#685 – K Beerschot VA : Purple White Army

L’armée violette et blanche. Ce club anversois, grand rival du Royal Antwerp, a connu plus d’une vie. Fondé en 1899, il disparaît une première fois en 1999, après 99 ans et 9 mois d’existence, en raison d’une gestion financière et sportive désastreuse (malgré 7 Championnats et 2 Coupes nationales). Suite à cette disparition, un autre club anversois, le FC Germinal Ekeren, déménagea du Nord d’Anvers vers le Sud, dans le fief du Beerschot, le stade olympique dit du « Kiel ». Sans reprendre officiellement la suite du Beerschot, le Germinal intégra dans son nom Beerschot et son conseil d’administration accepta également des anciens du Beerschot. Mais, au fil des années, le Germinal « historique » s’effaça petit à petit derrière l’aura et l’influence de l’ancien Beerschot. Malgré cette annexion, ce club aussi déposa le bilan en 2013. Toutefois, les supporteurs parvinrent à sauver le nom grâce au club du KFC Wilrijk qui reprit en 2013 le nom Beerschot et en 2018 fut autorisé par la fédération à s’approprier le matricule de l’illustre club (et donc aussi son palmarès). Le nouveau club réussit à grimper les différents échelons et enfin, depuis la saison 2020-2021, Anvers a retrouvé son bouillonnant derby Royal vs Beerschot au sein de l’élite belge. Une constante dans cette histoire : tous les clubs repreneurs officiels (Wilrijk) ou non (Germinal) de la renommée du Beerschot s’approprièrent ses couleurs distinctives, le violet et blanc. Comme indiqué dans l’article #578, le violet n’est pas une couleur commune dans le football, notamment car la teinture fut longtemps difficile à produire. Néanmoins, en Belgique, elle connut un certain succès en étant porté par deux illustres clubs : Anderlecht et Beerschot. Le choix d’Anderlecht pour cette couleur s’explique plutôt pour des raisons joyeuses (le défilé du Longchamp fleuri, cf article #236). A l’inverse, le club de Beerschot se porta sur cette couleur à sa fondation en raison d’un deuil. En novembre 1899, le Beerschot Athletic Club fut fondé par Alfred Grisar qui venait d’aménager un terrain du quartier de Kiel, qui appartenait à son père Ernest, en un complexe sportif multifonctionnel (construction de terrains de hockey, cricket, rugby, polo et tennis en plus de l’hippodrome et des écuries existants). Malheureusement, son père décéda le 20 novembre. La famille Grisart porta au début comme signe de deuil des vêtements noirs. Puis, comme cela se pratiquait au XIXème siècle, elle troqua ses vêtements noirs pour des violets, symboles également de deuil mais atténué, soit par la distance de la parenté, soit par le temps. Par respect pour la famille de son fondateur, les équipes du club optèrent elles-aussi pour le violet pour porter le deuil (étant donné le non-lien de parenté avec le défunt).

#581 – Istanbulspor : Boğalar

Les taureaux. La capitale turque compte un certain nombre de club dont les plus connus sont Galatasaray, Fenerbahçe et Beşiktaş. Mais, les autres clubs ont également leur notoriété comme Istanbulspor qui fut le premier club de la capital a remporté le championnat de Turquie en 1932. Le 4 janvier 1926, porté Kemal Halim Gürgen, les enseignants et les élèves du lycée Istanbul Erkek fondèrent Istanbulspor, le premier club sportif issu d’un établissement d’enseignement à l’époque républicaine. Les fondateurs reprirent alors pour le club les symboles du lycée. Tout d’abord les couleurs jaunes et noires. Au début de la Première Guerre mondiale, une partie des bâtiments du lycée fut réquisitionnée pour y accueillir un hôpital. Les murs furent alors peints en jaune, couleur des hôpitaux à l’époque. Lors de la bataille des Dardanelles, des étudiants du lycée moururent. Lorsque la nouvelle de leurs morts fut connue, les élèves de l’école peignèrent les fenêtres et les portes en noir à la mémoire de leurs amis. Ainsi, le jaune et noir devint les couleurs de l’école. De même, le nouveau club adopta la même mascotte que l’école, soit un taureau, qui donna son surnom.

#498 – Estudiantes de La Plata : el León

Le lion. Ce pseudonyme est dérivé directement de la mascotte du club mais son origine est incertaine. Il existe trois théories sur la provenance de ce surnom. La première légende mentionne un supporteur du club du nom de Manuel León Santillan. Sous la dictature militaire, il fut enlevé, assassiné et jeté dans le Rio de la Plata par la police, en raison d’un règlement de compte. En l’honneur de ce supporteur, son nom Léon (Lion en espagnol) fut repris comme surnom et mascotte. Une autre hypothèse se réfère au trois Copa Libertadores remportées (1968, 1969 et 1970). L’équipe, emmenée par ‘Bruja’ Verón, Carlos Bilardo et Osvaldo Zubeldia, se battait comme un lion pour remporter ses matchs et titres. Ce fut le cas notamment lors de la finale de la Coupe Intercontinale en 1968 face au Manchester United de Georges Best. Au match aller, Estudiantes gagna 1 but à 0 à domicile. Puis, résista au match retour en faisant un nul 1 partout. Enfin, pour la troisième histoire, plusieurs fans disent que le surnom provient de la rivalité avec l’autre club important de la ville, le Gimnasia y Esgrima de La Plata. Ce dernier avait le surnom de Lobo (le loup – cf article #312). Les supporteurs d’Estudiantes souhaitaient donc être représentés par un animal plus fort et majestueux que le loup, animal régant de la forêt (bosque en espagnol, le nom du stade de Gimnasia y Esgrima). Le seul digne était le lion, roi de la jungle et des animaux.

#482 – ES Sétif : النسر الأسود

L’aigle noir. A sa création en 1958, en pleine guerre d’Algérie, les fondateurs décidèrent d’équiper les joueurs d’un équipement vert et blanc. Mais ce choix de couleurs n’était pas anodin et les autorités françaises interdirent ce kit. En effet, le vert et le blanc étaient la couleur des indépendantistes algériens. Le vert et le blanc étaient censées représenter les espoirs du peuple algérien. En outre, ces teintes étaient aussi celles des musulmans, religion qui catalysa le mouvement nationaliste. Lors de manifestations syndicales le 1er mai en 1919 et 1920, des indigènes déployaient un drapeau vert et blanc marqué d’une étoile et d’un croissant rouge, qui étaient les prémices des couleurs indépendantistes et du futur drapeau algérien.

Le nouveau choix se porta sur le noir. Une fois de plus, la couleur était symbolique. Les fondateurs voulaient signifier que les joueurs portaient le deuil, en mémoire des morts indigènes suite aux répressions qui suivirent les manifestations indépendantistes survenues en mai 1945 à Sétif. Enfin, le club se dota de l’aigle comme emblème car le rapace représentait le prestige, la puissance et l’élégance.