#1285 – Inter Milan : Baüscia

Terme du dialecte milanais qui désigne des fanfarons. Le football s’est retrouvé rapidement être le reflet de la société, avec ses contradictions et ses oppositions. Au départ, le jeu se répandit au travers des étudiants des universités anglaises qui venaient tous des classes bourgeoises de la société. Mais, la facilité de sa pratique séduisit rapidement les couches populaires qui y voyaient un loisir simple et plaisant. Comme au XIXème et au début du XXème siècle, ces deux strates de la société ne pouvaient cohabiter ensemble, chacune se développa au sein de ses propres structures. Parfois, ces clubs ne s’ouvraient pas statutairement aux autres classes. Et lorsqu’il n’y avait pas d’interdiction, c’était tout simplement la géographie de la ville qui empêchait des joueurs de rejoindre un club d’une autre couche sociale (Les clubs étaient attachés à un quartier de la ville où était concentrée une classe). Résultat, dans les grandes villes, il existait le club de la bourgeoisie et le club des couches populaires, ouvrières.

Milan n’échappa pas à cette rivalité. Le Milan AC vit le jour en 1899 et en 1908, suite à la dissidence de certains membres, l’Inter Milan fut fondé. Chaque classe sociale supporta son club : les ouvriers étaient plutôt derrière le Milan AC tandis que la petite bourgeoisie et les classes moyennes appréciaient plutôt l’Inter Milan. On ne sait pas pourquoi la population de Milan se répartit ainsi. Les supporteurs de l’Inter Milan commencèrent à surnommer les fans du Milan AC Casciavìt qui signifie les tournevis, afin de rappeler leur origine ouvrière (#209). En réponse, les fans du Milan AC appelèrent ceux de l’Inter Baüscia pour se moquer qu’ils venaient de manière hautaine et vantarde au stade, en automobile et endimanché. Terme du dialecte lombard, Baüscia désigne en effet une personne qui prend des airs, un vantard. Il existe des variantes comme bascia et basia, qui dérive tous de mots signifiant la salive, la bave ou le crachat.

#965 – FC Inter Turku : Sinimustat

Les bleu et noir. Le club, à l’histoire récente, s’est installé parmi les valeurs sures du championnat finlandais, avec un titre de champion et plusieurs coupes nationales. En 1990, étant sans club à la fin de la saison, Patrik Håkans et ses amis cherchaient une équipe pour continuer leur passe-temps. Toutefois, ne se retrouvant pas dans les équipes de football existantes de Turku, ils décidèrent de créer leur propre club, avec le soutien du père de Patrik, Stefan, dirigeant de la société de remorquage et de sauvetage Håkans. Pour fonder le club, il fallait trouver un nom, un blason et des couleurs, ce que firent les jeunes et leurs parents en reprenant les symboles des grands noms du football du début de la décennie 1990.

L’inspiration vint de la Coupe du Monde qui se déroula en Italie. L’une des révélations de la compétition était le Cameroun de Roger Milla, première équipe africaine à se qualifier pour un quart de finale de Coupe du Monde. Les dirigeants de Turku décidèrent de créer un blason imitant celui des lions indomptables, sur la base de 3 couleurs, noir, bleu et rouge. Le bleu et le noir du logo vinrent des jeunes garçons tandis que le rouge fut suggéré par la créatrice, Annika Lemström. Pour trouver les couleurs, le groupe de garçons parcoururent les pages de dizaines de magazines de football pour s’inspirer des maillots des grands clubs européens. Probablement en contemplant le maillot du club italien de l’Inter, les deux couleurs bleu et noir plurent aux jeunes. Pour le nom, les appellations traditionnelles dans le football local, Palloseura (équivalent à FC) ou IFK (abréviation de la société sportive scandinave Idrottsföreningen Kamraterna), ne séduisirent pas. Le FC Turku semblait être une option intéressante, mais le FC Turku-82, qui opérait à Turku à l’époque, n’était pas disposé à abandonner son nom. Les jeunes joueurs se tournèrent alors vers les noms utilisés par les grands clubs européens et le club de l’Inter ressortit de nouveau. La vocation « internationale » du nom du club italien plaisait (Inter est le diminutif d’Internazionale). Il est possible que la victoire des Allemands à la Coupe du Monde 1990 aida à la réputation de l’Inter auprès des fondateurs de Turku puisque la mannschaft comptait dans ses rangs le fameux trio intériste composé de Lothar Matthäus, Jürgen Klinsmann et Andreas Brehme.

Deux anecdotes à noter. Comme le blason comptait trois couleurs (bleu, noir et rouge), le rouge fut choisi pour teinter le maillot extérieur. Les tout premiers kits extérieurs étaient alors rayés rouges et noirs … comme les maillots de l’AC Milan, le grand rival de l’Inter Milan. Cependant, la fédération finlandaise n’accepta pas que les deux maillots du Turku soient rayés avec des bandes noires. Résultat, le maillot extérieur devint intégralement rouge. Par ailleurs, les deux couleurs principales sont donc le noir et le bleu. Or, dans les années 1930, une organisation fasciste finlandaise opérait auprès de la jeunesse avec pour nom, Sinimustat, et couleurs, le bleu et le noir. Tout le contraire des valeurs internationalistes du club.

#349 – Inter Milan : Nerazzurri

Les noirs et bleus. La tenue traditionnel de l’Inter se compose d’un maillot à rayures verticales noires et bleues, combinée avec un short et des chaussettes noirs (à partir de 1924, avant le short étant blanc). En 1908, une dissidence se créa au sein du Milan Cricket and Football Club (futur AC Milan) et le 9 mars, un groupe d’italiens et de suisses s’éloignèrent du Milan, en fondant l’Internazionale. Les raisons de ce schisme étaient multiples mais la principale demeura le refus du Milan d’intégrer des joueurs étrangers. Les dissidents créèrent donc un club qui acceptait des joueurs étrangers sans limites ainsi que des italiens (d’où le non Internazionale). La fondation eut lieu au restaurant « Orologio » de la Piazza del Duomo à Milan, le 9 mars 1908, en fin de soirée.

Le peintre futuriste Giorgio Muggiani, l’un des membres, réalisa le premier blason du club et choisit également les couleurs du club, noir et bleu. Un des fondateurs déclara plus tard que « Questa notte splendida darà i colori al nostro stemma: il nero e l’azzurro sullo sfondo d’oro delle stelle. Si chiamerà Internazionale, perchè noi siamo fratelli del mondo » (Cette merveilleuse nuit donnera les couleurs de notre blason : noir et bleu sur le fond doré des étoiles. Il s’appellera International, parce que nous sommes frères du monde). Le choix du noir et du bleu résulterait donc du moment de la création du club, en représentant les couleurs du ciel.

Mais, la réalité serait moins « romantique ». Une des premières versions raconte que le bleu fut choisi car, à l’époque, il existait des crayons bicolores, rouge d’un côté et bleu de l’autre. Symboliquement le bleu était opposé au rouge, couleur qui était celle de l’ancien club des dissidents et futur rival, l’AC Milan. Mais, selon une autre version encore moins poétique, le peintre n’avait que deux couleurs sur sa palette : le noir et le bleu.

En 1928, suite à la fusion avec l’Unione Sportiva Milanese, imposée par le régime fasciste, le club fut contraint d’adopter un maillot blanc arborant une immense croix-rouge (reprenant alors le drapeau de Milan) accompagné d’un short noir. Cependant, déjà la fin de la même saison, l’Inter recommença à porter les rayures verticales noires et bleues plus habituelles.

#264 – SC Internacional : Inter

Diminutif du nom du club, d’où le club brésilien tient-il ce nom ? Une fois de plus, plusieurs versions subsistent. La plus pertinente (ou la plus probable) est la suivante. Au début du XXème siècle, de nombreux clubs furent créés par des immigrants et étaient ouverts qu’aux membres de ces communautés. Ainsi, le club Palestra Itália Paulista regroupaient les italiens de São Paulo tandis que le Società Sportiva Palestra Italia était ouvert aux italiens de Belo Horizonte. Le Vasco de Gama était lié à la communauté portugaise de Rio de Janeiro. A Porto Alegre, deux clubs existaient, Grêmio Foot-Ball Porto Alegrense et Fuss Ball Porto Alegre, qui étaient ouverts aux italiens et aux allemands pour le premier et aux allemands uniquement pour le second.

Cette organisation freina la pratique du football des frères Poppe, qui avaient emménagé à Porto Alegre en 1901 et qui n’était pas d’origine allemande. Ainsi, pour enfin pouvoir jouer, ils contournèrent le problème en fondant en 1909 le propre club, le SC International. Leur volonté était que le club soit ouvert à tous, quelque soit son origine sociale ou géographique. International Le nom du club rendait hommage au club pauliste dénommé Sport Club Internacional, champion l’année précédente, qui avait la même volonté d’ouverture et dont le terme International traduisait cet idéal humaniste. En outre, le Sport Club Internacional était le club dans lequel jouait les frères Poppe à São Paolo avant de déménager à Porto Alegre.

Une autre thèse avance que le club fut fondé par des italiens et que son nom était en l’honneur de l’Internazionale de Milan. Cette version paraît peu probable car le club milanais avait été fondé à peine un an avant le club brésilien, à une époque où les moyens de communication, en particulier transatlantique, étaient plutôt limités. En outre, la famille Poppe, arrivée à Porto Alegre en 1901, serait d’origine néerlandaise. En revanche, on retrouve un point commun avec les deux club brésiliens. L’Inter fut fondé par des italiens et suisses qui, mécontents de voir leur ancien club, l’AC Milan, refuser aux étrangers la possibilité de jouer, décidèrent de créer leur propre entité. La volonté des fondateurs était de donner la possibilité aux joueurs non italiens de pratiquer le football au sein d’un club et le nom devait montrer cette ouverture.

#209 – AC Milan : Casciavìt

Les tournevis. Ce surnom désigne le club mais surtout ses supporteurs. Le football s’est retrouvé rapidement être le reflet de la société, avec ses contradictions et ses oppositions. Au départ, le jeu se répandit au travers des étudiants des universités anglaises qui venaient tous des classes bourgeoises de la société. Mais, la facilité de sa pratique séduisit rapidement les couches populaires qui y voyaient un loisir simple et plaisant. Comme au XIXème et au début du XXème siècle, ces deux strates de la société ne pouvaient cohabiter ensemble, chacune se développa au sein de ses propres structures. Parfois, ces clubs ne s’ouvraient pas statutairement aux autres classes. Et lorsqu’il n’y avait pas d’interdiction, c’était tout simplement la géographie de la ville qui empêchait des joueurs de rejoindre un club d’une autre couche sociale (Les clubs étaient attachés à un quartier de la ville où était concentrée une classe). Résultat, dans les grandes villes, il existait le club de la bourgeoisie et le club des couches populaires, ouvrières.

Pourquoi les surnommer les supporteurs du Milan AC les tournevis ? Tout d’abord, le terme provient du dialecte milanais. Ensuite, le tournevis rappelle que les supporteurs du club milanais étaient des personnes travaillant dans les métiers manuels, des ouvriers. Ce surnom fut au départ affublé par les supporters de l’Inter à ceux du Milan par dédain. Ces derniers se l’approprièrent avec fierté. L’AC Milan fut créé en 1899 notamment par un groupe d’anglais. En 1908, la fédération italienne interdît la présence de footballeurs étrangers dans les équipes italiennes. L’AC Milan se plia à cette décision mais 44 membres du club décidèrent de faire dissidence pour créer un club qui accepta les joueurs étrangers, l’Inter Milan (d’où son nom Internazionale). La population de Milan se partagea alors entre les deux clubs : la classe ouvrière pour l’AC Milan, la petite bourgeoisie et les classes moyennes pour l’Inter. La raison de cette répartition est inconnue. Le football à Milan séduisit peut-être en priorité les couches populaires qui se tournèrent vers l’AC Milan, en tant que premier club. En outre, les premiers matchs se jouèrent dans des « enceintes » ouvertes, ce qui en faisaient une distraction gratuite pour les ouvriers. En tout cas, il est certain que les supporteurs du Milan habitaient des HLM de l’époque, les Case di Ringhiera, et se rendaient au stade en transport en commun, à l’inverse des supporteurs intéristes qui étaient propriétaires et venaient en voiture.

#13 – Inter Milan : il Biscione

Il Biscione signifie la Vouivre, un animal mythologique prenant la forme d’une vipère/couleuvre, parfois ailée. Il est souvent confondu avec un Dragon. Cet animal est l’emblème du club car celui de la ville de Milan. A Milan, il apparaît généralement en train de manger un homme ou un enfant. Le mot biscione (bisson en patois milanais) est le masculin de biscia, qui signifie couleuvre. L’origine remonte au XIIIème siècle et à la puissante famille Visconti, dont les armes affichent une Vouivre. Dans le « Purgatoire » de la « Divine Comédie », Dante Alighieri présentait la Vouivre comme l’étendard de la famille milanaise Visconti. Plusieurs origines sont évoquées. Une légende veut qu’Ottone Visconti, alors commandant dans la croisade de 1099, adopta ce symbole après l’avoir vu sur l’étendard d’un Sarrasin qu’il avait vaincu lors du siège de Jérusalem. Dans la même veine, Boniface, alors seigneur de Pavie et mari de la fille du Duc de Milan partit en guerre contre les Sarrasins. Son fils se vit avalé par un énorme biscione. A son retour, Boniface retrouva la créature, la tua et lui fit recracher son fils miraculeusement encore vivant. Une autre légende veut qu’un membre de la famille Visconti, Uberto, tua un serpent qui terrorisait les habitants. Au final lorsque la famille prît le pouvoir de la ville en 1277, la Vouivre devint aussi l’emblème de Milan. Aujourd’hui, l’animal mythique s’affiche un peu partout dans la ville (sur les murs du Duomo, à la gare Centrale, à l’église Sant’Ambrogio ou encore celle de Sant’Eustorgio). Certaines entreprises milanaises comme l’automobile Alfa Romeo, ou la holding de la famille Berlusconi, Fininvest, l’adoptèrent également dans leurs logos.

L’association avec le club de l’Inter apparut en 1928. Le 10 octobre 1928, l’hebdomadaire Guerin Sportivo sorta dans les kiosques avec en une, un article se proposant de décrire l’héraldisme des équipes de football italiennes. L’humoriste et illustrateur Carlo ‘Carlin’ Bergoglio avait décidé d’associer aux principales équipes un animal qui devait être leur mascotte. Pour l’Inter, le choix fut fait de la vouivre.

Un excellent article sur les fondamentaux de l’Inter sur le footichiste.