#1280 – St Patrick’s Athletic : the Saints

Les surnoms du club dérivent naturellement de son nom et incluent donc the Saints (les Saints) mais également St Pat’s, Pats. Contrairement à Paris qui peine à disposer de deux clubs dans l’élite (sachant que les deux actuels résultent déjà d’une carence à l’époque de leur fondation), Dublin bénéficie d’une forte identité football dont le résultat est la présence de 4 grands clubs, Shamrock Rovers, Bohemian FC, St. Patrick’s Athletic, et Shelbourne FC, qui représentent avant tout un quartier de la capitale irlandaise. St. Patrick’s Athletic s’ancre dans le quartier populaire de Inchicore, à l’Ouest du centre-ville. Avec l’implantation d’une caserne de l’armée britannique et surtout d’Inchicore railway works, le principal centre d’ingénierie et de maintenance des chemins de fer en Irlande, le petit village se métamorphosa au XIXème siècle en une importante banlieue industrielle et résidentielle pour devenir un quartier de Dublin au XXème siècle.

Dans ce contexte ouvrier, le football s’installa naturellement. Si le club actuel fut fondé en 1929, des premières associations au nom de St Patrick existaient dès la fin du XIXème siècle dans ce quartier. Formé en 1886, une première équipe de football s’appellant St Patrick’s évoluait à Inchicore mais elle pratiquait le football gaélique. En 1898, un autre club appelé St Patrick’s débarqua à Inchicore mais cette fois-ci pour jouer au football (celui que nous connaissons). Une compétition pour U19 devait être organisée et Dick Neville, un apprenti de l’usine de maintenance ferroviaire, était convaincu qu’une équipe de jeunes de l’usine pourrait s’y distinguer. Ils nommèrent leur formation, St Patrick’s, car leur capitaine, Jack Mangan, vivait à St Patrick’s Terrace à Inchicore. La trace de cette équipe disparut après 1902.

Le St Patrick’s Athletic se réclama un temps de son héritage. Dans un des programmes de 1947, un article retraçant l’histoire du St Patrick’s Athletic commençait par celle des St Patrick’s de 1898. Il y était écrit « St Patrick’s Athletic are the modern and grown-up successors » (les St Patrick’s Athletic sont les successeurs modernes et adultes). Est-ce la raison d’avoir le même nom ? Personne ne le sait.

#1191 – Cobh Ramblers FC : the Claret and Blue Army

L’armée bordeaux et bleue. Situé à une quinzaine de kilomètres de Cork, la petite ville côtière de Cobh est connue pour avoir été le point de départ de la moitié des 6 millions d’Irlandais qui émigrèrent en Amérique du Nord au XIXème et XXème siècle et également la dernière escale du Titanic le 11 avril 1912 avant de traverser l’Atlantique pour son voyage vers New York. Dans cet environnement maritime et invitant au départ semble-t-il, le club de football de Cobh survit dans les divisions superieures de l’élite irlandaise depuis 1922. A la fin des années 1980, il accueillit dans ses rangs et par un heureux hasard (il avait signé chez le grand voisin de Cork mais ce dernier tarda à enregistrer son contrat) le jeune Roy Keane (18 ans) avant qu’il n’aille effrayer les pelouses de Premier League.

Mais retournons au début du XXème siècle lorsque l’Irlande était soumise au Royaume-Uni. Des troupes de l’armée britannique stationnaient à Cobh et dans leur moment de loisirs, affrontaient les habitants de la ville dans des matchs de football. En 1921, l’Irlande gagna son indépendance et, au retrait des troupes royales de Cobh, les habitants fondèrent alors le club de Cobh Ramblers pour poursuivre l’aventure football. Malgré les combats sanglants lors de l’indépendance, qui attisèrent les rivalités entre les deux peuples, les fondateurs du club prirent pour modèle les couleurs d’un club anglais : Burnley. En 1919-1920, Burnley avait été sacré vice-champion d’Angleterre. Lors de la saison suivante, le club du Lancashire remporta son premier titre de champion d’Angleterre après un parcours formidable. En effet, la saison débuta par 3 défaites, mais l’équipe parvint par la suite à enchainer 30 matchs sans défaite. Un record qui éblouit donc au-delà des frontières anglaises et tint jusqu’à la saison 2003-2004 d’Arsenal (cf. #941).

#1169 – Bray Wanderers FC : the Seagulls

Les mouettes. La saga du club démarra dans les années 1920 lorsqu’un différent éclata au sein d’une équipe locale de football gaëlique et qui conduit certains membres à quitter cette association pour former une équipe de football connue sous le nom de Bray Wanderers. Mais, cette première tentative s’effondra dans les années 1930. Puis, en 1942, les Bray Wanderers ressurgirent après la fin de la célèbre équipe de Bray Unknowns.

L’oiseau côtier à plumage blanc et gris et au cri aigu caractéristique est devenu le symbole du club, sur son blason et comme surnom. Et c’est logique au vue de la position de la ville de Bray et de son histoire. Situé à environ 20 km au sud du centre-ville de Dublin, Bray est une ville côtière à l’Est de l’Irlande. Petit village médiéval dans les terres, Bray se développa avec l’arrivée du chemin de fer. Le premier train en Irlande relia Dublin à Kingstown en 1834, puis la ligne fut étendue jusqu’à Bray le 10 Juillet 1854. Avec cette voie de transport qui la reliait à la capitale et à sa population à la recherche de dépaysement et de divertissement, la ville devint une célèbre station balnéaire. Des entrepreneurs investissaient le front de mer : maisons, hôtels, bain turc, larges promenade gazonnées le long des plages. S’éloignant de l’urbanismes irlandais typique, Bray prit l’allure des stations balnéaires anglaises, au point d’être surnommé, à partir de 1860, the Brighton of Ireland (le Brighton d’Irlande). Durant l’été, les vagues de touristes venues de Dublin se succédaient et saturaient la ville. Cette activité touristique modela fortement la cité. À la fin du XIXème siècle, le nombre d’habitations de la ville avait augmenté, passant de 668 en 1851 à 1 614 en 1901 et, dans le même laps de temps, la population avait plus que doublé. La superficie bâtie avait triplé en étendue, principalement entre 1854 et 1870. Depuis le début du XXème siècle et les possibilités de voyager plus loin, Bray perdit de son attrait mais, avec de magnifiques longues étendues de plages de sable, des falaises escarpées et en toile de fond un front de mer victorien de plusieurs kilomètres de long, elle reste aujourd’hui encore une destination pour les habitants de la capitale.

#1086 – Finn Harps FC : the Harps

Les harpes. Inscrit dans son nom et dans son blason, la harpe celtique s’expose de partout pour Finn Harp. Les fondateurs, en 1954, choisirent pour le nom de leur nouveau club de faire référence à un symbole local et un national. Finn Harps réside dans la ville de Ballybofey, qui fait face à Stranorlar, les deux formant ensemble l’agglomération de Ballybofey-Stranorlar. Cette dernière est séparée par une rivière nommée Finn, un affluent du fleuve Foyle. Ballybofey se situe sur la rive gauche tandis que Stranorlar baigne sur la rive droite.

L’autre partie du nom est donc les harpes, ce symbole de l’Irlande au même titre que la croix celtique, le leprechaun et le trèfle. Il ne s’agit pas de la harpe classique que l’on peut trouver dans les orchestres symphoniques et dans les formations de musique de chambre mais de la harpe traditionnelle irlandaise. Instrument médiéval composé de 32 à 38 cordes, la cláirseach (son nom en irlandais) se singularise par son arc cintré et produit un son de cloche. Adaptée certainement en Ecosse par les Pictes (sur la base d’un instrument germain), la harpe se répandit dans toutes les cours celtes et s’établit en Irlande avec les Scots puis les Gaëls au XIème siècle. Au XIIIème siècle, un proverbe irlandais indiquait « tout gentilhomme doit avoir un coussin sur sa chaise, une femme vertueuse et une harpe bien accordée ». Résultat, les rois écossais et irlandais comme les chefs de clans celtiques avaient auprès d’eux au moins un grand maître harpiste. Dès le XIIIème siècle, la harpe était connue comme un symbole de l’Irlande mais avec sa frappe sur le 1 Gros (monnaie anglo-irlandaise) en 1536 par le nouveau roi Henri VIII, elle gagna son statut officiel. Par la suite, les indépendantistes s’en emparèrent pour fédérer les irlandais face à la couronne anglaise au point qu’elle fut bannie aussi bien en Irlande qu’en Ecosse, et disparut totalement pendant des décennies. Elle revit sous les doigts du musicien irlandais Edward Bunting qui réunit dans un recueil des partitions et chansons en 1792. Au cœur de l’identité du peuple irlandais, elle se retrouve aujourd’hui sur les armes de la République d’Irlande, la fameuse bière brune Guiness, la compagnie aérienne low-cost Ryanair et dans la forme du pont Samuel Beckett à Dublin. En 2019, la pratique de la harpe fut inscrite sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

#935 – Hibernian FC : Hibs, Hibbies

Diminutif du nom du club. Dans le quartier surpeuplé de Cowgate, dans le vieux centre ville, en 1875, le club de Hibernian naquit, par la volonté de la communauté irlandaise. En effet, l’Ecosse connut au XIXème siècle une forte immigration irlandaise. Une série de mauvaises récoltes de pomme de terre engendra une période de famine et de maladie en Irlande de 1845 à 1852 qui bouleversa la société irlandaise et son histoire. Cette époque tragique se solda par le décès d’un million d’irlandais mais entraina également une exode massive des habitants, principalement vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Les études estiment que plus d’un million de personnes ont fui le pays, provoquant une chute de la population du pays de 20 à 25 % (dans certaines villes, jusqu’à 67 %) entre 1841 et 1871.

En Ecosse, la plupart des migrants s’installèrent à Glasgow, mais une petite partie fit son chemin jusqu’à Édimbourg. Les irlandais se regroupèrent dans le quartier de Cowgate qui devint alors connu sous le nom de Little Ireland (petite Irlande). D’ailleurs, construite pour le rite anglican, l’Eglise St Patrick, située dans le Cowgate et qui avait l’avantage de porter le nom du Saint Patron de l’Irlande, fut rachetée par les catholiques en 1856 et devint un des repères de la communauté irlandaise. Cette paroisse fonda en 1865 la Catholic Young Men’s Society (CYMS), dont l’objectif était de favoriser la formation spirituelle, culturelle et sportive des jeunes hommes irlandais en accord avec la foi catholique. Mais, ces initiatives communautaires ne facilitaient pas l’intégration de la population irlandaise, renforcée par les préjugés anti-irlandais qui demeuraient forts chez les écossais.

Michael Whelahan et ses amis s’intéressaient au football mais avaient conscience qu’il était pratiquement impossible pour eux de jouer pour l’un des clubs écossais établis. Whelahan suggéra alors au père Edward Joseph Hannan de l’Eglise Saint Patrick que le CYMS formât son propre club de football. Après avoir réalisé son enquête sur ce nouveau jeu, le père se montra favorable à cette requête, pensant en outre qu’elle aiderait à rapprocher les irlandais des écossais. Lors d’une réunion du CYMS le 6 août 1875, le Hibernian FC fut fondé. Le choix de la date n’était pas le fruit du hasard et marquait déjà l’orientation du club. En effet, le 6 aout 1875 correspondait au centenaire de la naissance de Daniel O’Connell, chef politique des catholiques d’Irlande et promoteur d’un nationalisme irlandais dans la première moitié du XIXème siècle. Le club était donc celui des irlandais d’Édimbourg. La harpe celtique, symbole de l’Irlande, s’étala sur le blason du club. Le vert, couleur de l’Irlande, fut retenu pour les uniformes des joueurs. La devise était « Erin Go Bragh » (L’Irlande pour toujours). Enfin, le nom du club ne pouvait échapper à cette tendance même s’il y eut quelques débats parmi les fondateurs. Plusieurs idées furent avancées, mais en fin de compte, Michael Whelahan rappela que le CYMS avait absorbé quelques années auparavant la société catholique Ancient order of the Hibernians (L’ordre ancien des Hiberniens). Or, Hibernian était l’ancien nom latin de l’Irlande. Il fut donc décidé que le nom serait Hibernian Football Club. Comme tous les joueurs-fondateurs étaient catholiques et irlandais (à l’exception d’un, Danny Browne, qui était d’ascendance irlandaise), il fut édicté que tous nouveaux membres devaient également être catholique et d’origine irlandaise.

Toutefois, ce communautarisme s’analysa comme du sectarisme par les organisations écossaises. Ainsi, quand le nouveau club voulut s’affilier à l’association écossaise de football, ils reçurent la réponse laconique « We are catering for Scotsmen, not Irishmen » (Nous servons des Écossais, pas des Irlandais). L’accueil fut aussi froid auprès de la fédération d’Édimbourg, qui interdit en plus à tous ses clubs-membres de jouer ou avoir des contacts avec les Hibernians. Ainsi, privé de matchs amicaux ou officiels, les rencontres des Hibernians se limitaient à des entrainements. Finalement, un club brisa cet isolement à Noël 1875, Heart of Midlothian, donnant ainsi naissance au grand derby d’Édimbourg, encore d’actualité. Finalement, à force de persévérance, les Hibernians s’imposèrent dans le paysage footballistique écossais et devint une référence. Malheureusement, sa mauvaise gestion conduisit à sa disparition en 1891. En 1892, le club fut reconstitué, avec un changement significatif puisqu’il n’y avait plus d’obligation fait à ses joueurs d’être membres de la CYMS (donc plus nécessaire d’être irlandais et catholique). En tout cas, ce choix des premières années de représenter la communauté irlandaise d’Édimbourg fit des émules puisque des clubs irlandais naquirent à Dundee et Glasgow (Dundee Harp, Dundee Hibernian et Celtic Glasgow).

Le nom d’Hibernia fut donc attribué par les Romains dans l’Antiquité à l’île de l’Irlande. L’origine du terme n’est pas certaine et plusieurs versions se confrontent. Tout d’abord, Hibernia proviendrait du bas latin hibernum (Hiver) en raison du climat froid et pluvieux de l’Irlande. Ensuite, Hibernia pourrait venir de Ivernia dérivant du latin Ierne qui était le nom donné à l’Irlande par Pythéas, un marchand et explorateur grec du IVème siècle avant J.-C.. Ierne puiserait ses sources dans Erin le nom mythologique de l’Irlande. La dernière hypothèse repose sur le celte. En effet, Hibernia pourrait provenir de l’irlandais primitif Iweriu ou Ériu qui lui-même descend de la racine indo-européenne PiHwerjoHn (qui signifie le pays fertile).

#789 – Shelbourne FC : Shels

Abréviation du nom du club. Alors que le football atteignit l’île vers 1860, il infusa à Dublin vers 1890. Les associations sportives commencèrent à se créer dans la capitale irlandaise. Mais, cette dernière s’organisait en quartier et les jeunes équipes, qui regroupaient les enfants de ces aires, y étaient particulièremet attachées. Ainsi, de nombreux clubs irlandais se nommèrent par rapport au nom du rue, généralement proche de l’endroit où les jeunes jouaient ou le club fut créé. Ce fut le cas pour Shelbourne. En 1895, un groupe d’ami, emmené par James Rowan, fonda un club de football dans le quartier de Ringsend, sur la rive sud de la rivière Liffey et acceuillant les docks de la ville. La première assemblée se tint dans le pub Shelbourne House, qui se situait au croisement de plusieurs rues dont Shelbourne road. Les premiers matchs du club furent disputés à proximité, à Havelock Square.

#732 – Floriana FC : Tal-Irish

Les irlandais. Depuis 1816, Malte, après l’épisode napolénien, faisait parti de l’Empire Britannique. A la fin du XIXème siècle, des troupes de l’Empire stationnaient sur l’île, base arrière en Méditerranée. Ses militaires, qui étaient principalement basés à Floriana, Cospicua, Mtarfa, Marsa et Sliema, importèrent de nombreux nouveaux sports à Malte tels que le cricket et le football. Même si tous ces sports s’imposèrent auprès de la population local, les habitants de Floriana furent partiulièrement attirés par le football. En 1894, la transformatoin d’un terrain de cricket en champs de football, inauguré par la reine Alexandra de Danemark, favorisa la création du club. De la fondation à 1905, les maillots du club affichaient du vert et du rouge, les shorts étaient noirs et les chaussettes reprennaient le vert et le rouge. En 1905, les Royal Dublin Fusiliers, un des 8 régiments irlandais de l’armée britannique, créé en 1881, étaient en garnison à Floriana. 3 matchs amicaux furent organisés entre les fusilliers et l’équipe du club. A l’issue du 3ème match, les deux équipes échangèrent leurs maillots et Floriana récupèrent les chemises rayés blanches et vertes. La direction décida alors d’adopter ses nouvelles couleurs en l’honneur du régiment irlandais. Les couleurs et le lien avec l’Irlande donna naissance au surnom.

#704 – St James’s Gate FC : the Gate

La porte. Simple de reprendre, comme surnom, le nom de son club et ce n’est pas la porte ouverte à toutes les interprétations. Cette porte de Saint James (autre version du nom de Saint Jacques en ancien français) indique évidemment le quartier d’origine du club. Détruite en 1734, elle marquait l’entrée Ouest de la ville de Dublin au Moyen-Âge et correspondait au point de départ traditionnel du pèlerinage de Dublin à Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle donna naissance au quartier qui porte son nom. Mais, si le club affiche sur son écusson une porte, ce n’est pas celle du Moyen-Âge. Il s’agit de l’une des entrées d’un de ses bâtiments remarquables, la St James’s Gate Brewery. En effet, traversé par le fleuve Liffey, le quartier de St James vit de nombreuses brasseries s’installer et devint associé à ce commerce depuis le XVIIème siècle. A vrai dire, au XIIIème siècle, les moines qui résidaient à St James’s Gate réalisaient déjà leur propre brassage. En 1759, un brasseur du nom de Arthur Guinness, qui fabriquait des bières à Leixlip, dans le comté de Kildare, loua la brasserie de St James’s Gate pour 9 000 ans. De là, l’empire Guinness se déploya. En 1838, l’usine devint la plus grande brasserie d’Irlande. En 1868, le site était passé d’environ 1 acre à plus de 64 acres. Enfin, en 1886, elle était la plus grande brasserie du monde, avec une production annuelle de 1,2 million de barils. Dans cette révolution industrielle du XIXème siècle et du XXème siècle, où le paternalisme fleurissait parmi le patronat, les grandes usines ne limitaient pas leurs influences au mur de leurs sites. Ainsi, la brasserie de St James’s Gate possédaient sa propre centrale électrique et les bâtiments environnant pour louer des logements à ses employés. La famille Guinness fit preuve également de générosité envers la ville de Dublin en finançant la construction de bains publics, de logements sociaux et en faisant don du parc St. Stephen’s Green. Comme souvent, ce patronat paternaliste offrit à sa masse d’ouvriers et d’employés de ses usines des distractions et activités sportives. Sous l’impulsion du médecin-chef de la brasserie, John Lumsden, l’équipe vit le jour en 1902, comme un club corporatiste.

#588 – Home Farm FC : the Farm Boys

Les garçons fermiers. Le surnom provient directement du nom de ce club de Dublin, reconnu en Irlande pour ses qualités de formation. De nombreux de ses joueurs évoluèrent par la suite dans les clubs de la République d’Irlande et du Royaume-Uni. En outre, beaucoup ont également représenté la République d’Irlande au niveau international. Le club fut fondé en 1928. A cette époque, les tournois de football réunissaient des clubs de quartier, qui se nommaient en fonction du nom des rues d’où étaient originaires les joueurs. Ainsi, naquit les clubs de Drumcondra Road, Ormonde Road, Shamrock Rovers (Shamrock Avenue), Shelbourne FC (Shelbourne Road), Hollybank Road, Richmond Road et Home Farm Road. Les deux derniers clubs fusionnèrent en 1928 pour donner naissance au club actuel. Les fondateurs et joueurs de Home Farm Road venaient donc de cette rue. Située dans la partie supérieure du quartier de Drumcondra, à Dublin, longue d’un demi-mile, cette rue s’appela à une époque St. Mary’s Road. Puis, elle prit le nom de Home Farm pour rappelait qu’une ferme appartenant à la Cathédrale Christ Church se trouvait non loin, dans le quartier de Glasnevin.

#513 – Drogheda United FC : the Turks

Les turques. Evoluant en bleu et grenat, Drogheda United partage ces couleurs avec de nombreux clubs britanniques (Aston Villa et West Ham principalement). Elles sont également communes avec les turques de Trabzonspor, ce qui conduisit les deux clubs à se déclarer frères en 2010. Au delà des couleurs, l’écusson de Drogheda se compose d’un croissant de lune et d’une étoile, symboles partagés avec le drapeau national turque. Cette inspiration musulmane (croissant et étoile) est directement tirée des armes de la ville de Drogheda. Le lien avec la Turquie dépasse donc le club.

Pour expliquer ce lien, il faut remonter à un épisode qui se déroula lors de la Grande Famine. Entre 1845 et 1852, l’Irlande était sous domination britannique et le mildiou anéantit presque intégralement sa production de pommes de terre, qui constituaient la nourriture de base de ses habitants. La conséquence fut une grande famine qui causa la mort d’un million d’irlandais et l’émigration, notamment vers les Etats-Unis, d’un autre million de personnes. En 1847, à Istanbul, le sultan ottoman Abdulmejid I fut mis au courant de cette crise humanitaire par son dentiste, venu d’Irlande. Le sultan offrit 10 000 £ (environ 1 million d’euros actuel) aux irlandais affamés. Cependant, la reine Victoria avait déjà aidé l’Irlande avec 2 000 £ et elle prît ce don supérieur au sien comme un affront. Le sultan Abdulmejid dut alors réduit son offre à 1 000 £. Cependant, il ne souhaitait pas se limiter à cette aide financière contrainte. Il ordonna ainsi à trois navires de transporter de la nourriture, des médicaments et d’autres produits de première nécessité en Irlande. Comme la marine britannique surveillait les ports de Dublin et Cork et n’autorisait aucun navire étranger à accoster, les bateaux ottomans voyagèrent jusqu’au Nord et livrèrent la marchandise à Drogheda. Depuis lors, la population de Drogheda est éternellement reconnaissante envers cette générosité turque et entretient ce lien avec le pays.

A noter toutefois que ce n’est pas cette épisode qui mena la cité irlandaise et son club de football à adopter les symboles du croissant et de l’étoile. En réalité, des preuves remontant à 1210 démontrent que les armes de la ville arboraient déjà ces éléments. En effet, lorsque le Roi Jean Sans Terre accorda à la ville sa charte (ie reconnaissant ainsi à Drogheda son statut de cité), Drogheda reprît le croissant et la lune, symbolisant l’épopée du Roi lors des croisades. C’est la même raison qui fait que la ville anglaise de Portsmouth porte un croissant et une étoile dans ses armes (à la nuance que c’est en l’honneur du Roi Richard I dit Cœur de Lion). Faire référence aux croisades, c’est un lien aussi avec les ottomans.