#1289 – Hajduk Split : Majstori s Mora

Les maîtres de la mer. Par son fabuleux palmarès (6 fois champions de Croatie et 9 fois de Yougoslavie ainsi que vainqueur de 8 coupes de Croatie et 9 de Yougoslavie), Hadjuk peut être considéré comme un maître du football croate. Mais c’est sa localisation et son histoire maritime qui lui donne ce surnom.

Deuxième plus grande ville de Croatie, la ville de Split se trouve sur la rive de la mer Adriatique et s’étend sur une péninsule. Avec cette position, Split a pu se développer autour de son port. A l’origine, il s’agissait d’un comptoir commercial établi par des colons grecs de l’île de Vis au IVe siècle av. J.-C., puis repris par les Romains. Ensuite, la ville passa sous la domination de différents empires et royaumes (Byzance, Croatie, Venise), mais conserva sa position commerciale stratégique, en faisant le lien entre l’arrière-pays et la mer Adriatique et la Méditerranée. Au XVIème siècle, Split prit encore plus d’importance en étant le point de passage maritime central des Balkans, où les marchandises étaient transportées depuis l’Empire ottoman, l’Inde et la Perse vers la République de Venise. Puis, son port connut un passage à vide entre le XVIIIème et le XIXème siècle, le trafic se reportant vers d’autres ports dont celui de Rijeka. Quand la ville fut reliée à la ligne ferroviaire Rijeka-Zagreb-Belgrade en 1925, le port se modernisa et reprit de une importance régionale.

Aujourd’hui, le port de Split constitue le plus grand port de passagers de Croatie et de l’Adriatique ainsi que le 11ème plus grand port de la Méditerranée. Le trafic national et international dans le port est en constante augmentation. En 2023, le trafic passager a dépassé 5,8 millions, dépassant le record de 2019, tandis que le nombre de véhicules approchait le million. En 2023, 3 663 510 tonnes de marchandises (+9% par rapport à l’année précédente) ont été traités et en 2019, 23 468 navires firent escale.

#1282 – Preston Athletic FC : the Panners

Dans le dictionnaire, ce terme se traduit par « orpailleurs » et pan, dont il est dérivé, correspond à une poêle pour cuisiner mais désigne aussi cette grande assiette qui sert à séparer par gravité les paillettes d’or des sédiments. Seulement, si la région de Prestopans possède des richesses naturelles, l’or ne brille pas par sa présence. En fait, le terme panners s’utilise comme le gentilé des habitants de Prestopans et se comprend comme ceux des marais salants (ou qui les exploitent). Le nom de la ville, Prestopans, se traduit du vieil anglais et de l’écossais par « le village des prêtres (priest) près des marais salants (pans) ». Il fait référence à une ancienne importante activité économique de la région, l’exploitation du sel.

Vous connaissez le fameux sel de Guérande ou l’ancienne cité de Brouage en Charente Maritime qui fit sa richesse avec le sel ou encore les Saline royale d’Arc-et-Senans. Vous allez maintenant découvrir le sel de l’Ecosse. Rappelons en premier lieu qu’au Moyen-Age, le sel était essentiel pour nos ancêtres puisqu’il permettait de conserver les aliments tels que la viande, le poisson et le fromage durant de longue période. Ainsi, alors que Prestopans était à l’origine un petit hameau de pêcheurs dénommé Aldhamer, les moines de l’abbaye de Newbattle, arrivèrent dans la région en 1198 et obtinrent le droit d’exploiter les marais, qui étaient inondés par l’eau salée de la rivière Forth, pour produire du sel. Avec le charbon, qui était abondant et à fleur du sol, le sel devint l’activité économique importante de la ville pour des siècles. Toute la chaîne se développa à Prestopans : d’un côté, les bassins où était extraite la saumure et de l’autre, les salines qui, alimentées en combustible avec le charbon local, chauffaient l’eau pour extraire par évaporation le sel. Il fallait huit tonnes de charbon pour produire une tonne de sel.

Avec le départ des moines, l’industrie du sel ne connut pas de déclin et le XVIème et le XVIIème siècle correspondirent au pic de l’activité. Cette richesse se concentraient dans les mains de quelques familles, tandis que la majorité de la population qui y travaillait y était exploitée. Au XVIIIème siècle, le sel devenait l’un des produits d’exportation écossais dont la croissance était la plus rapide. Mais, au XIXème siècle, avec l’amélioration des moyens de conservation, des voix de communication et une demande en sel qui se tourna uniquement vers l’utilisation en condiment, la production du sel écossais s’effondra face à la concurrence du sel anglais, plus fin et moins cher. En 1900, Prestonpans ne comptait plus qu’une seule saline avec deux cuves en état de marche et en 1959, le dernier bassin cessa de produire.

#1276 – FK Obolon Kiev : Пивовари

Les brasseurs. Quand vous regardez un match de football devant votre TV, vos compagnons idéaux sont alors une pizza et de la bière. Au stade aussi, la bière coule à flot. Cette association n’est pas étonnante vu que la bière, boisson populaire qui se retrouve dans tous les pays, ne pouvait que s’associer à un sport également apprécié par tous. Les brasseurs s’intéressèrent donc rapidement à ce débouché naturel et écoulant d’important volume et en firent un outil marketing, un support des ventes. Dès le XIXème siècle, des clubs s’étaient liés à des brasseurs comme Manchester City (#678) et cette tradition se poursuivit au fil du temps et des pays (Quilmes en Argentine #160 et Sporting Cristal au Pérou #116).

L’Europe de l’Est n’échappa à cette tendance. Le 13 Juin 1992, un nouveau club de football était fondé à Kiev, dans le district d’Obolon (nord du centre-ville), sous le nom de FC Zmina (zmina signifiant « la génération suivante »). Rapidement, cette nouvelle association s’installa durablement dans la seconde division ukrainienne puis à l’issue de la saison 1998-1998, gagna son ticket pour l’élite. Cette réussite attira et nécessita l’arrivée de nouveaux soutiens financiers. Or, le quartier d’Obolon abritait la plus grande brasserie du pays, détenu par l’entreprise de boisson ukrainienne, Obolon. Footballeur amateur dans sa jeunesse, son président trouvait alors un moyen d’allier sa passion et sa production, avec un lien local. Ce sponsoring dura jusqu’en 2013 lorsque des divergences entre la direction du club et celle du sponsor conduisirent l’entreprise à abandonner le club et en créer un nouveau, sous le nom Obolon Brovar (Brasserie Obolon), reprenant toute sa symbolique. Désormais renommé FK Obolon, il fait parti intégrante de l’entreprise.

La brasserie d’Obolon est encore la plus grande du pays et même d’Europe. Elle démarra son activité en 1980 avec pour objectif de fournir une bière soviétique aux Jeux Olympiques à Moscou, en profitant de la qualité de l’eau et des céréales de la région de Kiev. En 2020, l’entreprise éponyme, active dans la bière, les sodas et les eaux minérales, détenait 17,5 % du marché ukrainien de la bière et exportait 80% de sa production dans 33 pays. 60% de son activité se concentre sur la bière. Avant la guerre, elle employait plus de 7 500 personnes réparties sur 9 sites. En 2008, 111 100 000 décalitres de bière furent produites, ce qui constitua son record.

#1273 – Olympique Safi : les Sardines

Le long de la côte marocaine donnant sur l’Atlantique, la vieille cité de Safi s’étire et s’est développée au fil des siècles entre terre et mer. Son arrière-pays est riche de terres agricoles où sont cultivés des céréales (principalement de l’orge), des légumineuses, des fruits (les agrumes, l’abricot, le raisin, la pomme) et du maraîchage (câpres), et regorge de phosphate, exploité par le groupe public OCP. A l’opposé, l’Océan Atlantique et ses rives offrent ses richesses à la ville et ses habitants. Au-delà de ses plages réputés et de sa vague, spot de surf prisé, la pêche demeure l’un des piliers de l’activité économique de la ville.

Comptoir phénicien, Safi devint à compter du XIIème siècle un port important, débouché naturelle sur la mer de Marrakech, capitale de l’Empire Almohade puis Chérifien. Et les différentes influences et dominations ne firent que renforcer son importance commerciale. Au XXème siècle, le port prit une nouvelle dimension avec la pêche industrielle à la sardine. En effet, la fraîcheur du courant des Canaries rendirent les eaux de Safi foisonnantes de sardines et de thons. Couplé avec un savoir-faire qui donne un produit fini sans peau et sans arêtes, entièrement préparées à la main, Safi développa toute la filière de la pêche à la conserve. Dans les années 1950-1960, il était le premier port sardinier mondial en tonnage, avec jusqu’à 130 bateaux ramenant 100 000 tonnes de poissons par an. Douze mille personnes travaillaient alors dans la filière, qui comptait 38 conserveries. Au milieu des années 70, le port abritait près de 75 conserveries. A compter des années 1980, l’activité déclina avec la raréfaction de la ressource et le déplacement des zones de pêche au sud d’Agadir. En 2019, la production s’établissait à 42 000 tonnes et en 2022, il restait une vingtaine d’unités de traitement de poissons seulement (19 conserveries, 4 usines de valorisation de déchets de poisson, 2 unités de congélation). Malgré tout, selon un rapport de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le port de Safi occupe le 13ème rang à l’échelle internationale dans la production mondiale de poisson et encore 15% des habitants travaillent dans le secteur maritime au sens large (marins, chantier de construction naval …).

L’abondance de sardines permit à ce poisson de s’imposer dans la cuisine locale et aujourd’hui, les Safiots en consomment au moins une fois par semaine. Il s’imposa également sur le logo du club et donna son surnom à l’équipe.

#1263 – Zacatepec FC : los Cañeros

Relatif à la culture de la canne à sucre. Depuis la fin du XVIème siècle, les champs de canne à sucre abondent dans la région de Morelos, où se situe la ville de Zacatepec. La culture de la canne à sucre débuta vers 1530 à Cuernavaca. Puis, les activités sucrières apparurent avec la construction par Hernán Cortés de la raffinerie de Tlaltenango suivi en 1581 par celle d’El Hospital à Oaxtepec. Bénéficiant des conditions climatiques idéales pour la canne à sucre, c’est-à-dire des terres chaudes et de l’eau abondante, l’économie sucrière se développa dans toute la région et constitue jusqu’à présent l’un des principaux moyens de subsistance des habitants. Morelos est le 8ème état du Mexique en termes de production de canne à sucre (jusqu’à 3 millions de tonnes annuelle), avec une superficie de culture de plus de 31 113 hectares, exploités par des petits et moyens agriculteurs. Les municipalités qui concentrent la plus grande production de canne à sucre sont Tlaltizapán, Zacatepec, Jojutla, Ayala et Cuautla. Concernant les activités de raffinage, actuellement à Morelos, seules deux sucreries maintiennent leur production : une à Cuautla (Casasano La Abeja) et une à Zacatepec (Emiliano Zapata Sugar Corporation). Les deux appartiennent au Grupo Beta San Miguel, une organisation de l’industrie sucrière mexicaine. Ouverte en 1938, sous l’impulsion du président mexicain Lázaro Cárdenas, la sucrerie Emiliano Zapata est la plus grande de Morelos avec une capacité de transformation de 7 200 tonnes de canne, provenant de plus de 6 500 producteurs exploitant 11 909 hectares.

Après que le football mexicain ait cessé d’être amateur pour devenir professionnel, dans les années 1950, les cañeros se forgèrent comme l’une des meilleures équipes du Mexique. Mais, dès les années 1960, le club fréquenta plus la seconde division que l’élite et au fil des années, tombait dans l’anonymat et les rachats et refondations successifs. Néanmoins, son histoire démarra en 1948 avec des employés de la sucrerie Emiliano Zapata et son surnom en rappelle ses origines.

#1260 – FC Tokyo : 瓦斯

Gaz. Au Japon, avant l’avènement de la J-League, le football était fortement lié au monde économique. Après le bon résultat de l’équipe nationale lors des Jeux Olympiques de Tokyo en 1964, un championnat amateur national vit le jour au Japon en 1965. Pour assoir les clubs d’un point de vue organisationnel comme financier, ils étaient tous liés à une grande entreprise. Ainsi, parmi les clubs fondateurs de la Japon Soccer League (JSL), on retrouvait des équipes filiales de Hitachi, de Mitsubishi Motors, de Mutual Bank ou encore de Nippon Steel. Pour autant, les clubs corporatistes existaient déjà avant la mise en place de la JSL. Ainsi, en 1935, la société 東京ガス(Tokyo Gas), principal fournisseur de gaz naturel pour les grandes villes japonaises telles que Tokyo et Nagano, fonda une équipe de football qui prit le nom de Tokyo Gas FC. Jusqu’en 1986, l’équipe évolua dans la ligue locale de Tokyo avant d’accéder à la ligue régionale Kanto (qui comprenait Tokyo ainsi que 6 autres préfectures). Dans cette dynamique, le club atteignit enfin le championnat nationale de seconde division (JSL-2) en 1991 mais cette saison correspondait à la dernière de la JSL.

En 1992, une nouvelle ligue, correspondant au deuxième échelon nationale, émergea sous le nom Japan Football League (JFL), tandis que le premier championnat nationale professionnel voyait le jour, la J-League. Tokyo Gas évolua dans la JFL et son équipe devint progressivement compétitive. En 1997, le club termina à la deuxième place et dans la foulée, la saison suivante, il remporta le championnat JFL. Seulement cette victoire était symbolique car elle n’offrait pas une place automatique en J-League. Tokyo Gas s’associa alors avec le fournisseur d’électricité, TEPCO, le distributeur, Ampm, la chaine TV Tokyo et le réseau de librairie et de location de vidéo, Culture Convenience Club, pour créer une société commune, la Tokyo Football Club Company, dans le but de rendre l’équipe éligible pour rejoindre la J-League. Mais, le cahier des charges de la ligue professionnelle était stricte et l’aspect corporatiste des clubs devaient être abandonné. En particulier, la marque de l’entreprise ne pouvait plus s’inscrire dans le nom du club. Tokyo Gas devint donc Tokyo FC en 1999. Mais, pour les fans, le club restait le Gas (d’autant qu’il était un des rares à ne pas avoir opté pour un nom spécifique).

#1258 – RB Leipzig : Plastikklub

Le club en plastique. Depuis les années 2000, la géographie des capitaux des clubs de football d’Europe de l’Ouest a été bouleversée. Détenus initialement par les municipalités, des associations d’entrepreneurs locaux ou des mécènes régionaux, certains clubs ont vu déferlé une masse d’argent venus d’abord de l’Est (les oligarques russes comme Roman Abramovitch à Chelsea ou Alicher Ousmanov à Arsenal), d’Orient (Fulham, Leicester City) puis des Etats du Golfe (Qatar à Paris, Abu Dhabi à Manchester City, l’Arabie Saoudite à Newcastle). Enfin, les fonds d’investissements américains ont également pris leur part, avec parfois quelques faillites retentissante (King Street à Bordeaux, Eagle Group à Lyon, Liverpool, Manchester United).

Dans ce paysage, la Bundesliga fait un peu exception car ces nouveaux actionnaires n’ont pas investi en Allemagne (sauf parfois sous la forme de sponsoring), en raison de la règle « 50+1 ». Jusqu’en 1998, les clubs allemands étaient détenus par leurs membres et supporteurs. Lorsque la Fédération allemande permit aux clubs de devenir des sociétés anonymes, la contrepartie fut la mise en place de la règle « 50+1 » qui garantit que les membres du club détiennent toujours la majorité des droits de vote et empêche tout investisseur privé de posséder plus de 49% des parts d’un club. Pour les supporteurs allemands, c’est le gage d’une pureté de leur football. Mais, il y a évidemment des exceptions, qui meurtrissent les fans des clubs traditionnels. Le RB Leipzig représente le totem absolu en la matière.

Le club fut fondé en 2009 par la société de boisson énergisante Red Bull GmbH qui racheta les droits du SSV Markranstädt, association amateur de 5ème division. Les deux clubs historiques de la ville de Leipzig, Chemie et Lokomotiv, n’avaient pas cédé aux sirènes de Red Bull afin de ne pas perdre leurs identités. L’investissement de Red Bull dans le sport répondait à une stratégie marketing d’envergure, afin d’associer sa marque aux exploits sportifs, véhiculant des symboles de force, courage et détermination. En 2012, il était associée à environ 500 athlètes et 600 manifestations sportives et s’investit également dans plusieurs clubs de football (New York Red Bulls, Red Bull Salzbourg, Red Bull Brasil, Red Bull Bragantino, Red Bull Ghana et FC Liefering). La création de Leipzig répondait à cette stratégie, pour la région allemande. Et comme Red Bull le fit pour les autres clubs, il modela cette nouvelle association à son image (nom, couleurs, écusson …), faisant de Leipzig un objet publicitaire à l’effigie de sa boisson. C’était un premier affront pour les défenseurs du football d’antan. En plus, Red Bull contourna avec une certaine arrogance les règles. Tout d’abord, la firme autrichienne détient bien que 49% du capital, mais le solde appartient à des membres du conseil de surveillance de Red Bull à titre personnel. Ensuite, la loi interdit au club d’accoler à leur nom celui d’un sponsor. Or, Red Bull renommait l’ensemble de ses clubs avec sa marque. Résultat, le club fut nommé RB qui signifie … Rasenballsport (qui se traduit par sport de ballon sur gazon) mais le message n’est pas subliminale.

Après les millions investis par Dietrich Mateschitz et sa société, le RB Leipzig est vu comme un club en plastique par les fans des clubs historiques. Un club sans histoire et une menace pour la culture et l’identité du football. Ce n’est pas le seul puisque Volkswagen détient Wolfsburg, Audi avec Ingolstadt et surtout SAP avec Hoffenheim, une ville d’à peine 3 100 habitants mais dont l’équipe joue en Bundesliga dans un stade de 30 000 places. Seulement, Leipzig et Red Bull affichent un tel mépris pour les traditions et valeurs du football allemand qu’il est devenu certainement le club le plus haï outre-Rhin (à l’image de Paris en France).

#1254 – IF Elfsborg : Eleganterna

Les élégants. Le site du club avance deux explications à ce surnom. Tout d’abord, les équipes du club développeraient un beau jeu sur le terrain et ce style de jeu se perpétueraient d’année en année. Même s’il n’y a pas de traces écrites, il est probable que lors de son âge d’or, les joueurs d’Elfsborg proposèrent un jeu attrayant. Dans les années 1930 et 1940, IF Elfsborg constituait l’une des attractions majeures du championnat de Suède. L’équipe remporta le titre en 1936, en 1939, en 1940, et termina à la seconde place en 1943, en 1944 et en 1945. Une finale de la coupe de Suède en 1942 se rajouta à ce palmarès. Elle était emmenée par le superbe attaquant Sven Jonasson, qui ayant fait toute sa carrière à Elfsborg, disputa un total de 411 matchs en Allsvenskan et marqua 252 buts (record en titre). Une autre performance fut réalisée au début des années 1960. Lors de la saison 1960, IF Elfsborg évoluait en seconde division et obtint son ticket dans l’élite. La saison suivante, l’équipe réussit l’exploit de remporter le titre de champion, première fois qu’une équipe suédoise parvint à ce coup d’éclat.

L’autre raison donnée par le club est son état d’esprit, la bonne conduite habituelle qui caractérise ses membres et joueurs. Selon le club, il s’agirait de son identité et sa culture, institutionnalisés depuis 2009 par un programme dénommé Elfsborgskultur (culture Elfsborg). Ce dernier vise à faire du club un modèle pour les jeunes générations, à s’impliquer dans le milieu local et prendre sa part de responsabilité sociale et sociétale. Est-ce que le club est vraiment plus RSE que les autres ou est-ce une tentative de communication de récupérer le surnom du club ? Je ne le sais pas.

Mais, une autre motivation à ce surnom peut également être apportée. La ville de Borås est connue depuis longtemps pour ses activités de confection textile. Même si une grande partie des vêtements est désormais importée en Suède, Borås accueille encore une importante industrie textile. Avant le XIXème siècle, la production était essentiellement artisanale, les tissus étant réalisés directement chez l’habitant et vendus par des colporteurs (dénommés knalle) dans le sud du pays. Puis, l’ère industrielle apporta les métiers à tisser mécanique. En 1834, Sven Erikson ouvrit la première usine de tissage mécanique de coton de Suède près de Borås suivie par Drufvefors (en 1871), Viskastrand (en 1876) et surtout la société Borås Wäfveri (en 1870) qui fut l’étendard de la production textile à Borås. Des usines de filature et de teinture se développèrent également le long du Viskan. Au début des années 1900, les premières entreprises de confection s’édifièrent dont Oscar Jacobson AB et Algots. En 60 ans (1860-1920), la population de Borås décupla, passant de 3 000 à 30 000 habitants. Aucune autre ville suédoise n’avait connu un développement aussi fort. Jusque dans les années 1960, le textile et l’habillement employaient les deux tiers des ouvriers de Borås. Dans les années 1920, Algots employait environ 1 500 couturières et en 1929, avec la mise en exploitation de sa première usine, l’entreprise se transforma véritablement en industrie de prêt-à-porter et devint le phare de l’ensemble de l’industrie de la mode suédoise. Dans les années 1970, en raison de la forte hausse des coûts salariaux suédois et de la baisse des prix douaniers sur les vêtements importés à bas prix d’Asie, la crise frappa de plein fouet l’industrie de la ville. Les licenciements massifs et les fermetures pures et simples conduisirent à la perte de 25 000 emplois. En 1977, la faillite d’Algots fit la une des journaux et un an plus tard, l’usine de Sven Erikson ferma ses portes. Aujourd’hui, l’industrie textile se concentre sur le design de vêtements, leur fabrication ayant été délocalisée, et sur les textile du futur. Les entreprises Gina Tricot, Svea et Oscar Jacobson ont leur siège à Borås.

#1244 – Lokomotiv Kiev : залізничники

Les cheminots. Vu le nom du club, le lien avec le surnom est évident. Ce club de la capitale ukrainienne a toujours représenté le monde ferroviaire. En 1919, le club de Zheldor (Залдор, qui est un diminutif de Chemin de fer) vit le jour à Kiev, avec le soutien de la compagnie ferroviaire, Південно-Західна залізниця (chemin de fer du sud-ouest), et de ses cheminots de la gare centrale. Le premier chemin de fer en Ukraine (alors dans l’Empire Russe) fut édifié en 1843 (un train tiré par des chevaux d’une longueur d’un kilomètre). Puis, les premières grandes lignes apparurent vers 1860, partant notamment de la capital Kiev. La gare de Kiev s’éleva pour accueillir deux chemins de fer : Kiev-Baltique et Koursk-Kiev. Le 7 juin 1870, la compagnie ferroviaire « chemin de fer du sud-ouest » fut fondée pour gérer l’exploitation ferroviaire de la partie occidentale de l’Ukraine, en particulier de Kiev jusqu’à Odessa. Au 1er janvier 1904, elle employait près de 50 000 personnes et en 1913, son réseau s’étendait sur plus de 4 000 km et la compagnie exploitait 1 480 locomotives à vapeur, 31 809 wagons de marchandises et 1 650 wagons de voyageurs.

En 1936, Zheldor changea de nom pour Lokomotiv, et donc demeura dans le giron du monde ferroviaire. Cette modification du nom n’était pas le produit du hasard. Le 5 Décembre 1935, à Moscou, le Comité central des syndicats ferroviaires et le Commissariat du peuple aux chemins de fer décidèrent de fonder une nouvelle société sportive qui avait pour objectif d’améliorer la santé des cheminots et de leurs familles. Le premier club de cette nouvelle association fut le Lokomotiv Moscou le 12 janvier 1936 et dans la foulée, celui de Kiev se rallia.

#1240 – CA Boston River : el Sastre

Le tailleur. Depuis 2016, Boston River est l’un des rares clubs à ne pas avoir quitté l’élite uruguayenne (à l’exception des grandes équipes que sont Peñarol et Nacional), et pourtant, malgré une longue histoire de 85 ans, 2016 marquait la première accession du club de Montevideo en première division. Son nom est original car il n’y a pas de rivière Boston en Uruguay et pour le comprendre, il faut remonter aux origines du club.

Au début de l’année 1939, fatigués de ne pas pouvoir jouer au football avec les équipes du quartier en raison de leur jeunesse, un groupe de garçons vivant dans le quartier Simón Bolívar de Montevideo décidèrent de fonder une équipe. Ce quartier du centre-ville de la capitale uruguayenne abritait depuis deux ans le Mercado Modelo, le plus grand marché de fruits et légumes d’Uruguay. Mais, l’inspiration pour le nom de l’équipe vint d’autres sources. D’abord, Juan Deri, le plus âgé des fondateurs, argentin et fanatique du CA River Plate, fut nommé premier président du nouveau club et en son honneur le nom de River fut incorporé à la nouvelle institution. Ensuite, une équipe de footballeurs séduisait les fondateurs de Boston River car elle se distinguait, dans les tournois de quartier, par son style de jeu collectif et offensif. Cette équipe représentait la « Sastrería Boston », l’échoppe d’un tailleur du quartier. Ainsi, le terme Boston fut accolé à River et le métier donna le surnom du club.