#56 – Botafogo FR : Estrela Solitária

Vous ne pouvez pas manquer l’Estrela Solitária (l’étoile solitaire) si vous supportez ou regardez Botafogo. L’Etoile blanche sur fond noir apparaît sur le blason du club et sur l’ensemble des symboles du club. C’est donc logiquement son surnom. Evidemment, pour trouver son origine, il faut lever les yeux vers le ciel.

Le 1er juillet 1894 un club d’aviron fut fondé sous le nom de Club de Regatas Botafogo. Puis, le 12 août 1904, un club de football vit le jour dans le même quartier sous le nom de Botafogo Football Club. Les deux clubs se réunissent le 8 décembre 1942. Le Club de Regatas Botafogo n’avait officiellement de blason mais l’étoile était son symbole depuis les débuts. Pour le nouveau club, l’étoile fut conservée.

Pourquoi, les rameurs décidèrent d’opter pour ce symbole. Le jour de la fondation du club, les créateurs auraient aperçu l’étoile du matin, la première étoile à apparaître dans le ciel. Pour d’autres, les rameurs qui venaient s’entrainer dans la baie de Botafogo admiraient souvent l’étoile du matin briller. De toute manière, quelque soit les personnes qui l’ont aperçu, l’étoile du matin n’en est pas une et est en fait la planète Vénus … connue sous le nom Estrela d’Alva (Etoile de l’Aube). En France, on parle plutôt de l’Etoile du Berger. En outre, elle apparaît parfois le matin et d’autre fois le soir, en fonction de sa position par rapport au Soleil et la Terre. Etant plus proche du Soleil avec une orbite plus courte que celle de la Terre, Vénus se trouve avant ou après la Terre, ce qui fait qu’elle est visible soit le matin, soit le soir. Vénus dépasse la terre tous les 584 jours, passant allant du matin au soir ou vice-versa. À l’œil nu, Vénus est le troisième objet naturel le plus brillant du ciel (après le Soleil et la Lune).

#25 – São Paulo FC : Tricolor

Comme pour beaucoup d’équipe, ce surnom, les tricolores, provient des couleurs du club : blanc, rouge et noir. Le 25 Janvier 1930, le club fut fondé par la fusion de l’AA de Palmeiras et du CA Paulistano. En mémoire de ces deux clubs, les couleurs du club furent choisi en unifiant les couleurs de ces derniers : le maillot blanc à ceinture rouge du CA Paulistano et le maillot blanc avec une rayure noire de l’AA de Palmeiras. Ceci symbolisait l’union des deux équipes en une plus grande. Mais, cela tombait bien aussi car ces trois couleurs sont celles de l’Etat de São Paolo.

A la fin de l’Empire du Brésil (1825-1889), plusieurs républicains essayaient d’imposer, de promouvoir la création de nouveaux symboles (dont les drapeaux des Etats) qui soutiendrait l’affaiblissement de la monarchie et l’avènement de la république. Dans ce contexte, l’écrivain et journaliste républicain Júlio Ribeiro, fondateur et rédacteur en chef du journal « O Rebate », publia dans sa première édition du 16 juillet 1888, une série de critiques de la bannière impériale et proposa un nouveau drapeau républicain pour l’Etat de São Paolo. Son projet ressemblait au drapeau de la démocratie voisine des Etats-Unis. Des bandes noires et blanches avec un carré rouge dans son angle en haut à gauche dans lequel se trouvait quatre étoiles et le dessin de l’Etat. Les 3 couleurs principales avaient une symbolique particulière, alors que l’esclavage vennait d’être aboli en 1888. Il décrivit ainsi dans son journal que son projet « simboliza de modo perfeito a gênese do povo brasileiro, as três raças de que ela se compõe – branca, preta e vermelha. » (symbolise parfaitement la genèse du peuple brésilien, les trois races dont il est composé – blanche [les Européens], noire [les Africains] et rouge [les Amérindiens]).

Deux autres surnoms : Tricolor Paulista (tricolor pauliste, gentilé des habitants de São Paolo) et Tricolor do Morumbi (le Morumbi étant le nom du stade où évolue le club).

#24 – Atlético Mineiro : Galo

Le coq. Il s’agit du symbole du club puisque c’est à la fois son surnom et sa mascotte. Il fut choisi par Fernando Pierucetti (mieux connu sous le pseudonyme de Mangabeira). Álvares da Silva, secrétaire du quotidien Folha de Minas, qui délivrait l’une des pages sportives les plus importantes et dynamiques de la presse du Minas Gerais à cette époque, décida d’imiter son confrère de Rio de Janeiro, Jornal dos Sports, qui avait décidé quelques années auparavant de personnaliser les équipes cariocas au travers de personnages de bande dessiné. Flamengo était Popeye, Fluminense était Pó-de-arroz, Vasco était Almirante, Botafogo était Donald Duck et America était le Diable. Álvares da Silva confia à Fernando Pierucetti, professeur de dessin et illustrateur du supplément littéraire et de la page pour enfants du journal, la réalisation de ces mascottes qui devaient puiser leur source dans l’univers des fables d’Ésope et de La Fontaine, mais en utilisant des animaux de la faune brésilienne. Pierucetti dessina alors la mascotte des 3 grands clubs de la ville : Atlético, Cruzeiro et América.

L’inspiration pour trouver les animaux représentatifs des clubs vint d’éléments qui faisaient déjà partie de l’imagerie populaire. L’Atlético avait une réputation de « bon combattant », de ne jamais abandonner comme un coq de combat et son uniforme noir et blanc ressemblait à un coq de la race carijó. L’Atlético apparut donc sous les traits de Mangabeira en un coq de combat, au bec crochu et toujours prêt à déchirer la chair de son adversaire. L’animal s’ancra rapidement dans l’esprit des supporteurs. On raconte que Zé do Monte, l’idole de l’Atlético dans les années 1940 et 1950, entrait sur le terrain avec un coq sous le bras. D’autres surnoms en sont dérivés : Galo das Américas (coq des Amériques), Galo Doido (coq fou).

#23 – Grêmio Porto Alegre : Tricolor

Il est assez simple de comprendre que le surnom Tricolor qui signifie tricolore est associé aux 3 couleurs du club, bleu, blanc et noir. Mais, le choix de ces couleurs ne se fit pas sans heurts et difficultés. Le 22 septembre 1903, soit 7 jours après la création officiel du club, une réunion se tint avec les 32 fondateurs. Joaquim Ribeiro proposa de retenir les couleurs Havane (presque orange), bleu (ainsi que le short noir et une cravate blanche), à priori en l’honneur du club anglais d’Exeter. Toutefois, cette version paraît étonnante car Exeter n’a jamais joué dans ces couleurs havane et bleu (selon l’excellent site http://www.historicalkits.co.uk). Cândido Dias, qui était l’initiateur de la création du club, voulait du rouge, du noir et du blanc (comme il était de São Paulo, Cândido Dias voulait voir les couleurs de son état dans ce nouveau club). Toutefois, la proposition de Joaquim Ribeiro fut adoptée, le rouge échouant pour 3 voix. Mais, le club se rendit compte que la couleur Havane était difficile à se procurer et décida finalement de le supprimer du maillot, se limitant au bleu, noir et blanc.

De ce surnom en est tiré un autre : Tricolor dos pampas (les tricolores de la pampa). La ville de Porto Alegre est situé dans la région du Rio Grande do Sul, constitué d’une vaste Pampa.

#7 – CR do Flamengo : Urubu

Les vautours. Là encore, l’animal, mascotte du club, a naturellement donné son surnom au club. Néanmoins, pour Flamengo, ce surnom n’était pas au départ admis par les supporteurs du club. Dans les années 1960 , les fans rivaux commencèrent à appeler les supporteurs de Flamengo, les « vautours ». Il s’agissait d’une allusion raciste à la grande masse des fans du club, descendants des africains et provenant plutôt des classes populaires. Evidemment, le surnom était offensant et donc pour les fans de Flamengo, il s’agissait d’une insulte … jusqu’au 31 mai 1969.

Ce jour-là, Flamengo affrontait son rival de Botafogo qu’il n’avait plus vaincu depuis 4 ans. Pendant la semaine qui précédait la rencontre, les fans de Botafogo s’en donnèrent à cœur joie en traitant les supporteurs de Flamengo d’Urubu. Quatre amis âgés de 18 à 20 ans (Victor Ellery, Romilson Meirelles, Luiz Octávio Vaz et Erick Soledade), habitants de Leme, dans la zone sud de Rio, étaient déterminés à se venger, en captivant un vautour et en relâchant le jour du match. Dimanche après-midi, jour du match, les fans de Botafogo reprirent leur insulte et scandèrent que Flamengo était une équipe de « vautours ». Dans un Maracanã bondé, les 4 amis accrochèrent un drapeau du Flamengo au pattes de l’animal et le laissèrent alors prendre son envol. Fatigué, le vautour fit un petit tour au-dessus des travées, mais suffisant pour surprendre les supporters de Botafogo. Du côté de Flamengo, les tribunes vibraient en criant « É urubu, é urubu! » (C’est le vautour, c’est le vautour !). Flamengo gagna le match 2-1. Le lendemain du match, le quotidien « Globo » titrait « Urubu pousa na sorte do Botafogo » (Le vautour se pose sur la chance de Botafogo). Le journaliste Nelson Rodrigues raconta l’épisode de l’oiseau dans sa chronique et, dans le journal « Jornal dos Sports », le caricaturiste Henfil dessina, sous des traits vivants, l’animal en symbole du club. Malheureusement, le vautour fut abandonné à son sort et retrouvé sans vie le lendemain du match. Deux jours après son apparition acclamée, O Globo rapporta « Urubu que a torcida elegeu não teve sorte: morreu de fome. […] Quem realmente ficou triste foram os serventes do Maracanã, que ontem faziam a limpeza do estádio. Quase todos são torcedores do Flamengo, e gostariam que o novo símbolo da torcida ficasse vivo, para ser solto em triunfo diante da sede da Gávea, se o clube for campeão » (Le vautour choisi par les supporters n’a pas eu de chance : il est mort de faim. […] Ce sont les ouvriers du Maracanã qui nettoyaient le stade hier qui étaient vraiment tristes. Presque tous sont des supporters de Flamengo, et ils aurait aimé que le nouveau symbole des supporters reste en vie, pour être libéré en triomphe devant le siège de Gávea si le club remporte le championnat). Toutefois, la tradition fut perpétuée au match suivant puisqu’un nouveau vautour fut relâché lors du match face à Vasco.

Jusqu’à cette date, le célèbre marin Popeye était la mascotte du club. Créée en 1942 par le dessinateur Lorenzo Molas pour le « Jornal dos Sports », qui avait dessiné un personnage pour représenter chaque club participant au championnat Carioca, Popeye rappelait le sport qui donna naissance au club, l’aviron. En outre, pour Molas, Popeye représentait la bravoure et la capacité de Flamengo à renverser des situations presque impossibles. Alors que Popeye tirait sa force des épinards, celle de Flamengo provenait de ses supporters. Suite au vol du vautour, l’oiseau fut consacré comme mascotte du club, prenant la place de Popeye, et le surnom fut accepté par les fans.