#1148 – US Concarneau : les Thoniers

Un thonier est un navire spécialement armé pour la pêche au thon. Existant sous différente taille et ayant évolué au fil du temps, ces bateaux utilisent des fusils à harpon, des lignes de pêche ou des sennes. Ils intègrent également des chambres froides de grande capacité pour permettre d’effectuer des longues distances et conserver des pêches fraiches. Pour en revenir à Concarneau, ce surnom n’est pas étonnant pour un club d’une ville côtière, puisque la pêche et les activités portuaires ont souvent constitué leur ressource principale.

Au XIXème siècle, comme d’autres ports de pêche de Bretagne, Concarneau était synonyme de pêche à la sardine depuis des générations. Le poisson était abondant au plus près des côtes et offrait une pêche facile, nécessitant peu d’investissement et qui permettait de retrouver son doux foyer chaque soir. Plus de 600 chaloupes dépendaient de cette activité et la ville comptait également une trentaine de conserveries, employant 700 ouvriers ferblantiers et quelque 2 000 ouvrières en 1900. A partir de l’année 1902, sur toute la côte bretonne, la sardine se raréfia dans les filets déstabilisant ainsi toute la filière pêche et obligeant les marins à revoir leur activité. Or, depuis 1879, les conserveries locales commençaient à mettre du thon en boîte, pêchés par des marins de La Rochelle, d’Etel ou de Groix. Ainsi, dès 1901, Concarneau devint le premier port de la côte Atlantique pour la vente du thon germon, avec 1 300 tonnes débarqués. Mais, il fallut attendre 1906 pour qu’un premier navire de Concarneau, « l’Avenir » , prisse le large pour aller pêcher du thon germon. Le développement se fit alors rapidement. En 1910, le port concarnois comptait 4 thoniers. 2 ans plus tard, ils atteignaient le nombre de 12, et en 1922, il y en avait 56. En 1934 plus de 160.

Les années 1950 marquèrent un tournant pour la pêche concarnoise. La pêche au germon sur les côtes étant saisonnière, avec l’amélioration des bateaux (motorisation, congélateur) et des techniques de pêches (canne avec appâts, senne), les marins poussèrent leur campagne jusque sur les côtes africaines (Golf de Guinée) pour attraper des thons tropicaux. Au début de 1972, la flotte de thoniers congélateurs du port de Concarneau comprenait 30 navires et le port enregistrait une production annuelle de 25 à 30 000 tonnes de thon congelé. A partir des années 1980, la pêche se poursuivit également dans l’Océan Indien. Si les conserveries disparurent dans les années 1970 avec la concurrence internationale, Concarneau continua à fournir une flottille et une main d’oeuvre importantes. Aujourd’hui, Concarneau est le premier port de pêche de Cornouaille, le 3ème port de pêche français et surtout premier port thonier d’Europe. Le premier armement de pêche au thon tropical européen est la société CFTO, avec 15 thoniers, dont le siège est à Concarneau.

#1144 – Motor Lublin : Motorowcy

Les hommes des moteurs. Je vous accorde que le nom du club est assez explicite pour comprendre le surnom de l’équipe. Tout a commencé en 1950 quand plusieurs ouvriers employés à la construction de l’usine de construction automobile de Lublin, Fabryka Samochodów Ciężarowych (FSC), fondèrent le club en remplacement d’un ancien club dénommé Metalowca Lublin. Au départ, le club prit le nom Stal Lublin (Stal signifiant Acier, en référence au prédécesseur Metalowca, qui était lié à l’usine métallurgique de la ville). En 1952, la société FSC intégra le club dans son giron et le nom du club devint Stal FSC. Enfin, le Stal FSC changea de nom pour Robotniczy Klub Sportowy Motor Lublin en 1957.

Avant la Seconde Guerre mondiale, des investissements furent réalisés dans le quartier Tatary de Lublin pour établir une usine de la société Lilpop, Rau i Loewenstein afin produire des composants pour voitures et camions sous licence de l’américain Chevrolet. Mais, la guerre mit un terme à ce projet. En 1945, la reprise de l’activité fut envisagée par les nouvelles autorités communistes et en 1950, la construction de l’usine fut entreprise, avec l’aide du grand frère soviétique. Le constructeur soviétique GAZ forma d’ailleurs les premiers employés de l’usine. Le 7 novembre 1951, le premier GAZ 51 (dénommé pour la Pologne, Lublin 51) sortit des chaînes de montage. L’installation de l’usine eut un impact fort dans la ville de Lublin, qui était en reconstruction. Le développement des quartiers résidentiels voisins de Tatary et Bronowice étaient directement liés à la croissance de l’usine. De nouvelles voies routières furent également établies pour faciliter la circulation vers le site industriel. En quelques années, ce dernier devint le plus grand établissement de la région de Lublin et, dans les années 1970, le FSC représentait l’un des plus grands centres automobiles de Pologne. L’usine produisait des camions, voitures et véhicules blindés de transport de troupes. A la fin des années 1970, la société employait environ 11 à 12 000 personnes et le pic fut atteint en 1981 avec 14 000 collaborateurs. Le produit star de FSC à Lublin fut la camionette Zuk. En 1972, 110 000 Żuks avaient été produits, dont 40 000 étaient exportés vers 16 pays. L’apogée de la production fut atteint en 1977, avec 250 000 camionettes, dont 85 000 étaient exportées. En 1976, le département des véhicules utilitaires représentait 50 % de la production de l’usine. Avec la fin du communisme, la production déclina et en 1995, le coréen Daewoo racheta l’usine. Il fit faillite en 2001 et le repreneur revendit par morceau l’usine. Aujourd’hui, après plusieurs changements de propriétaire, l’usine ne fabrique plus que les tracteurs Ursus et les utilitaires Honker.

Le bouquetin qui apparaissait sur le logo de FSC se retrouve sur le blason du club.

#1129 – FC Universitario : Manzanero

Manzanero est un terme qui désigne les animaux qui cherchent les pommiers pour manger leurs fruits. Le club de la ville de Vinto se démarque par sa jeunesse dans le football bolivien. Fondé le 23 Mars 2005, il lui aura fallu moins de 20 ans pour accéder à l’élite du pays. Mais son surnom se puise dans la longue histoire agricole du pays de Vinto.

Aujourd’hui, la ville de Vinto se présente comme « la Gran Manzana de Bolivia » (la grande pomme de Bolivie). Evidemment cette municipalité ne se compare pas avec New York. Plus simplement, la production de pommes demeure un des vieux piliers de l’économie de Vinto. Cette dernière s’est spécialisée dans la variété camuesa. De couleur verte avec des nuances de rouge à maturité, cette pomme présente d’indéniables qualités nutritionnelles et médicinales (elle aiderait à la cicatrisation). Importée par les espagnols lors de la conquête, la culture de la pomme arriva à Vinto avec les propriétaires terriens Martín Lanza Saravia et Darío Montaño qui possédaient dans leurs vergers plus de deux mille pommiers. Mais, après avoir été un des fleurons de l’agriculture locale, la production de pomme baissa dans la région, en raison de la croissance de la zone urbaine, qui a entraîné la disparition des vergers. Au début des années 2010, la culture traditionnelle de la pomme paraissait même menacée. En 2013, la surface agricole consacrée à la pomme s’élevait à un peu plus 1,2 hectares pour une production atteignant près de 8 quintaux. Elle était devancée par la culture de la pêche et du raisin. Toutefois, la ville garde une relation particulière avec la pomme. Un monument, se résumant à une énorme pomme verte surmontée d’un chapeau de paille blanc, trône fièrement dans la ville. En outre, depuis 1989, chaque année, le deuxième week-end du mois d’avril, une fête consacrée à la pomme se déroule dans la cité. La Foire de la Pomme est devenue l’un des emblèmes les plus marquants de cette région où l’on peut admirer et déguster toute la production dérivant de la pomme (patisserie, confitures, liqueurs).

#1085 – Cowdenbeath FC : the Blue Brazil

Le Brésil bleu. Dans le Nord des Îles Britanniques, avec ses terres arables arrosées par une pluie fine et grevées par les anciennes veines des mines de Charbon, Cowdenbeath ne présente guère le paysage brésilien verdoyant et chaleureux de l’imaginaire populaire. Pourtant, l’équipe locale, dont le palmarès demeure famélique malgré 142 ans d’existence, a gagné ce surnom. L’origine exacte est méconnue et donc plusieurs légendes existent autour du surnom.

La plus simple se rattache à la couleur des maillots de Cowdenbeath. Fondé en 1882 par la fusion de deux clubs, Cowdenbeath Rangers et Raith Rovers, le première kit enregistré du club se composaient de maillots rayés rouges, blancs et bleus, de shorts bleus et de chaussettes rouges ou bleues. Les couleurs originelles de l’équipe furent abandonnées en 1911 pour des maillots bleus et shorts blancs, couleurs que le club porte encore aujourd’hui. Ces dernières semblent éloignées du maillot traditionnelle de la Seleção, jaune et vert. Mais, avant qu’elle ne soit identifiée à ses couleurs, la Seleção évoluait principalement en blanc jusqu’en 1950. Toutefois, le 5 Juin 1938, le Brésil affrontait la Pologne au premier tour de la Coupe du Monde. Les deux équipes évoluant en blanc, un tirage au sort eut lieu et le perdant, le Brésil dut changer d’uniforme. L’équipe trouva en urgence qu’un kit intégralement bleu. Juste après la rencontre, le Brésil réadopta son maillot blanc jusqu’à la finale perdue de la Coupe du Monde 1950. Ce drame national conduisit à changer de maillot et après un appel à candidature, le maillot jaune à parement vert avec un short bleu et rayure blanche apparut. Temporairement utilisé entre 1950 et 1954 comme kit principal, le maillot bleu s’imposa par la suite comme version alternative à la tunique jaune. Avec des couleurs similaires à certaines époques entre Cowdenbeath et l’équipe nationale brésilienne, cela pourrait constituer l’origine du surnom.

Les esprits taquins avancent une autre théorie remontant aux débuts des années 1980. Survivant dans les eaux troubles de la 3ème et 4ème division écossaise, le club connaissait une situation financière fragile et la vente régulière de ses meilleurs joueurs constituait la seule stratégie pour équilibrer ses comptes. A la même période, la situation des finances publiques brésilienne n’était pas plus florissante. En 1982, la défaillance du Mexique entraina une hausse des taux d’intérêt et plongea les autres pays en développement, dont le Brésil, dans la crise de la dette. En manque de financement extérieur, le Brésil fut forcé de restreindre ses dépenses publiques et de déprécier fortement sa monnaie. Résultat, les finances de l’Etat Brésilien, lourdement endetté auprès de créanciers étrangers, se dégradèrent fortement et l’hyperinflation fit son apparition. S’en suivit une décennie perdue pour l’économie.

Enfin, la dernière version, même si elle est une fable, mérite d’être racontée. Elle rapporte qu’un trio de joueurs brésiliens jouèrent (ou plutôt se perdirent) du côté de Cowdenbeath. A la fin du XIXème siècle, la région de Fife, et en particulier la cité de Cowdenbeath, était toute tournée vers l’exploitation de mines de charbon. Les mineurs percevaient une rémunération en fonction de leur production quotidienne. Poussés à augmenter les rendements pour gagner un salaire décent, certains mineurs creusèrent si loin leur veine qu’ils atteignirent la surface. Etonnés par les vêtements des personnes rencontrées, les mineurs s’imaginèrent avoir atteint Édimbourg. Mais, ne comprenant par la langue des habitants, ils découvrirent qu’ils avaient creusé jusqu’au Brésil. De cette expédition, les mineurs, dont certains évoluaient dans les rangs de Cowdenbeath, ramenèrent trois jeunes brésiliens amateurs de football. Ces 3 joueurs furent intégrés dans l’équipe lors d’un match contre les rivaux de Dunfermline. Surpris par la couleur de peau plutôt mat de ces 3 joueurs, l’arbitre interrogea le capitaine de Cowdenbeath qui lui répondit qu’il s’agissait de 3 mineurs qui venaient à peine de sortir de la mine et n’avaient pas eu le temps de prendre une douche. Cowdenbeath écrasa Dumfermline 11 buts à 1 et les 3 joueurs, qui préfèrent, vu le climat, retourner dans leur pays, laissèrent un souvenir impérissable et un joli surnom.

#1079 – CD Irapuato : la Trinca Fresera, los Freseros

Le trio fraise, les fraises. Lorsqu’en 2021 les autorités du football mexicain fermèrent les portes de la Liga de Expansión MX au nez du club bien qu’il eut remporté la Serie A de l’Etat de Mexico, CD Irapuato faillit ne jamais s’en remettre. Mais, après deux ans sans terrain et équipe, il revit le jour en 2023 avec de nouveaux propriétaires. Il ne pouvait en être autrement pour un club historique malgré un faible palmarès. Même s’il fut fondé sous son nom en 1948, par la fusion de plusieurs entités sportives de la cité d’Irapuato, les origines du club remonte à 1911.

Evidemment que la couleur rouge des maillots amena au surnom lié au fruit rouge. Néanmoins, impossible de dire lequel à influencer l’autre. En effet, l’histoire de la fraise à Irapuato débuta au milieu du XIXème siècle quand Nicolás de Tejada, alors chef du district d’Irapuato, ramena de France la célèbre plante. En 1852, il acheta un terrain vers Carrizalito où furent enregistrées les premières plantations de fraises (avec seulement 24 plants au départ). Puis, l’Allemand Oscar Droege forma les agriculteurs aux techniques de production de la plante. Avec l’arrivée du chemin de fer, la production s’intensifia et en 1883, la fraise d’Irapuato s’exportait vers le Texas, le Nouveau-Mexique et à Laredo. En 1900, la première entreprise de confiture et de fraises confites, du nom de Fresva, vit le jour. Avec le temps, la fraise prit une place centrale dans l’économie de la ville et avec l’importance et la bonne qualité de sa production, Irapuato gagna le surnom de Capitale mondiale de la fraise au XXème siècle. Aujourd’hui, plus de 1 200 hectares sont dédiés à cette culture, donnant une production d’environ 80 000 tonnes à l’année. 60% est exporté. Ce pan de l’économie locale génère 22 000 emplois et plus de 8 000 emplois dans le secteur agro-alimentaire. Evidemment, la vie culturelle de la cité tourne autours de la fraise avec notamment un grand festival organisé en été (Festival de la Fresa) qui attire plus de 5 000 personnes. La gastronomie locale aussi s’inspire du fruit rouge avec les Fresas con crema (fraises à la crème) et les Fresas cristalizadas (fraises confites).

Le trio, lui, naquit en 1949. Malgré sa relative jeunesse (le club n’était pas encore professionnel), le club fut invité à un tournoi à Mexico qui regroupait les brésilien du Vasco da Gama, le FC Léon et les Reboceros de La Piedad. A cette époque, Vasco da Gama produisait un des plus beaux football du continent sud-américain avec une équipe connue sous le surnom de Expresso da Vitória (Express vers la victoire) et disposait d’une ligne d’attaque de feu, connue sous le nom de la trinca infernal (le trio infernal). A noter que si le Vasco avait effectivement une magnifique attaque, ce surnom de trinca infernal ne semble pas avoir été utilisé à l’époque. D’ailleurs, elle ne se limitait pas à 3 joueurs offensifs puisque la tactique reposait sur un 4-2-4. On comptait alors comme force offensive en 1949 Ademir de Menezes, Heleno de Freitas, Ipojucan, Maneca, Francisco Aramburu dit Chico et Friaça. Toutefois, la légende raconte que le commentateur Agustín González, connu sous le nom de Escopeta (fusil de chasse), assista à la rencontre entre Irapuata et La Piedad, qui fut un sublime match. Alors qu’il rédigeait la chronique du duel entre León et Vasco da Gama, il déclara « ¡Si el Vazco da Gama tiene una Trinca Infernal, el Irapuato es la Trinca fresera! » (Si Vasco da Gama a un trio infernal, Irapuata a un trinca fraise). Toutefois, comme vous l’avez noté, il semblerait que cette histoire repose sur un trinca qui n’aurait pas existé. D’où, une version marginale avance que si Agustín González serait toujours à son origine, il l’aurait en revanche donné suite à un affrontement contre Querétaro au stade de la Revolución en 1950. Il déclarait « hoy he visto nacer a La Trinca Fresera del Irapuato, que bonito Juegané » (aujourd’hui j’au vu naître la Trinca Fresea d’Irapuato, qu’ils jouent bien).

#1074 – Energie Cottbus : Energie

Lorsque votre nom n’est pas commun, il a l’avantage de bien vous identifier et donc la presse comme vos supporteurs se simplifient la vie en l’utilisant comme raccourci et surnom. Ce fut naturellement le cas pour ce club de l’ex-RDA. Le 7 Octobre 1949, l’Allemagne de l’Est se sépara officiellement de la partie occupée par les troupes alliées et devint la République Démocratique d’Allemagne (RDA). Les autorités communistes entreprirent alors d’importantes réformes en ligne avec leur idéologie. Le sport n’y échappa pas. Dans le nouveau district de Cottbus, une première équipe de football vit le jour, le SC Aktivist Brieske-Senftenberg, sous le patronage d’Aktivist, qui regroupait les associations sportives d’entreprise des industries minières et des matériaux de base de la RDA. Mais, au début des années 1960, les autorités décidèrent une restructuration du système des clubs sportifs qui conduisait à un club sportif par district, situé dans la capitale. Résultat, le club omnisport du SC Cottbus fut créé. Situé à 40 km de la capitale du district et déclinant sportivement, le SC Aktivist Brieske-Senftenberg disparût au début de la saison de football 1963-1964 en se fondant dans le SC Cottbus. Mais, fin 1965, l’Association de football de la RDA prît le partie de séparer les sections de football des clubs omnisports et d’en faire des clubs à part entière. Ainsi, la section football du SC Cottbus devint indépendante en se transformant en une association sportive corporatiste, sous le nom d’Energie Cottbus à partir du 31 janvier 1966.

Le quotidien locale, « Lausitzer Rundschau » , organisa un concours pour trouver le nom de ce nouveau club. Bodo Krautz, l’un des 450 passionnés de sport qui participèrent, proposa le terme « Energie ». Car, la région de Cottbus était connue comme un producteur d’énergie grace à ses nombreuses centrales électriques et mines de lignite. Rien donc d’étonnant que son prédécesseur, le SC Aktivist Brieske-Senftenberg, fusse sous le patronage des industries minières. Cottbus-Senftenberg est l’un des principaux centres d’exploitation du bassin de lignite de Lusace, qui s’étend dans le sud-est du Brandebourg et le nord-est de la Saxe (même aux frontières avec la Pologne et la Tchéquie auapravant). Il s’agit du 2ème plus grand gisement de lignite d’Allemagne après le bassin rhénan. L’exploitation de ce bassin démarra vers 1789 mais, avec la révolution industrielle, elle s’intensifia. Après la Première Guerre mondiale, les mines à ciel ouvert de Lusace devinrent névralgiques pour l’économie allemande en alimentant les centrales à charbon. L’utilisation du lignite fut par la suite particulièrement intensive en RDA. Les gisements fossiles étaient de loin la première source d’énergie du pays et servait pour tout (électricité, chauffage urbain, briquettes, coke, goudron, pétrole, gaz). Au plus fort de l’exploitation minière du lignite, un tiers du district de Cottbus, qui avait gagné le surnom Energiebezirk (district énergétique), était consacré à l’exploitation minière. La centrale électrique de Boxberg (à 50 km de Cottbus) consommait environ 100 000 tonnes de lignite par jour. Aujourd’hui, environ un tiers du lignite allemand est extrait dans la région de Lusace. En 2018, 60,7 millions de tonnes était extrait en Lusace (provenant de 4 mines à ciel ouvert) sur les 166,3 millions produites en Allemagne. Ses débouchés portent essentiellement vers les centrales électriques de Jänschwalde, Schwarze Pumpe, Boxberg et Chemnitz-Nord. L’industrie du lignite emploie environ 4 500 personnes dans le Land de Brandebourg actuellement, l’un des plus grands employeurs privés. Cottbus, qui accueille aujourd’hui le Braunkohlenausschuss (Comité Lignite) qui prend des décisions régionales en matière de planification et de rénovation, connaissait une première mine, dont l’exploita débuta en 1981 et s’arrêta le 23 décembre 2015. La seconde mine de Jänschwalde se situe au nord-est de Cottbus. Environ 10 millions de tonnes de lignite y sont extraites chaque année, qui sert exclusivement à alimenter en combustible la centrale électrique de Jänschwalde.

#1070 – CD Coopsol : el Submarino Amarillo

Le sous-marin jaune. Voici donc un troisième club dans le monde qui se revendique de la célèbre chanson des Beatles (les autres étant Cadix #433 et surtout Villareal #120). Comme pour les deux autres clubs, le fait d’évoluer en couleur jaune a naturellement donné le surnom. La raison de cette teinte est simple. L’actionnaire et sponsor du club est le groupe Coopsol, un conglomérat péruvien né il y a 28 ans et comptant 12 filiales, offrant différents services (intérim et recrutement, nettoyage, services d’ingénierie …). Coopsol est l’acronyme de Cooperativa Solar (Coopérative solaire) et le soleil apparaît sous forme stylisée sur le blason de l’entreprise. Logique alors de retenir le jaune comme couleur.

Certes, la capitale péruvienne qui accueille l’équipe se situe sur la côte de l’Océan Pacifique mais la référence à l’engin subaquatique ne provient pas de la situation géographique. En réalité, au début des années 2000, le groupe Coopsol tentait d’investir le football sur 2 fronts, en rachetant 2 clubs évoluant en première et en seconde division. Mais ce fut deux échecs et finalement en 2004, il reprit un autre club, le Deportivo Aviación. Ce dernier fut fondé en 1964 comme une émanation sportive des forces aériennes péruviennes (Fuerza Aérea del Perú). Le club était donc soutenu par l’armée de l’air, notamment en étant sponsorisé par la compagnie aérienne militaire, TANS. Mais, deux accidents aériens intervenus en 2003 puis en 2005 eurent raison de la compagnie, qui fait faillite en 2006. Résultat, au début des années 2000, TANS et les forces aériennes retirèrent leur soutien financier au Deportivo Aviación, qui déclina et chercha de nouveaux parrains. Ce fut dans ce contexte que Coopsol mit la main sur le Deportivo Aviación pour fonder son nouvel étendard sportif. D’abord dénommé Aviación-Coopsol, il perdit tout lien avec ses racines aériennes en 2009 en devenant le Deportivo Coopsol. Néanmoins, dans la mémoire collective et en particulier dans celle des adversaires, ce lien existe toujours et donc, le sous-marin du surnom est pour moquer les origines aériennes du club.

#1069 – CA Chaco For Ever : Albinegro

Les blanc et noir. Le club argentin de la ville de Resistencia, située dans la province du Chaco, fut fondé le 27 juillet 1913, par des jeunes qui décidèrent de quitter le CA Sarmiento et de créer une nouvelle institution sportive. Depuis, les deux clubs sont les grands rivaux de Resistencia. Le choix du nom était important pour les fondateurs car ils voulaient qu’il soit agréable et s’inscrive dans le temps. Une connaissance des fondateurs, d’origine anglaise et surnommée « Mister King », il suggéra « Chaco for Ever » (Chaco – le nom de la province – pour toujours), un cri identitaire et fière. Le choix des couleurs releva finalement du hasard. En effet, un jour, l’équipe fut rejoint par un étudiant en droit nommé Maistegui. Il se présenta sur le terrain avec un maillot rayé noir et blanc qui fit forte impression auprès des autres joueurs. Il s’agissait d’un maillot du club CA Estudiantes de Buenos Aires. Tous les joueurs décidèrent d’opter pour ce maillot qu’ils considéraient élégant mais aussi dont les couleurs rappelaient les richesses de la province : le blanc pour la culture du coton et le noir pour le charbon.

L’agriculture constitue une des principales activités de la province du Chaco. En particulier, la filière du coton. Historiquement (culture développée dès le début du XXème siècle), le Chaco était le principal producteur national de coton depuis les années 1950 même si sa position fut remise en cause ces dernières années avec la réduction de la surface cultivée de coton en raison de la concurrence des céréales et des oléagineux (principalement maïs, tournesol et soja …). Toute la filière (égreneurs, filatures, ateliers de tissage, fabrication de produits textiles) s’est développée dans le Chaco. La culture s’étend dans pratiquement toute la province et les égreneurs représentent 60 % de la capacité argentine. En 2019-2020, la superficie plantée était de 185 000 hectares, avec une production de 338 000 tonnes, principalement tournée vers le marché intérieure, soit respectivement 42% et 32% de la part nationale. En 2021-2022, la production monta à 379 000 tonnes. L’industrie textile représentait 21,3% de l’emploi total de l’industrie manufacturière. En 2019, 36 usines d’égrenage étaient en activité, avec une capacité totale d’égrenage de 890 500 tonnes.

Dans la province du Chaco, la production de charbon ne provient pas de mines car il s’agit de charbon végétal (et non minéral). En effet, la région comprend de vastes forêts de quebracho. Cet arbre, symbole du Chaco, présente un bois extrêmement dur et durable, qui est exploité pour réaliser des meubles, des tanins et du charbon de bois. Dans les années 1950 et 1960, cette production de charbon de bois trouvait un débouché naturel vers la province de Jujuy où étaient situées des usines sidérurgiques en demande de coke. En 1967, le Chaco produisait 11,58% de la production nationale de charbon (environ 50 000 tonnes). Désormais, en 2018, la production de charbon de la province s’élevait à 272 000 tonnes par an et le Chaco représentait 80 % des exportations argentines.

#1067 – Middlesbrough FC : the Smoggies

Le terme est dérivé de smog (brouillard) mais cet article vous permettra de sortir … de ce brouillard. Ce surnom s’attache à tous les habitants de Middlesbrough et ceux de la région du Teesside. Le terme désigne également l’accent local et le dialecte de la région. Il fut un peu plus tard utilisé ironiquement par les supporteurs adverses pour nommer les fans du club de Middlesbrough. Pour comprendre sa signification, il faut revenir à ce qui modela la région : la sidérurgie.

L’histoire de Middlesbrough se confond avec celle de la révolution industrielle et de l’avènement de la Reine Victoria et de l’Empire Britanique. Comme un certain nombre de villes du Nord de l’Angleterre, soutenues par les découvertes de mine de charbon, de fer ou d’autres minerais, Middlesbrough devint au cours du XIXème et XXème un important centre industriel mondial. L’essor de Middlesbrough fut d’ailleurs remarquable puisqu’en 1801, il s’agissait d’un petit hameau de 25 habitants qui se transforma en un siècle en une ville de plus de 90 000 habitants. Avec une infrastructure de transport naturelle (le fleuve Tees qui se jette dans la Mer du Nord) et des riches ressources (la découverte de réserves de fer dans les collines de Cleveland en 1850), la première usine sidérurgique (Henry Bolckow et John Vaughan) s’étendait dès 1864 sur plus de 280 hectares le long des rives de la rivière Tees. Puis, l’entreprise Dorman Long prit le relais et devint le principal producteur d’acier et le plus grand employeur. À l’apogée, 91 hauts fourneaux dans un rayon de 10 milles le long de la Tees fonctionnaient. En outre, le poids économique de la région faisait que le prix mondial de l’acier et du fer étaient fixés dans ce coin de l’Angleterre. Mais, au fil des années, la concurrence poussa au déclin. Dans les années 1960, afin de les sauver, de nombreuses entreprises (dont Dorman Long) furent nationalisées sous l’égide de British Steel. Ceci n’empêcha pas le déclin face à l’acier asiatique et les dernières aciéries fermèrent en 2015.

L’importance de l’industrie lourde et son empreinte dans le développement de Middlesbrough conduit la ville à gagner rapidement le nom d’Ironopolis. Mais, la contrepartie fut des niveaux élevés de pollution, qui se concrétisaient par un épais brouillard recouvrant régulièrement la région. Les supporters rivaux de Sunderland et Newcastle ne manquèrent pas de s’en moquer. A domicile, ils scandaient « What’s it like to smell fresh air ? » (Qu’est-ce que cela fait de sentir de l’air frais ?) et à l’extérieur « smog monsters » (les monstres du brouillard). Ce dernier terme se transforma par la suite en smoggies et finalement, les supporteurs de Middlesbrough se l’approprièrent et le revendiquèrent.

#1040 – Coton FC : les Cotonculteurs

Au Nord-Ouest du Bénin, à Natitingou, en 1999, un club de football fut fondé sous le nom de Tanéka FC. En 2021, Tanéka fut repris par Coton Sport Bénin, un consortium sportif, ayant de grandes ambitions. Coton FC devint le nouveau nom du club qui déménagea également dans la ville cotière de Ouidah, au Sud du pays, à l’opposé de Natitingou. Grace à d’importants moyens financiers, la direction procéda à un recrutement massif (avec des joueurs internationaux venant du Nigéria, de la Côte d’Ivoire, du Burkina et du Togo) et placa l’équipe sous la houlette de l’expérimenté entraineur français Victor Zvunka et du technicien béninois Urbain Honfo. Les résultats ne se firent pas attendre. Alors que Tanéka évoluait en deuxième division, Coton FC fut invité à participer pour la première fois au championnat de première division lors de la saison 2021-2022. Coton FC remporta alors directement son premier titre de champion. La saison suivante (2022-2023), Coton FC conserva son titre.

Coton Sport Bénin est une émanation de la SODECO et a pour but de regrouper plusieurs clubs sportifs pour s’imposer comme la référence sportive béninoise sur le continent africain. Les investissements ont commencé avec Tanéka FC puis le CSB a repris le club de basket du Elan BC. Au sommet de ce projet, Lionel Talon, le fils du président du Bénin, qui préside la société d’investissement familiale, la Société de Financement et de Participation. Cette dernière s’empara de deux secteurs clé de l’économie béninoise : la culture du coton (via la SODECO) et la gestion du port de Cotonou. Société publique au départ qui avait le monopole pour l’achat du coton-graine et la commercialisation de la fibre, des graines et autres produits dérivés, la SODECO fut privatisée définitivement en 2016, tout en conservant un monopole de fait dans la filière du coton. Le coton est devenu pour le Bénin, un véritable or blanc. En 2017, le Bénin occupait la 4ème place africaine en termes de production de coton avec 451 209 tonnes. La réorganisation de la filière en 2016 permit au Bénin de ravir la première place au Mali et d’atteindre une production dépassant régulièrement les 700 000 tonnes ces dernières années. Aujourd’hui, le coton est la première filière économique du Bénin, générant plus de 40 % des emplois en milieu rural et faisantt vivre environ 50 % de la population béninoise. Les exportations permettent au pays d’engranger 40 % de ses rentrées de devises et d’assurer 13 % du produit intérieur brut. La filière représente également 45 % des recettes fiscales du pays. Pour monter dans la chaîne de valeur, la SODECO joua un rôle crucial en modernisant l’appareil industriel. Avec 17 usines d’égrénage sur les 23 du pays (ce qui représente 60 % du tissu industriel du Bénin), la SODECO assure la transformation du coton en fibre et en produits finis.