#931 – Deportivo Alavés : los Babazorros

Les porteurs de fèves mais souvent aussi traduit par les mangeurs de fèves. Parler d’Alavès, c’est se plonger 20 ans en arrière et se remémorer cette fabuleuse finale de la Coupe de l’UEFA 2001 où le petit poucet basque, emmené par Jordi Cruyff, s’arrachait les tripes pour défier l’ogre Liverpool. Certes, les basques s’étaient à la fin inclinés mais quelle fraicheur. Outre cette performance, le club est aussi connu en Espagne pour ce surnom original et unique. Il est utilisé pour la formation d’Alavés mais aussi pour tous les habitants de la province d’Alava. Pour le club, il apparut dès les années 1930, 9 ans après sa fondation. Le quotidien « La Libertad » annonçait en novembre 1930 que « el Athletic vendrá a medir sus fuerzas con los babazorros » (l’Athlétic [Bilbao] viendra mesurer ses forces avec les babazorros). L’ « Heraldo Alavés » qualifiait le match Real Sociedad-Alavès de décembre 1931 de « encuentro del domingo entre donostiarras y babazorros » (rencontre dominicale entre Saint-Sébastien et babazorros).

Son origine et sa signification sont un peu mystérieuses. La version la plus répandue, comme l’indique le Dictionnaire général basque de Koldo Mitxelena, est que le mot babazorro vient du basque et résulte du mariage du terme baba qui signifie haricot et zorro qui signifie sac. La raison est que la culture de ce légumineux était importante dans cette région. En 1745, l’écrivain prête, Manuel Larramendi, promoteur de la langue et de la culture basques, écrivait « Llamamos jocosamente a los alabeses babazorros, por la mucha haba que ahí se coge, y come » (Nous appelons en plaisantant les Alabeses babazorros, à cause des nombreux haricots qui y sont cultivés et mangés). Certains avancent une légende où un jeune homme dénommé Juan Gaztea de Arbulo se maria à une jeune demoiselle. La famille de la mariée le surnomma babacorro parce qu’il était de la province d’Alava et que sa nourriture principale était les fèves. Au-delà de ce conte, des ordonnances de la ville d’Espejo au XVIIIème siècle mentionnaient cette légumineuse à plusieurs reprises mais parmi d’autres éléments culinaires. Car, la place des fèves dans l’agriculture et dans la cuisine traditionnelle d’Alava n’est pas aussi importante que le prétend ce surnom. Le terme prit aussi une tournure négative puisqu’au sens figuré, il fut utilisé comme un synonyme de idiot. Ainsi, le Diccionario de la Real Academia Española (Dictionnaire de l’Académie Royale Espagnole) le définit comme un synonyme péjoratif d’Alavés et souligne qu’il dérive peut-être du catalan varvassor (vassal).

Toutefois, comme souvent, les personnes offensées s’approprièrent le terme désobligeant qui devint un signe d’identité, de fierté de la province d’Álava. En 1892, Alfredo Laffitte dans la revue « Euskal-Erria » imagina un dialogue comique entre un homme de Vitoria, un homme de Bilbao et un homme de Saint-Sébastien qu’il intitula « Babazorros, chimbos y choriburus » . Au XXème siècle, des articles d’Eulogio Serdán ou de Venancio del Val, entre autres, parurent dans des revues locales avec des titres significatifs tels que « Del buen humor babazorro » (De la bonne humeur babazorro) ou « Soy babazorro, soy vitoriano, como mi pueblo no hay otro igual » (Je suis babazorro, je suis de Vitoria, il n’y a aucune autre ville comme ça). Aujourd’hui, les supporteurs du club n’hésitent pas à porter des maillots où il est écrit « Dejaré de ser uno de Babazorros cuando deje de respirar » (j’arrêterai d’être l’un des babazorros quand j’arrêterai de respirer). Enfin, en 1997, le club organisa un concours pour créer la mascotte de l’équipe. Parmi plus d’une centaine de propositions, l’artiste Iñaki González-Oribe remporta les suffrages du jury avec son renard, qui représentait l’agilité, la rapidité et la ruse, qualités que les footballeurs d’Alavés devaient posséder. Mais, l’artiste joua aussi avec la ressemblance phonétique entre le terme renard en espagnol, zorro, et le surnom de l’équipe babazorro.

#929 – FC Ingolstadt 04 : die Schanzer

Terme que l’on pourrait traduire par les fortifiés, les retranchés. Barrant en diagonale l’écusson du club, schanzer identifie non seulement le club mais de manière générale, tous les habitants de la ville bavaroise d’Ingolstadt. Le terme schanzer dérive du mot allemand verschanzen qui signifie fortifier et rappelle que les habitants vivaient à l’intérieur d’une place forte. En effet, la cité d’Ingolstadt fut pendant de nombreuses années un pilier de la défense de l’Etat bavarois, en plus d’être une ville universitaire et commerçante. Situé sur le Danube, au centre d’un triangle constitué des 3 grandes villes de Munich, Nuremberg et Augsbourg, Ingolstadt possédait une position stratégique en Bavière tant militaire que commerciale, renforcée par ses plaines agricoles environnantes qui assuraient un bon approvisionnement en denrée alimentaire. Mentionné pour la première fois en 806 dans l’acte de partage de l’Empire de Charlemagne, Ingolstadt devint une cité vers 1250 puis, de 1392 à 1447, la capitale du duché de Bavière-Ingolstadt. Un chroniqueur médiéval écrivait « Wer Ingolstadt besaß, besaß den Schlüssel zu Bayern » (Quiconque possédait Ingolstadt possédait la clé de la Bavière). Ainsi, à partir du XIVème siècle, Ingolstadt reçut de fortes fortifications, qui au cours des siècles suivants furent continuellement renforcées.

Dès 1363, un mur de briques de trois kilomètres de long avec 87 tours crénelées et portes fortifiées furent édifiées autour de la ville. En 1418, Louis VII de Bavière dit le Barbu posa la première pierre de la forteresse d’État d’Ingolstadt, qui se voulait être la plus importante et innovante de la Bavière. Un deuxième rideau de remparts fut construit et achevé en 1430. Au XVIème siècle, les défenses de ce bastion furent encore renforcées lors de la guerre entre l’Empereur Charles Quint et la ligue de Smalkalden. En 1570, la garnison comptait 50 hommes mais monta en 1598 déjà à 170 hommes. En 1600, les effectifs atteignaient 920 soldats. Le rôle de gouverneur d’Ingolstadt devint alors l’un des postes les plus importants de l’armée bavaroise. La guerre de 30 ans (1618-1648) donna l’occasion de réaffirmer le rôle d’Ingolstadt et d’améliorer encore le bastion, en particulier ses positions sur le Danube. Le Roi de Suède, Gustav Adolf, attaqua vainement Ingolstadt. Cette défaite constitua son premier échec militaire de la guerre et coupa son avancée en Bavière. Une conséquence de cet assault raté fut d’annihiler toute autre attaque pendant cette guerre pour prendre la forteresse. Ingolstadt était le seul lieu important de l’ancien électorat de Bavière qui ne fut jamais pris pendant la guerre de 30 ans. Pendant cette période, les forces militaires varièrent considérablement. En 1632, il y avait plus de 2 600 hommes, qui pouvaient compter sur 50 canons lourds et 86 canons légers et près de 900 quintaux de poudre dans la forteresse. En 1646, les effectifs étaient d’environ 1 500 hommes et vers la fin de la guerre seulement entre 200 et 400 hommes.

En 1701, il y avait plus de 350 hommes à Ingolstadt. En temps de paix, il y avait un maximum de deux régiments d’infanterie dans la forteresse au XVIIIème siècle, soit un effectif total d’un peu plus de 1 500 hommes. Ces militaires étaient logés chez les habitants et la cohabitation devint difficile, les plaintes se multipliant. Ainsi, au XVIIIème siècle, de nombreuses casernes furent édifiées pour accueillir les troupes. Durant les deux guerres de succession (d’Espagne (1701 à 1713) puis d’Autriche (1740-1748)), en manque de soutien extérieur, le bastion d’Ingolstadt céda plusieurs fois.

A la fin du XVIIIème siècle, en raison des finances déplorables de l’Etat bavarois et du manque d’expérience militaire de ses suzerains, l’armée bavaroise atteignit son plus faible niveau et la forteresse d’Ingolstadt était dans un état de dégradation avancée. Alors qu’il y avait, en 1668 51 canons lourds à Ingolstadt, la forteresse n’en comptait plus que 13 en 1778. En 1797, des travaux furent entrepris pour rétablir les défenses mais finalement, le 23 septembre 1799, les troupes impériales autrichiennes rendirent la place forte aux armées révolutionnaires françaises. Napoléon Bonaparte donna l’ordre de raser la forteresse d’Ingolstadt, ce qui fut exécuté entre novembre 1799 et mars 1801. Quelques années seulement après la démolition de la forteresse, il était déjà envisagé de la reconstruire. La décision fut prise en 1806, mais les travaux ne commencèrent qu’en 1828, lorsque les finances gouvernementales le permirent. La construction de la forteresse royale bavaroise constitua le projet de construction le plus important et le plus coûteux sous le règne de Louis Ier de Bavière et employa environ 5 000 ouvriers jusqu’en 1848. En 1851, 433 canons et 155 mortiers étaient stockés dans la forteresse et en 1874, il y avait encore 1 007 canons et mortiers mais plus de la moitié étaient obsolètes. En 1861, la ville comptait 7 193 résidents civils contre 12 750 militaires. Si tout le développement de la ville dépendait des autorités militaires (dans le bon sens (connexion au réseau ferré, système d’approvisionnement en eau et d’évacuation des déchets) comme dans le mauvais (les développements civils étaient empêchés par les besoins militaires prioritaires), l’intérêt stratégique comme l’importance du fort diminua au fil du XIXème siècle. Lors de la Première Guerre mondiale, le bastion servit seulement de prison. En mai 1914, l’artillerie d’Ingolstadt se résumait à 180 canons, dont certains étaient déjà considérablement dépassés. Les fossés furent comblés pour permettre à la ville de construire des immeubles d’habitations. Les grands bâtiments militaires furent petit à petit convertis en immeuble administratif. Aujourd’hui, ce système sophistiqué de fortifications bien conservées fait d’Ingolstadt un musée à ciel ouvert unique.

#896 – CD Atlético Huila : los Opitas

Gentilé des habitants de la ville de Neiva et du département de Huila, bien connu des colombiens, le terme est intraduisible. Le club de l’Atlético Huila, qui réside à Neiva, représente ce département et reprit à sa création tous ces symboles, notamment ses couleurs jaune et vert. En 1990, les autorités locales se désolaient de ne pas posséder une équipe professionnelle dans la région. Ainsi, avec le support du gouverneur du département (Jorge Eduardo Gechem) et du maire de la ville de Neiva (Luis Alberto Díaz), le club fut fondé le 29 novembre 1990. Outre les couleurs, le surnom opita s’imposa immédiatement tellement le terme est identifié aux habitants de cette région. Dans le jargon local, pour saluer une personne, les gens de la région disent opa, ce qui donna le terme opita.

Ce mot opa n’apparut pas par magie ou par simple appréciation positive de sa sonorité. Son origine serait liée au sentiment rebelle patriotique qui habite les gens de cette région. En effet, depuis leurs créations, Neiva et le département de Huila participèrent à de nombreux soulèvements et mouvements indépendantistes. En 1777, arriva dans la colonie espagnole de Vice-royauté de Nouvelle-Grenade (qui regroupait les territoires de Colombie, Équateur, Panama et Venezuela) le visitador-régent Juan Francisco Gutiérrez de Piñeres dont l’objectif était de mettre en place les mesures décidées par le Roi d’Espagne Charles III. Ainsi, il créa ou augmenta des taxes (sur le sel, le tabac, les jeux de cartes, les textiles de coton), rationnalisa et améliora leur collecte par des méthodes arbitraires et violentes et renforça les procédures et contrôles administratifs sur la circulation des marchandises. L’ensemble des mesures parurent insupportables aux créoles (les colons espagnoles). En 1781, ces derniers, habitants de la ville de Socorro, initièrent une insurrection dont les rebelles étaient connus sous le nom de comuneros. Neiva, qui manifestait déjà son mécontentement face aux impôts en 1772, emboita rapidement le pas de cette révolte. Réunissant une armée de 20 000 hommes, les rebelles obtinrent l’abolition de ces mesures.

Au début du XIXème siècle, Neiva fut l’un des foyers principaux de l’indépendance du pays. L’invasion et l’occupation par les troupes napoléoniennes de l’Espagne en 1807 et 1808 affaiblit le pouvoir royal. Ces évènements encouragèrent les colonies d’Amérique latine à se soulever et réclamer leur indépendance. Le 8 février 1814, la province de Neiva déclara son indépendance. Puis, réunissant autour d’elle les villes de La Plata, Timaná et Purificación, Neiva proclama la Constitution de l’État libre de Neiva le 23 septembre 1814. Toutefois, en 1816, les armées espagnoles reprirent le contrôle de l’ensemble des territoires qui avaient déclaré leur indépendance de la couronne, dont Neiva. Reprise en main de courte durée car dès 1818, Simón Bolívar et Francisco de Paula Santander fédérèrent les différents mouvements patriotiques qui finirent par aboutir entre 1820 et 1823 à l’indépendance des colonies d’Amérique latine. Neiva fournit de nombreux indépendantistes au troupe de Bolívar tandis que d’autres habitants faisaient office d’espions et de coursiers. Pour coordonner l’ensemble de ces initiatives, la Organización Patriótica fut fondée clandestinement à Neiva et le nom de l’organisation secrète fut abrégée en Opa. Selon le livre « Relatos y Opiniones » de Guillermo Falla, après les guerres d’indépendance, le mot continua à être utilisé avec fierté comme salutation et les plus jeunes enfants étaient appelés opita.

#853 – 1. FC Tatran Prešov : Koňare

Les cavaliers. Troisième ville la plus peuplée de Slovaquie, Prešov comptait un important haras au siècle dernier qui donna aux habitants d’être connu sous le surnom de Koňare dans tout le pays. En 1859, la cité finança la construction d’un haras d’Etat qui s’éleva au centre de la ville (dans l’actuel rue Sabinovská). La structure massive se composait d’un bâtiment administratif avec des bureaux, des appartements pour les employés et des écuries, incluant des dépendances et des entrepôts. L’objectif était d’élever des races de chevaux à destination des régions septentrionales de la Hongrie (la Slovaquie était alors intégrée au sein du Royaume de Hongrie) afin qu’ils servent à la vie économique et également pour l’armée. Il servait aussi de relais pour les voyageurs et leurs montures, sur la route qui menait à Budapest. En 1962, ce haras de Prešov cessa d’exister. Le 25 janvier 1975, une forte détonation mit fin à l’existence des bâtiments du haras, à l’exception d’une partie de l’enceinte en brique.

Cette vieille tradition d’élevage marqua la ville et sa réputation dans le pays, donnant ainsi naissance à ce surnom. Le club de hockey local, le HC 21 Prešov, arbore sur son écusson un étalon tout comme le club du 1. FC Tatran Prešov. Pour ce dernier, outre l’histoire de la ville, il existerait un lien direct avec le haras. En 1899, un terrain de football fut édifié près de la rue Sabinovská, où se trouvait les haras. Si les spectateurs voulaient accéder au terrain de football à l’époque, ils devaient passer près des écuries. Les gens entendaient le hennissement des chevaux et supportaient leur odeur. Cet environnement ne plaisait pas à tous les spectateurs, notamment les fans adverses qui le faisaient savoir en criant dans les travées « Koňare ! Koňare ! ».

#850 – Queen of the South FC : the Doonhamers

Pour ce club, il faut s’intéresser à son surnom mais aussi à son nom. Car, comme un certain nombre de clubs en Ecosse (Partick Thistle, Queen’s Park, Heart of Midlothian, Inverness Caledonian, Hibernian, Albion Rovers, Clyde, Ross County, Raith Rovers …), l’association ne porte pas le nom de la ville où il réside, Dumfries.

Au début de 1919, une poignée de passionnés de football de Dumfries souhaitèrent restaurer une équipe de football compétitive dans la ville. Pour cela, ils poussèrent pour la fusion de 3 clubs existants (Dumfries FC, 5th Kings Own Scottish Borderers FC et Arrol-Johnston Car Company) qui se réalisa le 26 mars 1919. Le choix du nom pour le club se porta sur l’un des surnoms de Dumfries, Queen of the South (la Reine du Sud). Située dans le comté de Dumfriesshire, à 40 km de la frontière avec l’Angleterre, la cité est méridionale pour l’Ecosse et cela explique le surnom. Il lui fut attribué par un poète local, David Dunbar, qui, en 1857, se présenta au Parlement lors des élections générales. Dans l’un de ses discours, il appela Dumfries, Queen of the South.

Finalement, pour le surnom de l’équipe, un autre sobriquet de la ville s’appliqua, Doonhamers, qui fait aussi le lien avec le nom du club. Quand les personnes originaires de Dumfries s’expatriaient dans le reste de l’Ecosse, ils parlaient de leur ville comme de doon hame. Dans le dialecte écossais, l’expression signifie le foyer d’en bas (down home en anglais). En effet, comme Dumfries se situe au Sud de l’Ecosse, toutes les autres ville où était les expatriés se trouvaient généralement au dessus. Doonhamers dérive directement de ce surnom.

#843 – PWD Social Club Bamenda : Abakwa Boys

Les garçons d’Abakwa. Créé en 1962, PWD Social Club était jadis parrainé par la société Public Works Department (PWD), dépendant du Ministère des Travaux Publics, et réside dans la ville de Bamenda, située au Nord-Ouest du pays, chef-lieu du département de la Mezam. Abakwa est le surnom de la ville de Bamenda et ce terme provient de l’ethnie des haoussas. Ces derniers, qui vivaient principalement au Niger et dans le Nigéria voisin, émigrèrent sur les hauts plateaux du Cameroun au XIXème siècle. Selon certaines sources, ils créèrent plusieurs colonies, appelés abakwa. Ce terme ferait référence aux descendants de mariages entre des hommes haoussas et des femmes autochtones et principalement non-musulmanes. Pour d’autres, la région était une partie du fondom (royaume) Mankon qui était l’une des plus anciennes monarchies des peuples du Nord-Ouest. Le Fon (Roi) de Mankon, Angwafor II, offrit un terrain aux haoussas qui s’y établirent donc. Leur nouvelle maison, Ntambeng, qui forme le noyau de l’actuel ville de Bamenda, devint largement connue sous le nom d’Abakwa en langue haoussa, qui signifiait « Terre des étrangers ».

A compter de la fin du XIXème siècle, le Nord-Ouest du Cameroun fut une colonie allemande. Puis, pendant la Première Guerre Mondiale, la Grande-Bretagne et la France mirent la main sur le Kamerun allemand. En 1919, la Grande-Bretagne récupère l’intégralité de la région du Nord-Ouest et le Cameroun d’aujourd’hui se retrouva coupé entre la partie anglaise et la partie française jusqu’à son indépendance en 1961. La région de Bamenda constitue désormais le Cameroun anglophone et connait des revendications indépendantistes (l’Ambazonie s’est déclarée indépendante en 2017).

#835 – Charleston Batterry : Holy City FC

Le FC Ville Sainte. Si le club n’évolue pas dans la grande ligue nationale de la MLS (il appartient aujourd’hui à l’USL), il demeure un des piliers du football professionnel américain. D’une part, il est l’un des plus anciens clubs de football professionnels en activité aux États-Unis (titre partagé avec les Richmond Kickers). D’autre part, son palmarès demeure l’un des plus fournies du pays dans les ligues mineures, avec un titre USISL Pro League en 1996, une USL A-League en 2003, la dernière saison de la USL Second Division en 2010 et en 2012, le championnat USL Pro. Mais, ce n’est ni sa longévité, ni son palmarès qui lui permit d’être en odeur de sainteté mais plutôt la réputation de Charleston. En termes de spiritualité, on pense naturellement à Jérusalem (3 fois saintes en tant que lieu saint des 3 grandes religions monothéistes) et Rome (résidence de la papauté). Charleston a quant à elle gagné ses galons grace à sa grande tolérance religieuse et aux nombreux lieux de prière que compte la cité de Caroline du Sud.

En effet, depuis la côté, la vue de l’horizon ciselée par les nombreux clochers de la cité, est saisissante. On y dénombre plus de 400 clochers (pour une ville de 150 000 habitants). Fondée en 1670, la cité accueillit de nombreux immigrants d’Écosse, de France, d’Allemagne, d’Irlande et d’autres pays, apportant avec eux de nombreuses branches protestantes ainsi que le judaïsme et le catholicisme romain. Ne trouvant pas d’opposition à la libre expression de leurs confessions, différents lieux de cultes se construisirent. En 1681, s’établissait la Circular Congregational Church, la plus ancienne du Sud des Etats-Unis. Cette congrégation fut fondée par des protestants anglais, des presbytériens écossais et des huguenots français. Déjà un début d’ouverture d’esprit. La First Baptiste Church apparut en 1682. Fuyant les persecutions en France, un groupe de 40 huguenots trouvèrent également refuge à Charleston et construisirent leur église en 1687. En 1702, la communauté religieuse de Charleston se définissait à 45 % calviniste, 42 % anglicane, 10% baptiste et le solde quaker et juive. L’église luthérienne St Jean fut établi par des immigrants allemands en 1742. En 1749, la première synagogue du nom de Kahal Kadosh Beth Elohim fut réalisée, pour ce qui est devenu la plus ancienne congrégation juive de la côte Est, également centre du judaïsme réformé. L’église Catholique Romaine se posa à Charleston en 1789. En 1810, deux églises anglicanes furent érigées (la cathédrale St Luc et l’église St Paul). En 1791, les affranchis et esclaves noirs américains se réunirent au sein de l’Emanuel African Methodist Episcopal Church et construisirent leur église en 1818. A cette époque, les noirs ne bénéficiaient pas d’une grande liberté pour prier (en étant notamment séparer dans les offices des églises des communautés blanches) et cette église à Charleston faisait partie des premières ouvertes pour et diriger par les afro-américains. La deuxième synagogue fut fondée en 1854 et est la plus ancienne synagogue orthodoxe du Sud. Sa congrégation d’origine était formée d’immigrants prussiens et polonais. La légende raconte que ce surnom de Holy City fut donné à la ville par un admirateur passionné mais d’autres estiment que le surnom fut inventé au 20ème siècle, probablement comme une moquerie de l’attitude suffisante des Charlestoniens à propos de leur ville.

#816 – GD Chaves : Flavienses

Gentilé officiel des habitants de la ville de Chaves. Parfois, le gentilé apparaît évident. Parfois, il est plus surprenant mais dans ce cas, il raconte souvent une histoire. Flaviense provient des racines romaines de Chaves. Sur la Via XVII qui reliait Bracara Augusta (aujourd’hui Braga) à Astúrica Augusta (aujourd’hui Astorga), une mansio, auberge étape, fut construite. Autour d’elle se développa alors un centre urbain qui devint l’un des plus importants de la province romaine de Gallaecia. Située au bord de sources d’eaux chaudes et de la rivière Tâmega, la cité basa sa croissance respectivement sur les activités thermales et aurifères. Une activité religieuse dédiée aux Nymphes participa aussi à la réputation de la ville. Le nom de la cité était alors Aquae Flaviae. Elevée au rang de municipalité en l’an 79 après J.C., la cité romaine disparut avec les invasions barbares au Vème siècle après J.C..

Aquae Flaviae, qui peut se traduire par « eaux flaviennes », faisait référence aux eaux (rivières et sources) qui donna la richesse à la cité, et à la famille Flaviens. Empereur en 69 après J.C., Titus Flavius Vespasianus, dit Vespasien, fonda la dynastie des Flaviens qui régna sur l’Empire Romain de 69 à 96 après J.C.. Sous leur règne, l’Empire retrouva un certain prestige et des finances saines. Vespasien mourut en 79 après J.C. au moment où la ville accéda à son statut. Aujourd’hui, Chaves conserve un patrimoine romain dont les principaux héritages sont le pont de Trajan, qui traverse la Tâmega et qui fut érigé entre la fin du Ier siècle et le début du IIème ainsi que les ruines des thermes.

#815 – FC Bâle : Bebbi

C’est un terme du dialecte bâlois qui est devenu le gentilé des habitants du chef-lieu du canton de Bâle-Ville. Il est également largement utilisé pour qualifier l’équipe de football. Au XVIIIème et XIXème siècle, parmi les classes plutôt huppées de la ville, le prénom Johann Jakob (Jean Jacques en français) était courant. On peut citer quelques uns des plus connus tels que Johann Jacob Heber (géographe), Johann Jakob Bachofen (juriste et sociologue), Johann Jacob Fechter (ingénieur et maître d’oeuvre), Johann Jacob Spreng (théologue), Johann Jakob Bernoulli (archéologue), Johann Jakob Hofmann (théologue), Johann Jacob Steinmann (paysagiste), Johann Jakob Schneider (théologue), Johann Jacob Weber (éditeur), Johann Jacob Bischoff (médecin) et Johann Jakob Balmer (mathématicien et physicien). Or, le diminutif local de Johann Jakob est Beppi ou Bebbi. Outre le gentilé, le surnom est désormais souvent utilisé comme le Bebbisagg, le sac poubelle officiel de la cité, ou le festival de jazz du mois d’août Em Bebbi sy Jazz.

#801 – Olympiakos Vólos : Αυστριακοί

Les autrichiens. En Grèce, il est difficile de parler de Vólos sans utiliser le mot autrichien, qui est devenu le surnom des habitants de la ville. Aucune explication est définitivement établie pour comprendre son origine et plusieurs versions s’opposent. Deux apparaissent plus probables que les autres. Tout d’abord, ville portuaire importante grâce à sa baie, Vólos connut un important trafic commercial avec l’Empire Austro-Hongrois à compter de la seconde moitié du XIXème siècle. En 1884, l’Autriche était le 3ème pays d’où provenait les marchandises dans le port de Vólos et le premier partenaire pour les exportations (équivalent à 145.000 livres de l’époque vs 90.000 livres avec la Grande-Bretagne). Ce lien fort commercial de Vólos et ses habitants avec l’Autriche convainquit leur voisin de Thessalonique de les appeler les autrichiens. L’autre histoire mise souvent en avant raconte que pendant la Première Guerre Mondiale, un navire de guerre autrichien, pourtant hostile, rentra dans la baie de Pagasitikos et les habitants de Vólos l’auraient accueilli avec fanfares et drapeaux autrichiens. Des salutations étonnantes et une connivence qui laissa donc ce surnom.

Place maintenant aux versions moins certaines mais qui tournent autour de la guerre ou du commerce. En 1877, la Russie déclara la guerre à l’Empire Ottoman pour soutenir les Bulgares. La Grèce tenta de tirer parti du conflit en agitant les populations hellènes présentes dans les régions occupées par les turques. Mais alors que l’armée grecque franchissait la frontière ottomane pour venir en aide aux Grecs des Balkans en 1878, la Russie et l’Empire Ottoman s’entendaient pour mettre fin au conflit, isolant alors la Grèce. L’échec de la stratégie grecque fragilisa la région de Thessalie où se situe Vólos et qui était sous domination des turques. La cité aurait cherché la protection de l’Autriche. Toutefois, les recherches historiques mettent en doute cette version. Une autre hypothèse se situe 20 ans plus tard en 1897 avec les mêmes acteurs. Suite au précédent conflit, la Thessalie finit par rejoindre en 1881 le jeune état grec mais la Crète demeurait sous l’emprise ottomane. Les agitations sur l’île en 1895 relança les tensions entre les turques et les grecs. Résultat, nouvelle guerre et défaite de l’Etat Grec qui conduisit l’Empire Ottoman à remettre la main sur la Thessalie. Les habitants de Vólos auraient alors hissé des drapeaux autrichiens sur ses bâtiments lorsque les Turcs étaient sur le point d’entrer dans la ville afin d’éviter leur représailles. Encore une fois, les références historiques contredisent cette légende.

Dans deux autres histoires, les décisions fiscales de la Grèce seraient à l’origine du surnom. Le gouvernement grec aurait décidé de ne plus autoriser les importations en provenance d’Autriche et les habitants de Vólos auraient refusé de se conformer à cette décision (logique vu l’importance des échanges et des richesses créées). Une autre version avance qu’après l’incorporation de la Thessalie à l’État Grec en 1881, le gouvernement hellène taxa lourdement les commerçants grecs de naissance. Résultat, les habitants de Vólos auraient placé des drapeaux autrichiens sur la devanture de leurs magasins pour se faire passer pour des non-grecs et ainsi éviter la taxation. Rien ne l’atteste historiquement mais la pratique ne serait pas étonnant, étant donné l’aversion à l’impôt des grecs. Il faut savoir qu’aujourd’hui, si beaucoup de maisons en Grèce ne sont pas achevés, c’est pour ne pas acquitter certaines taxes.

Enfin, on peut terminer avec d’autres légendes qui veut que les habitants de Vólos sont radins comme les autrichiens, ou froids comme les autrichiens. Ou alors ils seraient vicieux, indisciplinés voire cruels comme les autrichiens (qui avaient pire réputation que les ottomans). Dans une nouvelle de 1891 nommée Tα Άπαντα et écrite par Alexandre Papadiamándis, l’auteur écrivait à propos d’un personnage « Ήτο Αυστριακός, χειρότερος από Τούρκον » (c’était un Autrichien pire qu’un Turc).

Le surnom fut donc souvent donné de manière désobligeante à l’encontre des personnes de Vólos par les habitants d’autres villes, et en particulier ceux de Larissa. Mais, comme souvent, ce surnom, si injurieux soit-il, fit parti de l’identité de la ville au point qu’il soit adopté avec fierté par ceux qui étaient moqués. S’il s’applique à l’ensemble des habitants de Vólos, il est exclusivement utilisé dans le monde du ballon rond pour l’équipe de l’Olympiakos (et non pour les autres clubs de la ville). Ceci peut s’expliquer par le fait que l’Olympiakos évolue en rouge et blanc, couleurs du drapeau autrichien.