#956 – Bologne FC : Rossoblù

Les rouge et bleu. En Italie, prendre ses couleurs comme surnom est une tradition commune. Club plus que centenaire, Bologne ne pouvait échapper à cette pratique. Dans la brasserie Ronzani située dans l’ancienne rue Via Spaderie, un groupe de jeunes étudiants créèrent la section per le esercitazioni di sport in campo aperto (pour la pratique du sport en plein air) du Circolo Turistico Bolognese en 1909. Un an plus tôt, un autrichien prénommé Emilio Arnstein, qui venait d’arriver à Bologne, recherchait des amateurs pour pratiquer sa passion du football. Il rejoignit un groupe d’étudiants qui jouait dans la parc Prati di Caprara. Parmi eux, on retrouvait les frères Gradi, Martelli, Puntoni, Nanni, le suisse Rauch ainsi que des étudiants du Collège d’Espagne, Rivas et Antonio Bernabéu (ni plus ni moins que le frère du futur célèbre président du Real Madrid, Santiago Bernabéu). Lors de cette réunion dans la brasserie, Louis Rauch, dentiste de profession, fut nommé premier président du club. Le premier vice-président était Arrigo Gradi, qui était l’un des meilleurs joueurs sur le terrain. Or, quand il jouait dans le parc Prati di Caprara, il portait un maillot composé de 2 quartiers bleus et 2 rouges, couleurs d’un collège suisse qui se serait nommé Schönberg à Rossbach et où il étudia. J’utilise le conditionnel car s’il existe bien des communes de ce nom dans le monde, aucune ne se situe en Suisse. Le choix fut donc fait de retenir ces couleurs comme celles de l’équipe.

Si ces couleurs provenaient donc d’un collège suisse, elles présentaient aussi l’avantage d’être celles du blason de la ville. Le premier symbole de la ville qui compose son écusson est la croix rouge sur fond blanc. Cette croix fut documentée pour la première fois en 1259 et apparut en couleur en 1311. Les origines, comme souvent, sont confuses et plusieurs versions s’affrontent. Une prétend que cette croix est la bannière des croisées derrière laquelle les chevaliers de Bologne s’étaient ralliées et avaient par la suite adressée à la ville. Une autre rapporte que la croix rouge sur fond blanc était le symbole de la Ligue Lombarde, une alliance militaire de certaines villes du nord de l’Italie du XIIème siècle, qui combattit le Saint Empire Romain Germanique. L’autre composante du blason de Bologne est un oriflamme bleu sur lequel est écrit Libertas en couleur or. Ce serait un don de Florence lors d’une autre alliance militaire face aux Etats Pontificaux. Les deux éléments ont été réunis au XVème siècle.

Une entorse importante mais historique fut faîte aux couleurs traditionnelles de l’équipe bolognaise. En 1925, lorsque l’équipe remporta son premier scudetto, l’entraineur de l’époque, Enrico Sabattini, décida pour les derniers matchs de faire porter un uniforme vert à parement noir, à l’image de celui du Rapid de Vienne. Dans les années 1920 et 1930, le Rapid était considéré comme l’une des meilleures équipes du continent, à l’époque où l’Autriche était parmi les nations dominantes du football européen. Si Bologne revint par la suite aux couleurs traditionnelles, le vert réapparut à différentes époques, en maillot alternatif.

#700 – Bologne FC : i Veltri

Les vautres. Les joueurs de Bologne ne sont pas vautrés sur le terrain, bien au contraire quand vous lirez les lignes suivantes. Vautre est un terme provenant de l’italien veltro, lui même dérivé du latin tardif vertragus (qui a certainement des origines celtes) et désigne un chien de chasse dressé et rapide comme un lévrier. Depuis le début du XXème siècle, le mot apparaît suranné mais il fut immortalisé par le plus grand poète italien, Dante, dans son oeuvre magistrale, « La Divine Comédie » . Ainsi, dès les premiers vers de « l’Enfer » , Dante indique qu’un vautre, qui symbolise la rédemption, le renouveau, devrait dévorer la louve, représentant la cupidité.

Pour Bologne, l’origine du surnom ne provient pas de Dante mais se réfère aux qualités considérées de ce chien racé (vitesse et élégance). Les versions diffèrent sur l’époque à laquelle ce surnom naquit. Pour certain, il serait venu avec la naissance du club en 1909. Les premiers spectateurs furent fascinés par les joueurs du club qui pratiquait un sport fait de mouvement et de technique, proche des qualités des veltri.

D’autres pensent que son origine proviendrait de la période dorée vécue par le club dans les années de l’entre-deux guerre pendant laquelle Bologne remporta 5 titres de champion d’Italie (1924-1925, 1928-1929, 1935-1936, 1936-1937, 1938-1939) et 2 Coupes d’Europe Centrale (1932 et 1934). Le journaliste Bruno Roghi, dans « La Gazzetta dello Sport » du 12 juillet 1929 décrivit ainsi le style de jeu du club « Il Bologna era il successore legittimo del gioco da fighter del Genoa appunto in virtù della fluidità, della esattezza e della eleganza tecnica del suo football più accademico che vigoroso. » (Bologne était le successeur légitime du jeu combattif de Gênes [NDLR : Gênes au début des années 1920 était une place forte, l’équipe la plus célèbre et la plus titrée d’Italie avec Pro Vercelli. Bologne et Gênes s’affrontèrent alors plusieurs fois en finale du championnat] précisément en vertu de la fluidité, de la précision et de l’élégance technique de son football plus académique que vigoureux). Les qualités du style de jeu de Bologne lui firent attribuées le terme de veltri à l’équipe.

Laquelle des deux versions est la bonne ? Impossible à savoir. Le fait que le terme veltri tombait en désuétude au début du XXème siècle ferait pencher la balance pour la première version. Mais, le football ne surgit pas à Bologne avec la création du club. Même si la section football du Virtus ne s’émancipa qu’en 1910, la Virtus organisa dès exhibitions de football dès le 9 mai 1891. Par ailleurs, de nombreux clubs existaient déjà en Italie avant 1909 et dès 1899, le championnat d’Italie existait.