#748 – Real Salt Lake : Real

Royal. Le surnom royals est également cité. La ville de Salt Lake se dota d’une franchise de MLS en 2004, 10 ans après la création de la ligue américaine de football. Dave Checketts, un businessman américain actif dans le sport et qui fit ses études dans l’Utah, fut à l’origine de la création de la franchise. Il avait notamment dirigé des clubs de basket de NBA (Utah Jazz et New York Knicks) mais également fut en charge au début des années 1990 du développement à l’international de la NBA. Il déclarait en 2005 « In the early 1990s when I was working for N.B.A. International, my purpose was to take basketball to Europe. But I found that I fell in love with soccer and with taking it to the United States » (Au début des années 1990, lorsque je travaillais pour NBA International, mon objectif était d’amener le basket en Europe. Mais j’ai découvert que je suis tombé amoureux du football et je voulais l’emmener aux États-Unis). Quand le projet fut présenté, le nouveau club de football ne possédait pas encore de nom mais Dave Checketts voulait un nom authentiquement footballistique. Là encore, il fit appel à ses bons souvenirs européens car en découvrant le basket à Madrid, il rencontra le Real Madrid, actif dans le basket et le football avec la même aura : « In Madrid, I was looking at an organization that was amazing. I wanted to draw on Real Madrid’s brand credibility. And we wanted a name where no one would question what sport the team is playing » (À Madrid, je regardais une organisation qui était incroyable. Je voulais m’appuyer sur la crédibilité de la marque du Real Madrid. Et nous voulions un nom où personne ne remettrait en question le sport pratiqué par l’équipe). Real était utilisé par Madrid mais également par plusieurs autres clubs espagnols (Sociedad (cf #292), Betis, Valladolid, Saragosse, Murcie, Gijon, Espanyol …) et était une distinction accordée par le Roi Alfonso XIII, au début des années 1910, à certaines associations sportives, sans donner de droit particulier (sauf pour le souverain qui pouvait assister gratuitement et en grande pompe aux matchs de son choix et devenait Président d’honneur du club). Toutefois, dans un sport naissant en Espagne, cette distinction honorifique donnait un certain prestige et une légitimité au club. Alfonso XIII exporta son adoubement hors d’Espagne, en accordant le titre Real au Real Club España, club de Mexico, en 1920. Tradition perpetuée par le Roi Juan Carlos Ier qui donna cette distinction au club hondurien du Real España. D’autres familles royales ont également couronné des clubs comme en Belgique (Anderlecht, Anvers, Charleroi, Liège, Seraing …). Pour Checketts et son nouveau club, cela permettait donc de l’ancrer dans la culture football et de profiter du rayonnement du Real Madrid. Toutefois, ce choix ne faisait pas l’unanimité parmi les futurs fans qui semblaient préférer Pioneers, Blitzz, Golden Spikers ou Highlanders. En outre, Checketts craignait que le terme espagnol fusse confondu avec le mot anglais real (réel). Finalement, à l’issu d’un vote, Real l’emporta et Checketts obtint l’approbation du conseil d’administration du Real Madrid pour utiliser le nom en 2004.

Le plus drôle, dans cette histoire, provient du choix des couleurs. En effet, Checketts choisit le bleu et bordeau, comme couleurs de l’équipe. Cependant, l’équipe américaine, « sœur » du Real Madrid, s’affichait ainsi avec les couleurs de l’éternel rival de Madrid, le FC Barcelone. Face à cette contradiction, Checketts déclara « But we had so much educating to do, that if someone came up to me and asked, ‘Why’d you use the Real name with Barcelona colors,’ I would have said, ‘I’m so happy you know that.’ » (Mais nous avions tellement de culture générale à acquérir que si quelqu’un venait me voir et me demandait: Pourquoi as-tu utilisé le nom Real avec les couleurs de Barcelone, j’aurais répondu Je suis si heureux que tu le saches). Comme quoi la culture du football demeurait encore limitée outre-atlantique.

#627 – Portland Timbers : the Timbers

Les bois. Si le club de Portland dans l’Oregon figure peu sur les palmarès du football américain, il n’en demeure pas moins un club « historique ». S’il rejoint la MLS seulement en 2011, 11 ans après sa fondation, le club reprit l’héritage, notamment symbolique, de celui qui exista de 1975 à 1982 au sein de la défunte NASL. En particulier le nom, l’écusson et les couleurs. Timber signifie donc bois (une fois transformé tel que celui servant pour les charpentes, le plancher ou le papier). L’écusson affiche une hache de bucheron. Enfin, la couleur principale est le vert, représentant les arbres (en particulier le pin ponderosa) et la mousse des forêts de l’Etat de l’Oregon. Situé au Nord-Ouest des États-Unis, sur la côte Pacifique, ce territoire, bercé par un climat océanique, est recouvert pour moitié de sa surface par de vastes forêts (soit près de 122 000 km2). Dès les années 1880, encouragés par une demande forte provenant de la dynamique Californie et le développement des voix ferrés qui facilita les exportations, les migrants du Far West firent de l’exploitation forestière un des piliers de l’économie de l’Etat. Les forêts du Michigan, du Minnesota et du Wisconsin diminuant rapidement à la fin du XIXème siècle, l’État voisin de Washington devint le premier producteur national de produits du bois en 1910, une position que l’Oregon lui ravit en 1938 pour ne plus la quitter. De 2015 à 2019, la production de bois brut de l’Oregon s’élevait en moyenne à 9 millions de m3. L’Oregon est également un leader dans la production de produits en bois tels que le bois lamellé croisé, le bois lamellé collé et les panneaux de contreplaqué. En 2019, 16% de la production nationale (1ère position) de bois tendre et 28% de celle de contreplaqué (également 1ère position) étaient réalisés dans l’Oregon. Enfin, 18 usines de transformation de bois étaient situés dans l’Oregon (contre seulement 6 en Alabama, le deuxième au classement). Mais cette position de leader aux Etats-Unis ne doit pas masquer le déclin de cette activité. Les incendies de forêts, la surexploitation et le durcissement de la réglementation environnementale ont fortement pénalisé l’exploitation conduisant, entre la fin des années 1980 et 2000, à un effondrement de plus de 90% des récoltes dans les forêts fédérales de l’Etat. Des entreprises alors disparurent (Willamette Industries) ou déménagèrent (Louisiana-Pacific) et le chômage crût dans les zones rurales de l’Etat. Dans le même moment, l’économie de la haute technologie (Silicon forest) émergea, devenant le nouveau moteur de la croissance de l’Oregon.

#579 – Atlanta United FC : the Five Stripes

Les cinq bandes. Région métropolitaine la plus peuplée sans franchise de Major League Soccer, Atlanta obtint son club de soccer relativement tardivement, en 2017. La nouvelle franchise, détenue par le propriétaire du club de football américain des Atlanta Falcons, dévoila le 7 juillet 2015 son écusson et ses couleurs. Les couleurs officielles de l’équipe étaient donc le noir (symbole de force et de puissance), le rouge (reflet de fierté et passion) et l’or (représentant l’excellence). Reprenant ses couleurs, le blason prenait la forme d’un rond, dans lequel s’inscrivait un « A » avec pour fond, cinq bandes noires et rouges. Ce cercle rappelait le sceau de la ville mais également les anneaux olympiques. En 1996, grâce à la puissance du sponsor Coca-Cola qui possède son siège dans la ville, Atlanta avait organisé les XXVIème jeux olympiques, marquant le centenaire de la renaissance olympique (les premiers jeux de l’ère moderne s’étant déroulés à Athènes en 1896). Evènement majeur pour la ville, il se trouva naturelle de le rappeler dans le blason du club. Les cinq bandes noires et rouges symbolisaient quant à elle les cinq piliers du club : unité, détermination, communauté, excellence et innovation. Il est possible aussi d’y voir un rappel des 5 anneaux du symbole olympique, qui exprime l’activité du mouvement olympique et représente l’union des cinq continents. Aujourd’hui, ces 5 bandes sont évidemment toujours les piliers du club et distingue son maillot.

#530 – Los Angeles Galaxy : Galaxy

Avec les franchises américaines ou nippones, il n’est pas nécessaire de se casser la tête pour trouver un surnom. Il suffit de reprendre leur nom. Lors de la création de la MLS en 1993, Los Angeles ne pouvait pas ne pas posséder de franchise. Deuxième agglomération des États-Unis, Los Angeles avait déjà vu défilé d’autres franchises de soccer qui avaient porté haut les couleurs de la ville (LA Kickers, LA Aztecs). Après avoir été porté par le propriétaire d’une chaine de restaurants, le club fut repris en 1995 par le groupe AEG (Anschutz Entertainment Group), qui se transformait à cette époque en un organisateur d’évènements culturels et sportifs. AGE décida de renommer le club, qui s’appelait alors Salsa. Comme le groupe AEG se développait dans l’entertainment, il relia le nom du club avec cette industrie qui faisait la notoriété de Los Angeles. Outre la production cinématographique (avec les 5 grands majors Universal, Paramount, Warner Bros., Walt Disney et Columbia, et plus de 500 films produits par an), cette économie intègre aussi dans la ville la production audiovisuelle, musicale et de jeux vidéo. Centre mondial du cinéma des années 1920 jusqu’en dans les années 1960, Hollywood attira de nombreuses stars dans la ville. Aujourd’hui encore, Los Angeles, grâce à sa qualité de vie (mer et soleil) et cette industrie rayonnante (même si elle n’est pas dominante), accueillent nombre de personnalités. Ainsi, le nom de Galaxy faisait référence à la constellation de célébrités vivant à Los Angeles.

#478 – FC Dallas : Toros

Les taureaux. A sa création en 1996, la franchise MLS, qui se dénomma d’abord Burn, misa sur un autre animal comme symbole sur son écusson : le mustang noir. Il rappelait le fidèle compagnon des cowboys, mythique cavalier du Texas qui conduisait le bétail. Le nom Burn (bruler) faisait référence à la fois au climat chaud du Texas et aux champs de pétrole (où le gaz extrait avec le pétrole est brulé dans une torchère). En 2004, le club déménagea dans un nouveau stade et en profita pour changer de marque. La franchise fut renommée FC Dallas. Puis, de nouveaux uniformes et un nouveau logo furent dévoilés. Ainsi, apparût le taureau sur le blason. Si le coton ou le pétrole ont constitué des pans importants de l’économie de Dallas, une fois de plus, il fut fait référence à l’agriculture et en particulier aux élevages de bovins. Le Texas possède le plus grand nombre de fermes et la plus grande superficie agricole des États-Unis. L’État est même le numéro 1 pour les revenus générés par le bétail et les produits de l’élevage. Un taureau, nommé Tex Hooper, est devenu la mascotte du club. Si le surnom est en espagnol et non en anglais, c’est surement en raison de la communauté hispanique de la ville qui représente plus de 40% de la population et dont l’amour pour le football est connu.

#422 – Chicago Fire FC : Men in Red

Les hommes en rouge, couleur traditionnel du club depuis sa création en 1997. Cette couleur se réfère à celle des camions de pompier de la ville (comme dans la plupart des pays d’ailleurs) et cela paraît logique quand on s’appelle Fire. Tout le club a été bâti sur l’imagerie des combattants du feu car les fondateurs voulaient rendre hommage à ces hommes et au grand incendie de Chicago qui se déroula du 8 au 10 Octobre 1871. Cet incendie fut particulièrement dévastateur et marqua profondément la ville. Il tua environ 300 personnes et laissa près de 100 000 habitants sans abri (soit un tiers de la population). 9km2 de la ville (soit le tiers de sa superficie) fut détruit. Cela représenta plus de 117 km de routes, 190 km de trottoir, 2 000 lampadaires, 17 500 bâtiments et au final, 222 millions de dollars de biens ravagés. Suite à l’incendie, Chicago fut rapidement reconstruit, améliorant au passage les normes anti-incendie des bâtiments, et paradoxalement, cet évènement contribua au développement important de la ville à compter de la fin du XIXème siècle. De nombreux films ou romans s’inspirent de cette catastrophe tout comme d’autres clubs sportifs : les équipes de sports de l’Université de l’Illinois de Chicago s’appellent les Flames. Deux précédentes équipes de soccer se dénommèrent également Fire.

L’équipe actuelle se créa officiellement le 8 Octobre 1997, soit pour le 126ème anniversaire du grand incendie. Si Nike, l’équipementier officiel en 1997, souhaita développer le nom de Chicago Rythm, la direction imposa le choix de Chicago Fire. Ensuite, la couleur rouge fut prise pour rappeler celle des camions de pompiers. En outre, les maillots ont été désignés avec une large bande blanche horizontale, au niveau du torse, pour ressembler à l’équipement d’un pompier de Chicago (manteau noir avec une bande blanche ou jaune sur le torse et les manches). L’hommage ne s’arrêta pas là. De 1997 à 2019, le blason du club fut dérivé de la croix de Saint Florian, symbole courant des unités de pompiers aux Etats-Unis. Et lorsque en 2019, il fut décidé de changer le logo, le nouveau était oval intégrant 3 triangles rouges, avec en reflet 3 jaunes, dénommés « Fire Crown », et faisait toujours référence au grand incendie en symbolisant cette fois la revitalisation de la ville après l’événement.

#388 – New England Revolution : Revs

Revs est tout simplement le diminutif du nom du club. La contrepartie de l’attribution de la coupe du monde 1994 aux Etats-Unis était la création d’une ligue de football professionnel la Fédération américaine de football. Son démarrage prit un peu de retard mais en 1996, 10 franchises furent donc constituées pour sa première saison, dont les New England Revolution, fondé par Robert Kraft, milliardaire américain. Dirigeant du groupe éponyme, qui comprend des sociétés actives dans le sport, le divertissement, l’industrie du papier, l’emballage et l’immobilier, son intérêt dans le football se concrétisa au début des années 1990 lorsqu’il fit du Foxboro Stadium (stade qui appartenait à son groupe), l’un des neuf sites hôtes de la Coupe du Monde. Le succès de cette dernière le convainquit d’investir dans une franchise MLS. Installé dans le Massachusetts, dans la région de Boston, le groupe Kraft soumit donc à la MLS la création d’une franchise. En 1994, le groupe s’était également porté acquéreur de la franchise de football américain des New England Patriots. Voulant profiter de la notoriété du nom de cette franchise (ayant été fondé en 1959), le groupe s’en inspira pour le nom du club de football à créer. Alors pourquoi Patriots et Revolution ? A la création de la franchise de football américain, les habitants soumirent des idées pour le nom officiel de l’équipe et le choix le plus populaire fut « Boston Patriots ». « Patriots » faisait référence aux colons des Treize Colonies américaines qui se rebellèrent contre la domination britannique et déclarèrent les États-Unis d’Amérique indépendante en juillet 1776. Les bostoniens choisirent cette référence car leur ville fut au cœur de la Révolution Américaine. En 1773, un groupe de citoyens de Boston en colère jeta à la mer une cargaison de thé de la Compagnie des Indes orientales en réponse aux nouvelles lois fiscales britanniques, lors d’un événement connu sous le nom du Boston Tea Party. Ce fut un événement clé menant à la Révolution Américaine.