#969 – Heart of Midlothian FC : the Gorgie Boys

Les garçons de Gorgie. La date de création du club n’est pas connue avec certitude mais ce serait vers 1874. Tout serait partie d’une bande de copains fréquentant un club de danse et qui fut séduit par une nouvelle pratique sportive qui mélangeait les règles du football et du rugby. Sous la direction d’un policier, ils se retrouvaient pour jouer au Meadows, un grand parc public au sud du centre-ville d’Édimbourg. Puis, suite à un match d’exhibition entre Queens Park FC et Clydesdale FC, ils choisirent définitivement le football association. En août 1875, le Heart of Midlothian FC rejoignit la Scottish Football Association et participa à la fondation de la Edinburgh Football Association. Comme un certain nombre d’équipes, dont les rivaux d’Hibernians, Heart jouait toujours dans le parc de Meadows et le siège se situait à l’Est du parc (West Crosscauseway) dans la taverne Anderson. Au début de la saison 1878-1879, les Hearts s’exhibaient encore à East Meadows et le siège du club était maintenant la boutique de Mackenzie dans Chapel Street à proximité. Cependant la fréquentation du parc était de plus en plus importante et le public perturbait le déroulement des matchs, le terrain n’étant pas protégé. Pour les matchs importants, l’équipe émigrait sur le terrain de la ligue d’Édimbourg à Powburn, au Sud de Meadows. Outre le fait d’être sur un terrain plus praticable, le club pouvait également faire payer les entrées. Avant le début de la saison 1879-80, le club se structura en possédant son premier terrain à Powderhall Grounds mais ce qui impliqua de quitter son quartier historique pour se rendre au Nord du centre-ville.

Puis, en février 1881, le club reprit un nouveau terrain privé dans la banlieue industrielle florissante de Dalry, quartier qui se rapprochait de Meadows. L’enceinte, inaugurée le 9 avril 1881, se situait sur Wardlaw Street et Wardlaw Place. Néanmoins, ce stade était considéré en dehors des limites de la ville. En conséquence, Hearts proposait parfois deux matchs pour le prix d’un ou fixait un prix d’admission bien inférieur à celui de ses rivaux situés plus proche du centre ville. Mais, l’expansion du quartier nécessita de laisser le terrain aux promoteurs afin qu’ils construisent de nouvelles habitations. En 1886, le club traversa alors la Gorgie Road pour établir sa nouvelle enceinte, dénommée Tynecastle Park, dans le quartier de Gorgie. Le 10 avril 1886, l’inauguration du stade fut marquée par une victoire 4 buts à 1 face au Bolton Wanderers. Le stade comptait deux terrains et une foule de 5 500 personnes vit Tom Jenkinson marquer le premier but dans la nouvelle maison de Heart. D’abord locataire, Heart acheta définitivement le terrain en 1926. D’une capacité de 19 852 places aujourd’hui, sixième plus grand stade de football d’Écosse, l’enceinte a été souvent remaniée et les dernières rénovations datent de 1997 et 2017.

#943 – Pau FC : les Maynats

Les garçons en béarnais (prononcé Maï-Nah-Tsse – Merci à Gillen). Au Sud de la France, au pied des Pyrénées, la ville au célèbre maire, François Bayrou, est le chef-lieu du département des Pyrénées-Atlantiques mais fut surtout entre 1464 et 1620 la capitale de la principauté du Béarn. Cette région historique connut son indépendance entre 1347 et 1620 mais surtout possède une culture riche et forte. Sa langue, le béarnais, demeure l’un des éléments différenciant et marqueur de son identité. Il s’agit d’un parler occitan, qui fut la langue institutionnelle de ce territoire durant sa période souveraine. Il resta longtemps la langue parlée dans le territoire bien que l’intégration du français se développa, notamment avec son annexion par le Royaume de France en 1620. Son usage recula à compter du XIXème siècle mais connut une nouvelle vie à partir de la seconde partie du XXème siècle. Selon une enquête réalisée en 2008 par la région Aquitaine, 8% des personnes interrogées déclarent parler béarnais sans difficulté, ce qui représenteraient 29 locuteurs. En outre, 7% estiment pouvoir tenir une conversation simple en béarnais. D’où, au final, 15% des populations vivant dans le Béarn parleraient le béarnais, environ 55 000 béarnophones. Maynats est donc le terme béarnais qui signifie les enfants comme les gones en lyonnais (#2), les minots en provençal (#298) et les pitchouns en occitan (#434). Il est utilisé pour les joueurs mais de manière général pour désigner les enfants.

#441 – Paysandu SC : Papão

Le papão est un personnage populaire au Portugal et au Brésil (ainsi que dans certaines régions espagnoles) similaire au père fouettard. Il s’agit d’un monstre mangeur d’enfants désobéissants. Les parents n’hésitent pas à dire à leurs enfants de suivre les consignes sinon le papão va venir les manger. Le terme papão dérive de papar qui signifie manger, dévorer. Comment est né ce surnom ? En 1948, le journaliste Everardo Guilhon, du journal A Vanguarda, créa la mascotte du club sous l’image d’un loup. Il s’inspira pour cela du surnom de l’équipe à l’époque qui était Escuadrão de Aço (Escadron d’Acier). Dans les années 40, le club avait gagné ce surnom car l’équipe dégageait une certaine force, inspirait la crainte qui lui avait permis de remporter de nombreux championnats régionaux (6 titres). Pour amplifier la peur que devait représenter cette mascotte, il l’appela bicho papão, en souvenir de sa mère qui lui disait quand il était jeune « dorme logo, pois lá vem o bicho-papão ! » (dors vite, car le père fouettard arrive). La mascotte comme le surnom furent immédiatement adoptés par les supporteurs.

A partir de ce surnom, d’autres furent créés : bicho papão naturellement. Mais également, papão da curuzu en référence au stade du club dont le surnom est curuzu, papão da Amazônia et papão do Norte, le club résidant à Belém do Pará, situé sur le delta de l’Amazone, au nord du pays.

#434 – Toulouse FC : les Pitchouns

Les enfants, en occitan. Revenu du purgatoire (une saison en seconde division), Toulouse connaît un exercice 2000-2001 catastrophique avec une nouvelle relégation, malgré un recrutement ambitieux. Surtout, la DNCG rétrograda le TFC en National après la découverte d’un déficit de 70 millions de francs (plus de 10 millions d’euros). Le club n’avait alors que deux ans pour remonter à l’étage supérieur sous peine de perdre le statut professionnel et son centre de formation. Sans le sou, le TFC prît le parti de confier les reines de l’équipe à ses jeunes joueurs issus du centre encadrés par quelques anciens tels que Prunier, Revault et Bancarel et conduit par l’entraineur Erick Mombaerts. En cours de saison, une nouvelle épreuve se mit en travers de la route : l’explosion de l’usine AZF le 21 Septembre 2001 qui priva le club de son enceinte et dut se rabattre sur le stade de rugby, les sept deniers. Malgré tout cela, les jeunes du club parvinrent à remonter en seconde division. Pour la saison 2002-2003, le promu toulousain réussit l’exploit de remporter le titre de champion, avec aisance, et de gagner sa place dans l’élite pour le prochain exercice. Les pitchouns, la jeune génération toulousaine, auront donc sauvé le club, en le ramenant en première division en seulement deux ans. Pourtant, peu de joueurs de cette génération ne sortit du lot et réussit une carrière remarquable. Cette histoire rappelle celle de l’OM des années 80 qui donna également le même type de surnom (cf. article #298).

#298 – Olympique de Marseille : les Minots

Il s’agit d’un terme utilisé en Provence et qui signifie les enfants. Ce surnom demeure souvent attaché à l’équipe de jeunes joueurs de l’Olympique de Marseille. Mais il rappelle aussi les heures sombres du club et les belles heures de son centre de formation. Les années 70, pour le club marseillais, se composèrent de hauts et de bas, mais avec les signatures des brésiliens champions du monde, Paulo César et Jairzinho, le duo d’attaquants, Josip Skoblar et Roger Magnusson, et le premier doublé coupe-championnat de 1972, les supporteurs marseillais en gardent de bons souvenirs. A partir de 1986, le rachat du club par Bernard Tapie va donner encore une autre dimension avec l’OM, avec comme apothéose, le titre européen de 1993.

Entre ces deux périodes, le trou noir. A l’issue de la saison 1979-1980, malgré la présence de joueurs confirmés comme Marius Trésor et Didier Six, l’OM descendit en seconde division. La nouvelle saison se déroula mal : les finances était dans le rouge et le club flirtait avec la relégation. L’OM risquait de disparaître. Au vu de la situation, le président, Christian Carlini, n’eut pas d’autres choix que de mettre au chômage technique la plupart de ses joueurs professionnels, et l’entraîneur, Roland Gransart, puisât alors dans le centre de formation des jeunes, tels que José Anigo, Éric di Meco, Marcel de Falco ou Jean-Charles de Bono, pour compléter son effectifs. Il restait alors 6 matchs pour sauver le club.

Malgré l’inexpérience des joueurs, leur fougue suffit à ne perdre aucun des six derniers matchs et terminer 6ème du championnat de Division 2A (1-0 contre Grenoble pour le premier match, match nul contre la difficile équipe de Toulouse et victoire 3-1 contre le futur champion de D2, Montpellier). Au fil des matchs, le Vélodrome vit son bouillonnant public revenir (respectivement 7 000 pour le premier, puis 12 000 et enfin 20 000) et se prit de passion pour ces jeunes joueurs venant de la région (Anigo et de Falco sont de Marseille, di Meco d’Avignon). Certes, le club continua encore deux saisons dans l’anti-chambre mais, sans ces minots, l’OM aurait-il été champion d’Europe en 1993 ?

#279 – Falkirk FC : the Bairns

Les enfants, Bairns provenant de dialectes écossais. Le terme décrit aussi bien le club et ses supporteurs mais généralement les habitants de la ville de Falkirk. Comme beaucoup de surnom, son origine n’est pas totalement établie. Le terme apparaît déjà au XIXème siècle dans le cadre d’un dicton qui dit « You’re like the bairns o ‘Fa’kirk, you’ll end ere you mend » (vous êtes comme les enfants de Falkirk, vous finirez par vous rabibocher). Son origine doit être encore plus ancienne puisque, dans les armes de Falkirk, la devise « Better Meddle wi’ the Deil than the Bairns o’ Fa’kirk » (Mieux vaut se mêler avec le diable qu’avec les enfants de Falkirk) apparaît. Selon l’écrivain John Reddoch McLuckie dans son livre The Old Kirk Yard Falkirk publié en 1869, ce terme prendrait son origine au XVIIème siècle. James Livingston, premier Comte de Callendar, revint d’exil en 1656. Durant la guerre civil (Guerres des Trois Royaumes dans les années 1640 et 1650), le Comte prit par à la guerre des deux côtés des belligérants et son armée levée à Falkirk, lui resta fidèle. Ainsi, à son retour et pour remercier ses soldats, le Comte fit construire le premier puits de la ville. Lors de son inauguration, le Comte déclara « To the wives and the Bairns o’ Fa’kirk’ giving them the well and all its fountains in a present forever » (Aux femmes et aux Bairns o ‘Fa’kirk’ ‘ leur donnant le puits et toutes ses fontaines dans un cadeau pour toujours). Et donc au delà du réseau d’eau, les habitants héritèrent également en cadeau d’un surnom.

#2 – Olympique Lyonnais : Gones

Les gones. Les joueurs lyonnais sont dénommés ainsi mais que signifie-t-il ? En fait, il s’agit d’un terme du parler Lyonnais, dialecte dérivé du francoprovençal que l’on rencontre dans la région de Lyon. Il signifie affectueusement « les enfants » , « les gosses » . On l’utilise aussi de manière ironique pour caractériser un adulte. C’est l’équivalent du Minots à Marseille (cf. article #298), du Pitchouns en occitan (cf. article #434), miston à Nîmes, ou le Titi à Paris. Le mot prendrait ses racines dans le grec ancien γόνος (prononcé gonos) qui signifie « progéniture », « enfant ». Lugdunum, ancêtre de Lyon, était la capitale de la Gaule Romaine et comme ville puissante, elle comptait une colonie grecque importante ainsi que des écoles grecques.

Par extension, il devenu un synonyme d’un habitant de Lyon et donc d’un joueur de l’OL. Il a été adopté par le principal groupe de supporteurs de Lyon, les Bad Gones. Le terme est même rentré dans le dictionnaire de l’académie française.