#1044 – RC Bafoussam : Tout-Puissant de l’Ouest

3ème ville du Cameroun, Bafoussam put compter sur le Racing pour défendre les couleurs de l’Ouest du Pays face aux clubs de la capitale politique (Yaoundé) et de la capitale économique (Douala). Le club fut fondé en 1959 par la fusion de deux associations dénommées Lynx (représentant de la mission catholique) et Diamant (représentant de la mission protestante). Mais, ce ne fut pas ce double patronage chrétien qui donna pour surnom une comparaison avec le Dieu de ces religions.

Le club fut ainsi surnommé en raison d’un exploit qu’il réalisa dans les années 1960. En effet, l’équipe, qui évoluait déjà en première division camerounaise, parvint à finir la saison invaincue. Mais, l’exploit fut vain car le club termina à la seconde place. Selon certaines sources, cette saison incroyable se déroula en 1965 et ce fut l’Oryx de Douala qui remporta le titre.

Le Racing ne fit pas honte par la suite à son surnom. Le club connut son apogée au début des années 1990, en gagnant 4 championnats du Cameroun (1989, 1992, 1993, 1995) ainsi qu’une Coupe du Cameroun (1996 ainsi que 2 autres finales perdues en 1988 et 1991). Pour l’Ouest, il est sans conteste le plus puissant.

#966 – Canon Sportif de Yaoundé : Mekok-Me-Ngonda

Les cailloux qui brulent (Mekok=cailloux ; Me=qui ; Ngonda=brulent, en langue ewondo). Par ce surnom, il est fait référence aux boulets qui sortaient des canons, nom du club. En 1930, le football commençait à se développer dans les deux principales villes de la colonie française : Douala et Yaoundé. A Yaoundé, il existait alors 3 clubs : 2 pour les colons (Etoile Européenne et Ecole Supérieure) et un pour les indigènes (Etoile Indigène). Evidemment, les deux mondes (colons et indigènes) vivant en parallèle, l’Etoile Indigène était orphelin et manquait cruellement d’adversaire. Ainsi, il y eut la volonté de créer un adversaire autochtone. Pour cette nouvelle équipe, plusieurs noms furent proposés et s’inspiraient des animaux locaux tels que guépard, panthère, musaraigne, épervier, cobra, zèbre. Mais aucun ne fit l’unanimité. Le 9 novembre 1930, l’un des patriarches, Mvogo Melingui, prit la parole et demanda : « quel est le nom du fameux fusil qui mit l’armée allemande en déroute à Yaoundé en 1916 et dont le bruit était un cliquetis « Kpa » suivi de la détonation « Kum » ? ». L’assistance répondit comme un seul homme : « Canon ! Canon ! Canon ! ». Ainsi, le nom du club fut trouvé et donna son surnom également. Ce surnom est un symbole fort puisque il met en parallèle le tir du boulet par le canon avec le tir du ballon par les joueurs. L’image est que les adversaires du club seront bombardés de ballons équivalents à des boulets. Nom et surnom du club imposent la force de frappe et la toute puissance du Canon de Yaoundé.

Pour rappel, de 1888 à 1916, le Cameroun était une colonie allemande. Lors de la Première Guerre Mondiale, les français, les belges et les britanniques lancèrent une offensive pour conquérir le Cameroun. En Janvier 1916, les alliés prirent Yaoundé où les allemands avaient établi leur capital après la chute de Douala en 1914. Cette défaite marqua la fin de la colonisation allemande pour laisser la place à la tutelle principalement française.

#901 – Caïman de Douala : Bana Ba Ngando

Les enfants des caïmans, en langue douala. Les origines sont confuses mais, selon le club, il aurait été fondé vers 1927, sous le nom de Lune de Douala. Le club est celui de la communauté akwa de l’ethnie douala, peuple vivant au Cameroun, autour de la ville de Douala. Dans cette cité, la Lune coexistait avec le club du Léopard, fondé vers 1924, et l’Oryx Club, créé en 1927. Toutefois, une rivalité forte naquit entre la Lune et les Léopards. Dans les années 1960 ou 1970, la Lune perdit une rencontre face aux Léopards. Ce fut la défaite de trop pour les dirigeants qui prirent plusieurs décisions. La première fut de recruter des joueurs au-delà du quartier akwa et de puiser dans le réservoir de Yaoundé ou des autres villes du littoral. L’autre mesure était d’abandonner le nom du club, Lune. En effet, face aux Léopards qui pouvaient inspirer la peur car leur emblème était un félin, le symbole de la Lune pouvait paraître fade et la direction estimait qu’il fallait que les adversaires pensent que l’équipe de la Lune puisait sa force dans un animal mystique. Or, la communauté akwa vouait un culte à l’eau, ce qui avait des années auparavant introduit la tradition de baignade nocturnes des joueurs dans le fleuve Wouri (fleuve dont l’estuaire est situé à Douala) pour y trouver force et courage avant les matchs. Résultat, le caïman apparaissait comme l’emblème le plus légitime.

Une autre légende accompagne le club. En effet, l’expression « Caïman à 6 h » est souvent utilisée. Près de l’enceintre du club, aujourd’hui stade Mbappè Leppé, se trouve la cathédrale St Pierre et St Paul de Bonadibong. A six heures le matin et à six heures le soir, les cloches de l’église sonnent. Lorsque le club jouait un match en fin de journée et était mené au score, les supporteurs tendaient l’oreille vers 18h. Dès que les cloches résonnaient, le public explosait et se mettait alors à chanter. Ses chants et musiques transcendaient les joueurs des caïmans sur le terrain qui parvenaient alors à renverser le sens du match. L’effet psychologique était important sur les adversaires puisque cette légende les tétanisait à l’approche de l’heure fatidique.

#843 – PWD Social Club Bamenda : Abakwa Boys

Les garçons d’Abakwa. Créé en 1962, PWD Social Club était jadis parrainé par la société Public Works Department (PWD), dépendant du Ministère des Travaux Publics, et réside dans la ville de Bamenda, située au Nord-Ouest du pays, chef-lieu du département de la Mezam. Abakwa est le surnom de la ville de Bamenda et ce terme provient de l’ethnie des haoussas. Ces derniers, qui vivaient principalement au Niger et dans le Nigéria voisin, émigrèrent sur les hauts plateaux du Cameroun au XIXème siècle. Selon certaines sources, ils créèrent plusieurs colonies, appelés abakwa. Ce terme ferait référence aux descendants de mariages entre des hommes haoussas et des femmes autochtones et principalement non-musulmanes. Pour d’autres, la région était une partie du fondom (royaume) Mankon qui était l’une des plus anciennes monarchies des peuples du Nord-Ouest. Le Fon (Roi) de Mankon, Angwafor II, offrit un terrain aux haoussas qui s’y établirent donc. Leur nouvelle maison, Ntambeng, qui forme le noyau de l’actuel ville de Bamenda, devint largement connue sous le nom d’Abakwa en langue haoussa, qui signifiait « Terre des étrangers ».

A compter de la fin du XIXème siècle, le Nord-Ouest du Cameroun fut une colonie allemande. Puis, pendant la Première Guerre Mondiale, la Grande-Bretagne et la France mirent la main sur le Kamerun allemand. En 1919, la Grande-Bretagne récupère l’intégralité de la région du Nord-Ouest et le Cameroun d’aujourd’hui se retrouva coupé entre la partie anglaise et la partie française jusqu’à son indépendance en 1961. La région de Bamenda constitue désormais le Cameroun anglophone et connait des revendications indépendantistes (l’Ambazonie s’est déclarée indépendante en 2017).

#813 – Les Astres FC : les Brésiliens de Bépanda

Fondé en 2002, le club de la capitale économique du Cameroun est jeune mais accéda rapidement au championnat de première division du pays. Malgré le soutien de l’entrepreneur Dieudonné Kamdem et de son conglomérat d’entreprises, la SADIPIN, le club n’est pas parvenu à se constituer un palmarès au niveau national et reste scotché aux places d’honneurs. Pour les 20 ans du club, en mars de cette année, l’équipe avait une occasion d’obtenir son premier titre mais échoua une nouvelle fois en finale de la Coupe du Cameroun. Il avait déjà atteint le stade de la finale en 2007, 2009 et 2010. Côté championnat, le club fut 3 fois vice-champion en 2010, 2011 et 2013. Le club se surnomme les brésiliens de Bépanda et deux raisons semblent justifier ce terme. Evidemment, le maillot jaune à parement vert porté par l’équipe est la motivation la plus logique. Si son explication est méconnue, on peut légitimement pensé que la victoire du Brésil en Coupe du Monde en 2002 avec sa constellation de stars (Ronaldo, Ronaldinho, Rivaldo, Cafu, Roberto Carlos …) n’y est peut-être pas étrangère. Une autre explication serait le style de jeu de l’équipe qui était plutôt léché à l’image de celui souvent pratiqué par le Brésil. Le nom du club, les Astres, provient de l’une des marques de farine de froment de la Société Camerounaise de Transformation de Blé (SCTB), propriétaire du club et filiale principale de la SADIPIN. Enfin, Bépanda est le nom du district de Douala où réside le club.

#604 – Tonnerre KC Yaoundé : les Kalara Boys

Les garçons du livre. Pas de référence religieuse dans ce surnom, le livre du club n’étant pas la Bible. Tout d’abord, il convient de préciser que le K du nom du club correspond à Kalara et, en langue kóló (parfois nommé aussi ewondo), cela signifie « livre » . Ce dernier apparaît sur l’écusson du club, ouvert en son milieu. L’explication parfois avancée porte sur le style de jeu développé par le club. Connu pour son beau jeu, l’équipe appliquait une stratégie précise, un football sans brutalité et des mouvements harmonieux et offensifs. Un style de jeu qui était parfois qualifié de scientifique et que l’on trouvait que dans les livres. Ce style proviendrait du révérend Père Louis Philippe Mayor. Curé fondateur de la paroisse Saints Anne et Joachim de Nkoabang de Yaoundé, il était également entraineur et attaquant du club du Tonnerre. A sa disposition, des jeunes lycéens qui composaient chaque année la base de l’équipe. Certes, ce recrutement au sein des lycéens conduisait à une certaine instabilité de l’équipe, puisque ces joueurs étudiants partaient régulièrement pour meneur leurs études ou leurs vies professionnelles ailleurs. Mais, ils étaient des joueurs qui appliquaient studieusement les préceptes de beau jeu du Père Mayor.

Pour ma part, j’avancerai aussi une autre explication. A Yaoundé, en 1930, fut créé le club du Canon de Yaoundé avec entre autres Omgba Zing. Confronté à des querelles internes, Omgba Zing décida de quitter le Canon en 1934 et de fonder un nouveau club, le Tonnerre. Ce dernier se caractérisa comme dès sa fondation et constitue encore aujourd’hui un rival du Canon. Or, le symbole du Canon (comme son nom l’indique) est le canon, une arme. Or, l’opposé souvent mis en avant pour le canon est la culture, et plus précisément l’écriture, donc le livre.

#492 – US Douala : Nassara

Les étrangers en langue haoussa. En 1955, plusieurs clubs du quartier de New Bell de Douala s’unirent pour constituer une équipe qui puisse rivaliser avec les clubs des autres quartiers de Douala. Le vice-président du club, M. Halidou, proposa de retenir le vert et le blanc comme couleurs du club et comme devise gamakai-nassara (En avant, les étrangers). Le quartier de New Bell fut créé en périphérie de Douala au début du XXème siècle lors de la colonisation allemande du pays. Le plan allemand d’urbanisme prévoyait d’exproprier l’ethnie originelle et majoritaire des doualas des quartiers centraux (notamment des quartiers Bell et Joss) vers ce nouveau quartier de New Bell. A cette époque, cette aire était habitée par des haoussas, peuple du Sahel et reconnus pour êtres des excellents marchands. Ce fut justement les échanges commerciaux qui favorisèrent leur immigration du Sahel vers l’ensemble du Cameroun et en particulier dans la ville portuaire de Douala au XIXème siècle. Les doualas ne s’y installèrent pas et ce quartier en marge de la ville continua à être une terre d’immigration après la Première Guerre Mondiale et la fin de la colonisation allemande. Les nouveaux immigrés haoussas se regroupèrent auprès des anciens déjà installés. Et ce phénomène se produisit également avec d’autres populations. En 1955, le quartier comptait entre 60 000 et 65 000 habitants, répartis en sous-quartiers, regroupés par ethnies (une quinzaine de grandes familles, parfois décomposées en sous-groupe ethnique). Les Bamilékés constituaient l’ethnie principale (environ 38% de la population du quartier) tandis que les haoussas représentaient 4%. Mais qu’elles soient originaires du Cameroun, du Sahel ou du Nigeria, toutes ces ethnies était (et sont considérées comme) des étrangers aux yeux des doualas.

#402 – Coton Sport de Garoua : les Cotonniers

Pas trop difficile de comprendre d’où vient l’origine de ce surnom quand le club se dénomme Coton Sport. En 1986, le club phare de la ville de Garoua, l’Etoile Filante, descendait en seconde division. Une équipe amateur décida de s’engager dans le championnat, sous le parrainage de la Société de développement du coton (Sodecoton), l’une des plus importantes entreprises parapubliques du Cameroun. Sodecoton a son siège à Garoua et structure une grande partie de la filière coton, dont Garoua et sa région sont le cœur de la production, la filature et la confection de coton au Cameroun. La production du coton était connue depuis longtemps mais les Européens développèrent cette culture de manière intensive. Aujourd’hui, la Sodecoton assure l’encadrement direct de 350 000 à 400 000 planteurs, pour une surface de culture de près de 200 000 hectares qui donnent plus de 230 000 tonnes de coton graine. L’autre grande entreprise du pays, la CICAM, qui réalise 90% de la confection de textile coton, exploite également à Garoua deux usines de filature et tissage. Le soutien de la Sodecoton garantit au club de football un budget élevé. Résultat, depuis 1996, soit 3 ans après son accession en première division, le club a remporté 15 titres de champion, les autres années l’équipe termina que second.

#377 – Canon Sportif de Yaoundé : Kpa-Kum

Aucune traduction disponible pour ce surnom car il s’agit en réalité d’onomatopées. L’explication remonte à la création du club en 1930. Le football commençait à se développer dans les deux principales villes de la colonie française : Douala et Yaoundé. A Yaoundé, il existait alors 3 clubs : 2 pour les colons (Etoile Européenne et Ecole Supérieure) et un pour les indigènes (Etoile Indigène). Evidemment, les deux styles d’équipes (colons et indigènes) vivaient en parallèle et il fallait donc trouver un adversaire autochtone à l’Etoile Indigène. Pour cette nouvelle équipe, plusieurs noms furent proposés et s’inspiraient des animaux locaux tels que guépards, panthère, musaraigne, épervier, cobra, zèbre. Mais aucun ne fit l’unanimité. Le 9 novembre 1930, l’un des patriarches, Mvogo Melingui, prit la parole et demanda : « quel est le nom du fameux fusil qui mit l’armée allemande en déroute à Yaoundé en 1916 et dont le bruit était un cliquetis « Kpa » suivi de la détonation « Kum » ? ». L’assistance répondit comme un seul homme : « Canon ! Canon ! Canon ! ». Ainsi, le nom du club fut trouvé et son surnom également. Pour rappel, de 1888 à 1916, le Cameroun était une colonie allemande. Lors de la Première Guerre Mondiale, les français, les belges et les britanniques lancèrent une offensive pour conquérir le Cameroun. En Janvier 1916, les alliés prirent Yaoundé où les allemands avaient établi leur capital après la chute de Douala en 1914. Cette défaite marqua la fin de la colonisation allemande pour laisser la place à la tutelle principalement française.