#1353 – América Cali : el Pentacampeón

Le quintuple champion. Au début des années 1980, l’América débuta son incroyable voyage vers les titres et les records, qui en fait aujourd’hui l’un des plus grands de Colombie. Fin 1978, l’expérimenté Docteur Gabriel Ochoa Uribe (7 titres de champion remportés entre 1959 et 1972 avec Millonarios et Santa Fe) remplaça l’entraîneur uruguayen Víctor Pignanelli. Partisan d’un football défensif, Uribe construisit l’équipe autour d’une défense solide et d’un jeu fermé, surtout quand son équipe menait. Après avoir laissé son rival du Deportivo Cali remporter le tournoi Apertura, l’équipe conquit son premier titre national en 1979. En 1980, América recruta le gardien uruguayen Ladislao Mazurkiewicz et l’attaquant argentin Carlos Miori et atteignit les demi-finales de la Copa Libertadores. La saison suivante, l’argentin Julio César Falcioni remplaça Mazurkiewicz et l’argentin Roque Alfaro renforça le milieu de terrain. L’América remporta pour la première fois le tournoi Apertura.

1982 marqua le début de la suprématie de l’América sur le football colombien. Avec l’intégration du jeune attaquant Antony de Ávila, l’América fut sacré champion national pour la deuxième fois de son histoire et, pour la première fois en Colombie, l’équipe remporta tous les tournois (Apertura, Finalización et Finale octogonale). En 1983, l’América recruta l’attaquant Willington Ortiz et l’équipe remporta son deuxième titre consécutif. L’année suivante, l’équipe se consolida avec les offensifs péruviens César Cueto et Guillermo La Rosa tandis qu’Álex Escobar fit ses débuts en équipe première. Nouveau sacre national, avec la victoire dans tous les tournois une nouvelle fois ainsi qu’une série de 23 matchs sans défaite. En 1985, América engagea les internationaux Ricardo Gareca (Argentine) et Roberto Cabañas (Paraguay) et l’équipe gagna son 4ème titre national consécutif. Pour la première fois de son histoire, América atteignit la finale de la Copa Libertadores mais la perdit face à Argentinos Juniors. En 1986, l’América fut une nouvelle fois champion, ravissant son 5ème titre consécutif au nez et à la barbe de son rival du Deportivo. Face à River Plate, l’équipe perdit sa deuxième finale de Libertadores. Si sa suprématie nationale s’arrêta sur ce 5ème titre (devenant le premier et l’unique Pentacampeón de Colombie), América atteignit sa 3ème finale consécutive de Copa Libertadores en 1987, face à l’uruguayen Peñarol, mais sans plus de succès.

#1322 – Llaneros FC : los Caballos

Les chevaux. Fondé il y a seulement 13 ans, le club prenait la suite des Centauros Villavicencio, dont la vie n’avait duré que 9 ans mais qui était la première tentative de doter le département de Meta d’une équipe en mesure d’évoluer dans l’élite colombienne. La première équipe faisait référence à l’animal mi-homme, mi-cheval, le Centaure, donc il paraissait logique que le nouveau club reprenne le cheval dans son écusson et comme surnom. Et si l’équidé occupe une place centrale dans la symbolique des deux équipes de football, c’est en raison de son rôle important dans cette région.

Le département de Meta fait partie de la région du Llanos, qui occupe l’ouest du Venezuela et l’est de la Colombie et où s’étire de vastes plaines herbeuses, bases de son économie. Car son climat humide et chaud offrent de beaux pâturages, favorables à l’élevage (bovins, porcs et chèvres). Les pâturages dans le Llanos représentent entre 7 et 9 millions d’hectares et pour certaines parties de la région, environ 85% des terres sont même consacrées à l’élevage. Près de 9 millions de bovin (le tiers du pays) se trouve dans cette région, répartis dans près de 32 000 fermes. Ces ranchs exploitent de grands troupeaux sur de vastes terres, qu’ils rassemblent deux fois par an, la première fois au début de la saison des pluies pour les emmener vers les terres plus sèches et, inversement à la fin de l’année. Et pour surveiller ces bêtes et réaliser ces longs voyages, les ranchs comptent sur les cow-boys locaux, les llaneros.

Leur culture démarra avec l’introduction de l’élevage par les colons espagnols au XVIème siècle. Semi-nomade, ils guidaient les troupeaux et étaient reconnus comme des cavaliers habiles qui géraient toutes les tâches liées au bétail. Elevés dès leur plus jeune âge sur le dos d’un cheval, avec une façon particulière de le monter, les llanaros ne considéraient que l’équidé comme animal, créant un lien qui allait au-delà de celui d’un animal de compagnie. Il était le prolongement de son corps et de son esprit. Et, dans les plaines, pour tous il était clair que sans chevaux, il n’y eut pas eu de développement. Il y avait quatres types de llaneros : le cabrestero qui conduit le bétail, le baquiano qui connaît les chemins, la langue et les coutumes d’une région afin de les parcourir sans encombres, le cuatrero, le voleur de bétail et le músico, qui est un cavalier musicien et chanteur. Ils étaient reconnaissables à leur tenue qui se composait d’un pantalon double (un à l’intérieur pour se salir et l’autre à l’extérieur, qui se nommait garrasí) qui avait des griffres au bout pour l’attacher, une chemise à col large et ouvert se portant par dessus le pantalon, un chapeau de type andalou et un grand foulard. Etant de bons cavaliers, ils furent recrutés pendant les guerres (en particulier les guerres d’indépendance où ils servirent dans les deux camps) pour former le gros des troupes de cavalerie. Les llaneros jouèrent un rôle important dans l’émancipation du pays et les historiens estiment que plus de 13 000 llaneros perdirent la vie durant la guerre d’indépendance.

Etant donné qu’ils ne quittaient jamais leurs montures et qu’ils servirent dans l’armée, ils ressemblaient au centaure, cet animal mythique qui rassemble l’homme et le cheval sous un même être et combattait en première ligne en raison de sa force et son audace. D’ailleurs, le chanteur colombien Cholo Valderrama aime à dire « El suelo del llanero son los estribos » (le sol du llanero, ce sont les étriers). Et cette comparaison s’installa dans l’imaginaire collectif colombien. Ainsi, pour évoquer la fin de la guerre d’indépendance menée par Bolívar, avec le soutien des llaneros, le 6ième couplet de l’hymne national colombien dit « Centauros indomables Descienden a los llanos » (Des centaures indomptés descendent dans les plaines). Deux centaures se distinguent également sur les armoiries du département de Meta.

#1279 – Deportivo Cali : el Decano

Le doyen. Lorsque la Colombie devint un état indépendant en 1831, le pays connut rapidement une croissance économique. Cependant, plusieurs conflits dans la seconde moitié du XIXème siècle ralentirent son développement mais aussi l’implantation du football. Heureusement, la culture du café poussa, à partir de 1881, le pays à accroitre ses infrastructures (ports et voix ferrés et routières) entre le centre du pays, producteur, et les villes côtières, centre d’exportation. Or, que trouvait-on à l’époque dans les ports ? Des marins britanniques. Qui construisait les chemins de fer ? Des ingénieurs britanniques. Evidemment, ils apportèrent dans leur bagage des ballons de football.

Néanmoins, ni la date exacte, ni le lieu du début du football colombien ne sont connus avec certitude, menant de nombreuses villes (Barranquilla, Pasto, Santa Marta et Bogotá) à revendiquer aujourd’hui sa paternité. Certains avancent que le football arriva en 1892 à Bogotá, à l’initiative du directeur de l’École militaire, le colonel américain Henry Rown Lemly qui publia les règles dans le journal « El Telegrama » et organisa le 22 juin le premier match de football entre deux équipes de son école. Ce n’est pas l’avis des défenseurs de Barranquilla qui affirment qu’en 1903 eut lieu le premier match de football sur le territoire colombien, joué entre des ingénieurs anglais qui construisait une chemin de fer à Barranquilla et des jeunes locaux. Evidemment, d’autres préfèrent raconter l’histoire de marins anglais débarquant à Santa Marta pour charger des cargaisons de banane et qui se divertissaient en jouant au football vers 1909. Une chose est sure : la fragmentation du pays n’aida pas à diffuser et populariser le football qui se développa certainement de manière indépendante dans chaque région au début du XXème siècle.

Ce retard de développement par rapport aux autres pays sud-américains se ressentit dans la fondation de structures organisées. En effet, les premiers clubs colombiens apparurent en 1908 avec le Deportivo Santa Marta et en 1909 avec le Barranquilla FBC. Cette naissance du précurseur fait également débat puisque le premier club de la capitale, le Football Club de Bogotá, serait apparu en 1902. En tout cas, tous ces clubs disparurent et aujourd’hui, le plus vieux du football colombien est le Deportivo Cali fondé le 23 novembre 1912. Et là aussi, les britanniques n’étaient pas loin. Les frères Lalinde (Nazario, Juan Pablo et Fidel) firent leurs études en Angleterre pendant plus de cinq ans. Ils découvrirent le football en regardant jouer des équipes comme Aston Villa et Arsenal. Dès leur retour à Santiago de Cali, les frères Lalinde entrainèrent d’autres hommes pour fonder le Cali Football Club.

#1238 – Boyacá Chicó : los Ajedrezados

Les joueurs d’échec. Malgré la jeunesse du club (fondé il y a seulement 22 ans, le 26 Mars 2002), Boyacá Chicó réussit à s’installer en première division en 2004 et devint le 3ème club de Bogota, derrière les deux géants Millonarios et Santa Fe. Pour parvenir à cette « popularité, il fallait réussir à créer une identité. Objectif difficile à réaliser étant donné la faible histoire du club et surtout quand au bout de 3 ans d’existence, il déménagea du quartier Sud de Bogota, Chicó, pour s’installer à 140 km au Nord de Bogota. Pourtant, un choix judicieux permit de le distinguer des autres clubs : un maillot à damier. Depuis sa création, le club cherche ses couleurs : noir et rouge jusqu’en 2003, noir et blanc de 2003 à 2007, vert et blanc en 2007 et en 2009, noir et bleu en 2008, blanc et bleu en 2010, puis retour au vert et blanc de 2010 à 2012, le noir et blanc en 2012, 2014 et 2015, avec une incursion en noir et orange en 2013, de nouveau vert et blanc en 2016-2017 et bleu foncé et blanc en 2018. Depuis, un accord semble avoir été trouvé avec un mariage de bleu (bleu foncé et bleu roi). Toutefois, les couleurs officielles du club sont le bleu et blanc, avec du orange qui apparaît sur l’écusson.

Dans cet arc-en-ciel de couleur, un élément du maillot est demeuré immuable : un damier. Assez peu de club dans le monde arbore ce type de tenue de manière régulière : Boavista au Portugal (cf. #159) et l’équipe nationale de Croatie. Exceptionnellement quelques clubs se livrèrent à cette originalité : Liverpool pour un maillot Third en 2020, Barcelone en 2019 pour son maillot à domicile et Lorient pour sa tunique originelle dans les années 1920 et repris en 2016. Pour Boyacá, le damier représente les échecs, un jeu d’intelligence et de stratégie, valeurs qui symboliseraient le style de jeu de l’équipe. Le damier s’imposa donc sur le maillot mais également sur le blason du club.

#1196 – CS Colombia : los Cafeteros

Les caféiculteurs. Vous ne rêvez pas. Ce club se nomme comme un pays et se trouve … au Paraguay, soit à près de 3 000 km de la première ville colombienne. Et comme, cette équipe évolue dans un maillot jaune et rouge, accompagné d’un short bleu, soit les couleurs du drapeau colombien, on peut en conclure que toutes ses similitudes ne sont pas le fruit du hasard. A Zavala Cué, un quartier de la ville de San Lorenzo, des jeunes décidèrent de fonder un club de sport (et notamment de football) le 1er Novembre 1924. Ils le nommèrent Sport Colombia pour rendre hommage au pays qui supporta le Paraguay lors de l’un de ses pires épisodes, la Guerre de la Triple-Alliance (1864-1870).

A l’issu du mouvement indépendantiste qui désagrégea les Empires espagnoles et portugais en Amérique du Sud (vers 1820), de nombreux Etats virent le jour aux frontières floues et les constations subsistèrent durant de nombreuses années. Egalement, au fil des années, la compétition entre ces jeunes nations se fit sur le plan économique, dans un monde du XIXème siècle en pleine révolution industrielle et favorisant l’ouverture des marchés aux produits européens. C’était classiquement le cas du Paraguay avec ses voisins Argentins et Brésiliens. Tous revendiquaient des pans entiers du territoire des autres. En outre, les britanniques soutenaient le Brésil et l’Argentine qui ouvraient leurs bras aux capitaux et aux produits de la Grande-Bretagne, contrairement au Paraguay qui connaissait une forte croissance sans l’appui de nation européenne mais sous le joug d’une tyrannie.

En 1864, l’Uruguay se déchirait entre les mouvements pro et anti-brésiliens et le Paraguay prit le parti des anti-brésiliens. Pour leur porter secours, les troupes paraguayennes devaient passer par le territoire argentin, ce que le gouvernement de Buenos Aires refusa. Cette décision n’empêcha pas le Paraguay de traverser ses régions, ce qui poussa l’Argentine à déclarer la guerre à Asunción. Pendant ce temps, l’Uruguay tomba sous la coupe officieuse du Brésil et une triple alliance (Brésil, Uruguay et Argentine) émergea avec le traité du 1er mai 1865. Face à cette coalition, le Paraguay ne pesa pas et perdit la guerre en 1870. Les pertes furent terribles pour le pays. Même si les chiffres sont souvent contestés et peu fiables, le Paraguay aurait perdu une grande partie de sa population (jusqu’à 60%) et se retrouva presque sans hommes (jusqu’à 80% de sa population masculine serait décédé). Occupé jusqu’en 1876 par le Brésil et l’Argentine, le Paraguay fut également amputé de 140 000 km2 (soit 70% de son territoire). Enfin, ses deux voisins lui imposèrent le libre échange voulu par les britanniques.

Pendant ce désastre, qui faillit vit disparaître le pays guarani, les populations paraguayennes trouvèrent un soutien auprès de la Colombie. Cette dernière protesta contre la guerre, loua la résistance héroïque des paraguayens (loi 78 du 28 juin 1870), et accorda la citoyenneté colombienne à tout paraguayen qui mettrait le pied sur le sol colombien si, à la suite de la guerre, le Paraguay disparaissait. Ce geste, certes que moral mais important pour ne pas être isoler sur la scène internationale, scella les relations fraternelles entre les deux nations. En remerciement de la politique colombienne, le Paraguay renomma un de ses districts, dont la géographie apparaissait similaire à celle de la Colombie, Nueva Colombia qui adopta un drapeau similaire à celui de la Colombie. Même si cette histoire est parfois oubliée aujourd’hui, elle refait surface comme quand lors du dernier match des qualifications à la Coupe du Monde 2022, le sort de l’équipe colombienne dépendait du résultat des paraguayens. La presse colombienne n’hésita pas à rappeler le geste de 1870 pour demander un coup de main sportif au Paraguay.

Le club du CS Colombia met donc à l’honneur ce lien et hérita du surnom de Cafeteros, car la Colombie est connue pour sa production de café (4ème producteur mondial en 2023 avec environ 745 800 tonnes).

#1192 – Deportivo Independiente Medellín : el Equipo del Pueblo

L’équipe du peuple. Dans la Colombie du début du XXème siècle, les classes huppées souhaitaient se distinguer de la population ouvrières et paysannes en pratiquant des activités culturelles et sportives différentes de la plèbe. Les modes venant d’Europe et qui étaient méconnues de la population rencontraient donc un certain succès chez les jeunes bourgeois et le football en faisait parti. Ainsi, le 14 novembre 1913, Alberto Uribe Piedrahíta et ses frères Luis et Rafael, accompagnés d’un groupe de jeunes issus de familles riches, comme Guillermo Greiffenstein et José Luis Jaramillo fondèrent une équipe de football sous le nom de Medellín FootBall Club afin d’affronter un autre club de la ville, le Sporting (également appelé « Los Extranjeros », les étrangers, car il comptait dans ses rangs des joueurs belges et suisses). Au fil des années et des victoires contre les rivaux locaux, le prestige de Medellín grandit au sein de la ville ainsi que de la région d’Antioquia. En 1928, les joueurs de Medellín formèrent une grande partie de l’équipe représentant la région d’Antioquia au tournoi organisé à Cali et qui arriva en finale. En 1930, l’équipe fut invitée à Bogota comme étant le meilleur club d’Antioquia joua plusieurs matchs contre les meilleurs de la capitale dont Bartolinos, La Salle, Internacional et Juventud. A partir de ces années, Medellín FootBall Club devenait le représentant d’une région entière et emporta la passion et la fierté de ses habitants, notamment des quartiers populaires. Débutant comme un club de l’élite, il commença alors à être connu comme l’équipe du peuple.

Aujourd’hui, l’Independiente Medellín suscite toujours la sympathie parmi toutes les classes sociales, tous les âges et toutes les communautés d’Antioquia. Son rival, l’Atlético Nacional, représente désormais la bourgeoisie de la ville de Medellín. Ce surnom est tellement ancré qu’en 2012 la société qui racheta le club se nommait El Equipo del Pueblo SA. Et même si sa propriété changea, elle demeure l’unique actionnaire du club de football.

#1147 – Envigado FC : el Equipo Naranja, la Naranja Mecánica

L’équipe orange, l’orange mécanique. Basée dans la ville d’Envigado, l’équipe a vu évoluer dans ses rangs, Juan Fernando Quintero et Fredy Guarín, bien connus des pelouses de L1. Surtout, il est le club formateur de James Rodríguez qui, âgé d’à peine 16 ans, sauva son équipe de la déroute financière en l’aidant à remonter immédiatement en première division colombienne.

L’équipe évolue dans des maillots oranges, accompagnés de parements blancs et/ou verts, en fonction des saisons. L’orange et le vert proviennent directement des couleurs du drapeau de la ville d’Envigado. La municipalité adopta le drapeau de la cité, composé de 3 bandes horizontales (2 oranges et une verte au milieu), en Novembre 1982. La couleur orange exprime la puissance, le dynamisme et le progrès. Tandis que le vert souligne le caractère antioqueñidad de la ville, ie les liens forts entre les habitants d’Envigado et le département d’Antioquia où se situe Envigado. Le drapeau du département se teint d’une bande blanche (supérieure) et une verte (inférieure). Il trouve ses origines à l’époque de l’indépendance de la Colombie en 1810 lorsque le récent gouvernement de Santa Fe de Antioquia opta pour un drapeau blanc et vert qui s’inspirait des couleurs des armoiries de l’université d’Antioquia (fondée en 1803 à Medellín). Puis, de 1811 à 1816, l’Etat Libre d’Antioquia reprit la même bannière. Selon la version officielle du gouvernement d’Antioquia, la couleur blanche symbolise la pureté, l’intégrité, l’obéissance, l’éloquence et le triomphe. La couleur verte représente les montagnes du département, l’espoir, l’abondance, la foi, le service et le respect.

#1122 – Deportivo Pereira : el Grande Matecaña

Le grand matecaña. Le club émergea d’une bagarre. Au début des années 1940, la rivalité des deux clubs de la ville de Pereira, Vidriocol (l’équipe des classes populaires de Pereira) et Otún (l’équipe des classes aisées de la ville), se traduisait par des affrontements excessifs sur le terrain. A l’issu d’une nouvelle altercation lors d’un derby en Février 1944, plusieurs personnes, soutenues par le capitaine de Police, proposèrent de créer un nouveau club, ce qui fut fait le 12 février 1944. 78 ans plus tard, le club de la province de Risaralda remporta le titre de champion de Colombie, avec une équipe composée uniquement de joueurs colombiens. Un véritable exploit.

Il est difficile de dire pourquoi le club a hérité de ce surnom. Matecaña, que l’on peut traduire par « tueur de cannes à sucre », est le nom de l’aéroport de la ville. Il fut construit sur l’ancien hippodrome qui portait déjà ce nom. Ces terrains se dénommaient déjà ainsi au milieu du XIXème siècle, ce qui laisse supposé qu’il y avait une exploitation de cannes à sucre à cette époque. De par sa construction difficile et les services rendues, l’aéroport constitue une fierté pour les habitants de la ville et son nom est utilisé parfois comme un gentilé.

Quand au club, son équipe joua dans le stade « El fortín de Libaré » (aujourd’hui nommé Mora Mora) jusqu’en 1971. Il ne semble pas que le stade ait été construit sur un ancien champs de cannes à sucre. Donc le terme Matecaña fut certainement retenu dans le surnom comme un synonyme de Pereira. Pour le terme Grande, il symbolise peut-être le fait que « El fortín de Libaré » (le fort de Libaré) était un lieu imprenable où le club réalisa de grands exploits. Après un match mémorable, le Deportivo tint en échec (4 buts partout après avoir mené) le Millonarios de Di Stéfano le 23 Juillet 1953. Le club enregistra dans cette enceinte la victoire 9 à 0 contre Huracán en 1951 et la victoire historique 6 à 0 sur l’Atlético Nacional en 1962. L’autre surnom de la même trempe est la Furia Matecaña (la fureur matecaña).

#1084 – AD Pasto : los Volcánicos

Les volcaniques. Fondé le 12 octobre 1949, le club réside dans la ville de San Juan de Pasto et en 2006, il fit chauffer le championnat colombien en gagnant le titre de champion au nez et à la barbe des grands clubs colombiens qui trustaient les victoires (pour être précis, le Deportivo remporta le championnat d’ouverture). Pasto était le premier club issu de la seconde division à remporter le titre de champion de Colombie. Pourtant, ce n’était pas son irruption dans l’élite colombienne en 1998, ni même ce titre qui conduisit à ce surnom. Mais simplement la situation de la ville de San Juan de Pasto, au pied du volcan Galeras, dans le massif montagneux appelé le Nœud de los Pastos.

Cette partie de la Cordillère, qui se partage entre la province équatorienne de Carchi et le département colombien de Nariño, se compose de quelques points culminants à plus de 4 000 mètres dont plusieurs volcans (Cumbal (4 764 mètres d’altitude), Chiles (4 718 m), Doña Juana (4 250 m) et Azufral (4 070 m)). De manière générale, la Colombie compte 27 volcans, dont 8 actifs.

Situé dans le parc protégé « Santuario de Fauna y Flora Volcán Galeras », au Sud-Ouest du département de Nariño (dont San Juan de Pasto est la capitale), le volcan Galeras s’érige à 4 276 m. Les indigènes quillasingas, qui vivaient dans la région avant l’arrivée des conquistadores, lui donnèrent le nom d’Urcunina ou Urqunina, qui signifie « montagne de feu ». Son nom actuel lui fut attribué par les espagnols au début du XVIème siècle et il rappelait que la silhouette du sommet ressemblait aux galères (galeras). Il se compose d’une large caldeira en fer à cheval ouverte vers l’ouest et au centre de laquelle se situe un cône volcanique. Faisant parti de la ceinture de feu du Pacifique et formé il y a environ 1 million d’années, avec un diamètre de 20 km (dont 320 mètres pour le cratère principal), Galeras constitue le volcan le plus actif de Colombie, avec des éruptions nombreuses, dont certaines ont été destructives et/ou mortelles (en 1993, 6 scientifiques et 3 touristes trouvèrent la mort). La première éruption enregistrée remonte au 7 décembre 1580 et au total, près de 65 éruptions ont été documentées. Son activité s’est intensifiée au début de 1988 et environ une trentaine d’éruption se sont produites au cours des deux dernières décennies (la dernière significative remonte à 2012). En conséquence, il est répertorié comme l’un des seize volcans de la décennie (volcans identifiés par l’Association internationale de volcanologie comme étant dignes d’une étude particulière) et l’un des plus dangereux de la planète en raison de la susceptibilité de provoquer une catastrophe.

Autour du volcan s’est construit un large et riche écosystème (dont 125 ruisseaux, plusieurs rivières et quatre lagunes ainsi que 205 espèces d’oiseaux répertoriées) et ses falaises constituent un lieu idéal pour l’alpinisme. Surtout, une grande population vit sur ses flancs dans les municipalités de San Juan de Pasto (près de 420 000 habitants), Narino, La Florida, Sandoná, Consacá, Yacuanquer et Tangua. Donc, malgré les pluies de cendres et ondes de choc régulières, San Juan de Pasto a profité de ses terres fertiles à ses pieds pour se développer depuis près de 500 ans. L’image puissante du Galeras a inspiré poètes et écrivains, comme Marco Fidel Suárez (écrivain et ancien Président de la Colombie) qui lui consacra un essai « El Sueño del Galeras » dans son oeuvre la plus célèbre « Los sueños de Luciano Pulgar » où il le désigna comme centinela de la patria (la sentinelle du pays).

L’autre surnom connu dans cette veine est el Equipo Volcánico (l’équipe volcanique).

#1023 – Independiente Santa Fe : los Santafereños

Ne cherchez pas la ville de Santa Fe en Colombie car vous n’en trouverez pas. Le Santa Fe du club est le nom du district (et même d’une rue) de Bogota où le club prit ses quartiers. En 1939, le Gimnasio Moderno, un collège privée de la ville, fêtait ses 45 ans et pour l’occasion, un match de football fut organisé entre l’équipe de l’école et celle des anciens élèves de l’institution. Ce match encouragea les anciens étudiants à poursuivre la pratique du football et à se mesurer à d’autres équipes de la capitale colombienne issues de ses écoles et collèges. Les joueurs étaient pour la plupart des étudiants du Colegio Mayor de Nuestra Señora del Rosario, une des plus anciennes universités de Colombie (fondation en 1653), qui se situait dans la quartier de Santa Fe. Ils se réunissaient donc à quelques encablures de l’Université au Café del Rhin, situé au passage Santa Fe. Etant donné ce lieu de rencontre, ils se faisaient déjà connaître sous le nom de los Santafereños.

Ce terme était assez utilisé pour désigner les habitants du district de Santa Fe, qui constitue le centre historique de la capital. La ville de Bogota fut fondée par Gonzalo Jiménez Quesada le 6 août 1538 sous le nom de Santa Fe de Bogotá, à l’endroit qui constitue aujourd’hui la célèbre Plaza de Bolívar, au cœur du district actuel de Santa Fe.

Au début de 1941, la recurrence des matchs et l’organisation qui en découlait ainsi que les oppositions que les jeunes pouvaient rencontrer du fait que leur pratique pouvait gêner le voisinage poussa l’équipe amatrice d’étudiants à se structurer en fondant officiellement un club qui s’inscrivit à l’Association Sportive de Bogota. Ce nouveau club ne pouvait pas prendre le nom connu de l’équipe précédente qui était « Ex-élèves du Gimnasio Moderno » ou « Santafereños ». Trop restrictif, pas assez symbolique au gout des fondateurs. Dans les statuts de fondation du club, il était inscrit « Dicho club tendrá un carácter meramente deportivo, sin perseguir lucro de ninguna especie » (Ledit club aura un caractère purement sportif, sans recherche de profit d’aucune sorte). En effet, les fondateurs voulaient un club dédié au football par conviction et non par appât du gain, un club portant un certain esprit romantique, hermétique à l’influence d’entreprises ou d’investisseurs. En cela, il apparaissait comme un club indépendant. En outre, les étudiants baignaient dans la nostalgie de l’indépendance colombienne. En effet, cœur historique de la ville, le quartier de Santa Fe regroupe un certain nombre de monuments et lieux, honorant l’indépendance du pays (Parque de la Independencia, construit en 1910 pour commémorer le premier centenaire de l’Indépendance, Parque Santander où se situe la statut de Francisco de Paula Santander, héros de l’Indépendance …). Toutefois, comme il existait déjà un club en Argentine du nom de CA Independiente, les fondateurs accolèrent au nom Independiente le nom du passage Santa Fe qui avait abrité les premières réunions du club.