#1322 – Llaneros FC : los Caballos

Les chevaux. Fondé il y a seulement 13 ans, le club prenait la suite des Centauros Villavicencio, dont la vie n’avait duré que 9 ans mais qui était la première tentative de doter le département de Meta d’une équipe en mesure d’évoluer dans l’élite colombienne. La première équipe faisait référence à l’animal mi-homme, mi-cheval, le Centaure, donc il paraissait logique que le nouveau club reprenne le cheval dans son écusson et comme surnom. Et si l’équidé occupe une place centrale dans la symbolique des deux équipes de football, c’est en raison de son rôle important dans cette région.

Le département de Meta fait partie de la région du Llanos, qui occupe l’ouest du Venezuela et l’est de la Colombie et où s’étire de vastes plaines herbeuses, bases de son économie. Car son climat humide et chaud offrent de beaux pâturages, favorables à l’élevage (bovins, porcs et chèvres). Les pâturages dans le Llanos représentent entre 7 et 9 millions d’hectares et pour certaines parties de la région, environ 85% des terres sont même consacrées à l’élevage. Près de 9 millions de bovin (le tiers du pays) se trouve dans cette région, répartis dans près de 32 000 fermes. Ces ranchs exploitent de grands troupeaux sur de vastes terres, qu’ils rassemblent deux fois par an, la première fois au début de la saison des pluies pour les emmener vers les terres plus sèches et, inversement à la fin de l’année. Et pour surveiller ces bêtes et réaliser ces longs voyages, les ranchs comptent sur les cow-boys locaux, les llaneros.

Leur culture démarra avec l’introduction de l’élevage par les colons espagnols au XVIème siècle. Semi-nomade, ils guidaient les troupeaux et étaient reconnus comme des cavaliers habiles qui géraient toutes les tâches liées au bétail. Elevés dès leur plus jeune âge sur le dos d’un cheval, avec une façon particulière de le monter, les llanaros ne considéraient que l’équidé comme animal, créant un lien qui allait au-delà de celui d’un animal de compagnie. Il était le prolongement de son corps et de son esprit. Et, dans les plaines, pour tous il était clair que sans chevaux, il n’y eut pas eu de développement. Il y avait quatres types de llaneros : le cabrestero qui conduit le bétail, le baquiano qui connaît les chemins, la langue et les coutumes d’une région afin de les parcourir sans encombres, le cuatrero, le voleur de bétail et le músico, qui est un cavalier musicien et chanteur. Ils étaient reconnaissables à leur tenue qui se composait d’un pantalon double (un à l’intérieur pour se salir et l’autre à l’extérieur, qui se nommait garrasí) qui avait des griffres au bout pour l’attacher, une chemise à col large et ouvert se portant par dessus le pantalon, un chapeau de type andalou et un grand foulard. Etant de bons cavaliers, ils furent recrutés pendant les guerres (en particulier les guerres d’indépendance où ils servirent dans les deux camps) pour former le gros des troupes de cavalerie. Les llaneros jouèrent un rôle important dans l’émancipation du pays et les historiens estiment que plus de 13 000 llaneros perdirent la vie durant la guerre d’indépendance.

Etant donné qu’ils ne quittaient jamais leurs montures et qu’ils servirent dans l’armée, ils ressemblaient au centaure, cet animal mythique qui rassemble l’homme et le cheval sous un même être et combattait en première ligne en raison de sa force et son audace. D’ailleurs, le chanteur colombien Cholo Valderrama aime à dire « El suelo del llanero son los estribos » (le sol du llanero, ce sont les étriers). Et cette comparaison s’installa dans l’imaginaire collectif colombien. Ainsi, pour évoquer la fin de la guerre d’indépendance menée par Bolívar, avec le soutien des llaneros, le 6ième couplet de l’hymne national colombien dit « Centauros indomables Descienden a los llanos » (Des centaures indomptés descendent dans les plaines). Deux centaures se distinguent également sur les armoiries du département de Meta.

#1223 – CA Platense : el Marrón

Le marron. Le club du CA Platense évolue dans un maillot singulier : maillot blanc traversé par une bande marron. La couleur marron n’est pas très commune dans le football (encore moins que le violet). Dans le football argentin, il semble qu’il n’y ait que le club du Centro Juventud Antoniana qui arbore du marron. Le CA Lanús est proche en couleur avec son maillot grenat (#437). D’ailleurs, dans le reste du monde, je n’ai pas de club jouant en marron qui me vient en tête mais il existe un petit nombre évoluant en grenat comme Metz (#144), Torino (#37), Salernitana (#1153), Rapid Bucarest (#241) , Servette (#96), Carabobo (#1022) et Reggiana. L’autre ressemblance est le claret anglais (Burnley #390 et Aston Villa #11).

Revenons à notre sujet pour ne pas être marron sur ce surnom. Tout d’abord, il faut raconter l’histoire de la fondation de ce club. Le 25 mai 1905 dans le quartier de Recoleta à Buenos Aires, un groupe d’adolescents (entre 15 et 18 ans) avait l’idée de monter un club de football. Sans un sou, ils décidèrent de parier quelques pesos lors d’une course de cheval et choisirent le cheval dénommé « Gay Simon », du haras Platense. Cet étalon remporta la course à l’Hippodrome National et les jeunes empochèrent 445 pesos, qui permirent d’acheter les équipements nécessaires à la pratique du football (ballons, maillots). Pour les couleurs, le choix se porta sur un maillot rouge accompagné d’un short noir, qui auraient été les teintes de la tenue du jockey qui monta Gay Simon lors de cette victoire décisive pour le club. Les fondateurs remercièrent également la victoire de Gay Simon en retenant le nom du haras pour celui du club. En 1907, la décision fut prise de changer de couleurs, et la direction opta pour les couleurs blanche et marron, en référence aux teintes du haras Platense. L’avantage de cette couleur est qu’elle masqua un peu la boue sur le maillot des joueurs lorsqu’ils évoluèrent sur leur terrain entre 1908 et 1917 et qui était inondé après les pluies (#258).

#954 – Atlante FC : los Potros de Hierro

Les poulains de fer. Avec plus de 100 ans d’histoire, Atlante fait parti des clubs historiques et populaires du football mexicain mais malheureusement depuis près de 10 ans, l’équipe évolue en seconde division. Le championnat national mexicain fut créé en 1943 et Atlante fit parti des 10 premiers invités et participants. Atlante n’attendit pas longtemps pour obtenir son premier titre (4ème édition – saison 1946-1947). Les saisons précédentes, Atlante avait déjà marqué les esprits (Champion de Mexico en 1940, vice-champion en 1941 et 1942 et vainqueur de la Coupe de Mexico en 1942). Surtout, au terme de la saison 1945-1946, l’équipe avait réalisé un incroyable record, encore d’actualité de nos jours. Les joueurs d’Atlante, dont la quintette d’attaquants composée d’Horacio Casarín, Rafael Meza, Martí Ventolrà, Mateo Nicolau et Ángel Segura, marquèrent 121 buts en 30 matchs. A l’exception d’un match face à Puebla, Atlante scora lors de tous ses matchs et termina la saison avec une moyenne incroyable de 4,03 buts par partie. Mais, sa faible défense (80 buts encaissés contre une moyenne de 50 pour ses proches rivaux pour le titre) anéantit tout ses rêves de couronne nationale.

La saison suivante, le Hongrois Luis Grocz reprit les rênes de l’équipe, et s’appuyant sur la même ossature parvint à les emmener à la consécration. Son départ fut quasi-parfait, avec 6 victoires sur les 7 premiers matchs et même 8 lors des 10 premières journées (les 2 autres matchs se soldèrent par des nuls). Lors du premier match, Atlante, qui affrontait à domicile la très réputée équipe de Puebla, scora 5 buts en 11 minutes. La saison s’annonçait tout autant offensive que la précédente. Mais ce qui intéressait le président du club, José Manuel Núñez, s’était la victoire finale et non les records. Ainsi, la saison fut moins prolifique en but mais le but initial fut atteint. L’équipe dut tout de même attendre les dernières journées pour remporter le championnat, dans un final devenu épique. A 8 journées de la fin, 3 équipes se disputaient le titre : Atlante, León et Veracruz. A ce stade, Atlante avait toujours occupé la première place sans la partager mais n’avait que 5 points d’avance sur ses 2 poursuivants. Pour ces derniers matchs, Veracruz devait rendre visite à Atlante et ce dernier devait affronter León dans son antre. Le 4 mai 1947, Atlante, leader et vice-champion la saison précédente, recevait Veracruz, 2ème au classement à 2 points du leader et champion en titre, dans une enceinte de 50 000 places, Olímpico de la Ciudad de los Deportes. L’année précédente, Veracruz était devenu champion en rossant Atlante dans son stade. Autant dire que la pression était grande. Atlante domina de la tête et des épaules le match et le remporta 5 buts à 1. Arriva la seconde finale pour l’attribution du titre : le match à León. Quelques jours avant le match, Oscar Flores, sous-secrétaire à l’élevage et chef du comité de campagne contre la fièvre aphteuse, suspendit sa tenue, en raison d’une épidémie de fièvre aphteuse dans la région de León. Après moultes tergiversations, la fédération, en accord avec les deux clubs, décida de délocaliser la rencontre à Mexico, à l’Olímpico de la Ciudad de los Deportes. En clair, Atlante allait jouer son match à l’extérieur à domicile. Le matin du 1er juin 1947, 48 622 personnes (record de l’époque), assistèrent à cette rencontre pour le titre (León était devancé de 3 points par Atlante). Comme il ne fallait qu’un point pour être champion, Atlanta joua pour ne pas perdre et le match se solda par un 0-0. La petite histoire raconte que le président d’Atlante, un proche du président Miguel Alemán Valdés, sut jouer de son influence pour diriger le match à Mexico et favoriser son équipe.

Au final, avec le meilleur joueur mexicain (Horacio Casarín) et les meilleurs étrangers du championnat, Atlante gagna son premier titre, lors d’une saison aboutie (18 victoires, 6 nuls et 4 défaites, 82 buts marqués pour 43 encaissés pour un total de 42 points en 28 matchs). Surtout, l’équipe sembla survoler les rencontres, démontrant une grande maîtrise et un jeu dynamique. Au point, qu’un reporter les surnomma les potros de hierro après avoir écrit « El Atlante juega y corren como potros desvocandose de atras hacia delante ademas de jugar aun mejor en campos llenos de lodo » (L’Atlante jouent et courent comme des poulains, se déplaçant d’arrière en avant et jouant encore mieux sur les terrains boueux).

Article réalisé avec le concours de Eduardo Ramirez (du Mexique).

#853 – 1. FC Tatran Prešov : Koňare

Les cavaliers. Troisième ville la plus peuplée de Slovaquie, Prešov comptait un important haras au siècle dernier qui donna aux habitants d’être connu sous le surnom de Koňare dans tout le pays. En 1859, la cité finança la construction d’un haras d’Etat qui s’éleva au centre de la ville (dans l’actuel rue Sabinovská). La structure massive se composait d’un bâtiment administratif avec des bureaux, des appartements pour les employés et des écuries, incluant des dépendances et des entrepôts. L’objectif était d’élever des races de chevaux à destination des régions septentrionales de la Hongrie (la Slovaquie était alors intégrée au sein du Royaume de Hongrie) afin qu’ils servent à la vie économique et également pour l’armée. Il servait aussi de relais pour les voyageurs et leurs montures, sur la route qui menait à Budapest. En 1962, ce haras de Prešov cessa d’exister. Le 25 janvier 1975, une forte détonation mit fin à l’existence des bâtiments du haras, à l’exception d’une partie de l’enceinte en brique.

Cette vieille tradition d’élevage marqua la ville et sa réputation dans le pays, donnant ainsi naissance à ce surnom. Le club de hockey local, le HC 21 Prešov, arbore sur son écusson un étalon tout comme le club du 1. FC Tatran Prešov. Pour ce dernier, outre l’histoire de la ville, il existerait un lien direct avec le haras. En 1899, un terrain de football fut édifié près de la rue Sabinovská, où se trouvait les haras. Si les spectateurs voulaient accéder au terrain de football à l’époque, ils devaient passer près des écuries. Les gens entendaient le hennissement des chevaux et supportaient leur odeur. Cet environnement ne plaisait pas à tous les spectateurs, notamment les fans adverses qui le faisaient savoir en criant dans les travées « Koňare ! Koňare ! ».

#564 – Randers FC : Hestene

Les chevaux. En 2002, Randers Freja, le club historique de la ville de Randers, fondé en 1898, évoluait en première division (le seul à Randers). Si les résultats sportifs étaient plutôt satisfaisants, la situation financière était quant à elle catastrophique, le club courant tout droit vers la faillite. Des efforts furent déployés pour sauver le club, et un groupe d’hommes d’affaires et de footballeurs réussirent à convaincre 6 clubs de la ville à unir leurs forces pour donner naissance à une structure concentrant les moyens financiers et humains de la ville de Randers. Ainsi, Randers Freja, Kristrup Boldklub (fondé en 1908), Randers KFUM (fondé en 1920), Dronningborg Boldklub (fondé en 1928), Vorup Frederiksberg Boldklub (fondé en 1930) et Hornbæk Sportsforening (fondé en 1945) donnèrent naissance au nouveau club le 25 novembre 2002. Lors d’une assemblée générale extraordinaire, les statuts furent adoptés, marquant le nouveau nom de Randers FC ainsi que le nouveau logo présentant un cheval cabré. La volonté était de rendre hommage à une économie, le marché aux chevaux, qui eut une grande importance pour le développement de la ville et de la région. Au XIXème et au XXème siècle, se tenait dans la ville de Randers l’un des plus grands marchés aux chevaux du Danemark. Randers devint ainsi la première ville équestre du pays. L’histoire n’a pas retenu quand ce marché a démarré mais il existe de nombreux témoignage sur leurs ampleurs et leurs fréquentations. Plusieurs marchés se tenaient dans l’année et on dénombrait jusqu’à 1 400 à 1 500 chevaux présents sur le marché. Jusqu’en 1925, ce marché se déroulait dans les rues du centre-ville, entrainant des désagréments pour les riverains (bruit, odeur, saleté) et des recettes exceptionnelles pour les commerces. Dès 1811, les plaintes et les protestations se multipliaient mais la tradition perdurait. Finalement, en 1925, le marché fut déplacé sur la place du marché à Mariagervej pour des raisons d’hygiène. D’autres marchés se développèrent alors, notamment un marché aux bestiaux (dont des chevaux) près du port, qui perdura jusqu’au début des années 1990. En 1969, pour rendre hommage à cette activité, une sculpture en bronze de 6,5 mètres, dénommée Den Jyske Hingst (l’étalon du Jutland) représentant un cheval fut érigée dans la ville.

#411 – ACN Sienne 1904 : Bianconeri

Encore un club évoluant en blanc et noir en Italie. Tout d’abord, le club, qui a vu évoluer Vincent Candela, Tore Andre Flo et Enrico Chiesa, a de nouveau connu la faillite à l’été 2020, après la précédente en 2014. Mais, le noir sur le maillot ne symbolise pas le marasme dans lequel le club vit depuis près d’une décennie. Sienne adopta ses couleurs à sa création en 1904, en reprenant les couleurs de la ville. A partir de la seconde moitié du XIIIème siècle, le blason argent (blanc) et noir comme principal symbole de la ville s’affirma et prit le nom de balzana, dérivé de l’arabe بلقاء (balqâ) signifiant « bigarré de blanc et de noir ». La raison exacte de ce mariage de couleurs est inconnue mais de nombreuses hypothèses existent, mêlant mythologie et histoire. La première version repose sur la fondation de la ville par les romains Senius et Aschius, fils de Rémus, frère de Romulus (les fondateurs de Rome). Après le meurtre de leur père par Romulus, les deux frères fuirent de Rome et emmenèrent avec eux la louve (qui éleva Rémus et Romulus) jusqu’à la vallée de Tressa où ils fondèrent Sena Julia (Sienne). La légende raconte que pour leur fuite, les deux frères montèrent un cheval blanc et un autre noir. Toutefois, d’autres avancent que pour remercier les Dieux de la fondation de la ville, ils allumèrent un feu dont la fumée était blanche et noire. Mais, les explications ne s’arrêtent pas là. Pour certain, ce blason noir et blanc rappelle les marbres blanc et vert foncé (proche du noir) qui ornent la Cathédrale Santa Maria et d’autres palais de la ville. Pour d’autres, le blanc et le noir, couleurs opposées, symbolisent deux populations de la ville. Mais, de même, les versions diffèrent. D’un côté, ces deux couleurs représenteraient la noblesse et le peuple de la ville. D’un autre côté, cette union dans un seul blason indiquerait la paix conclue entre les factions rivales des Guelfes blancs et noirs (au Moyen-Âge, alors que la guerre entre Gibelins, les partisans du Saint-Empire et les Guelfes, les soutiens de la Papauté, faisait rage, le partie Guelfe se divisa encore entre les deux clans). Enfin, une dernière hypothèse veut que ces deux couleurs soient tirés des emblèmes des anciens Comtes de la cité à l’époque Carolingienne.

#337 – SSC Naples : i Ciucciarelli

Les petits ânes dans le dialecte napolitain. Après Boca Junior, autre hommage à Diego Maradona avec son second club de cœur, le SSC Napoli, et l’un de ses surnoms que le club n’aurait pas hérité si l’équipe napolitaine des années 1920 avait compté Diego dans ses rangs. Dans les premières années du club, le cheval en était son symbole et s’affichait sur son écusson. L’attachement de la ville avec le cheval remontait aux premières heures de son existence. Les premiers colons grecs, fondateur de la cité, aurait découvert des chevaux dont les sabots résistants leur permettaient de se balader sur les pentes abruptes et recouvertes de blocs de lave du Vésuve. Ils firent du cheval l’emblème de leur nouvelle cité et, au moins, à partir IIIème siècle, un culte équin était célébrait dans la cité. Les habitants se réunissaient auprès d’une statue monumentale de cheval en bronze, attribuée à Virgile, pour prier et obtenir la guérison de leur équidé. Au XIVème siècle, le cheval était toujours vénéré puisque l’évêque de Naples fit abattre une statue de cheval en 1322 pour faire cesser cette tradition païenne. Au XIXème siècle, un cheval cabré orna les armes de la province. Une race de cheval est même issue de la région et est dénommée encore aujourd’hui Napolitain.

Pourtant, lors de la saison 1926-1927, la première du club, le symbole passa du cheval vers l’âne et cette transformation n’avait pas pour objectif de rendre hommage aux joueurs. Le club concourrait dans l’un des groupes de la Série A et la saison se révéla catastrophique. L’équipe termina dernière de son groupe de 10 avec seulement un point obtenu, 61 buts encaissés et 7 marqués. En 18 matchs, les joueurs parvinrent seulement à obtenir un résultat positif : un match nul face à Brescia à domicile. Le reste des confrontations se résuma uniquement à des défaites, dont certaines particulièrement sévères (9-2 face à l’Inter ou 8-0 face à la Juventus).

Les supporteurs napolitains, avec l’ironie qui les caractérisent, affublèrent les joueurs du surnom de ciucciarelli. Selon une légende, la scène se déroula dans un bar brésilien, lieu de rencontre de fervents supporteurs. Un des fans, exaspéré par les résultats, déclara : « sta squadra nosta me pare o ciuccio ‘e fichelle: trentatrè piaghe e ‘a coda frucida » (cette équipe me paraît être un âne se plaignant de ses trente-trois plaies et de sa queue pelucheuse). L’anecdote fut rapportée au journal local, qui reprit dans son édition un âne plein de tâches et une petite queue pour caricaturer le club. Depuis, l’animal, prénommé O Ciuccio, a supplanté le cheval qui disparaît du blason en 1928.

#210 – Chelsea FC : the Blues

Les bleus. Contrairement à beaucoup de clubs anglais qui changèrent de nombreuses fois de couleurs durant les premières années d’existence, Chelsea est resté fidèle au bleu, qui connut tout de même quelques évolutions. A la fondation, le club choisit de prendre les mêmes couleurs que celles de l’écurie de chevaux de course de Lord Gerald Cadogan, 6ème Earl de Chelsea : bleu Eton, blanc et noir. Le bleu Eton (ou Shelduck Blue) est un bleu pâle verdâtre utilisée depuis le début du XIXème siècle par les sportifs du collège élitiste d’Eton. Il est également utilisé par le Geelong Grammar School et est similaire à la couleur utilisée par l’Université de Cambridge. La raison d’opter pour les couleurs de l’écurie du Earl de Chelsea aurait été de pouvoir jouer avec un maillot portant les armes de la ville (borough) de Chelsea. Mais, assez rapidement (les versions diffèrent entre 1906 et 1912), le maillot du club mua vers le bleu royal actuel. Cette couleur renforça certainement le lien avec le Royal Hospital Chelsea (cf article #28). En effet, les pensionnaires de cette hospice militaire sont connus pour porter une longue veste écarlate. Toutefois, ils se trouvent aussi que l’hôpital les pourvoit d’une tenue bleue, dénommé « blues » que la direction encourage de porter au sein de l’hôpital et ses environs. Cette tradition remonte à 1707, car avant cette époque, de nombreux retraités de Chelsea possédaient peu de vêtements. L’hôpital les dota donc d’un manteau bleu marine qui permettait de les équiper chaudement pendant l’hiver. Ce manteau fut changé pour la veste bleue à double boutonnage, qui est maintenant portée toute l’année.

L’apparition de ce surnom se fit suite à la nomination de Ted Drake comme manager général en 1952. Il décida de moderniser le club et estima que le surnom de pensioners (en vigueur à cette époque) donnait une mauvaise image du club, laissant penser que ce dernier était une équipe de retraités. Il déclara que le surnom de l’équipe n’était plus les pensioners mais désormais les blues.

#208 – FC Nantes : les Canaris

Comme beaucoup d’équipe évoluant en jaune, le club nantais a hérité du surnom « les canaris » . Ces couleurs jaunes et vertes furent décidées lors de la création du club. Au printemps 1943, 5 clubs amateurs de la région nantaise, sous l’impulsion de 3 entrepreneurs locaux, Marcel Braud, Marcel Saupin et Jean Le Guillou, fusionnèrent pour donner naissance au FC Nantes afin de « développer, par la pratique du football, les forces physiques et morales des jeunes gens et pour créer entre tous les membres, des liens d’amitié et de solidarité ». Cet objet, dans la lignée de la politique de vichy, n’était pas un hasard car les 3 entrepreneurs étaient des collaborationnistes et Jean Le Guillou fit sa fortune en travaillant pour la Luftwaffe et la Kriegsmarine. Avec cet argent, Jean Le Guillou acquît des cabarets parisiens, des bijouteries, des boutiques de haute couture ainsi qu’une écurie de chevaux de courses. Dans son haras, figurait un crack, dénommé Ali Pacha qui était monté par un jockey en casaque jaune et verte. Fasciné par son crack et mécène du jeune club, Jean Le Guillou fit adopter alors les couleurs jaunes et vertes au club de football.

#162 – Borussia Mönchengladbach : die Fohlen

Les poulains. La Bundesliga avait à peine 2 ans quand elle vit débarquer en 1965 onze fougueux et jeunes joueurs venant de Rhénanie-du-Nord. Un an plus tôt, l’entraîneur Hennes Weisweiler prit la tête de l’équipe. Le club avait peu de moyens et ne pouvait ni se permettre de conserver ses meilleures éléments, ni recruter des stars. Hennes Weisweiler décida de promouvoir ou recruter de jeunes joueurs, tels que Werner Waddey (18 ans), Bernd Rupp (21 ans), Jupp Heynckes (19 ans), Günter Netzer (19 ans) et Herbert Laume (20 ans). Il présenta ainsi la plus jeune équipe du championnat (avec une moyenne d’age de 21 ans). En outre, il instaura un système de jeu très offensif basé sur une circulation rapide du ballon, des changements de rythmes constants, des mouvements incessants, une recherche frénétique du but adverse tout en laissant une grande liberté aux joueurs. Ce football rapide et intense donna des résultats immédiatement avec de larges victoires (7-3 lors de la 3ème journée contre Westfalia Herne, 10-1 lors de la 5ème journée face au STV Horst-Emscher) et conquit les spectateurs. Mais également la presse. Le rédacteur en chef du quotidien régional, Rheinische Post, Wilhelm August Hurtmanns surnomma les jeunes fougueux joueurs de Weisweiler les poulains. Les années suivantes (et surtout la décennie 70) virent ces fameux poulains briser l’hégémonie du Bayern et conquérir 5 titres de champion d’Allemagne, 1 coupe d’Allemagne, 2 coupes de l’UEFA et une finale perdue de la coupe des clubs champions.