#1362 – SFK Etar Veliko Tarnovo : Болярите

Les boyards. Je vous rassure tout de suite, le célèbre fort de Charente-Maritime n’a pas déménagé en Bulgarie et ne fait qu’entamer une cure de jouvence (travaux de restauration et de protection qui dureront de 2025 à 2028). Les boyards du club de Veliko Tarnovo font ici référence à un titre héréditaire médiéval, porté par la plus haute strate de l’aristocratie féodale des Balkans entre le Xème et le XVIIème siècle.

Etar, du nom slave de la rivière Yantra qui serpente près de Veliko Tarnovo et qui signifie « eau vive », connut une histoire mouvementée, à l’image de nombreux clubs d’un ancien pays communiste. Tout débuta le 24 avril 1924, suite à l’unification de 4 clubs de Veliko Tarnovo (Slava, Phoeni, Victoria et Bulgaria). Le club ressuscita 12 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale puis réalisa quelques coups d’éclat en Coupe et au sein de l’élite. En 2002, le club disparut mais renaquit un an après sous le nom de Etar 1924. Nouvelle faillite en 2012 et nouvelle renaissance en 2013 sous le nom actuel. Mais, si l’histoire fut accidentée ces dernières années, la tradition de porter un maillot violet perdura, et le surnom avec.

En effet, la couleur violette a longtemps était difficile à produire car rare à l’état naturel. Durant l’antiquité et des siècles encore après, la teinture pourpre était vendue principalement dans la cité de Tyr (aujourd’hui au Liban) et produite à partir d’un escargot de mer, le murex épineux, qui était extrêmement rare et qui produisait peu de mucus. Les tissus de cette couleur étaient donc chers et plutôt réserver à la noblesse. Et les boyards comme tout riche aristocrate européen appréciaient ces tissus pourpres. D’ailleurs, lors de fouille dans l’Eglise des Saints-Quarante-Martyrs à Veliko Tarnovo, qui abrite les sépultures de dignitaires bulgares, des vêtements violets furent découverts.

En Bulgarie, les boyards furent des aristocrates, au départ de simples chefs militaires qui acquirent un pouvoir et des richesses importants. Les boyards bénéficiaient de nombreux privilèges et occupaient les plus hautes fonctions administratives et militaires. D’ailleurs, sous les Premier (681–1018) et Second Empires (1185–1396) bulgares, le souverain bulgare était conseillé par un cercle restreint de boyards. De manière générale, ils concentrèrent un grand pouvoir entre leurs mains, ce qui conduisit à de fréquentes conspirations contre le souverain ou à la sécession de régions entières de l’État. Le titre de boyard fut aboli et les privilèges supprimés après la conquête de la Bulgarie par l’Empire ottoman.

#1344 – OFC Pirin Blagoevgrad : Орлетата

Les aigles. Le précédent article traitait déjà d’un club dont le surnom est les aigles mais qui dérive directement des armoiries de la ville. Pour ce club bulgare, il faut plutôt chercher dans son environnement. Grâce à son centre de formation, Pirin est connu comme le nid de nombreux talents du football bulgare, sans conteste le plus renommé étant Dimitar Berbatov. Fondé en 1922 sous le nom d’Ilinden, le club connut une histoire compliquée, fusionna avec plusieurs autres formations avant de prendre son nom actuel en 1970. Et c’est à partir de cette date qu’il commença à s’établir dans les divisions supérieures du football bulgare.

Résidant dans la ville de Blagoevgrad, le club prit le nom du massif montagneux qui la borde, le Pirin. Ce dernier, délimité par les vallées des rivières Struma et Mesta, donna son nom à la région sud-ouest de la Bulgarie, la Macédoine du Pirin, qui correspond à l’actuel oblast de Blagoevgrad. Tirant probablement son nom de la divinité slave Pérun, le Pirin est dominé par le pic Vihren, culminant à 2 914 mètres, deuxième plus haut sommet du pays. Mais, un autre pic, situé dans la partie centrale et dénommé, Orelyak, donne une première réponse à la question des origines du surnom. Culminant à 2 098,6 mètres, il s’agit d’un magnifique pic de marbre qui, vu du nord, ressemble à un aigle aux ailes légèrement déployées. Et dans cette chaîne montagneuse, la présence de l’aigle ne se résume pas à cette forme. Une grande diversité d’espèces animales habitent dans le Pirin. On en recense plus de 2 000 invertébrés (araignées , mille-pattes, insectes …) et près de 250 vertébrés dont 45 mammifères et 177 espèces d’oiseaux. Parmi ces derniers, 3 types d’aigle (l’aigle tacheté, l’aigle botté et l’impressionnant aigle royal) cohabitent au sommet de ce massif rocheux. Ainsi, l’écusson du club présente depuis de nombreuses années la chaîne de montagne surmonté par un aigle.

#1330 – Maccabi Jaffa : הבולגרים

Les bulgares. Durant la Seconde Guerre mondial, bien qu’ils ne fussent pas déportés vers les camps de la mort, les Juifs de Bulgarie furent sévèrement persécutés et au lendemain de la victoire, le régime communiste ne leur laissa guère d’espoir. Le Premier ministre, Georgi Dimitrov, dénonça l’Holocauste mais il exhorta les Juifs à s’assimiler. En 1947, les organisations sionistes furent ainsi démantelées, tandis que les écoles juives furent contraintes de remplacer l’hébreu par le bulgare et de retirer les portraits d’Herzl (le fondateur du sionisme) et les cartes d’Israël. Car, si avant la guerre, les Juifs étaient bien établis dans la société bulgare, le mouvement sioniste émergea parmi eux immédiatement après le premier congrès sioniste de Bâle (1897), avec la création des premières associations Maccabi. Son développement fut rapide dans tout le pays et en 1926, le Maccabi Bulgarie comptait 2 100 membres répartis dans 21 branches. Par ailleurs, plusieurs organisations dont une banque furent créées dans les années 1930 pour faciliter l’Alya.

Dans ce contexte, l’émmigration vers la Palestine au lendemain de la guerre fut naturelle pour les Juifs bulgare. Dans les 2 ans qui suivirent la création d’Israël en 1948, 45 000 des 50 000 Juifs de Bulgarie quittèrent volontairement la Bulgarie pour rejoindre le nouvel État et s’installèrent principalement à Jaffa, qui leur rappelaient certainement leur ville natale de Sofia (la moitié des Juifs bulgares résidaient à Sofia). A Jaffa, le bulgare devint la langue des rues et des enseignes. Des restaurants servant des spécialités bulgares et des cafés ouvrirent leurs portes. Une université bulgare fonctionna dans les années 1950 et 1960. Le quartier autour du boulevard de Jérusalem fut surnommé la « Petite Sofia ». Ce regroupement favorisa l’entraide et la création d’associations culturelles et sportives bulgares, dont l’objectif était de donner un cadre qui faciliterait leur acclimatation dans le pays.

Ainsi, en 1948, les vétérans du Maccabi Bulgarie, dont Albert Chiuso, qui avait été président son président jusqu’à son immigration en Israël en 1943, ainsi que d’anciens athlètes du Maccabi Sofia, Avigdor Perciado, Moshe Almozelino et Moshe Miranda, fondèrent le Maccabi Jaffa presque immédiatement après leur arrivée. Dans ce petit quartier de Jaffa où se déroulait toute la vie de la communauté bulgare, tout le monde se connaissait et les liens étaient forts. Résultat, les supporters, membres de la communauté bulgare, s’identifièrent complètement à cette équipe, dont la plupart des joueurs étaient bulgares et vivaient à Jaffa (dans la première équipe de football du club, 9 des onze joueurs étaient bulgares). Même si la base de ses joueurs et supporteurs s’ouvrit au fil des années, l’attachement du club avec la communauté bulgare de Jaffa demeura forte. En mai 1953, le Maccabi Jaffa célébra son cinquième anniversaire et en même temps le jubilé du Maccabi Bulgarie tout comme en 1959 avec respectivement le dixième anniversaire et les 60 ans et où des milliers de personnes, vêtues d’uniformes du Maccabi Bulgarie, défilèrent dans un cortège mené par Aharon Manoah, l’un des fondateurs du Maccabi Bulgarie.

#1297 – PFK Neftochimic Bourgas : Шейховете

Les cheiks. Un club bulgare aurait été racheté par un fonds du Qatar, de l’Arabie Saoudite ou des EAU ? Non. Le football bulgare semble avoir échappé à ce phénomène, même pour faire des clubs bulgares des satellites d’un club d’un des grands championnats. Ce club de la ville de Bourgas a connu plusieurs vie mais a toujours conservé son surnom qui fait référence aux origines de ces fondateurs et à l’économie locale.

Le club originel fut créé en 1962 à l’initiative d’un groupe d’ouvriers qui travaillaient à la construction de la raffinerie de pétrole. L’équipe fut initialement dénommée Stroitel. En 1964, lorsque la raffinerie fut finalement baptisée sous le nom de Neftochimic, l’équipe suivit le mouvement en se renommant Neftochimic et regroupait des ouvriers de la raffinerie, qui s’entraînaient après leurs journées de travail. Il réussit à atteindre la seconde division nationale en 1965. Mais, 4 ans plus tard, le parti communiste eut la volonté de réunir les meilleurs joueurs de football de Bourgas sous la bannière d’un unique club, celui de Chernomorets, avec la conséquence de faire disparaître tous les autres, dont Neftochim. En réalité, il ne fut pas totalement dissout mais se concentra uniquement à des championnats locaux corporatistes. En revanche, sa force fut de conserver son sublime stade de plus de 10 000 places (Stade Neftochim renommée depuis Lazur), sur lequel d’autres clubs lorgnaient. Finalement, en 1981, le club des cheminots du Lokomotiv Bourgas, qui évoluait en 2nde division et cherchait un terrain, fusionna avec Neftochimic. Cette opération ramena Neftochimic dans le football professionnel et la nouvelle équipe, enregistrée en 1986, prit le nom de DSF Neftochimic. En 1990, avec un soutien financier plus fort de la raffinerie, le club commença une période dorée qui dura 14 ans et le club fut même renommée, Naftex, du nom de la compagnie pétrolière qui en devint l’actionnaire majoritaire. Tout s’arrêta en 2004 avec le départ du président qui fut à l’origine de ces succès. Après quelques péripéties, le club disparut 10 ans plus tard. En 2015, une nouvelle association naquit des cendres de Naftex, avec le nom de Neftochimic.

Et malgré ces épisodes périlleux, les différents clubs conservèrent le lien avec l’industrie pétrolière et donc avec le surnom de « cheik ». Car les grandes réserves de pétrole se sont longtemps situées dans les pays de la péninsule arabe et, suite à l’independence de ces pays, l’aristocratie locale, représentée par les cheiks, mit la main sur l’or noir et s’enrichit de manière incroyable. Dans l’imaginaire collectif, les cheiks devinrent la représentation humaine du pétrole.

Situé à 15 km de la ville, le complexe industriel de Bourgas débuta son exploitation en 1964 et comprenait donc une raffinerie mais son activité s’étendait à toute la pétrochimie (usine de production d’éthylène, de différents polymères, de polystyrène, de butane, de soufre gazeux …). En 1969, la construction du pipeline entre Bourgas et Sofia démarra. Le site fut privatisé le 12 octobre 1999 au profit du groupe russe Lukoil. Aujourd’hui, le complexe demeure l’un des plus grandes sites de raffinage de pétrole de la péninsule balkanique (en 2020, la capacité de la raffinerie était de 7 millions de tonnes) et produit aussi des produits pétrochimiques, avec près de 1 400 collaborateurs. Il constitue l’une des entreprises privées qui contribue le plus au PIB de la Bulgarie.

#1267 – PFC Botev Plovdiv : Канарите, Канарчетата

Les canaris. Evoluant avec un maillot jaune, le Botev a rejoint la longue liste des clubs de football portant du jaune et surnommé les canaris. Les canaris d’élevage qui sont les plus communs arborent habituellement des plumes jaunes, avec les extrémités blanches, donnant le nom à la couleur « jaune canari » . Cette ressemblance s’est exprimée dans tous les pays du monde dont les français du FC Nantes (#208), les turcs de Fenerbahçe (#373), les anglais de Norwich (#51), les belges de Saint-Trond VV (#473), les norvégiens de Lillestrøm SK (#699), les algériens du JS Kabylie (#323), les mexicains du CA Morelia (#462), les colombiens du CA Bucaramanga (#962) et les finlandais de KuPS (#365). Pour Plovdiv, ce surnom a déteint sur le nom du magazine du club (Канарче).

Le 11 mars 1912, les élèves du Collège de Saint Augustin et ceux du Premier Lycée d’Hommes à Plovdiv unirent leurs ressources pour fonder le club du Botev. Toutefois, l’époque était troublée par les guerres balkaniques (ainsi que la première guerre mondiale) et ceci perturba les premières années d’existence du club, qui fut parfois au bord de la disparition. Finalement, les membres décidèrent de renforcer le club et rédigèrent les premiers statuts le 22 Août 1917. Ils adoptèrent également les couleurs du club : le jaune et le noir. Le jaune reprenait la couleur du Collège catholique de Saint-Augustin, dont venait une partie des fondateurs. Elle symbolisait aussi « златните жита на Тракия » (les grains d’or de Thrace), ce qui signifiait les grands champs de céréales cultivés en Thrace. Plovdiv est située dans la région historique de la Thrace. L’autre couleur, le noir, était celle de l’orthodoxie, religion du Premier Lycée d’Hommes, provenance des autres membres du club. En outre, le noir rappelait le tchernoziom du sol fertile de la région. Le tchernoziom est le nom donné à cette terre épaisse et noire, contenant un fort pourcentage d’humus (3 à 15 %), riche en potasse, phosphore et oligo-éléments. Ainsi, religion et agriculture furent les inspirations des membres du club pour décider les couleurs du club.

#1205 – PFK Lokomotiv Plovdiv : Железничарите

Les cheminots. En connaissant un peu l’organisation de l’univers sportif par les communistes dans le bloc de l’est, vous savez que les clubs se nommant lokomotiv appartenait au syndicat des cheminots ou aux sociétés de chemin de fer. Le club de Plovdiv n’y fait pas exception.

L’histoire débuta par la création d’un club sous le nom Пловдивски Спортклуб (Club Sportif de Plovdiv) le 26 Juillet 1926, par la fusion de deux associations de quartier, « Караджа » (Karaja) et « Атлетик » (Athletic). Une autre initiative vit le jour en 1935. Le syndicat des cheminots et des marins (Железничарски подем) fit la promotion du sport parmi ses membres et lança un programme de fondation de clubs de football réservés aux cheminots dans toute la Bulgarie. A Plovdiv, le message fut entendu et un club, sous le nom de ZSK Plovdiv, fut créé le 13 Juin 1935 en ces termes « По инициативата на няколко железничари, пропили от ония благородни чувства на родолюбие, за да издигнат професията на оная висота, която ще заслужи вниманието на всички добри българи, се образува спортен футболен клуб при областта. » (A l’initiative de quelques cheminots, imprégnés de ces nobles sentiments de patriotisme, pour élever la profession à cette hauteur qui méritera l’attention de tous les bons Bulgares, un club de football sportif a été créé dans le district). Jusqu’à l’avènement du communisme en Bulgarie, les deux clubs connurent des histoires bien différentes.

D’un côté, le CS Plovdiv devint champion de Plovdiv en 1936 et participa à la fondation de la division nationale, qui regroupait les 10 meilleures équipes du pays. Il était le seul club représentant l’ensemble du sud de la Bulgarie au sein de l’élite. Dans les années 1940, l’équipe remporta le titre de champion de Bulgarie du Sud et participa en 1940 et 1942 à la finale de la Coupe nationale. En 1942 et en 1943, la Fédération nationale bulgare des sports le désigna comme le plus grand club bulgare (selon le nombre de membres inscrits). Puis, de 1945 à 1949, le club fut reconnu cinq fois de suite comme la plus grande organisation sportive de Plovdiv, et en 1948 de Bulgarie. De l’autre côté, le ZSK Plovdiv bataillait pour exister. Il ne fut affilié à la Fédération nationale bulgare des sports qu’en Avril 1938 et disputa son premier match officiel le 25 juin 1939 (par une défaite 2 buts à 11 face au CS Plovdiv). En octobre 1949, le club concourait au 3ème niveau de la hiérarchie du football de la zone sud.

Au lendemain de la guerre, les autorités communistes entreprirent de remodeler le paysage sportif du pays. Le ZSK changea de nom pour Lokomotiv (à l’image des clubs ferroviaires du grand frère soviétique). De même, le nom trop « Europe de l’Ouest » du Club Sportif fut changer pour Slavia. Dans le cadre de cette réorganisation, le Club Sportif absorba plusieurs associations (Parchevich, Chengelov). Puis, en 1949, une nouvelle vague de fusion orchestrée par le ministère des sports poussa le Lokomotiv dans les bras du Slavia. Après quelques changements de nom, la nouvelle association prit définitivement le nom de Lokomotiv et demeura dans le giron du syndicat des transports. Chaque joueur du club trouva un emploi dans des sociétés de transport routier ou ferroviaire. Mais, comme le Slavia demeurait le club de référence, ses symboles (dont les couleurs) demeurèrent et l’équipe fanion n’était constituée que des anciens joueurs du Slavia. Toutefois, le nouveau club hérita du stade moderne du Lokomotiv.

#1164 – Chernomorets Bourgas : Акулите

Les requins. Voici un club qui connut une histoire mouvementée. Fondé en 1919, il disparut au lendemain de la Seconde Guerre mondiale quand les nouvelles autorités communistes réorganisèrent les activités sportives en Bulgarie. Mais, un des nouveaux clubs créés après la guerre se renomma Chernomorets en 1968 afin de faire revivre l’histoire et les traditions de ce club qui avait sa renommée. En 2006, le club fit faillite et une première tentative de poursuivre cette aventure démarra dès 2005 avec le Chernomorets 919 qui devint plus tard le PSFK Chernomorets. Malheureusement, lui aussi croula sous les dettes en 2015. Ainsi, naquit le club actuel en 2015 sur les cendres de ses prédécesseurs, dont il reprit naturellement les couleurs (bleu et blanc) et le surnom.

Chernomorets signifie les hommes de la Mer Noire, ce qui confirme la localisation de la ville de Bourgas et le rôle primordiale que joua et joue encore la mer dans son développement. Et si le requin n’est pas un animal endémique de la région, le surnom rappelle le lien entre la ville, ses habitants et le milieu aquatique. Avec l’avantage que le squale est un poisson qui effraie et domine les eaux. Située à l’extrême ouest de la Mer Noire, Bourgas donne son nom à la baie qui la borde, cette dernière étant la plus grande et la plus profonde de la côte bulgare. La ville est en outre entourée de 3 lacs : Bourgas , Atanasovsko et Mandrensko. La cité abrite l’un des plus grands ports bulgares, qui demeure aussi le seul terminal portuaire pétrolier du pays (Bourgas accueillant la plus grande raffinerie du sud-est de l’Europe). Existant depuis l’antiquité et modernisé à partir de 1894 (l’ouverture officielle se réalisant en 1903), le port se décompose en trois : le port de commerce, le port de pêche et le port pétrolier. Dès 1865, Bourgas s’installait comme le second port de commerce de la Mer Noire. Dépassé depuis par le port de Varna, en 2011, le port de Bourgas traitait encore 3,5 millions de tonnes de marchandises par an et 6,7 millions de tonnes de marchandises en 2020. Sur le premier semestre 2023, les échanges commerciaux à Bourgas atteignaient près de 3 millions de tonnes, avec une hausse de 12% du volume des conteneurs. Abritant la flotte de pêche de la Mer Noire, Bourgas est le centre de l’industrie bulgare de la pêche et de la transformation du poisson. 80% de la pêche bulgare est réalisée par des entreprises de Bourgas. Les chantiers de construction navale demeure aussi un fleuron de l’activité économique de la ville. Enfin, la flotte de la Mer Noire de la marine militaire bulgare stationne dans la base navale de Bourgas.

#1127 – PFC Litex Lovech : Oранжевите

Les oranges. Durant les années 1990 et 2000, le club de la ville de Lovech devint une place forte du football bulgare. Il remporta 4 championnats de Bulgarie (1997-1998, 1998-1999, 2009-2010 et 2010-2011) et 4 coupes nationales (2001, 2004, 2008 et 2009) et réussit même quelques exploits en coupe d’Europe. Mais, avant cette période dorée, malgré une fondation en 1921, la vie du club fut à la fois calme et mouvementée. Calme car le palmarès était vierge et le club végéta dans les divisions inférieures. Mouvementée car le club changea plusieurs fois de nom et de couleurs. De 1921 à 1957, le club se dénomma Hisarya, puis jusqu’en 1979 Karpachev et de 1979 à 1994 Osam (l’équipe évoluait alors en bleu et rouge). En 1994, le club trouva un nouveau sponsor, LEX, qui imposa son nom dans celui du club. Puis arriva Grisha Ganchev.

Oligarque originaire de Lovech, Grisha Ganchev fut un lutteur au lycée sportif avant de faire des études de commerce. Dans les années 1990, il lança son entreprise de négoce en produits pétroliers Литекс комерс (Litex commerce). Litex proviendrait du grec ancien et signifierait Lilas, la fleur étant un des symboles de la ville de Lovech. Prospérant dans le pétrole, Ganchev étendit ses activités à la production de sucre, d’électricité, au tourisme, à la construction et au transport, des milliers d’habitants de Lovech travaillant alors dans ses sociétés. Au point, que la ville de Lovech fut surnommée Ganchev City. Pour assoir son image, Ganchez racheta le club, dont il était supporteur, en 1996, après la déroute financière de son sponsor LEX, et mena deux politiques. D’une part, le club devint à l’image de son empire. Il prit le nom de Litex et opta pour les deux couleurs de l’entreprise, orange et vert. D’autre part, il entreprit un projet sportif ambitieux, en recrutant des joueurs connus et en dotant le club d’infrastructures de qualité. Mais, la belle aventure prit fin au milieu des années 2010. En 2015, Ganchev et ses ressources « infinies » abandonnèrent le Litex pour rejoindre le grand club de la capitale en perdition, le CSKA Sofia. A l’agonie financière, le club de Lovech arrêta sa participation à la première division en Décembre 2015. Le CSKA racheta la licence du club de Lovech et prit sa place au sein de l’élite. Lovech repartit quelques mois plus tard en 3ème division en fusionnant avec un petit club régional. Pas rancunier et surtout nostalgique de cette époque bénie, le club conserva les couleurs et le nom Litex.

#1001 – Tcherno More Varna : моряците

Les marins. Les racines du club remontent à 1909 ou 1913 (selon le point de vue des passionnés) mais il est certain qu’il naquit dans la communauté étudiante. L’association prit son nom actuel qu’en 1959 après de nombreuses fusions entre club. Or son nom, Tcherno More (Черно море) signifie Mer Noire et renvoie, comme son surnom, à la situation géographique de la ville et son fort lien avec la mer.

Situé entre le lac de Varna et la Mer Noire, Varna véhicule l’image d’après la légende répandue dans le pays d’être la capitale maritime de la Bulgarie (même si ce titre est contesté par une autre ville côtière, Bourgas). 3ème plus grande cité du pays, avec plus de 330 000 habitants, Varnas demeure comme une des villes les plus anciennes d’Europe, sa fondation sous le nom d’Odessos ayant eu lieu il y a 2 600 ans par des colons de la ville grecque de Milet. Son développement économique est prospère et robuste : une croissance de 20% de son PIB ces dernières années (représentant 15% du PNB bulgare) et un taux de chômage à peine supérieure à 3%. Sa position favorable le long de la courbe de la baie de Varna, qui en fait un pont entre l’Europe et l’Asie (particulièrement entre l’Ukraine, la Russie et les pays européens), y contribua. La relation de Varna avec la mer est multiple.

Dès l’antiquité, la cité constituait un centre d’activité portuaire. Jusqu’en 1369, Varna était l’un des ports les plus importants du royaume de Tarnovo et constituait un point de passage essentiel et apprécié pour les navires vénitiens et génois. Au XVIème et XVIIème siècle, l’occupation turque tout au long des côtes de la Mer Noire ferma le port au commerce. Il retrouva par la suite son intérêt. Mais, sa libération de la domination turque le 27 juillet 1878 constitua le point de départ du développement important du port, pour devenir le plus grand centre maritime de Bulgarie et de la Mer Noire. La décision de construire un port moderne fut prise par le tout jeune Etat Bulgare en 1888 et le 18 mai 1906, le nouveau port fut inauguré. Il fut agrandi en 1974 avec la construction d’un deuxième terminal (Varna Ouest). Constitué de deux terminaux séparés de 30km, il dispose de 35 postes d’amarrage, 76 142 m² de surface d’entrepôt couvert et 458 870 m² de zone de stockage extérieure. Sa capacité de fret est de 300 tonnes/heure. En 2018, il a traité plus de 160 000 containeurs EVP (équivalent vingt pieds), soit plus de 7,5 millions de tonnes de fret avec 2 240 navires. L’activité de pêche représente encore 11% du trafic avec plus de 400 bateaux. La construction navale demeure un autre pan important de l’économie locale, représentant un cinquième de la production de Varna, soit 1 milliard de lev bulgare. Au moins 100 entreprises, employant près de 3 700 personnes, dont l’usine de réparation navale la plus grande et la mieux équipée du pays, MTG Dolphin, constituent ce fleuron. Enfin, point d’échange entre l’Europe et l’Asie, le port de Varna accueille aussi des passagers et des paquebots (35 en 2015), avec un terminal dédié.

Les forces navales de la Bulgarie ont également établi leur amirauté depuis le 13 janvier 1899 dans la base navale militaire de Varna, qui avait émergé deux ans auparavant par un décret princier. Même si depuis son apogée dans les 1980 son rôle a diminué, la base navale de Varna demeure un des postes importants de la force navale opérationnelle de la Bulgarie.

Enfin, la côté offre de très nombreuses plages qui ont fait naitre quelques stations balnéaires courues et huppées près de Varna : Sts Constantin et Hélène, première station balnéaire de Bulgarie à 8km de Varna, Sunny Day et Chayka à 10km et les Sables d’Or à 18km entre autre. Après la Première Guerre mondiale et le traité de Neuilly (la Bulgarie avait rejoint la Triple Alliance), la ville avait perdu de son attrait économique. Le tourisme fut alors apprécié comme une bouée de secours pour relancer le commerce. Ainsi, Varna fut déclaré « Station Balnéaire » officiellement le 10 juin 1921 et lança la construction de bains de mer (achevé en 1925). Les touristes affluèrent rapidement de l’Europe entière, la fréquentation passant de 12 500 personnes en 1926 à près de 50 000 personnes dans les années 1930. Aujourd’hui, Varna demeure la principale station balnéaire de la Bulgarie et le tourisme demeure un secteur clé de la ville, représentant 7% de l’économie locale.

#983 – FK Dunav Ruse : Драконите

Les dragons. Fondé en 1957 par la fusion de clubs locaux, le FK Dunav représente la ville de Ruse, dont le surnom est Малката Виена (la petite Vienne), en raison de sa présence le long du Danube. D’où, en 1957, quand les 5 clubs, Torpedo, Septemvri, Drapeau Rouge, SKNA et Spartak, décidèrent de s’unir, la nouvelle association prit le nom de Dunav qui signifie Danube. L’origine de son surnom est très incertaine mais il est très utilisé. Tout d’abord, le football s’implanta en Bulgarie au début du XXème siècle lorsqu’un enseignant suisse, Louis Ayer, contribua au développement du sport en général dans le pays. A Ruse, selon certains, la culture « football » avançait rapidement grâce au Danube qui draguait de nombreux marins étrangers qui tâtaient le ballon dans la ville dès la fin du XIXème siècle. Le premier club serait créé en 1901 sous le nom de Torpedo. En 1911, un premier club dénommé Danube apparaît. Ces origines sont plutôt floues mais, des journalistes avancent que ce premier Dunav fut fondé par la fusion de 3 clubs locaux dont le plus célèbre s’appelait Dragon. Néanmoins, ce Dunav disparaît au gré d’absorption par d’autres associations sportives qui se désagrégèrent pendant la Seconde Guerre Mondiale. Donc, il n’y a pas de lien direct avec le club actuel. Donc il est peu certain que cette explication soit juste.

D’autres avancent que le club a souvent battu de grosses cylindrés, à l’image d’un dragon qui dévorait ses adversaires. Néanmoins, cette version semble tiré du phantasme de certains supporteurs. En effet, le palmarès du club est assez famélique avec seulement une finale de Coupe de Bulgarie en 1962 et peu de saison parmi l’élite. En cherchant bien, il m’a été impossible de retrouver de grands matchs ou épisodes où Dunav s’imposa face aux grands clubs bulgares. Le Dunav met d’ailleurs encore maintenant en avant un seul grand match : son premier tour de Coupe de l’UEFA en 1975 quand il battit l’AS Roma à domicile (1 but à 0), sachant que la Roma avait remporté le match aller 2 buts à 0.

Enfin, un journaliste, Georgi Hristov, donna sa vérité dans un article du journal YTPO. Le surnom serait apparu en 1992, quand après la chute du communisme, les clubs bulgares auraient adopté les traditions occidentales en adoptant un surnom (même si certains en possédaient déjà un avant). Le directeur du journal Русенски новини demanda à ses journalistes de chercher un surnom pour le club de Ruse. Georgi Hristov indique qu’il chercha un club qui évoluait dans les mêmes couleurs de Dunav (bleu et blanc) et il pensa à Porto. Or, l’emblème de Porto est le dragon (cf. #6). Selon lui, le surnom eut du mal à s’imposer car si les supporteurs l’aimaient bien, la presse ne voulut pas l’utiliser pour ne pas donner un écho à une innovation d’un concurrent. Finalement, le surnom serait réapparut il y a une dizaine d’année par nostalgie.