas documenté mais j’avance personnellement que le fait que ces couleurs soient similaires avec celles des armoiries de la ville, adoptées en 1742, n’est pas le fruit du hasard. Représentant une baleine, dans des vagues blanches, poussant un tonneau sur un fond bleu, ces armes symbolisent les principales activités économiques de la ville au Moyen-Âge : l’exportation de bois et l’exportation de hareng. Pourtant il s’agit bien d’une baleine sur les armoiries et non d’un hareng. Molde n’a jamais été un port de pêche à la baleine. Mais, selon la superstition médiévale, la baleine avait été envoyée par Dieu pour chasser le poisson vers les terres à certains moments de l’année. Ainsi, les harengs, qui ont souvent sauvés la ville de la famine et qui ont permis sa richesse, ont été poussés dans les fjords par la baleine.

#859 – Deportivo Cali : los Verdiblancos

Les vert et blanc. Les raisons du choix de ces couleurs peuvent s’appuyer sur plusieurs histoires différentes mais aux racines communes. Le site du club, dans ses pages histoires, se garde bien de prendre une position entre ces différentes versions. Le Deportivo Cali fut fondé grâce aux frères Lalinde (Nazario, Juan Pablo et Fidel). Ces derniers avaient réalisé leurs études en Angleterre où ils avaient découvert et succombé aux charmes du football. De retour en Colombie et après plusieurs pourparlers, ils établirent le Cali Football Club le 23 septembre 1912. Dans les premières années d’existence, il y eut une scission qui mena à la création de deux équipes. L’une s’appelait le Cali FC A. L’autre Cali FC B. Les raisons de la scission ne sont pas claires. Une des versions avance que Gustavo Lotero prétendait au poste de gardien de but, dont le titulaire était l’italien Eduardo Goeta. Mais, en raison de sa petite taille (1,57 mètres), il n’obtint pas le poste et décida donc de créer une autre équipe.

L’équipe A évoluait dans un maillot composé d’une bande rouge et une autre blanche dans toutes les versions (copiée sur Arsenal d’après certaines sources, ce qui peut-être probable car les frères Lalinde auraient étudié à Londres). En revanche, les couleurs de l’équipe B varient selon les histoires. Pour l’une, le maillot était vert et blanc (les couleurs auraient été inspirés par celles de l’Irlande du Nord). Tandis que pour les autres, il était rouge et vert, accompagné d’un short blanc et de chaussettes noires. Les deux versions se rejoignent sur le fait qu’il était prévu une opposition entre les deux équipes afin de determiner laquelle représenterait la ville et le département dans les compétitions régionales. Le match eut lieu avec une victoire 3 buts à 1. Dans l’une des histoires, l’équipe B aurait été le vainqueur et ses couleurs vertes et blanches s’imposèrent. Toutefois, elles demeurent minoritaires et une grande majorité des sources reconnaissent plutôt une victoire de l’équipe A. A la fin des années 1930 et au début des années 1940, les deux équipes semblent disparaître et deux autres apparurent, Aire y Sol et Pingüinos. En 1945, elles fusionnèrent et donnèrent naissance au Deportivo Cali dont le maillot était vert et le short blanc.

#856 – Ferencvárosi TC : Zöld-Fehérek

Les vert et blanc. Dans le quartier de Ferencváros, à la fin du XIXème siècle, le football captivait les jeunes et notamment les enfants de la rue Mester, connus sous le nom de Tizenegyek bandája (la bande des onze). L’un d’eux, Kornél Gabrovitz, avait été impressionné par un jeune club de football, le Slavia, lors d’un séjour à Prague. Revenu à Budapest, il convainquit Weisz, qui était à l’époque gardien de but réserviste au sein du club BTC. de fonder un nouveau club. Ils reçurent le soutien financier de József Gráf, boulanger, et surtout Dr Ferenc Springer, avocat. Le 15 avril 1899, les jeunes du quartier élurent un conseil d’administration et l’assemblée fondatrice se tint le 3 mai. Entre-temps, deux des membres, István Weisz et Keönch Boldizsár, rédigèrent les statuts de l’association naissante. Ils choisirent le nom du club, Ferencvárosi Torna Club (FTC) ainsi que sa devise, Erkölcs, Erő, Egyetértés (Vertu, Force, Consensus).

Les fondateurs pensaient initialement choisir les couleurs de la nouvelle association parmi les couleurs du drapeau national (Vert, Blanc, Rouge). Deux éléments poussèrent à retenir le blanc et le vert. D’une part, l’un des autres clubs de la capitale, BTC, dans lequel avait donc évolué István Weisz et qui était le plus populaire à l’époque, jouait déjà en rouge et blanc. D’autre part, le quartier de Ferencváros avait des armoiries de couleurs blanches et vertes. Le drapeau du quartier était composé de bandes vertes et blanches, qui se retrouvèrent à la fois sur le maillot du club comme dans son blason.

Pour l’anecdote sur l’importance du club dans le paysage hongrois, durant l’époque où les armées soviétiques occupaient la Hongrie, il se disait que les couleurs du drapeau magyar étaient celles de Ferencváros, auquel le rouge des communistes fut imposé.

#832 – Platense FC : los Tiburones Blancos

Les requins blancs. Nichée entre deux océans, la facade maritime du Honduras se concentre à l’Est, du côté de l’Océan Atlantique et de sa Mer des Caraïbes. Le Honduras possède d’immenses ressources marines avec un espace maritime quatre fois plus grand que son territoire, où cohabitent différentes sortes d’habitats (mangroves, zones peu profondes, récifs coralliens, canyons jusqu’à six mille pieds de profondeur) et où résident un haut niveau de biodiversité. Le Honduras est pays essentiel à l’équilibre des écosystèmes marins et au corridor biologique mésoaméricain. Parmi sa faune, le requin est y très présent, avec une grande variété d’espèces (requin marteau, requin taureau, requin nourrice, requin baleine, requin dormeur, requin tigre et requin griset). Le requin blanc baigne aussi dans ses eaux. Face à la pêche intensive du requin (d’un côté pour commercialiser son aileron qui est un met de luxe en Asie et de l’autre, comme plat ancien de certaines populations autochtones), en 2011, le président Porfirio Lobo décida d’interdire la pêche, la commercialisation et l’exportation des requins et de créer le Santuario de Tiburones (Sanctuaire de requins). Cet espace qui couvre la totalité de son territoire marin (du Pacifique à la Mer des Caraïbes), soit au total près de 240 000 km2 est consacré à la préservation de squales en tout genre.

Sur sa côté Est, au Nord du pays, la cité de Puerto Cortés représente le principal port du Honduras. Puerto Cortés présente l’avantage d’être situé dans une baie naturelle (Bahia de Cortez) en eau profonde bien protégée où la variation des marées est non-significative. Le port connut un fort développement avec l’industrie bananière, dont le Honduras figurait parmi les plus grands exportateurs au monde dans les années 1950 et 1960. Puis, le manque d’investissement réduisit son intérêt jusqu’au milieu des années 2010. Le gouvernement du président Hernández lança un vaste programme d’investissement dans des infrastructures (autoroute, aéroport, port) pour faire du Honduras un nœud vital de la logistique américaine et Puerto Cortés représentait le cœur du projet. Toute d’abord, en 2013, l’exploitation du port a été concédée pour 30 ans. Puis, en 2014, les infrastructures portuaires furent modernisées afin d’augmenter les capacités d’accueil (construction de quais et de terminaux dédiés au vrac solide et liquide tels que les granulats de pierre, les minéraux et le charbon, allongement du quai existant, construction de surface de stockage …). Ces améliorations permirent de diminuer le temps d’attente des vraquiers, passant de 7 jours en 2013 à 2,2 jours en 2021, et le temps de déchargement des produits au port, de 5 jours en 2013 à 2,7 jours en moyenne en 2021. Aujourd’hui, avec ses installations les plus modernes d’Amérique centrale, le port est le premier de l’Atlantique dans la région d’Amérique centrale et une référence dans les Caraïbes. Il a également stimulé les exportations et l’économie du pays ainsi que la vie des habitants de la ville, en concentrant 65% de l’emploi.

Ville tournée vers la mer, avec l’un de ses plus emblématiques ambassadeurs, le requin, qui y réside, le club de football fondé en 1960 prit l’animal pour mascotte, l’intégra dans son blason et fut surnommé ainsi. La mention de la couleur blanche se rapporte plus à la couleur du maillot qu’à l’espèce de squale.