#1356 – Rijnsburgse Boys : de Uien

Les oignons. Sur la côte hollandaise, 66 000 âmes résident paisiblement dans la ville de Katwijk. Ville moyenne des Pays-Bas, elle compte tout de même 3 clubs évoluant en troisième division (VV Katwijk, Quick Boys et Rijnsburgse Boys) et deux (FC Rijnvogels, Valken ’68) dans la division inférieure. Rijnsburgse Boys vit un peu dans l’ombre de la féroce rivalité que se vouent VV Katwijk et Quick Boys. Il représente le village de Rijnsburg, qui a été absorbé par Katwijk. La réputation de Rijnsburg provient de ses cultures de bulbes à fleurs et la présence d’une plateforme de Royal FloraHolland, la coopérative de producteurs de fleurs et la plus importante des maisons de vente de fleurs aux enchères au monde. La culture et le commerce des fleurs remontent à Charlemagne (vers 800), époque à laquelle fut introduit le lys de la Madone. Vers 1400, on cultivait déjà des roses à l’abbaye de Rijnsburg. 

La fondation de l’abbaye de Rijnsburg, vers 1125, encouragea justement le développement de l’horticulture mais également l’agriculture. Parmi les cultures les plus répandues, l’oignon constitua un des produits les plus exportés de Rijnsburg au XVIème et XVIIème siècle. Très réputés à l’étranger et bons, les oignons devinrent le surnom des habitants de Rijnsburg. L’oignon de Rijnsburg est aujourd’hui encore une variété, rond et jaune pâle.

Cela n’apparaît pas comme un surnom flatteur. Pourtant, le club se l’est approprié car l’oignon est une plante robuste, saine et qui fleurit magnifiquement. En dégageant un gaz irritant lorsqu’il est coupé, l’oignon apparaît résistant. Finalement, pour le club, ces valeurs collaient bien à son équipe.

#1313 – Real Murcia CF : los Pimentoneros

Ceux qui cultivent du piment, paprika. Dans le Sud-Est de l’Espagne, où les rayons du soleil s’étalent à longueur de journée, les joueurs de Murcia portent un maillot écarlate, qui aurait pu inspirer le surnom du club. Tout autant que la bannière de la ville, immaculée de rouge. Cette tenue apparut le 2 novembre 1920, lors d’un match contre l’AD Ferroviaria de Madrid, et était accompagnée d’un short bleu. Il succédait au maillot vert clair, pantalon blanc et chaussettes noires que le club affichait depuis sa fondation en Décembre 1919. Toutefois, le surnom s’étend au delà du stade Enrique Roca et caractérise les habitants de la ville. Avec une terre fertile (constituée par une plaine alluviale) et un doux climat méditerranéen, Murcie possède une longue tradition agricole et produit une large gamme d’aliments, des fruits (orange, citron, tomate) et légumes (laitue, chou, pois, aubergine, haricots verts, blettes et citrouilles) aux céréales (riz) et aux oliviers. La région devint dès la première moitié du XXème siècle l’un des principaux fournisseurs de produits agricoles d’Espagne (20% de la production agricole du pays : 2,5 millions de tonnes d’agrumes et de légumes primeurs) et d’Europe (au point d’être surnommée le « potager de l’Europe »). Et parmi toutes ces cultures, le poivron s’est fait une place de choix. En particulier, un petit piment rond de la taille d’une tomate cerise, qui séché et moulu, se transforme en un célèbre paprika (pimientos), qui a gagné une appellation d’origine.

Avec la conquête de l’Amérique, le royaume espagnol découvrit le poivron et les piments. A la fin du XVème siècle, sa culture s’importa du côté de Cáceres, avec les frères Jerónimos (ordre de St-Jérôme) du monastère de Guadalupe puis du monastère de Yuste. Son déménagement à Murcie permit le développement de la culture du poivron dans cette région au début du XVIème siècle. Les premiers poivrons cultivés par les frères hiéronymites en Murcie avaient initialement une saveur piquante, une pointe arrondie et une couleur verte, qui ensuite se transforma en rouge jaunâtre. Au fil du temps, il devint un légume rond, légèrement aplati, de couleur rouge foncé et de saveur douce. Dès le XVIIIème siècle, les premiers moulin à poivron furent construit dans la région. Tout au long du XIXème siècle et jusqu’au milieu du XXème siècle, la culture des poivrons pour le paprika se répandit dans toute la région de Murcie jusqu’à devenir la première activité économique, devant la soie et les agrumes. 80 % des paysans de Murcie pratiquaient ce type de culture à l’époque. En 1896, la première association de la corporation des producteurs de poivrons fut créée sous le nom de Centro de Exportadores de Pimiento (Centre des exportateurs de poivrons), dans le but d’organiser la vente du produit. En 1920, 1 200 tonnes étaient produites puis 8 000 tonnes en 1939.

#1282 – Preston Athletic FC : the Panners

Dans le dictionnaire, ce terme se traduit par « orpailleurs » et pan, dont il est dérivé, correspond à une poêle pour cuisiner mais désigne aussi cette grande assiette qui sert à séparer par gravité les paillettes d’or des sédiments. Seulement, si la région de Prestopans possède des richesses naturelles, l’or ne brille pas par sa présence. En fait, le terme panners s’utilise comme le gentilé des habitants de Prestopans et se comprend comme ceux des marais salants (ou qui les exploitent). Le nom de la ville, Prestopans, se traduit du vieil anglais et de l’écossais par « le village des prêtres (priest) près des marais salants (pans) ». Il fait référence à une ancienne importante activité économique de la région, l’exploitation du sel.

Vous connaissez le fameux sel de Guérande ou l’ancienne cité de Brouage en Charente Maritime qui fit sa richesse avec le sel ou encore les Saline royale d’Arc-et-Senans. Vous allez maintenant découvrir le sel de l’Ecosse. Rappelons en premier lieu qu’au Moyen-Age, le sel était essentiel pour nos ancêtres puisqu’il permettait de conserver les aliments tels que la viande, le poisson et le fromage durant de longue période. Ainsi, alors que Prestopans était à l’origine un petit hameau de pêcheurs dénommé Aldhamer, les moines de l’abbaye de Newbattle, arrivèrent dans la région en 1198 et obtinrent le droit d’exploiter les marais, qui étaient inondés par l’eau salée de la rivière Forth, pour produire du sel. Avec le charbon, qui était abondant et à fleur du sol, le sel devint l’activité économique importante de la ville pour des siècles. Toute la chaîne se développa à Prestopans : d’un côté, les bassins où était extraite la saumure et de l’autre, les salines qui, alimentées en combustible avec le charbon local, chauffaient l’eau pour extraire par évaporation le sel. Il fallait huit tonnes de charbon pour produire une tonne de sel.

Avec le départ des moines, l’industrie du sel ne connut pas de déclin et le XVIème et le XVIIème siècle correspondirent au pic de l’activité. Cette richesse se concentraient dans les mains de quelques familles, tandis que la majorité de la population qui y travaillait y était exploitée. Au XVIIIème siècle, le sel devenait l’un des produits d’exportation écossais dont la croissance était la plus rapide. Mais, au XIXème siècle, avec l’amélioration des moyens de conservation, des voix de communication et une demande en sel qui se tourna uniquement vers l’utilisation en condiment, la production du sel écossais s’effondra face à la concurrence du sel anglais, plus fin et moins cher. En 1900, Prestonpans ne comptait plus qu’une seule saline avec deux cuves en état de marche et en 1959, le dernier bassin cessa de produire.

#869 – FK Sloboda Tuzla : Slana Garda

La garde salée. Le club puise ses origines dans les mouvements bolcheviques de l’après Première Guerre Mondiale. Au sein de l’association sportive Gorki (du nom de l’écrivain russe Maxime Gorki, figure de proue des révolutionnaires communistes), qui était lié au jeune parti communiste de Yougoslavie, la section football prit vie en 1919. Au cours des années suivantes, le club subit la pression des autorités afin de changer son nom bolchevique. En 1923, le tribunal ordonna la dissolution du club mais certains militants poursuivirent son activité à partir de 1927 via une nouvelle association dénommée Sloboda, ce qui signifie « liberté » . Mais, ce ne sont pas ces racines révolutionnaires qui donnèrent ce surnom.

Il est attaché à la ville de Tuzla, qui est connue comme la ville du sel. A compter du Néolithique, le sous-sol de la ville qui contient du sel gemme fut exploité. Des recherches archéologiques ont effectivement permis de mettre à jour des plats en céramique datant du Néolithique et servant à la cuisson de l’eau salée et à l’extraction du sel. Résultat, à l’époque romaine, la ville se dénommait Salines, puis elle prit le nom de Soli (nom local du sel) au Moyen Âge et enfin Tuzla (« mine du sel » en turque, sel se disant tuz) à partir de l’époque ottomane. C’est la Mer Pannonienne qui couvrait la région de Tuzla il y a 20 millions d’années qui, en disparaissant, laissa des roches évaporites salines. Au XIXème siècle, de nombreuses mines de sel furent ouvertes à Tuzla et un monopole fut accordé à la société Solana, créée en 1885. Le sel marque profondément l’urbanisme de la ville. De nombreux lieux s’y rapportent tels que les rivières Solina et Jala (provenant du grec ἅλας et signifiant sel). Sur le centre de la place principale de la ville, Trg Slobode, trône une fontaine en forme de bol à sel néolithique. Surtout, en plein centre ville, se situe un trio unique de lacs salés où les habitants profitent des eaux. Toutefois, l’exploitation des mines de sel de roche a eu comme conséquence de fragiliser le sol de la ville, qui s’affaisse.

#847 – SC Eendracht Alost : de Ajuinen

Les oignons. Dans toute la Flandre, les habitants d’Alost sont connus pour être des oignons. Et si, au départ, le terme était certainement utilisé de manière ironique, le sobriquet semble être devenu un titre honorifique pour les habitants. Il se rapporte à l’une des activités économiques importantes de la ville et ses alentours au XIXème siècle. Bordée de polder, la rivière Dendre offrait des rives fertiles pour la culture de l’oignon. Résultat, la majorité des paysans d’Alost cultivait des oignons. Outre le grand marché du houblon, un célèbre marché aux oignons se tenait également à Alost. Ce sobriquet moqueur a connu des dérivés au fil du temps tels que ajuinpelders (éplucheurs d’oignons), ajuinboeren (producteurs d’oignons), ajuinfretters (moulins à oignons). Les premières traces de ce surnom apparaissent dans une chanson folklorique de Flandre orientale de Termonde, datant de 1843. Normal car les deux villes entretenaient une saine rivalité. Pour les termondois, les oignons permettaient de désigner les alostois comme des idiots, des cancres. Mais ces derniers, fiers de cette culture, ne furent pas gêner par ces moqueries. D’ailleurs, en 1890, lors d’une procession, les habitants d’Alost représentèrent leur cité sous la forme d’un oignon.

Naturellement, la plante potagère est ancrée dans la culture et le folklore locale. Dans la région, l’expression « Hij heeft nen ajuin gehad » (il a eu un oignon) signifiait qu’une femme abandonnait son mari. La porte du pauvre malheureux pouvait même se voir décorer d’une rangée d’oignons. Si, aujourd’hui la culture a décliné, l’oignon demeure toujours un symbole vivant. Dans la gastronomie belge, la soupe à l’oignon d’Alost y tient sa place. Evénement majeur de la ville, vieux de 600 ans, le carnaval d’Alost est mondialement connu et rassemble chaque année, pendant 3 jours, près de 100 000 personnes. Placé sous le signe de l’exubérance et de la parodie, le carnaval est rythmé de différentes festivités : un défilé de chars et de géants, une danse des balais pour chasser les fantômes de l’hiver, une parade burlesque de jeunes gens travestis en femmes (Voil Jeanetten) ainsi qu’en rituel final, la mise au bucher de l’effigie du carnaval. Parmi ces spectacles, la lancée d’oignons (Ajuinworp) demeure une institution. Depuis le balcon de la mairie, sur la Grote Markt (la place centrale de la ville et lieu principal des festivités), des oignons sont jetés au public, qui espère pouvoir attraper l’un des oignons dorés (gouden ajuin).

Toutefois, les jeunes générations connaissent moins bien les origines de l’oignon comme symbole et activité florissante de la ville. Une toute autre version a ainsi émergé. Selon cette dernière interprétation, le surnom d’oignons s’expliquerait plutôt par une particularité du dialecte de la région. Pour répondre positivement, les habitants d’Alost disait régulièrement « ha, ja hij » (ah ben oui), ce qui ressemblait à la prononciation du mot oignon dans le dialecte local ([a’join]).